La boucle est bouclée pour Ubisoft. Watch Dogs, malgré un léger report de 2013 à 2014, était l’un des jeux stars du lancement de la génération PlayStation 4/Xbox One, produit vitrine de la firme française qui entendait frapper fort d’entrée. Après un bad buzz lié au downgrade graphique et une bonne réception presse/joueurs, on ne peut pas dire que l’objectif fut atteint avec brio. Cela n’a pas empêché Ubisoft de capitaliser sur sa nouvelle licence en sortant quelques extensions et surtout un Watch Dogs 2 bien plus réussi deux ans plus tard, corrigeant au passage de nombreuses erreurs commises par le passé. Joli succès, il n’en fallait pas moins pour qu’un troisième opus, Watch Dogs: Legion, soit mis en chantier par Ubisoft Toronto avec l’ambition de faire encore mieux.
Nous sommes aujourd’hui en 2020, en novembre pour être plus précis, et notre génération actuelle de consoles touche (enfin ?) à sa fin. Alors pour boucler la boucle, Ubisoft nous offre un Watch Dogs: Legion censé établir pour de bon la licence parmi les toutes meilleures de l’éditeur. Pour ce faire, les principes de jeu furent repensés en profondeur, le contexte ancré dans le réel et le délire high-tech poussé à son paroxysme avec l’apparition timide de la question du transhumanisme. Le tout se déroulant dans une ville de Londres futuriste en pleine dystopie avec en prime une petite touche cyberpunk.
Alléchant sur le papier, Watch Dogs: Legion a donc tout pour séduire et convaincre. Pari réussi pour Ubisoft Toronto ?
(Test de Watch Dogs: Legion sur PC effectué à partir d’une version commerciale du jeu)
Première particularité et pas des moindres, Watch Dogs: Legion se paie un voyage en première classe hors des États-Unis pour atterrir sur le tarmac londonien. Londres est donc la nouvelle ville star de la franchise après Chicago et San Francisco. Place alors aux pluvieuses, mais attirantes rues de la capitale anglaise avec ses pubs, ses bus et cabines (wifi !) rouges, ses différents quartiers emblématiques, ses superbes monuments et bâtisses historiques tels que Big Ben ou encore le Palais de Westminster. Un changement franchement bienvenu pour la saga qui s’invite sur le vieux continent et pose ses valises dans un Londres futuriste pour s’essayer à la dystopie.
Le scénario est simple : alors que DedSec tente de désamorcer une bombe posée sous le Parlement anglais, l’organisation se fait doubler par un personnage énigmatique répondant au nom de Zero-Day, et d’autres engins explosent dans Londres, engendrant chaos et morts à la pelle. Au même moment, la quasi-totalité des membres de la cellule londonienne se fait exterminer et DedSec est désigné coupable de ces attentats suite à un complot les visant tout particulièrement.
Peu après, le gouvernement anglais démissionne et le chef de l’organisation paramilitaire Albion, Nigel Cass, prend les commandes du pays et instaure un régime martial sur fond de privation des libertés et de contrôle de la population, tout en partant à la chasse aux derniers membres de DedSec. Recevant le soutien d’une partie de la vox populi, il recouvre la ville de Londres d’une chape de plomb et chaque déplacement dans et en dehors de la cité est surveillé.
Vous êtes un agent fraîchement recruté par Sabine, une des dernières survivantes de cette terrible période, dont la mission est simple : trouver de nouveaux membres pour gonfler les rangs de l’organisation et ainsi gagner en puissance de frappe. Là est toute la particularité de ce Watch Dogs: Legion, on n’y incarne pas un, mais bien autant de personnages qu’on le souhaite, tous ayant une personnalité et des caractéristiques propres. Si l’idée est bonne et emballante, voire même originale, on ne peut pas dire par contre qu’elle aide au bon déroulement du scénario.
Le club de lecture
La narration se montre éparse et morcelée, car si des cut-scenes sont bien au rendez-vous, elles sont peu nombreuses et le tout manque un chouïa de mise en scène. On a alors du mal a rentrer dans cette histoire qui, malgré un bon twist de départ, se perd dans certaines facilités et clichés, peinant alors à soutenir son propos pourtant pertinent.
Il est ici question de privation des libertés individuelles et collectives, de la montée des inégalités et de la violence qui s’ensuit, mais aussi, futur oblige, de l’utilisation des nouvelles technologies pour contrôler la population. Très inspiré par des œuvres telles que 1984 de George Orwell ou encore V pour Vendetta d’Alan Moore, Watch Dogs: Legion récite les gammes classiques d’une bonne dystopie sans prendre trop de risques, mais en réussissant néanmoins à s’émanciper de ses modèles en se créant un univers bien à lui. Londres, ville prisonnière et refermée sur elle-même – l’un des effets à long terme du Brexit, bien que ce point précis ne soit que très survolé –, est l’image parfaite d’une ville à la pointe du progrès rongée par mille maux qu’elle ne peut cacher indéfiniment.
Oui, mais voilà. Il ne suffit pas de dire quelque chose d’intéressant pour être écouté, il faut que le narrateur soit bon. Le souci étant ici qu’il n’y a pas de narrateur, pas de héros, on en change constamment et on perd alors le fil conducteur de l’histoire. Il manque cette figure emblématique à toute révolte, celui qui personnifie la lutte et devient le sauveur, l’élu.
Alors même si la mise en avant du peuple est bien vue, il lui manque ce guide qui lui dit quoi faire, à l’instar de V dans la BD de Moore. Ici, point de visage derrière le(s) masque(s), mais une idée, une lutte qui peine à trouver un point d’ancrage et en cela une voix forte qui porte le message de liberté que véhicule le peuple au travers de ses manifestations et autres graffitis qui émaillent la ville.
Si bien que l’on ne s’attache à aucun moment à l’une de ses figures de l’ombre qui passent parfois entre nos mains durant quelques minutes seulement jusqu’à ce que l’on trouve mieux. De vulgaires outils qui sont tous interchangeables et qui n’offrent aucune réflexion, aucun point de vue fort sur les événements. Ils semblent extérieurs et n’interviennent que trop mollement à l’audio uniquement après ou avant une mission. La forme sans le fond malheureusement.
Nous sommes Légion
Cependant, si cette multiplication de héros d’un instant crée une faiblesse d’un point de vue narratif, il en est tout autre du côté du gameplay. Cette nouvelle feature permet en effet d’apporter un peu de profondeur en spécialisant les différents agents. Ainsi, certains ont des capacités spéciales comme la montre-gadget pour l’espion (bel hommage à mister Bond), les fléchettes incapacitantes pour d’autres ou encore l’utilisation de drones uniques pour certains.
On se prend alors très vite au jeu et via notre smartphone, on passe notre temps à chercher d’éventuelles recrues partout où l’on passe pour au fur et à mesure se faire une petite armée éclectique parée à toute éventualité.
Le jeu se paie même le luxe de s’offrir un petit côté Hitman, avec la possibilité de s’infiltrer dans certaines zones à visage découvert en utilisant le métier des agents. Un médecin devient alors un choix idéal pour s’introduire en douce dans un hôpital et un garde d’Albion pour passer inaperçu dans une zone fortifiée. Bien évidemment, il ne faut pas trop se faire remarquer et garder une bonne distance avec le personnel en présence, même si on se demande parfois pourquoi tous peuvent nous repérer, comme si tous savaient que nous ne devrions pas être là. Voilà un écueil que Io sait éviter en ne désignant dans une zone que quelques personnes capables de nous démasquer.
Le recrutement, quant à lui, se fait très simplement. On effectue une petite mission pour la personne que l’on veut attirer dans nos filets et le tour est joué. Ces missions sont aléatoires et peu scénarisées malheureusement, mais cela s’explique par le fait que l’on peut recruter tout le monde ou presque, car certaines personnes haïssent tellement DedSec que cela est impossible. Parfois, on gagne aussi de nouveaux agents via des missions secondaires ou principales et Bagley, l’IA alliée omnisciente du jeu, nous informera quand il trouvera dans Londres quelques experts que l’on peut recruter durant un court laps de temps.
Voilà donc un pari réussi dans l’ensemble pour Ubisoft Toronto, car ce n’était pas une mince affaire, même si là encore tout n’est pas parfait. Le premier problème est que forcément, certaines recrues ne ressemblent à rien ou au contraire trop à quelqu’un d’autre. Recruter tout Londres implique forcément quelques concessions sur l’aspect physique des agents et très franchement, on s’approche bien plus souvent du PNJ sans charisme que de la figure que l’on se fait du héros, mais peut-être est-ce là le but recherché ? Heureusement alors que l’on peut les habiller comme on veut pour ainsi leur donner une petite touche de style unique.
D’autre part, il y a un réel problème de doublage, surtout en VF, très souvent abominable, ne collant pas du tout, mais alors du tout, à la plupart des têtes que l’on incarne. Triste de voir un tel problème en 2020 dans un jeu de cet acabit, même si c’est une nouvelle fois compréhensible étant donné les circonstances.
This is London
Londres est une ville incroyable, l’une des plus emblématiques capitales du monde. Dans Watch Dogs: Legion, elle est belle, attirante, ancrée dans ses problèmes et illuminée d’éléments futuristes légèrement cyberpunk sur les bords avec d’innombrables hologrammes du plus bel effet et quelques couleurs néons criardes sans que cela soit too much. Pas l’un des plus grands open-world d’Ubisoft certes, mais ce Londres reste un formidable terrain de jeu, fourmillant d’endroits insolites, de secrets et de vie. Car l’une des grosses réussites des développeurs est d’avoir réussi à donner une véritable illusion de vie à cette ville qui ne semble jamais s’éteindre.
Notre exploration de la ville, véhiculée ou non, est alors un pur plaisir, et ce dès le début de l’aventure. Pour les plus pressés, il y a même le réseau métropolitain dit le « Tube » qui fait office de voyage rapide, mais en abuser équivaut à se priver de l’un des points forts de ce Watch Dogs: Legion.
Alors oui, Londres est un réel plaisir à parcourir, Piccadilly Circus, Big Ben, le Tower Bridge, le Palais de Buckingham, mais le côté idyllique sait laisser place aux rues les plus crasseuses de la ville qui témoignent du chaos ambiant. Les différents quartiers sont marqués par les séquelles de cette lutte entre citoyens aspirant à la liberté et le régime totalitaire en place. Des murs graffés et de nombreuses manifestations rendent compte des violences, des camps de SDF à chaque carrefour ou presque font écho à la crise économique et sociale profonde qui frappe l’Angleterre et des meurtres en pleine rue de l’impuissance des autorités à faire régner l’ordre partout, certains territoires étant aux mains d’un gang.
Il ne manquait vraiment pas grand-chose pour que cela soit parfait, juste des activités plus intéressantes à faire et largement moins de collectibles à récupérer, car comme souvent avec Ubisoft, ça pullule de partout.
Repeindre quelques murs, faire le coursier, faire quelques jongles avec un ballon de foot, jouer aux fléchettes et boire une bière au pub sont les seules choses à faire en dehors du shopping (sans entrer dans les boutiques !) et des quelques quêtes secondaires disponibles. Finalement, on passera plus de temps à flâner pour le plaisir ou chercher d’éventuelles recrues qu’à profiter des pauvres petits plaisirs que nous offre la ville. Il serait temps pour Ubisoft de changer sa vision du monde ouvert, car depuis Far Cry 3, les choses ont évolué.
Et si on vous parle de Far Cry, ce n’est pas pour rien. Car comme dans ce dernier, il faut reprendre les différents quartiers de la ville contrôlés par Albion, ce qui n’est pas sans rappeler le FPS phare d’Ubisoft. Chaque quartier en passe d’être libéré donne d’ailleurs lieu à une petite mission sympathique au demeurant et à l’arrivée dans notre groupe d’un nouvel agent expert. Sauf que voilà, cela ne prend au maximum que deux petites heures pour libérer toute la ville et c’est très franchement décevant.
Le monde réagissant à nos actes, c’est certes grisant de ce point de vue, mais le procédé n’apporte rien, n’étant là que pour gonfler la durée de vie et nous rappeler que nous sommes bel et bien dans un jeu Ubisoft de plus.
Reste un réel plaisir charnel à la découverte, un vrai bon point pour le jeu qui peut se targuer aussi de proposer une jolie playlist lorsque l’on conduit avec tout ce qu’il faut de Metal, de hip-hop ou encore de sons électros pour égayer nos balades en ville. Parmi les artistes, on a du Biomechanical, Angel Witch, Tokyo Taboo, Stormzy, Fatboy Slim, The Prodigy, Chemical Brothers, on en passe et des meilleurs. Avec même un petit côté musique classique pour ceux qui vibrent en écoutant la neuvième symphonie de Beethoven.
En mode 007
Alors, que reste-t-il si les à-côté proposés par ce Watch Dogs: Legion ne sont pas à la hauteur des attentes ? Même si pas mauvais, il ne faut pas exagérer, le jeu est tout de même assez généreux pour occuper. Mais son souci est qu’il ne surprend aucunement sur son contenu et ne prend non plus aucun risque. Il y a pourtant de bonnes idées et trouvailles, mais Londres aurait méritée meilleure exploitation. Et le constat est malheureusement le même pour les missions principales qui se déroulent toujours aux mêmes endroits vis-à-vis des secondaires, si bien qu’on se retape un même lieu parfois jusque quatre fois.
Souvent trop enfermées aussi d’ailleurs, elles ont la fâcheuse tendance à se répéter, malgré un excellent level design proposant aux joueurs de très nombreuses options pour qu’ils atteignent leur but. But qui est d’ailleurs souvent le même, c’est-à-dire s’infiltrer dans un lieu et hacker/détruire un truc. Ce n’est pas mauvais encore une fois, juste trop répétitif dans le déroulé, malgré quelques missions sortant du lot grâce à des idées surprenantes, comme naviguer à l’intérieur de circuits imprimés avec un micro-drone, ou tout simplement dans la mise en scène. Le jeu peine et n’arrive pas d’ailleurs à utiliser justement son gimmick principal. Quel est l’intérêt d’avoir la possibilité d’utiliser des agents aux caractéristiques différentes si cela ne sert finalement pas à grand-chose ?
Car il a bien fallu penser les missions pour que tous les personnages puissent en venir à bout et donc rendre leurs talents uniques gadgets. C’est bien en utilisant les outils offerts à tous par le jeu, drones, arachnobots ou encore armes et piratages en tout genre, que nous en venons à accomplir nos objectifs.
De ce fait, la spécialisation de nos agents, hormis pour s’accorder quelques bonus supplémentaires, n’est pas si importante que cela et il est tout à fait possible de finir le jeu sans se fatiguer avec un personnage « vanilla ». Cela reste superbement pensé et prenant, mais similaire à l’expérience que l’on connaissait déjà avec quelques ajouts bienvenus, néanmoins on nous promettait un bouleversement qui n’a pas eu lieu.
Il y a cependant bien des nouveautés de gameplay qui viennent embellir le paysage. L’arachnobot qui remplace le jumper de Watch Dogs 2 est une réelle satisfaction, pouvant se glisser dans les conduits de ventilation, débloquer des portes pour notre avatar, hacker des clés, électrocuter des ennemis, atteindre des hauteurs inaccessibles grâce à son double saut, un véritable couteau suisse qui nous permet de résoudre bien des casse-têtes. Tout comme la possibilité de voyager sur des drones de livraison pour atteindre les toits de tous les bâtiments de Londres. On peut les contrôler comme on l’entend et cela permet souvent des approches par le ciel sur des zones qui seraient trop dangereuses d’accès par le sol.
En parlant de drones, il en existe une palanquée, du simple observateur volant à la véritable machine de guerre, et au fur et à mesure que l’on monte les compétences des agents (celles qu’ils ont en commun), on pourra même les pousser à trahir leurs maitres pendant quelques secondes ou mieux encore, en prendre le contrôle.
Tout ceci participe à l’élaboration de plans d’attaque et/ou d’infiltration avancés. On a aussi le droit à un drone missile, à un dispositif nous permettant de camoufler les corps, ou encore même à un arachnobot capable de tirer. Diverses armes sont aussi disponibles, cela va du simple pistolet au lance-grenades, et si le jeu ne brille pas par ses gunfights, elles peuvent s’avérer utiles lors de situations critiques ou lorsque la scénarisation reprend la main et nous impose quelques joutes contre de vilains soldats armés jusqu’aux dents.
Sachant aussi, qu’il nous est possible de hacker nos adversaires, en leur envoyant une décharge électrique ou encore en piratant leur optique, voire même de désactiver leurs armes durant un court instant. Et ce ne sont là que quelques possibilités qu’offre le jeu, il y en a bien plus, grâce aussi aux différentes compétences d’agents… Qui n’a jamais rêvé de faire l’homme statue pour semer ses poursuivants, ou d’hypnotiser un ennemi comme par magie ? Eh bien, sachez que c’est possible !
Néanmoins, on ne peut pas dire que Legion soit très difficile, bien au contraire. Nous n’avons perdu qu’un seul agent durant tout le jeu (c’est possible en activant l’option, ce que l’on conseille fortement pour ajouter un peu de piquant), plus par imbécilité que par réel challenge en plus, et nous avons roulé sur le scénario principal comme Hamilton roule sur le plateau de F1. Ceci fut possible en grande partie à cause de l’IA totalement honteuse que nous ont concoctée les équipes de Toronto, et ce, peu importe les ennemis en face de nous, qu’ils proviennent du gang Kelly ou des élites d’Albion.
Aveugles, stupides et se jetant dans la gueule du loup sans que l’on ne demande rien, elle ruine totalement l’intérêt de l’infiltration et même des phases d’action. Comment est-ce possible de voir pareille chose encore de nos jours pour un jeu de ce standing ? Le combat à main nue est d’une facilité déconcertante, gagnant au passage un move de contre-attaque qui n’aide pas non plus à augmenter la difficulté, de même que l’IA ne dégainera pas son arme dans la majeure partie des cas, à moins que vous dégainiez la vôtre, et cela même si vous venez de nettoyer une zone à mains nues. Curieux.
Specs moi ça
Un mot se doit d’être dit sur ce que propose techniquement Watch Dogs: Legion. Ce n’est vraiment pas vilain du tout et même plutôt joli, pas le foudre de guerre de cette fin de génération, mais l’open world d’Ubisoft n’a pas à rougir face à la concurrence.
Pour la petite histoire, notre test est réalisé sur un PC équipé d’une RTX 2070 OC, d’un beau processeur RYZEN 7 3800X et de 16Gb de RAM (en attendant de pouvoir nous y adonner sur nouvelle génération). Autant dire une belle bête capable de faire tourner en ultra Ray-tracing activé ce Legion. Cela rend très bien et visuellement, cela flatte d’ailleurs pas mal la rétine, surtout de nuit avec les nombreux reflets et autres ravissants jeux de lumière. La distance d’affichage est très correcte, même lorsque l’on vole à dos de drone au-dessus de la ville (oui, on peut faire ça et ça aide d’ailleurs pas mal pour certaines missions), même si cela pop parfois un peu et seul un alliasing trop prononcé vient parfois enlaidir l’image.
Sans compter les très, très nombreux bugs que nous avons rencontrés au cours de nos parties qui, rassurez-vous, n’ont rien de bien méchant, ils sont surtout visuels et n’ont que très peu d’impact sur le déroulé de notre aventure. On se demande tout de même encore si le pilotage des véhicules et la physique qui va avec n’est pas un bug tant cela est risible. Mais les habitués de la saga s’y retrouveront, certains même appréciant cette conduite arcade totalement folle, ce qui n’est pas forcément notre cas. Aussi, attention tout de même, le jeu n’est pas vraiment bien optimisé et il toussote un peu parfois, même si depuis le dernier driver Nvidia, cela va mieux.
Et pour finir, comment ne pas parler de la boutique ? Comme vous le savez, tout le marketing autour du jeu a tourné autour des masques et de leur design assez inspiré, il faut le reconnaître. Si les développeurs en ont planqué une palanquée dans Londres, certains autres ne sont malheureusement accessibles que via un passage à la caisse franchement onéreux pour des skins.
Encore une fois, nous pointons du doigt cette politique mercantile, qui n’est le seul fait d’Ubisoft, et qui oblige le joueur à passer à la caisse pour obtenir un objet convoité. On se demande bien ce qu’il en sera lorsque le multijoueur sera de sortie, en décembre si tout va bien…
Finalement, que retenir de ce Watch Dogs: Legion si ce n’est une expérience déroutante tant elle est appréciable, mais aussi limitée. Si le cadre londonien nous a totalement séduits et que l’idée d’incarner différents agents est enthousiasmante, elle ne vient pas sans défaut non plus. Le scénario, bien que plus mature que précédemment et aussi plus grave dans son propos, s’enlise dans de vulgaires clichés et une narration trop éparse et impersonnelle.
Le gameplay reste, quant à lui, toujours aussi jouissif et travaillé, bien aidé par un level design de choix, mais là encore, c’est contrebalancé par une sous-exploitation du concept de base et par une trop grande répétitivité des tâches à effectuer, alors que l’IA est une honte absolue.
Le titre reste généreux, on y passe un bon moment et on prend plaisir à recruter des agents, se promener dans les rues de Londres ou encore accomplir quelques tâches ici et là, mais il manque réellement ce petit quelque chose qui le rendrait indispensable en cette fin de génération. Ubisoft reste ancré dans ces traditionnelles mécaniques de jeu vieillissantes qui ont bien besoin d’un bon coup de plumeau pour se renouveler.
Dommage, car les intentions sont là, mais l’exécution reste trop approximative pour faire de ce Watch Dogs: Legion l’épisode bouclant en beauté la saga sur la génération qui l’a vue naître. Là, c’est plutôt le serpent qui se mord la queue.