Un jeu d’infiltration dans un contexte d’espionnage, avec un personnage en forme de dernière chance pour la paix ; des polygones gros comme des poings et une définition à 3 chiffres ; il ne manque plus que l’iconique carton sous lequel traverser des niveaux et l’on aurait reconnu ce bon vieux Metal Gear Solid ! Mais non, il s’agit d’un hommage appuyé au titre culte de Kojima baptisé Spy Drops. Avec son style PS1 et ses promesses de MGS « néo-rétro », Spy Drops a-t-il l’étoffe, si ce n’est d’un héritier, au moins d’un bon élève ?
(Test de Spy Drops réalisé sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Snake Drops
Hideo Kojima, créateur de Metal Gear Solid (est-il encore nécessaire de le rappeler ?) squattait jusqu’à il y a encore quelques jours l’actualité du jeu vidéo de façon ininterrompue pour la sortie de Death Stranding 2. Et les joueurs nostalgiques se préparent à la sortie du remake de Metal Gear Solid 3 (prévu pour le 25 août prochain). Le moment semble particulièrement bien choisi pour publier Spy Drops, un hommage transparent aux premiers Metal Gear Solid.
Le titre se présente en effet comme un jeu en low-poly et en basse définition, citant clairement la 3D des premiers jeux PlayStation, première du nom. Un appel du pied aux quarantenaires qui ont connu l’arrivée de la console Sony, mais également un choix esthétique totalement dans l’air du temps, alors que les jeux citant la 3D PS1 se multiplient (Crow Country, Dread Delusion, Sorry we’re Closed ou encore Mouthwashing)
L’hommage à Metal Gear ne s’arrête pas à l’esthétique, puisque Spy Drops est un jeu d’action et d’infiltration mettant en scène une histoire d’espionnage international en combinaison tactique. Si le jeu était sorti en 1998 ou 1999, on aurait crié à la contrefaçon. 25 ans plus tard, c’est un hommage.
Modern Retro Stealth Action
« Modern Retro Stealth Action », c’est la tagline du jeu, son accroche marketing. Pour le « Retro Stealth Action », on l’a vu, c’est l’inspiration assumée MGS. Il s’agira ainsi de s’infiltrer dans des bases ennemies pour exécuter différentes missions : voler des documents confidentiels, prendre en photo un personnage pour confirmer sa présence ou son identité, et même voler les pensées de certains soldats.
Pour ce ce faire, on dispose de toute une série de gadgets qui vont participer à l’évolution du gameplay et du personnage. Entre les armes, mines de proximité et autre montre permettant de nous rendre invisibles aux détecteurs de présence, on note la possibilité d’effectuer certaines missions via un drone, qui change passablement le gameplay et apporte un peu de variété, mais aussi l’attrape-rêve. Ce dernier gadget permet de fouiller dans l’esprit des soldats que l’on rencontre en restant à proximité sans se faire repérer, et sera, en fin de mission, un véritable accélérateur de progression pour notre personnage : une façon d’encourager la prise de risque dans les mécaniques d’infiltration…
Le « Modern » du slogan fait lui probablement référence au fait que les niveaux sont générés aléatoirement au début de chaque mission (certains niveaux plus importants pour le scénario sont, eux, scriptés), promettant ainsi qu’aucune partie ne se ressemble. Hélas, la génération de niveaux est faite avec si peu d’éléments différents que rapidement, tous les niveaux se répètent un peu. Lors de nos premières parties, on a même un temps cru que les niveaux étaient réutilisés d’une mission à l’autre…
Rétrop
On ne peut pas retirer à Spy Drops son côté rétro. C’est probablement l’argument principal du jeu, en même temps que son principal défaut. Les jeux contemporains à l’allure rétro sont souvent qualifiés de « néo-rétro ». Et ce qui manque à Spy Drops, c’est assurément le néo.
Si les graphismes peuvent apparaître parfois buggés, notamment dans l’affichage des textures, cela peut faire partie du charme « 3D des débuts ». Mais les commandes sont très rigides, et peu instinctives. Par exemple, pour se mettre en position d’infiltration, dos à un mur, il faut appuyer sur R1. On attend alors qu’un soldat s’approche pour l’assommer, ou lui voler ses pensées via l’attrape-rêve décrit ci-dessus, par exemple. Cependant, si jamais l’ennemi nous repère, notre personnage reste le dos collé au mur et ne répond à aucune commande tant qu’on ne l’a pas décollé via R1. Rien d’insurmontable, mais cela manque d’intuitivité, ou de spontanéité.
L’angle de vue choisi est lui aussi peu ergonomique : tant qu’on ne s’est pas « collé » à un mur tel que décrit ci-dessus, le jeu adopte un point de vue « top down » et ne laisse aucun contrôle sur la caméra. Difficile dans ces conditions de préparer à l’avance une stratégie de progression, puisqu’on ne découvrira qu’au dernier moment la position et la routine des ennemis… Heureusement (ou pas), ces derniers ne sont pas bien malins.
Les éléments aléatoires, enfin, le sont peut-être parfois un peu trop : dans les missions où il s’agit de récupérer des documents, ces derniers peuvent se trouver n’importe où : au sol, au milieu d’un hangar à hélicoptère, par exemple, au mépris de toute logique. Outre l’étrangeté de la chose d’un point de vue scénaristique, cela nous oblige à explorer les niveaux presque case par case, d’une façon, là encore, contre-intuitive.
Spy Drops est un petit jeu plein de promesses qu’on aurait adorer aimer. Et pour être parfaitement honnête, on n’y est pas complètement insensible… Mais ses petites imperfections pèsent sur les parties, qui prennent de plus rapidement un aspect répétitif. Résultats : on quitte le jeu plus tôt que prévu, un peu frustré, pour (quand même) n’y revenir que plus tard, et répéter exactement le cycle.
Il faut évoquer un mode 2 joueurs bienvenu et très raccord avec l’ambition rétro du titre : uniquement en local, en écran splitté. Hélas, là encore, le rétro frôle avec le « rétrop », l’écran splitté dévoilant à chaque joueur les moindres faits et geste de son adversaire, l’intérêt devient vite limité (et la taille des télés de 2025 empêche d’obstruer le champ de vision du copain avec un classeur posé à la verticale). Enfin, il faut aussi indiquer que le jeu fait appel à l’I.A. générative, notamment pour le doublage des personnages. Bien que le résultat soit plutôt convaincant, on sait que la pratique hérisse le poil de bon nombre de joueurs.