2003, Harvest Moon: Friends of Mineral Town apparaît sur GameBoy Advance et c’est un succès incontestable. Si on ne peut pas promettre qu’il ait fait des chiffres de vente de l’ordre du million, une chose est sûre, il a su se faire une place dans le cœur des joueurs qui s’y sont essayés grâce à un savant mélange de divers éléments. Son gameplay est simple et addictif, ses graphismes sont mignons et son atmosphère est posée et bucolique. Mais là où le jeu atteignait le génie, c’était dans les interactions entre les différents personnages du jeu, véritablement un des points forts du jeu. Enfin, ça et le charme dans lequel baigne littéralement l’ensemble. Impossible de rester insensible si on a un atome crochu avec ne serait-ce qu’un élément de cette liste.
Nous sommes à présent en 2020 et Marvelous nous présente un remake de ce titre. Désormais intitulé Story of Seasons: Friends of Mineral Town, il arrive avec un timing un peu déconcertant. Effectivement, on l’aura compris, le monde entier s’est ligué pour que nous privilégions les week-end et vacances en intérieur et en petit comité. Un moment donc idéal pour se laisser aller à un peu de nostalgie avec ce remake. Cependant, si dès lors les simulations de vie à ambiance pastorale ne faisaient pas légion, aujourd’hui, le genre est presque saturé et notre titre apparaît entouré de rivaux très séduisants, Stardew Valley en tête ! Story of Seasons: Friends of Mineral Town mérite-t-il sa place dans votre collection ? La nostalgie peut-elle ici faire bonne conseillère ?
(Test de Story of Seasons: Friends of Mineral Town réalisé sur Switch via un code fourni par l’éditeur)
La routine dès le concept
Ne perdons pas de temps sur les détails, il s’agit d’un remake donc oui, l’histoire est bel et bien déjà connue (non pas qu’elle aurait dérouté un néophyte…). À nouveau, vous êtes un jeune adulte (homme ou femme selon vos dispositions et préférences) qui, après le trépas de son grand-père, se voit hériter d’un terrain à la campagne. Et croyez-nous, votre terrain aura besoin de votre aide. Comme dans Stardew Valley, l’œuvre de référence en termes de simulation de vie fermière aujourd’hui, votre grand-père vous a légué une friche, un terrain complètement délabré jonché de bûches, de pierres titanesques et de mauvaises herbes, comme s’il avait quitté notre monde il y a bien 70 ans ! À vous de nettoyer tout ça et de faire le plein de graines pour transformer ce taudis en gagne-pain, une tâche pour le moins chronophage…
Et ce n’est pas la seule ! Naturellement, nouveau venu dans un village d’une poignée d’habitants, votre apparition fera des émules et les villageois feront la queue pour faire votre connaissance. Non, on rigole, c’est à vous de vous faire votre place dans ce microcosme humain. Nous parlons bien de microcosme, car ce petit environnement possède ses règles. Effectivement, chacun des habitants a ses petites habitudes et manies, routine qu’il vous faudra apprendre pour rencontrer l’élu(e) de votre cœur, la personne que vous jugez la plus à même de vous accompagner dans les couloirs de la vie fermière.
Effectivement, si la vie fermière est bien un sacerdoce et constitue une partie importante de votre emploi du temps (le maintien de vos plants, l’arrosage, le nettoyage et nourrir vos animaux), il vous faudra ménager du temps également pour la séduction, une activité qui aura ses fans et ses détracteurs. Oui, tout n’est pas rose au pays de la drague… Si en 2003, ça passait encore relativement bien, aujourd’hui, les dialogues ont pris un sale coup de vieux… Non pas qu’ils soient particulièrement mauvais, mais on peut difficilement faire plus répétitif, quoi !
Pour gagner des niveaux d’affection avec un personnage, vous allez devoir lui parler tous les jours et lui offrir des cadeaux. Sur le papier, ça passe, mais les villageois répètent leurs lignes jour après jour, inlassablement et sans fluctuation ou presque au point où ça devient difficilement supportable. De quoi nous faire regretter de pas pouvoir passer plus de temps à la ferme !
Rythme survitaminé
Vous allez commencer le jeu avec des outils à l’impact limité, arrosant les cases une par une, cassant les branches et les rochers de petite taille pour ruiner la jauge d’énergie évanescente de votre personnage. Il vous faudra donc, dans votre emploi du temps limité, jongler entre l’arrosage et un passage dans les sources d’eau chaude pour démarrer votre partie, un lancement plus long qu’un dimanche après-midi sur France 2.
Une fois stable dans votre routine, vous allez devoir creuser du temps (ou utiliser les jours d’averse) pour faire des raids dans la mine, seul endroit qui vous permettra d’obtenir les matériaux nécessaires à la confection d’outils plus performants… Un rythme de croisière qu’il est difficile de prévoir en début de jeu et en particulier pour les néophytes.
Alors, certes, nous, on aime bien un peu de difficulté, mais commencer un jeu avec un guide à la main (Dieu merci, il y en a beaucoup sur le sujet depuis 2003), ça nous botte moyen. D’autant que même avec un guide à ses côtés, on se retrouve quand même à devoir courir un contre-la-montre permanent pour les tâches du quotidien, le travail de son « love interest » et les courses dans la mine tout en maintenant le niveau d’énergie du protagoniste à bon niveau… sur des journées beaucoup trop courtes ! Enfin, vous pouvez bien faire appel aux fées pour vous aider dans vos besognes, mais honnêtement, vous ne serez jamais mieux servi que par vous-même …
Dans les choux ?
L’équilibre de ces ingrédients est ultra-précaire et devient malheureusement ultra frustrant, donc agaçant ! Ce qui ne joue pas en sa faveur. Heureusement, de nombreux points ont été revus afin de rendre l’expérience plus agréable pour un joueur moderne. Si on fera l’impasse sur les nouveaux personnages, ces derniers étant du niveau des anciens, on sera ravi de constater la présence de nouvelles features telles que des raccourcis vers les stocks (à l’extérieur de la maison en somme) ou même le mariage homosexuel, une entrée également bienvenue qui prouve que la franchise veut aller de paire avec son temps.
Encore que ça, il faut le dire assez vite… Parce que si l’approche graphique peut plaire de prime abord avec ses modèles chibi mignons… L’ensemble est ultra austère, plus encore en sachant que des jeux comme The Legend of Zelda: Link’s Awakening DX existent… Les animations sont extrêmement limitées et même plutôt décevantes.
En partant d’un jeu GameBoy Advance aussi mignon et détaillé, et en considérant qu’ils ont été jusqu’à développer un nouveau moteur graphique pour ce jeu, on était en droit d’attendre de Story of Seasons: Friends of Mineral Town un petit effort. Il reste qu’on s’émeut toujours à découvrir les saisons les unes après les autres avant que ne s’enchaînent le bal des événements dont on a plus ou moins quelque chose à faire.
Story of Seasons: Friends of Mineral Town est une addition correcte à votre ludothèque si vous êtes fan du genre et que vous n’êtes pas exigeant. Nous sommes prêts à accorder un point à Marvelous pour avoir tenté de nous proposer l’expérience la plus proche possible de l’originale, mais malheureusement, le rendu est plus que décevant. Si on pouvait alors accepter certains défauts sur GameBoy Advance, on est aujourd’hui en 2020 et le genre a beaucoup évolué et s’est développé, nous étions donc légitimement en droit d’attendre un produit plus soigné et plus abouti, surtout pour le prix demandé.
On notera quand même les efforts effectués pour permettre au titre de coller avec les standards actuels. Dommage, il aurait fallu un peu plus d’investissement pour que ce remake puisse briller comme son aîné.