Difficile d’être le jeu estampillé Zelda qui succédera à la claque Tears of the Kingdom. Alors que beaucoup attendent déjà une suite des aventures de Link en monde ouvert, Nintendo a pris une tout autre direction en annonçant il y a quelques mois The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom. Cette fois-ci, on incarne la princesse d’Hyrule et c’est notre épéiste préféré qu’il faudra secourir ! Une première dans l’histoire de la franchise (si on omet les ignobles épisodes sortis sur CD-i), qui avait immédiatement attisé une certaine curiosité.
Entre le retour aux graphismes mignons de Link’s Awakening et le fait qu’on joue Zelda, on aurait tout de même pu se demander si Echoes of Wisdom allait être un vrai épisode de la saga Zelda, ou un simple spin-off qui partira rapidement aux oubliettes. Après tout, Nintendo avait déjà sorti des jeux centrés sur les personnages féminins de ses franchises cultes, comme le récent Princess Peach: Showtime !, sympathique, mais clairement adressé à un jeune public. The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom mérite-t-il sa place dans la cour des grands jeux ?
(Test de The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom sur Nintendo Switch réalisé à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
The Legend of Link
Des failles s’ouvrent un peu partout dans le royaume d’Hyrule, plongeant des zones de plus en plus grandes dans le monde du Néant. Alors qu’un épéiste vêtu de vert délivre la princesse Zelda du vil Ganon, il se fait lui-même engloutir. De retour au château, il est trop tard pour Zelda : c’est maintenant le roi et ses plus proches ministres qui se font piéger et se retrouvent dans le Néant. La princesse va alors partir à l’aventure au quatre coins de royaume pour délivrer son père et Link, et venir en aide aux habitants. Dans sa quête, elle sera accompagnée par Tri, une petite créature qui a le pouvoir de refermer les failles.
Un scénario qui, sans être très original, reste dans la lignée de ce qui se fait habituellement dans la saga. Le fait qu’on incarne la princesse, présenté comme la grosse innovation du jeu, ne change d’ailleurs pas grand-chose au final. Même si le gameplay repose sur de nouvelles mécaniques propres au personnage (on y revient plus tard), on peut tout aussi bien choisir de se battre à l’épée et à l’arc comme Link. Au moins, on ne peut pas reprocher à Echoes of Wisdom de présenter Zelda comme une demoiselle en détresse. C’est un personnage capable de se débrouiller et de faire preuve d’inventivité, mais comme Link, elle n’a au final pas beaucoup de personnalité.
Certains pourraient aussi reprocher au jeu sa facilité. Et c’est vrai, la quête principale se termine sans trop de difficultés. Mais cela n’a aucun rapport avec le fait qu’on incarne Zelda, tout comme l’aspect mignon du titre. On peut faire les mêmes commentaires à d’autres jeux de la franchise, et pourtant ce n’est pas considéré comme un défaut. D’ailleurs, Echoes of Wisdom sublime les modèles qu’on avait déjà aimés dans Link’s Awakening sur Switch, et on peut dire que l’effet diorama est particulièrement réussi et correspond parfaitement à l’ambiance du jeu.
Dans la vallée (d’Hyrule) j’ai pu entendre les échos
Si le changement de protagoniste n’impacte finalement pas beaucoup le jeu, ce sont bien les pouvoirs introduits dans The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom qui font tout le sel de cet épisode. Grâce à notre ami Tri, on peut créer des échos de pratiquement tous les ennemis et objets qu’on croisera au cours de notre aventure. Une fois mémorisés, on peut recréer une copie de ces éléments et s’en servir pour avancer. Tri nous permet aussi de nous accrocher aux créatures ou aux plateformes pour les déplacer ou suivre leurs mouvements.
Avec 127 échos à récupérer, les possibilités sont infinies ! Le jeu nous pousse à être inventifs et à utiliser les échos de différentes manières pour progresser dans les donjons. Par exemple, pour accéder à un item en hauteur, on peut créer des plateformes avec des caisses, lancer l’écho d’une araignée et grimper le long de son fil, ou s’accrocher à un monstre capable d’escalader les murs.
Pareil pour les combats : on peut très bien utiliser l’épée de Link pour attaquer directement, ou envoyer l’écho d’un moblin pour se charger du sale boulot à notre place. On est sans cesse encouragés à être créatifs et à « casser le jeu »… et évidemment, on ne peut s’empêcher de repenser à Tears of the Kingdom, qui nous incitait à résoudre les puzzles en combinant nos pouvoirs de manière créative.
Le meilleur des deux mondes
La quête principale de Echoes of Wisdom suit la trame d’un Zelda classique : on se rend dans une zone, on découvre que le peuple local a un problème, on fait un donjon… On retrouve la boucle petites clés/puzzles/boss qui avait manquée à de nombreux joueurs dans les épisodes Breath of the Wild et Tears of the Kingdom.
Avant chaque donjon, Tri nous fait entrer dans une faille et on explore le monde du Néant. Des zones plus sombres et corrompues, dans lesquels les éléments du décor flottent dans les airs de manière chaotiques, et qui forcent encore une fois l’inventivité pour se déplacer. Toute cette partie du jeu est, nous l’avons déjà dit, relativement facile.
Mais s’arrêter à ce constat reviendrait à passer à côté de l’intérêt du jeu, tant il fourmille de choses à faire. En plus des fragments de cœurs à récupérer un peu partout et des améliorations à débloquer pour les armes, on peut trouver des tenues et accessoires spéciaux pour Zelda, accomplir des quêtes annexes, préparer des smoothies pour regagner des cœurs, réaliser des défis pour remporter de nouveaux items, créer des automates qui se battront à notre place… Bref, on ne s’ennuie jamais, et tous ces éléments sont intégrés au jeu de manière fluide pour que chacun y trouve son compte.
Même si la map est petite, l’exploration occupe une place centrale dans le plaisir éprouvé. On est d’ailleurs souvent récompensés, car quelques-uns des échos les plus puissants et utiles sont bien cachés, et on peut facilement passer à côté si on se contente de suivre la quête principale.
The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom n’a pas la même ampleur que ses prédécesseurs en monde ouvert, et ce n’est d’ailleurs pas sa vocation. On peut tout de même constater qu’il a toute sa place dans la saga. Nintendo a repris de nombreux ingrédients qu’on avait adorés dans les open world, pour les ajouter dans un Zelda qui reprend une recette plus classique : on peut dire que le mélange fonctionne à merveille !
Plus qu’un simple spin-off, The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom est un vrai jeu Zelda, qui a toutes les qualités qui font qu’on aime retourner en Hyrule.