Les fables Arthuriennes, véritables précurseurs de la fantaisie, continuent encore aujourd’hui de définir les notions de chevalerie, de magie et de quête du vertueux. Issues en grandes parties d’écrits datant du moyen Âge, les légendes du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde ont érigé un véritable socle d’inspiration pour l’ensemble des arts modernes.
De la littérature, en passant par la peinture, pour aboutir au cinéma, de très nombreux artistes ont véritablement puisé dans ces histoires pour façonner leurs propres univers (Tolkien et Hobb en tête). Mais par-delà l’art, c’est véritablement la culture anglo-saxonne qui s’est entichée de l’étiquette chevaleresque. Warhammer, Donjon&dragon, Andor… Il n’est pas une année sans que sorte du royaume de Bretagne une allégorie du cycle arthurien.
C’est fort de toute cette richesse culturelle, d’un véritable canon du médiéval fantastique, que les développeurs de Firecast Studio et Fableware Narrative, édités par Team 17, ont décidé de rajouter une pierre de taille au récit avec la création du jeu vidéo Sword Legacy Omen, prémices à l’ascension d’Arthur sur le trône et à l’unification des royaumes de Bretagne.
La communauté de l’épée
Sword Legacy Omen nous narre l’histoire du chevalier Uther, commandeur de l’armée de Mercie, à l’époque où le royaume de Britannia est encore divisé en cinq duchés en plein conflit. Malheureusement, Uther tombe rapidement en disgrâce lorsque son seigneur se fait assassiner et sa reine bien-aimée kidnappée par un groupe de tueurs sous les ordres du Duc du Wessex. Obligé de fuir pour survivre, le chevalier déchu devra voyager à travers les différents royaumes de Britannia afin de forger des alliances qui semblaient jusque-là impossibles, pour contrer les rêves de conquêtes du Duc de Wessex.
Épaulé du Mage Merlin, vous rencontrerez rapidement d’autres compagnons de fortune pour vous aider à accomplir votre quête. Duane l’écuyer, Gwen la voleuse, Félix le prêtre, Ferghus le barbare, Flint l’archer et Gorr le forgeron ne seront pas de trop pour vous permettre de récupérer l’épée Mythique Excalibur et mettre un terme à cet affrontement meurtrier.
Sword Legacy Omen offre une vision classique de la quête de rémission. Une reine à délivrer d’un despote maléfique, un petit peuple à protéger et plus largement tout un pays à sauver. On suit donc les péripéties d’un groupe de héros, possédant chacun une histoire propre, qui sera développée tout au long du jeu sous la forme de dialogues. Fâcheusement, ces phases scénaristiques paraissent très vite bien faibles au vue de l’immense arc narratif que proposent les légendes Arthuriennes. On se lasse vite d’une écriture basique avec des rebondissements peu inspirés.
La quête d’Uther finit rapidement par ressembler à une intrigue écrite à la va-vite par un maître de donjon de JDR moyennement inspiré. On ne ressent pas les enjeux qui se trament devant nous, ni la puissance implacable de nos ennemis. Au contraire, les phases de dialogue dans les campements nous détachent totalement de l’urgence de la situation et nous rapprochent plus d’un Road Trip entre amis, à travers les verts pâturages de Britannia.
What is your favorite color ?
Heureusement pour ce voyage initiatique, Britannia nous offre un bel univers, avec des décors soignés tout en Cell Shading allant de la forêt verdoyante, aux donjons putrides du duché de Wessex, le tout rehaussé d’animations de qualité et de détails pertinents. On ressent la volonté des développeurs pour porter une vision moderne des cinq royaumes de Britannia.
Quel dommage de ne pouvoir se promener plus loin qu’au-delà des chemins tracés par la narration. On aurait aimé pouvoir se perdre plus loin, découvrir tout un panel d’autres lieux par le biais de quêtes annexes ou d’intrigues secondaires. Encore une fois, Sword Legacy Omen nous dirige à travers son fil rouge, avec comme seul atout d’augmenter la durée de vie, celle offerte par la possibilité de refaire n’importe quelle mission avec une équipe de personnages différents.
On se sent vite prisonnier de la responsabilité d’avancer dans cette croisade souvent monotone. Fardeau exacerbé d’ailleurs par la répétition en boucle des quelques rares musiques et bruitages qui composent le jeu et nous conduisent à baisser drastiquement le son au bout de quelques heures.
Messire baissez-vous !
On pourrait comprendre facilement ces lacunes par le fait que Sword Legacy Omen est un jeu créé par une petite équipe et que le cœur même du projet réside dans son gameplay. En effet, celui-ci est un RPG tactique à l’instar d’un Final Fantasy Tactics ou d’un Shadowrun, avec des combats se déroulant au tour par tour et un système de placement des personnages sur des cases. Chaque personnage peut ensuite effectuer un nombre d’actions (attaquer, se déplacer, utiliser des potions…) en fonction de son nombre de PA.
Les chapitres du jeu se divisent en mission. À chacune d’elles, vous devez choisir parmi les personnages à votre disposition afin de former un groupe. Chaque personnage ayant ses propres caractéristiques (Félix joue le rôle de soigneur, Gorr peut bloquer des accès grâce à la création de pièges afin de vous permettre de mieux contrôler la map, Flint est capable d’attaquer à distance…), et pouvant choisir plusieurs compétences actives et passives, parmi un arbre d’aptitudes qui lui est propre.
Il faudra donc réfléchir aux meilleures associations, afin de générer des combos dévastateurs, capables de venir à bout des adversaires les plus coriaces. Sur le papier rien d’exubérant, si ce n’est une place importante attribuée à des éléments de décor tels que des tonneaux explosifs, des pièges à ours etc.., qui pourront se révéler d’une aide très importante si vous placez astucieusement vos compagnons. Cette approche apporte un véritable plus à l’expérience de jeu, surtout si vous la maximisez avec la gestion du moral de votre équipe et celle de l’adversaire.
Cela pourrait être largement suffisant pour nous faire passer un agréable moment sur la dizaine d’heures que comporte le jeu. Mais là, vient se greffer le gros point rouge. Le gameplay est truffé de bugs. Même après plus de quatre ans de développement et un mois après sa sortie (avec donc des retours récurrents de joueurs), on continue à souffrir des nombreux problèmes de gameplay dont Sword Legacy Omen est rempli.
Du soldat ennemi qui voit ses PA remonter au maximum alors qu’il vient de tous les dépenser, au héros qui perd tout d’un coup son moral sans qu’aucun élément extérieur n’en soit responsable. On ne sait plus si la difficulté vient des ennemis ou de l’incroyable stupidité de nos personnages qui n’hésitent jamais à faire des allers-retours sur des pièges, lorsque ceux-ci sont en déplacement automatique. Ces problèmes sont encore accentués par l’impossibilité de dérouler la carte lors des combats et donc de ne pouvoir utiliser efficacement certaines compétences et déplacements qui demandent une vue d’ensemble large. Ainsi que l’impossibilité de visualiser tous les ennemis présents dans une pièce.
Malheureusement sur un jeu tactique, ces erreurs de gameplay ne pardonnent pas, car elles sont le cœur même de l’expérience et donc ce que les développeurs souhaitent faire partager aux joueurs.
Bien qu’avec un coût très raisonnable à l’achat (moins de 20 euros) Sword Legacy Omen présente beaucoup d’erreurs de gameplay qui déstabilisent vraiment l’expérience du jeu. De plus, son scénario minimaliste est peu excusable quand on voit le contenu énorme de la mythologie Arthurienne dans laquelle ils auraient pu puiser pour nous offrir une histoire homérique, ou au contraire, la détourner pour en faire une fable comique, à la manière d’un Kaamelot ou d’un Blasing Dragon.
No, Sword Legacy Omen ne se révèle ni drôle, ni triste, ni épique. On ne fait que suivre une petite équipe allant d’un point A à un point B et racontant leurs aventures à travers des dialogues ennuyeux.