« Du Roi », dit le titre de cet article ? Quel roi ? Qui a proclamé SoulCalibur roi des jeux de baston 3D ? La réponse est simple : votre Humble Narrateur. Un avis parfaitement subjectif, donc, il va sans dire, mais hé, qui c’est qui écrit l’article, hein ? Après tout, même en demeurant impartial, on peut bien s’autoriser une part d’affection personnelle quant au sujet qu’on traite, d’autant plus s’il s’agit d’une série bien ancrée dans le folklore vidéo-ludique auquel elle appartient. C’est sur ce postulat que s’orientera notre analyse de SoulCalibur VI.
Et pourtant, avouons-le, on ne partait pas sur de bonnes bases. SoulCalibur IV sauvait les meubles surtout via son mode Tower qui promettait de longues heures de baston pour qui s’y laissait embringuer, et SoulCalibur V s’avérait décevant, coquille creuse qu’il était. Il est désormais temps de déterminer si ce SoulCalibur VI saura redorer le blason de la saga, qui semblait véritablement en perte de vitesse.
De l’esprit « SoulCalibur »
Depuis la parution du tout premier épisode, Soul Edge, en 1995, la série est un acteur crucial de la scène baston 3D. Avec son gameplay particulièrement efficace, elle constitue une alternative rafraîchissante à la plupart des jeux de combat type Tekken dans la mesure où elle propose des affrontements à l’arme blanche. La variété est de mise, entre les lames courtes de Taki et l’énorme épée de Siegfried, et chaque joueur aura son chouchou qu’il aura à cœur de maîtriser au maximum.
D’ailleurs, SoulCalibur VI ne déroge pas à la règle caractéristique de ses ancêtres : le jeu est tout autant accessible au noob (comprenez débutant) qui matraque les boutons comme un goret qu’au joueur expérimenté qui a pris de longues heures à faire le tour des capacités de son personnage fétiche.
C’est un peu ça, l’esprit SoulCa : on se dégote un personnage à notre goût et on joue le même quasiment à chaque partie, du fait qu’on a appris à le connaître sur le bout des doigts. Chacun possède un certain niveau de technicité qui lui est propre, ce qui implique une courbe de progression dans l’effort, et l’on n’a jamais l’impression de manier le clone d’un autre personnage, comme c’est souvent le cas dans des jeux qui aiment à se targuer de proposer un roster colossal.
Ici, pas de déploiement pompeux, on n’a le choix qu’entre une grosse vingtaine de combattants, et la plupart sont déjà bien connus des amateurs de la licence : Maxi, Taki, Sophitia, Voldo, etc., chacun saura bien retrouver son petit préféré.
Dix-huit grands anciens, deux petits nouveaux et un guest
Seuls trois nouveaux visages son présents à l’affiche (sans compter les futurs DLC qui ne manqueront pas de fleurir au fil des mois) : Azwel, un sorcier maléfique qui combat avec des armes éthérées et sort des attaques délirantes, Grøh, un froid guerrier du grand nord doté d’une personnalité aussi double que ses lames, et Geralt de Riv, la guest-star qui délaisse sa saga The Witcher pour intégrer le casting de SoulCalibur VI au sein duquel il semble parfaitement à sa place.
Habitué que l’on est des Dragon Ball et autres Naruto qui proposent des personnages à la pelle, on pourra trouver cet éventail un peu léger, mais comme on le disait plus haut, chacun est unique en son genre et l’on ne ressent jamais le besoin d’en avoir beaucoup plus.
D’autant que, chose initiée dans les derniers épisodes en date, on peut à nouveau créer son propre personnage de toutes pièces. Et croyez-le bien, cet outil de création personnalisée est vraiment complet, on peut y passer facilement une heure ; on se croirait dans un RPG, du coup, vous allez réellement pouvoir concevoir votre guerrier unique, à votre envie. Style, apparence physique, arme, nom, couleurs diverses, tout y est, calqué néanmoins sur les personnages déjà existants.
On peut même choisir la race (humain, squelette, lézard…). Vraiment un très bon point, car lorsque vous jouerez en multi, online ou sur votre canapé avec votre grand-mère, vous aurez la sensation de combattre avec votre héros propre plutôt qu’avec un personnage générique. Bref, vous l’aurez compris : un roster restreint mais cohérent. Il est donc temps de passer à un autre sujet : le contenu.
Du contenu généreux
Chacun voit midi à sa porte, mais l’amoureux de la série qu’est votre Narrateur avait trouvé le cinquième épisode assez vide par rapport aux anciens jeux. Dans SoulCalibur VI, on a droit, outre les usuels modes Online et Duel (qui permet de se taper un parcours arcade classique avec 8 personnages à vaincre, de s’exercer dans un tuto ou de simplement combattre un ami ou l’IA), à un Musée assez conséquent. Un autre bon point pour les amateurs de background, car la plupart des jeux de combat ne proposent qu’un léger semblant d’historique pour ne se concentrer que sur l’action.
Du coup, si vous aimez la série et ses personnages, vous allez être servi, le Musée s’avérant quasiment aussi détaillé que celui des Dynasty Warriors et consorts. Biographie des persos (en français de très bonne facture, s’il vous plaît), galerie, encyclopédie des guerriers, des styles et des armes, bande musicale… Tout y est. Du bon boulot.
Et puis, bon, c’est bien beau de lire des livres d’Histoire et de jouer aux Sims en créant son « bonhomme », mais quand même, quand on achète du SoulCalibur, c’est souvent pour se mettre sur la tronche. Pour ce faire, en solo, deux modes sont proposés : Mission – Balance de l’âme, et Histoire – Chronique d’âme.
Ce dernier vous permet de suivre la quête de chacun des personnages présents au fil de leur quête des armes jumelles, Soul Calibur et Soul Edge, au cours des années 1580. Une fois encore, la narration tient une part importante dans ce mode proche de la chronique, puisque vos combats seront entrecoupés de nombreuses scènes fixes de dialogues vous permettant d’appréhender la progression de votre quête.
Le gros avantage de ce mode Histoire, c’est que vous pouvez, entre chaque chapitre, changer instantanément de personnage et aller voir ce qu’il se passe du côté des copains. Libre à vous, donc, de terminer le scénario de chacun de bout en bout, ou de basculer sur un autre guerrier si un combat trop velu vous prend le chou, avant d’y revenir plus tard. Sympathique !
Quant au mode Mission, il s’avère tout aussi prenant, puisque vous allez y incarner un personnage de votre propre conception, qui va lui aussi vivre sa quête de l’épée maudite dans un scénario original qui le confrontera à du menu fretin sans intérêt aussi bien qu’à des guerriers emblématiques de la saga.
Une fois un chapitre clôturé, vous aurez l’opportunité de gagner des niveaux, ce qui aura pour effet principal d’augmenter votre jauge de vie. On vous proposera même des choix qui auront une influence sur une balance (d’où le nom du mode) entre le Bien et le Mal, laquelle aura une incidence sur le déroulement du récit, sur vos bonus d’arme et sur les missions secrètes proposées.
Encore une fois, tout ceci est très textuel entre les combats, mais comme l’histoire est plutôt passionnante, on ne va pas se plaindre à moins d’être un farouche ennemi de la lecture.
Pour finir sur du technique…
Un dernier mot technique avant de se quitter et de retourner chacun à nos épées. Visuellement assez joli, le jeu n’a cependant que peu évolué depuis son aïeul, et même si le tout demeure fluide et agréable à l’œil, on ne s’extasiera plus devant tel ou tel décor comme ça avait pu être le cas dans d’autres opus en leur temps. Les musiques conservent leur caractère épique propice aux affrontements dantesques, et l’animation ne souffre d’aucun problème.
Quant au gameplay, marque de qualité de la série depuis ses tout débuts avec son combo de prises/coup haut/coup milieu/coup bas et ses esquives/garde, il demeure tout aussi jouissif dans SoulCalibur VI, et l’on jubilera à nouveau d’avoir placé un perfect à son petit frère ou d’avoir retourné la situation avec l’énergie du désespoir alors qu’il ne nous restait que peu de vie. On a même droit dans cet épisode à de nouvelles attaques et parades spéciales inédites pour encore mieux terminer son adversaire !
Doté d’un gameplay toujours aussi fluide et jubilatoire, SoulCalibur VI ne joue pas la carte du déploiement massif de personnages jouables, mais table plutôt sur un développement en profondeur de la poignée de ceux qui font partie du voyage. Et, si l’on a de nouveau affaire à des combats en multijoueur qui ne manqueront pas de fleurer bon la mauvaise foi et les insultes, le jeu se fend (normal, pour un jeu d’épée…) de deux excellents modes solo pour de longues heures de baston en perspective (et de lecture, aussi ; SoulCalibur VI est très bavard).
On lui reprochera des temps de chargement un tantinet longuets vu leur nombre, ainsi qu’un manque d’évolution visuelle depuis le cinquième épisode, mais que ceci ne vous empêche pas de profiter de ce très bon jeu de combat, de retour sur le devant d’une scène qu’il avait longtemps désertée…