Shadow of the Colossus est le second titre réalisé par la Team Ico, dont le premier jeu s’appelait, heuuu… Ico. Initialement paru sur PlayStation 2 il y a de cela 8 millions d’années, le jeu avait su charmer les plus poétiques d’entre nous, désireux de poser les gros guns le temps de quelques heures pour profiter d’un titre contemplatif et apaisant, cohérent par rapport à l’expérience que proposait son aîné. Encensé par la critique, Shadow of the Colossus n’était pour autant pas dénué de défauts, et le remake HD sur PlayStation 3 n’en avait gommé que très peu, en dépit d’une nécessaire réévaluation technique.
Aujourd’hui, c’est aux possesseurs de PlayStation 4 de pouvoir enfin se confronter aux terribles colosses au sein de cet univers envoûtant et méditatif, mais du coup, puisque le jeu a été remanié par la même équipe que celle ayant officié sur la refonte PS3, on est en droit de se demander si cette troisième itération vaut bien le brouzouf qu’on investira dedans. Hé bien, pour sûr, mes amis, cette réflexion fera l’objet de notre subséquente analyse.
Horizons lointains
Pour les ceusses d’entre vous qui n’auraient pas découvert Shadow of the Colossus dans une de ses précédentes déclinaisons, un petit topo s’impose avant de plonger plus précisément dans la version qui nous intéresse aujourd’hui, étant donné que sa thématique, de même que son gameplay, ne conviendront probablement pas à tous profils de joueurs. Shadow of the Colossus, pour résumer les choses vulgairement, c’est un jeu de boss-fights. Point ici de hordes de mobs à déglinguer avant de pouvoir se friter avec le maître des lieux dans des niveaux découpés et calibrés comme le veut une certaine norme vidéoludique. Non, là, on a affaire à quelque chose de plus original et spirituel ; seuls 16 ennemis sont présents dans le jeu, les fameux colosses du titre, contre lesquels d’épiques combats constitueront l’aboutissement d’une quête sans cesse renouvelée agrémentée de voyages exaltants au sein d’un monde ouvert bucolique et quasiment vide de toute forme de vie.
Vous y incarnez un mystérieux combattant venu pour déposer le corps inanimé d’une jeune demoiselle sur l’autel d’un temple situé au cœur d’une contrée interdite, accessible uniquement par un gigantesque pont et cernée de toutes parts de montagnes et d’océans. Le scénario reste assez obscur en début d’aventure, mais le principal à savoir, c’est qu’il va vous falloir trouver et annihiler les titans ayant élu demeure sur ces terres magnifiques et immenses pour avoir une chance de rappeler notre jolie dame à la vie. Heureusement, vous n’êtes pas seul dans votre périple, et votre fidèle monture vous accompagne autant que faire se peut, ce qui vous permettra de couvrir de longues distances nettement plus rapidement qu’à pied, et elle sera même indispensable lors de certains affrontements. Et ces affrontements, venons-y, justement. Après avoir parcouru des kilomètres en savourant l’atmosphère paisible des plaines verdoyantes et des lacs limpides proposée par Shadow of the Colossus (tout en cueillant de rares fruits qui augmentent la vitalité, et en traquant des petits lézards qui améliorent la résistance physique), on tombe enfin sur la créature que l’on recherchait.
Attack on titans
C’est là que l’apprentissage commence. Chaque colosse se présente sous une forme différente, d’apparence humaine ou animale. Vous aurez droit à des géants humanoïdes aussi bien qu’à des créatures serpentines aériennes ou sous-marines, ou encore à de plus petites entités nettement plus vives que les adversaires atteints de gigantisme (découvrez-en quelques uns dans le trailer de lancement en fin d’article). Chaque combat est une nouvelle découverte, et il vous faudra observer, apprendre les mouvements de chacun, pour ensuite parvenir à grimper sur l’ennemi, trouver ses points de vulnérabilité et enfin porter le coup final qui vous ramènera au temple initial. Une tâche parfois difficile, puisque votre endurance diminuera progressivement au fil de votre ascension, accroché comme vous le pourrez à la fourrure des colosses, qui par ailleurs n’apprécieront guère votre parasite présence et feront de leur mieux pour se débarrasser de vos invasifs assauts.
Il est très compliqué de décrire l’envoûtement procuré par la découverte d’un nouveau titan, la sensation de petitesse que l’on ressent en affrontant certains, et le triomphe qu’on éprouve en ayant, après plusieurs minutes de bataille acharnée, finalement mis à terre la noble créature. Shadow of the Colossus joue clairement la carte du contemplatif et de l’héroïsme, du dépassement de soi et du combat entre David et Goliath. Ce postulat est valable pour toutes les versions du jeu, mais penchons-nous à présent sur les détails qui faisaient tache dans les éditions précédentes, afin de déterminer si cette nouvelle mouture aura su les corriger. Shadow of the Colossus, c’est un des grands jeux de la PS2, mais comme nous le disions en intro, il n’était pas sans défauts.
Colosse-copie ?
On citera notamment la caméra aux fraises lors de certains combats, la maniabilité un peu rigide, ou encore, des graphismes assez moyens en dépit d’une direction artistique au top. Le remake PS4 conserve plus ou moins le gameplay de l’original, donc ne vous attendez pas à un feeling nettement plus accessible si vous connaissez déjà les anciennes itérations du jeu. Le point le plus compliqué à ce niveau concernait à la fois l’escalade des géants et le maniement à dos de cheval, et tout ceci ne semble pas avoir été modifié dans la nouvelle version. Contrôler Agro (votre fidèle destrier) reste assez délicat, surtout lors des affrontements où sa présence est nécessaire (comme contre le serpent aérien du désert). Quant à la caméra, il lui arrive parfois de faire sa vie de son côté, caprice qu’il va falloir recadrer de temps en temps, notamment lors des boss-fights. C’était un élément que l’on pouvait reprocher au jeu lors de sa première parution, mais qui, finalement, constituait l’un de ses charmes quand on y repense, au même titre que les failles filmiques de Ico et The Last Guardian (avec un peu moins d’indulgence pour ce dernier, qui est bien plus récent).
Et les graphismes à présent ? Un seul mot : wahouuu !!! Shadow of the Colossus n’était pas bien sublime à voir auparavant, mais là, on est sur quelque chose de superbe, qui correspond enfin à ce vers quoi sa direction artistique avait toujours souhaité s’orienter. C’est bien simple, on passe rarement une session de jeu sans s’arrêter quelques minutes sur un décor de toute beauté, sur des herbes superbement animées, sur un lac à l’eau magnifiquement rendue, sur les mouvements fluides et tellement bien modélisés du cheval… Shadow of the Colossus est enfin une vraie merveille visuelle, et tout un chacun, néophyte comme connaisseur, saura en apprécier la beauté, accompagnée de surcroît par la sublime OST qui honorait déjà la première version. Sublime…
Shadow of the Colossus a toujours été une merveille. Mais, il était plombé par quelques problèmes de caméra, ainsi que par des graphismes un peu en deçà des standards requis par les joueurs de l’époque PS2. Si les soucis de gameplay n’ont pas parfaitement été résolus (choix assumé par le développeur), force est de constater que cette édition PlayStation 4 est désormais magnifique à regarder, l’amélioration visuelle conférant enfin à ce titre la qualité graphique que son background onirique, ses musiques délicieuses et sa direction artistique superbe méritaient. Un vrai chef-d’œuvre ressuscité de façon magistrale.