Oublié pendant longtemps sur console, le genre Dungeon RPG (ou Dungeon Crawler) revient un peu plus dans la lumière depuis quelques années, notamment grâce à des titres tels que ceux issus la série des Etrian Odyssey. Malgré tout, le genre reste une catégorie à part à laquelle une toute petite communauté de joueurs prête attention. Et c’est fort dommage, car ce style de jeu recèle quelques petites pépites qui méritent qu’on s’y attarde. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur le cas de Stranger of Sword City disponible chez nous en version digitale sur Xbox One et PC, mais également sur PlayStation Vita, cette dernière a d’ailleurs la chance d’avoir une version physique en plus de celle dématérialisée. Notre test va justement porter sur cette version disponible sur la nomade de Sony. Stranger of Sword City fait-il partie des petits bijoux de ce genre si particulier ? Voyons ça ensemble.
Stranger of Sword City : la bonne recette de grand-mère bien maîtrisée
Le vol n°586 à destination de Fantasy Land va décoller
Mais avant tout, posons les bases pour savoir où on va mettre les pieds. Un brin d’histoire est toujours le bienvenu. Dans Stranger of Sword City, vous incarnez une personne qui semble tout à fait banale. Suite à un accident d’avion, vous vous réveillez dans un monde inconnu, entouré par de nombreux débris d’appareil. Un vieil homme est là et désire vous aider, mais le vieux bougre vous a tendu un piège. Après quelques pas dans ce monde inconnu, vous êtes attaqué par un monstre, une immense vouivre. Sentant votre dernière heure arrivée, la sueur commence à dégouliner à grosse goutte. Mais votre trépas n’aura point lieu, car une farouche combattante habillée en écolière japonaise débarque et découpe façon sashimi la vilaine bête. Votre sauveuse se nomme Riu et elle vous explique que vous n’êtes pas la seule personne à être soudainement apparue dans ce monde digne de la dark fantasy. Elle désire que vous l’accompagniez ; mais elle ne fait pas ça par pure charité. Non, elle a décelé en vous un don très rare, celui de pouvoir détecter et récupérer le cristal de sang qui, malheureusement pour vous, ne se trouve que sur les plus puissants monstres de ce monde, les Lineages. Partir à la recherche de cette pierre précieuse pourrait vous aider à trouver un moyen de revenir dans votre monde si paisible et qui ne grouille pas de monstres prêts à vous dévorer à chaque tournant. Vous vous laissez donc convaincre de suivre la belle Riu.
L’Éxpérience qui fait tout
Stranger of Sword City repose sur les bases classiques des Dungeon RPG. Vue à la première personne, avancée case par case dans d’immenses donjons comprenant leur lot de monstres à occire dans des rencontres en tour par tour. Rien de révolutionnaire, mais le studio de développement Experience Inc connaît son boulot et fait de ce classicisme un atout en nous proposant une maîtrise parfaite du genre. En début de partie, on vous demande de créer votre avatar. Vous aurez le choix parmi un joli panel de personnages définis physiquement. Ensuite, vous devrez choisir le sexe de votre personnage, sa classe parmi les grands classiques : chevalier, magicien, archer… puis vous devrez lui donner un nom et, point important, son âge. L’âge est un critère essentiel pour la création. En effet, plus votre avatar est jeune, plus il aura des cœurs de vie qui lui permettront de ressusciter en cas d’accident fatal. Mais, en contrepartie, la jeunesse manque d’expérience et vous aurez nettement moins de points de capacité à répartir entre les diverses catégories qui pourraient faire de votre personnage une véritable machine de guerre.
Il vous faudra donc choisir entre avoir de nombreuses vies, tenter de partir à l’aventure sans peur de la mort en ayant le personnage le plus fort d’entrée de jeu, ou tenter de produire un parfait équilibre. En sachant que Stranger of Sword City propose un challenge assez corsé, cette décision est très importante. Si au premier abord les combats ont l’air assez simple niveau mécanique (avec le choix entre attaque, défense et magie), vous comprendrez rapidement qu’il est plus que nécessaire de trouver le point faible de chaque créature. Même le plus faible de vos ennemis peut être un vrai danger si vous n’êtes pas bien préparé, surtout que la résurrection d’un personnage demande du temps. Le retour à la vie se mérite et est seulement possible s’il reste au mort un cœur de vie. Sinon, vous pouvez lui dire adieu.
Dès le début de l’aventure il n’est pas improbable de rencontrer un groupe d’ennemis supérieurs en nombre, mais également en puissance. Heureusement pour vous la ville principale du jeu qui sert de quartier général à Riu n’est pas loin. Pour avoir une chance de repartir de ce monde, vous intégrez la guilde de votre sauveuse, mais vous ne pouvez pas partir de suite combattre les Lineages. Il vous faudra d’abord gagner en puissance et composer une puissante équipe. La guilde est composée de nombreuses personnes de races et classes différentes. À vous de faire votre choix puis partir résoudre les différentes missions qui vous seront allouées selon votre avancée dans le jeu. Si les mécaniques de Stranger of Sword City sont classiques, sa force vient des nombreux personnages présents dans le jeu. En plus d’être représenté par de sublimes dessins, chaque personnage a droit à sa propre histoire qui donnera plus d’épaisseur à son background. En plus de cela nous croiserons bien souvent des PNJ hauts en couleur qui ne pourront pas nous laisser indifférents.
Un enchantement des sens
Graphiquement le jeu souffle le froid et le chaud. Les décors sont vides et assez classiques, voire totalement banals. Mais ce n’est pas le détail qui importe véritablement dans un Dungeon RPG. La force graphique du titre se trouve dans les fresques de combats et de dialogues qui sont sublimes. Les monstres et personnages sont représentés par des dessins 2D légèrement animés qui pourraient, semble-t-il, donner un style vieillot au jeu. Mais le(s) dessinateur(s) ayant un coup de crayon majestueux, chaque rencontre se traduit par un sublime tableau qui ravit nos yeux et nous fait oublier le peu d’animation. Le genre s’en passe d’ailleurs très bien, mais c’est ce qui fait que le Dungeon RPG reste cantonné à ne séduire qu’une toute petite niche de joueurs.
Autre point de pur plaisir, la musique. La BO de Stranger of Sword City est un véritable enchantement pour les oreilles. Les différents thèmes sont toujours parfaitement choisis par rapport à la scène qui se présente à vous. Tantôt énergiques, tantôt sombres, tantôt festives il n’y a aucune fausse note et la soundtrack pourra parfaitement être accueillie au sein de votre playlist MP3.
Conclusion Stranger of Sword City
NIS et Experience Inc nous proposent avec Stranger of Sword City un Dungeon RPG classique, mais parfaitement maîtrisé. Si l’histoire classique d’un humain lambda perdu dans un monde de Dark Fantasy ne sera pas inoubliable, elle est sublimée par une galerie de personnages hauts en couleur qu’on prend plaisir à découvrir. Si graphiquement les décors ne jouent pas dans la cour des grands, les fresques de combats et de discussions sont par contre sublimes, malgré un côté un peu trop statique. En plus du plaisir des yeux, le jeu nous enchante les oreilles grâce à la qualité de sa soundtrack. Stranger of Sword City nous démontre qu’un jeu classique mais hyper bien maîtrisé peut apporter beaucoup de plaisir. Par contre ce côté classique et la difficulté du soft ne permettront sans doute pas au titre de sortir du cercle intime des amateurs de Dungeon RPG, ce qui est fort dommage pour les suivants.