Développé par 11 bit studios, This War of Mine est déjà sorti fin 2014 sur PC. Plus d’un an après, les développeurs nous proposent de continuer de vivre cette expérience hors du commun en introduisant de nouveaux compagnons d’infortune, les enfants, dans This War of Mine: The Little Ones. Avec la guerre comme toile de fond, des civils tentent de survivre à la famine, la maladie, la dépression… la mort donc. À chacun son style, à chacun sa guerre. Le seul but de votre aventure : Survivre.
This War of Mine: The Little Ones : Survivre, survivre, survivre…
Quelques heures avant la tombée de la nuit
Cher Journal de Bord, aujourd’hui fût une bonne journée pour nous. Drakyng, l’ancien policier, est en train de dormir. Cette nuit, il a monté la garde pour repousser les éventuels voleurs et a donc bien mérité un peu de repos. City, le bûcheron vient de construire une gazinière et un nouveau lit avec les matériaux et le bois disponibles. Medoc, le pharmacien de formation, est en train de préparer un médicament à base de plantes récoltées la nuit dernière pour essayer de soulager Craaazy Geek de ses blessures. Le pauvre. Il a surpris un militaire voulant abuser sexuellement d’une citoyenne qui recherchait de la nourriture. Armé d’un couteau confectionné la veille, il s’est interposé et a poignardé le soldat. Dans la lutte, un coup de fusil est parti et a déchiqueté une bonne partie de sa cuisse. C’est plutôt moche à voir. Il s’en remet donc à notre pharmacien. Echyr, la seule femme du groupe, a quant à elle beaucoup de mal à gérer la situation. Au bord de la dépression, tout le monde craint qu’elle ne passe à l’acte et se suicide. On essaye donc de lui parler à tour de rôle pour lui remonter le moral. Un soir, on a même créé un nouveau jeu que l’on a baptisé la Ligue des Légendes. Mais on a décidé d’arrêter à cause de ses cauchemars récurrents. Elle hurlait dans son sommeil : « je vais te carry ». Personne ne comprenait. Pedalo Jaune vient de construire un récolteur d’eau de pluie et un filtre ce qui nous permettra d’utiliser l’eau pour la cuisson de nos aliments.
Quelqu’un a frappé à notre porte cet après-midi, un jeune homme accompagné d’un enfant. Il nous a dit rechercher les parents du petit et nous demanda de nous en occuper le temps de ses recherches. C’est avec une certaine appréhension que nous décidions de d’accueillir ce petit bonhomme prénommé Louis. Danceteria, lui, est responsable de la confection des armes blanches, des armes à feu et des munitions fabriquées avec de la poudre et de vieilles balles. Romain a passé la journée à écouter les nouvelles sur une radio qu’il a fabriqué. La qualité est très mauvaise, mais il a entendu qu’un groupe de pillard lourdement armé sévissait en ce moment. Il faudra redoubler de vigilance cette nuit. D’ailleurs, la nuit tombe, il faut que je me prépare à sortir pour aller récupérer des provisions.
La nuit : l’heure de l’exploration
Où aller cette nuit ? J’ai le choix. Aller dans un cottage bombardé certainement rempli de nombreux matériaux ou dans une petite maison habitée par un couple de personnes âgées. Mais on s’est promis pour l’instant de ne pas voler chez les gens tant que d’autres lieux nous offraient des ressources. C’est décidé, direction le cottage. Je décide de partir le sac vide pour pouvoir le remplir au maximum une fois sur place en espérant ne pas tomber sur de la mauvaise graine. J’entre dans la maison en prenant le temps de regarder par la serrure pour m’assurer de ne pas me retrouver nez à nez avec un malfaiteur. C’est vide, j’entre. Après avoir fouillé les différents meubles et découvert des matériaux divers, je me rends dans la cuisine pour trouver des aliments. Conserves, carottes, tout y est. Même du sucre. Il pourra nous servir pour fabriquer de l’alcool, très prisé en cas de troc avec d’autres citoyens ou pour la confection de médicaments. Le sac est presque plein. Je choisis de ne pas récupérer les feuilles de tabac et les grains de café. Il faut savoir choisir ses priorités, même si en ces temps de guerre, la valeur marchande de ces denrées augmente rapidement. En me rendant dans une pièce dépourvue de murs suite au bombardement de ces derniers jours, je me retrouve face à un landau, vide bien évidemment. La tristesse m’envahit. A côté je trouve une peluche sale et abîmée. Je la place dans mon sac. Je la donnerais au petit Louis… Je rentre, déboussolé.
En rentrant, je découvre que nous avons été pillés. Drakyng a été légèrement blessé au cours de l’attaque. Medoc est submergé par les soins de tout le monde. Echyr s’est suicidée. Pedalo Jaune est parti. Les autres dépriment et ne savent pas comment ils vont pouvoir s’en sortir. La nuit fut terrible et demain sera peut-être pire. Autour de nous c’est la guerre et nous aussi nous devons survivre. Mais à quel prix ?
Un Sims-like de guerre ?
This War of Mine: The Little Ones, est un simulateur de vie, comme vous avez pu le constater, bien particulier. Avec une ambiance glauque mais toujours juste, le titre vous montre la guerre sous un autre angle. Comme Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre a pu le faire il y a quelque temps, This War of Mine: The Little Ones se démarque encore plus en nous proposant une interaction exclusive avec des civils. Mais ce qui rend le titre aussi prenant est sans conteste l’émotion qu’il arrive à s’en dégager. Vous manquez de ressources, vous paniquez à l’idée que vos personnages meurent de faim. Vous et votre groupe avez été pillés, vous craignez les blessures sachant que votre stock de médicaments et bandages est faible. Vous entendez à la radio que le froid arrive, vous désespérez trouver assez de ressources pour pouvoir créer des objets afin de réchauffer votre logement de fortune. Votre ami déprime et vous le ressentez vous-même derrière votre écran. Disons-le très clairement, les développeurs ont réussi à nous toucher au plus profond en nous mettant à la place de ces rescapés. Cette émotion est rendue possible par des graphismes certes simples, mais avec des tons de noir et blancs qui nous plongent encore plus dans la misère et la précarité de la situation. La bande sonore aussi est légère, subtile et bien pesée, en parfaite harmonie avec le reste.
This War of Mine: The Little Ones est truffé de qualité, mais des défauts, il en a aussi quelques uns. Pas tant sur le plan technique cependant. Non, ce que je reproche au titre, c’est de ne pas avoir été encore plus loin dans la simulation de vie. Non pas que j’aurais préféré emmener les personnages aux toilettes comme dans les Sims, loin de là. Mais il aurait été intéressant de pouvoir interagir beaucoup plus avec ses compagnons. Quand une personne est triste, on peut lui parler, et c’est tout. Et encore on ne choisit pas ce qu’on va lui dire. Il aurait été judicieux il me semble d’ajouter des options de discussion (réconforter, rassurer, s’énerver au sujet de son inactivité, etc). Le problème dans This War of Mine: The Little Ones est que l’on dirige plusieurs personnes qui n’ont aucune interaction entre elles alors qu’elles devraient au contraire se serrer les coudes un maximum pour affronter les horreurs de la guerre ensemble. On a la légère sensation qu’ils ont tous pour devise « chacun pour sa pomme ».
Violent ? Non ! Hardcore ? Légèrement oui !
Si dans les deux premiers chapitres de ce test, vous auriez pu croire qu’il était possible de gérer un grand nombre de personnages, en réalité ce n’est pas le cas. Vous ne pouvez contrôler qu’entre 1 et 4 personnes dans une même partie. En jeu, faire survivre 4 réfugiés de guerre n’est déjà pas une mince affaire. En effet, nourrir 4 bouches et les faire dormir dans des lits requiert un nombre de matériaux conséquents. Le facteur limitant se trouve en fait la nuit lors des excursions. En effet, seul un membre de votre groupe peut sortir la nuit pour récupérer des ressources. Vu la faible quantité de composants que vous pouvez ramasser en une nuit, cela devient vite problématique pour combler les envies de chacun, de se reposer ou de manger par exemple. Il faudra rapidement trouver le juste en milieu entre trouver des aliments pour ne pas mourir de faim, trouver des matériaux pour fabriquer des objets indispensables à la survie, trouver les médicaments pour soigner les blessés et trouver des armes pour se défendre la nuit en cas d’attaque.
This War of Mine: The Little Ones est d’autant plus difficile que les développeurs ont pris le parti de nous laisser seuls avec nous-mêmes, seuls face à nos choix. Aucun tutoriel n’est présent. Vous débarquez et découvrez les mécanismes de jeu en jouant. Du coup, les premières parties finissent toujours de la même manière. Vous mourez avant la fin de la guerre et recommencez une partie. Bien sur des options vous sont offertes pour régler la difficulté du jeu. Le nombre de jours à survivre, la dureté de l’hiver ou encore la criminalité sont autant d’options que vous pouvez définir avant chaque début de partie. Ces mêmes options sont en revanche suffisantes pour augmenter la durée de vie du jeu. Essayer de survivre avec tous les paramètres de difficulté au maximum, ce n’est pas gagné d’avance, vous pouvez me croire.
Conclusion This War of Mine: The Little Ones
This War of Mine: The Little Ones est un jeu comme on aimerait en voir plus souvent. Armes de guerre en second plan, votre objectif en tant que simples civils : survivre. Du vieux pourri prêt à tout qui pille les papis et mamies pour son bout de gras au mec réglo qui en plus de sauver sa peau essaye d’aider les personnes qu’il rencontre, vous choisissez la personne que vous voulez être. Mais vos choix impacteront fortement sur votre mental. Avec des graphismes séduisants et une bande son sans fioriture, This War of Mine: The Little Ones arrive à vous plonger sans trop de difficulté dans cet univers de misère et de désolation, même si le manque d’interaction entre les différents personnages aurait mérité d’être approfondi. Malgré tout, les développeurs peuvent être fiers de leur titre ! Un grand Bravo à eux !!