Depuis quelques années, les animés ont le vent en poupe, même si en France, ce n’est pas nouveau, le Club Do’ nous ayant biberonné aux Dragon Ball et autres Saint Seiya. Il faut toutefois reconnaître qu’avec un impressionnant nombre de sorties mensuelles (et une croissance annuelle à deux chiffres depuis des années), la production d’animation japonaise n’a jamais été aussi florissante et populaire. De quoi voir, fatalement, fleurir les adaptations vidéoludiques telles que le That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles qui nous concerne aujourd’hui.
Ainsi, si vous n’avez jamais vu ou lu (en manga ou en roman, son format d’origine) l’œuvre imaginée par Fuse, que faîtes-vous encore là ? Moi, Quand je me Réincarne en Slime fait partie des Isekai les plus qualitatifs et nous vous invitons à aller découvrir les aventures de ce salaryman japonais trentenaire réincarné dans la peau d’un Slime.
On imagine toutefois que si vous avez cliqué sur ce test, c’est que vous connaissez (et appréciez) les péripéties du gluant Limule et que vous êtes curieux de savoir si That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles, sorti ce 7 août dernier sur consoles et PC, en est une adaptation fidèle voire un incontournable des adaptations vidéoludiques d’animés japonais.
(Test de That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles sur Switch réalisé à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Simple, addictif mais (très) répétitif
Avant que That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles ne nous tombe entre les mains, nous étions plutôt emballés par la proposition. Le titre entend en effet nous proposer un mélange des genres qui n’est, sur le papier, pas pour nous déplaire, avec des phases de dialogues, type visual novel, assez classique dans l’approche, entrecoupées de séquences de gestion pour la construction de notre ville et d’action dans des combats 2D dynamiques.
Une alternance qui permettrait à l’expérience de se renouveler naturellement et ainsi éviter de tomber dans une répétitivité toujours bien trop présente dans ce genre d’adaptations. Mais nous étions sans doute trop optimistes sur ce point, sans doute aveuglés par notre amour pour la franchise.
En effet, si effectivement That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles nous propose bien trois phases de jeu distinctes, les boucles de gameplay sont tellement simples que la redondance arrive après à peine quelques dizaines de minutes de jeu. Ce qui serait un moindre mal si l’on avait à disposition une certaine profondeur de jeu, toutefois, que ce soit les constructions ou les combats, tout s’apprend et se maitrise en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
En fait, nous avons eu la désagréable impression d’avoir affaire à un jeu mobile sans ambition porté sur consoles de salon. Bâtir sa ville par exemple ne requiert finalement aucune réflexion. On clique sur un terrain et on sélectionne le bâtiment à ériger, moyennant quelques ressources, lequel nous octroi divers bonus de statistiques.
Et c’est tout, de la première minute à la dernière seconde d’un jeu qui demande tout de même plus de trente heures pour en faire le tour complet. On se contentera même in fine de simplement demander à la machine de faire les constructions à notre place, par simple pression de la touche idoine.
Du côté des combats, le constat n’est hélas pas plus glorieux. Nous disposons bien d’un panel d’attaques relativement étoffé, avec la présence de mouvements « signatures » de la part de nos compagnons, mais l’ensemble reste bien trop basique pour qu’on ait véritablement envie ou besoin de se pencher sur des stratégies de combat ou sur des arbres de compétences sans grand intérêt (et pratiquement identiques pour tous les personnages), surtout que le niveau de difficulté n’est pas bien élevé.
Globalement, on se contentera donc, qu’importe le héros que l’on choisira, d’appuyer sur les touches d’attaques afin de vider la jauge de bouclier des ennemis avant de lancer nos attaques les plus puissantes pour réduire sa barre de vie, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est bourrin, c’est fun, c’est addictif même, mais ce n’est pas bien intéressant quand on prend un peu de recul sur l’ensemble. Et ce ne sont pas les classements de fin de combat, ou les récompenses servant pour les constructions qui relancent un quelconque intérêt.
Et puis, qu’est-ce que c’est fouillis. Lorsque les attaques magiques fusent de toutes parts, on y perd totalement en lisibilité. On ne sait plus trop ce que l’on fait, mais on continue de taper comme un sourd, puisque de toute façon, le jeu fonctionne ainsi, et on tente quelques esquives hasardeuses lorsque, par chance, on perçoit le signal visuel ou sonore indiquant une attaque adverse. À titre de comparaison, un « petit » jeu comme Eiyuden Chronicle Rising, ayant un système d’affrontement similaire, s’en sort bien mieux sur ce point.
Toutefois, on a beau être dubitatif sur la forme finale des combats, cela ne nous a pas empêché d’y passer du temps et de finalement compléter toutes les quêtes principales, annexes et objectifs secondaires de chaque environnement, preuve que, malgré un côté brouillon et basique, on a su y trouver en partie notre compte. Ou alors sommes nous un peu trop fan de la licence…
D’un autre monde, et d’un autre temps…
À côté, That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles nous propose de revivre les événements de l’œuvre originale de Fuse depuis la rencontre de Limule avec les Ogres/Kijin jusqu’à son avènement en Roi-Démon (et même un chouïa plus). Quelques passages ont été raccourcis ou coupés, comme le passage du Slime à la capitale en tant que professeur, mais globalement, chaque arc narratif est passé en revue.
L’intérêt principal du titre réside toutefois dans les scénarios supplémentaires imaginés par l’auteur de l’œuvre. Ainsi, malgré quelques incohérences inhérentes à l’aspect « spin of » de ces ajouts, il faut bien reconnaître que nous avons suivi avec plaisir ces nouvelles péripéties, bien que, comme pour le reste du jeu, elles soient assez simples et convenues.
Le véritable problème de That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles réside surtout dans son effarant manque de rythme et dans ses impressionnantes maladresses. On pense par exemple au fait de ne pas pouvoir accepter plusieurs quêtes annexes en même temps (dans le but de les remplir simultanément), ce qui nous oblige à retourner en ville après chaque donjon pour clôturer une mission avant d’en débuter une autre.
En résulte une expérience extrêmement hachée qui pourra venir à bout de la patience des plus acharnés. Imaginez-donc le processus d’accomplissement d’une mission : dialogue avec un PNJ qui nous confie une mission, écran noir, dialogue avec un autre PNJ, écran noir, nouveau dialogue, temps de chargement, on sort de la ville, écran noir, accomplissement de la mission, chargement, dialogue, écran noir, et enfin, la mission est validée.
Un enchaînement bien indigeste qui n’est même pas rattrapé par le contenu des quêtes qui sont d’une indigence sans nom. Les premières fois, lorsque l’on doit aller dans la forêt récupérer des ingrédients pour fabriquer un ventilateur ou un jeu de Reversi, cela prête à sourire. Mais quand ensuite, c’est strictement la même chose pour fabriquer un jeu de carte, des figurines, une gelée, un micro et toutes sortes de choses complètements absurdes, on finit par s’en lasser et passer tous ces dialogues sans intérêts.
N’allez cependant pas croire que les quêtes principales réhaussent le niveau puisqu’elles prennent elles aussi la même forme, avec les mêmes problèmes de rythme et de répétitivité. Tout juste a-t-on en plus quelques particularités mineures, et encore. Les « donjons », en plus d’êtres fixes (et donc d’ajouter au côté redondant) se bouclent en trois minutes montre en main et nous mettent face aux mêmes packs d’ennemis encore et encore.
That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles a tout du jeu opportuniste, fais à la va-vite pour tenter d’attirer les fans de la franchise. Un sentiment renforcé par la technique assez scandaleuse du titre qui se permet, sur Switch en tout cas, de ne pas être fluide (en ville notamment) alors qu’il est d’un aspect très daté. Le simple fait que, de la première à la dernière zone de jeu, chaque environnement soit structurellement identique (seul le skin change plus ou moins) est assez honteux voire scandaleux. Mais de qui se moque-t-on ?
Alors que nous étions plutôt optimistes de prime abord quant à sa qualité, That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles s’est révélé être un titre sans idées ni ambitions. Les rares éléments distinctifs de l’aventure ont été implémentés de manière très basique, à tel point qu’on finit par laisser la machine les gérer automatiquement, comme pour l’arbre de compétence ou l’évolution de notre ville, alors que cela aurait pu être les éléments centraux de l’expérience.
On ne peut cependant pas dire que l’on a passé un mauvais moment pendant nos presque trente-cinq heures de jeu. Le système de combat, bien que basique, a un côté bourrin particulièrement addictif et cathartique. Et contrôler les personnages qu’on adore de Moi, Quand je me Réincarne en Slime, avec leurs mouvements caractéristiques, est particulièrement plaisant.
Dommage donc que si peu d’efforts aient été consentis pour faire de That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles le jeu qu’il aurait mérité d’être. Sans doute développé très (trop) rapidement, le titre cumule les maladresses, rendant l’expérience particulièrement hachée, ce qui a eu tendance à peu à peu ruiner notre enthousiasme initial.
Ainsi, et à moins que vous ne soyez un fan invétéré de la licence, il est bien difficile pleinement recommander That Time I Got Reincarnated as a Slime Isekai Chronicles, à notre plus grand désarroi.