La rentrée est passée, et avec elle débarque enfin un projet ambitieux autour de la franchise Warhammer 40K, perdu parmi de nombreuses petites productions, souvent peu intéressantes, malgré quelques rares fulgurances comme le C-RPG Rogue Trader chez une des coqueluches du genre : Owlcat Games (qui l’aurait cru ?), ou le tactical Warhammer 40,000: Mechanicus et son excellente OST.
Warhammer 40,000: Space Marine 2 était attendu par les fans de la licence la plus lucrative de Games Workshop, nous faisant miroiter plus qu’une simple sucrerie : ressentir tout le poids et la puissance d’un Space Marine du bout de nos doigts. Alors, pari réussi pour les faiseurs de chez Saber Interactive ?
(Test de Warhammer 40,000: Space Marine 2 sur PC réalisé à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Enfin un peu d’ambition ?
Warhammer 40,000: Space Marine 2 prend la suite du sympathique premier opus développé par Relic Entertainment (Dawn of War), rare incartade de la franchise dans le shooter, et notamment très apprécié de la communauté pour son multijoueur. Sa suite se veut dans la même continuité : un TPS sans grande finesse, autant axé sur le shoot que le corps-à-corps, mais cette fois avec une production à gros budget de 2024, nous permettant encore plus de plonger dans les folies de l’univers de Warhammer 40K, exaltant un gigantisme exacerbé et une échelle planétaire à tous les niveaux.
Trois modes de jeu sont disponibles : une campagne scénarisée jouable en coopération jusqu’à trois joueurs, les opérations, un mode PVE, lui aussi jouable à trois joueurs en ligne ou avec des IA, et enfin le multijoueur PVP. La campagne a le bon goût de ne pas suivre la tendance de l’open world, souvent insipide, artificiel et bien trop long pour son propre bien, au profit d’un couloir au rythme maîtrisé.
Nous suivons de nouveau Titus, héros et membre du chapitre des Ultramarines. Après deux cents ans de pénitence suite à une accusation d’hérésie, le voilà réintégré au sein de son chapitre. Il devra faire face à une invasion tyranide dans un système clé de l’Imperium, dissimulant de sombres recherches top secrètes de l’Adeptus Mechanicus…
L’univers de Warhammer 40K peut paraître « facile » à adapter, de par sa richesse pouvant aborder de nombreux thèmes, et ce, par une multiplicité d’approches et de genres. Mais ne vous y trompez pas, le lore est tellement tentaculaire, le cahier des charges tellement épais, qu’il doit être difficile de rendre hommage à ce gargantuesque morceau de science-fiction.
Malgré le sempiternel schéma des forces du Chaos cachées derrière la première menace affrontée, on peut dire que la campagne brille par sa générosité.
Une armure de toute beauté
Et ce, dès son introduction, nous mettant dans la peau d’un membre de la fameuse Deathwatch, un chapitre singulier au sein de l’Adeptus Astartes, un véritable bonbon (on en aurait d’ailleurs voulu plus) qui change des traditionnels Ultramarines que nous retrouverons plus tard, et dans la majorité des productions de la licence.
Les environnements traversés sont éblouissants de beauté. La direction artistique du titre rend totalement honneur à l’univers de Games Workshop, aussi bien à l’architecture gothique des villes de l’Imperium qu’à son ambiance mortifère de glorification de la guerre, si propre à Warhammer 40K.
Admirer les différentes armures énergétiques sous tous leurs angles et ornements est un véritable plaisir. Si vous êtes adepte du mode photo, vous allez vous régaler, que ce soit sur la barge de bataille qui sert de hub, dans un monde-ruche, ou encore dans un lieu ravagé par la corruption du Chaos.
Le Swarm Engine de Saber Interactive (utilisé dans World War Z) permet de rendre largement hommage aux batailles et aux nuées de tyranides déferlant sur la chair à canon qu’est la Garde Impériale. Le monde de Warhammer 40K n’a jamais été aussi vivant et immersif dans un jeu vidéo, merci de nous avoir offert un jeu abouti, avec un framerate stable, en cette période sombre pour l’optimisation.
Tout n’est quand même pas parfait. On aurait aimé un peu plus de diversité dans les ennemis affrontés, mais au vu de la qualité de leur modélisation, c’est pardonnable. C’est d’ailleurs une agréable surprise de voir les Thousand Sons pour représenter le Chaos. Le titre se paie même le luxe de faire intervenir un personnage important du lore dont nous tairons volontairement le nom.
On regrette également de ne pas avoir un scénario d’une plus grande ambition, avec des enjeux moins factices, en intégrant d’autres chapitres ou en voyageant dans d’autres systèmes, par exemple. Utiliser encore et toujours les Ultramarines et leur stoïcité ronflante, alors qu’une multitude de légions au caractère plus atypique serait bien plus intéressante à traiter.
Mais Space Marine 2 reste un shooter, et l’un des éléments centraux de ce genre reste le gamefeel, surtout lorsque l’on incarne un surhomme de presque trois mètres de haut.
Oups, j’ai marché sur un squig
Une des plus grandes réussites du jeu réside dans sa capacité à nous faire sentir dans la peau d’un Primaris. Le poids de chaque pas fait écho à la machine de mort qu’est un Space Marine, et les animations rendent hommage au symbole de l’Imperium qu’est l’armure Mk X. On arriverait presque à sentir les servomoteurs mécaniques et les systèmes hydrauliques dans ses entrailles.
La modélisation des armures rend parfaitement honneur à leur richesse ornementale, chacune racontant une histoire à travers les différents éléments qui la composent, reflétant le grade et les honneurs de bataille de leur porteur.
Le gameplay est quant à lui inégal. Les sensations de tir sont satisfaisantes, on ressent l’impact des explosions des balles des différents types de bolter dans la chair d’un tyranide. Cependant, nous ne sommes pas au niveau d’un maître du genre comme Gears of War et de la maîtrise de son feedback à chaque xenos et hérétique éliminés.
C’est beaucoup moins reluisant du côté des combats au corps-à-corps, imprécis et répétitifs. Même si l’épée énergétique et le marteau de guerre apportent un peu plus de peps à l’ensemble, très peu de combos sont disponibles. Certes, ce n’est pas l’essence du titre, mais on est à des années-lumière de la technicité d’un Devil May Cry ou du gamefeel des coups du reboot de God of War. Son imprécision est toutefois atténuée dans les duels proposés par le multijoueur.
Un peu de couleur dans cet Ultramarines Blue
Le mode opération propose de jouer entre six classes différentes (les mêmes que le multijoueur, deux fois plus de choix que dans le premier opus), chacune ayant son niveau d’expérience à grinder pour débloquer des pièces d’armures, des skins d’armes et surtout des capacités passives, disponibles uniquement en PVE pour ne pas déséquilibrer le PVP.
C’est plutôt grisant de parcourir à nouveau les environnements du jeu avec d’autres joueurs issus de divers chapitres, tout en personnalisant l’expérience selon qu’on préfère se concentrer uniquement sur le corps à corps ou sur la distance, avec la classe adéquate.
Pour chacune des classes, nous avons trois épreuves à terminer, qui nous apprennent ses spécificités et nous délivrent les précieux sésames que sont les points de maîtrise, permettant de débloquer des skins d’armes (une petite dizaine par arme), utilisables aussi bien en PVE qu’en PVP.
Le PVP propose trois modes différents, tous en 6v6, extrêmement classiques : team deathmatch, une domination avec des zones à capturer, et un capture the hill avec une zone mouvante. Il est dommage de s’en être tenu à des modes aussi conventionnels. On aurait souhaité plus de diversité, notamment avec des mécaniques plus complexes et davantage propre à l’univers de Warhammer 40,000.
C’est dans ces deux modes alternatifs que nous pouvons compenser la frustration de ne voir que des Ultramarines pendant la campagne, avec un choix de couleurs assez varié, reprenant les peintures officielles de Games Workshop. Elles sont débloquables grâce à la monnaie in-game, qui permet aussi d’acheter des héraldiques ou des pièces d’armures (personnalisables indépendamment les unes des autres), propres à certains chapitres.
On aurait aimé plus de diversité dans la personnalisation des armures, surtout pour le Chaos, à la manière de Dawn of War qui, malgré ses vingt ans, offrait un nombre gargantuesque de chapitres et couleurs disponibles. Bien entendu, Saber Interactive et Focus Entertainment gardent des surprises sous le coude pour leur season pass, une feuille de route étant disponible concernant les prochains chapitres mis en avant.
Warhammer 40,000: Space Marine 2 est une proposition généreuse, tant dans son contenu que dans sa direction artistique, qui fait honneur à l’univers de Games Workshop. Le titre ravira les yeux des amateurs de la licence, qui passeront de longs moments à capturer les meilleurs clichés possibles des nombreux moments épiques et galvanisants offerts par la campagne.
Pour les autres, pas sûr qu’il vous tienne en haleine. Ce dernier ne brille pas par son gameplay, mais si les shooters linéaires vous manquent dans un monde gouverné par les open world, il se pourrait bien que le rythme maîtrisé de la campagne vous comble.