« Petit » jeu indé de cet automne, nous étions passés complètement à côté de Sayonara Wild Hearts, jusqu’à ce que le titre arrive jusqu’à nous à force de bonnes reviews un peu partout sur internet. Et puisqu’il nous fallait aussi essayer une Switch Lite fraîchement sortie de sa boite, l’occasion était toute trouvée. Alors, le jeu de Simogo est-il à la hauteur de sa réputation ?
(Test de Sayonara Wild Hearts réalisé sur Switch avec une version commerciale du jeu.)
Heartbreak hotel
Sayonara Wild Hearts a l’un des titres les plus cool vus récemment. Ajoutons à cela les visuels géométriques et rose et violets, et nous obtenons un horizon d’attente très pop. Et ça tombe plutôt bien, puisque « Let’s Pop » est la tagline du jeu. C’est sous cette bannière que nous commençons notre partie.
Le jeu se présente comme un album (au sens musical du terme) à jouer, les niveaux étant décrits comme des chansons. Et en effet, la musique aura un rôle prépondérant à la fois dans le jeu, mais aussi dans l’intérêt qu’on lui porte. On joue aussi parce que la musique est tellement cool… ! Le jeu n’est pourtant pas exactement un jeu de rythme, mais nous y reviendrons. Sayonara Wild Hearts raconte de façon un peu cryptique comment un personnage va tenter de surmonter une déception amoureuse. Les cinq chapitres sont autant de cœurs brisés (« heartbreak ») qu’il va falloir réparer.
Est-ce le même personnage qui a vécu ces différentes ruptures ? Ou alors cinq histoires différentes qui finalement sont toutes un peu les mêmes ? Peu importe en vérité, d’autant que le titre brouille les pistes en mélangeant les rôles et les genres. On pousse la métaphore à son maximum, et la réalité n’est plus que très lointaine. Le narrateur, qui n’est autre que Queen Latifah (!), le dit lui-même : cela se passe ici, et à des millions d’années lumières…
Young hearts run free
De manière générale, le jeu pourrait être rangé dans la case des runners, ces titres mobiles où le personnage court tout seul, le joueur le déplaçant de gauche à droite pour éviter des obstacles et tenter de réussir la course la plus longue possible (Temple Run…). Détail amusant, c’est pour les besoins de la rédaction de ce test que la comparaison avec le genre runner nous arrive à l’esprit, ça n’a jamais été le cas pendant la partie… Une preuve que le titre a su se détacher du lot !
Ici, la (relative) difficulté du jeu ne sera pas due à des réflexes à avoir ou à la rapidité de défilement du parcours, mais à la lecture qu’on aura de ce dernier. La caméra est en effet très mobile, faisant d’amples mouvements, nous obligeant à adapter les contrôles. Basiquement, aller à droite quand la caméra est derrière nous devient aller à gauche quand elle est devant… De plus, les plans très larges nous permettent de jeter un œil à la suite immédiate de ce qui nous attend dans des passages où il faudra anticiper nos déplacements.
À ces phases de runner s’ajoute une composante de rythme, qui correspond souvent à des moments d’affrontements. Un peu à la manière d’un jeu Hatsune Miku, il s’agira de presser la touche action au bon moment, quand deux cercles concentriques se rencontrent…
PEGI 3
Le jeu est assez permissif, et il sera rare de perdre. Le défi s’intensifie tout de même un peu dans les derniers niveaux, avec notamment un niveau où deux parcours s’affichent en rythme de manière alternée (il faut surement y jouer pour comprendre…) à s’arracher les cheveux ! Cette relative facilité en fait aussi un bon titre pour les plus jeunes, qui ne seront pas frustrés d’être bloqués dans les premiers niveaux. D’autant que le jeu est exempt de toute violence ou autre vulgarité qu’on évite de mettre dans les mains des plus jeunes. Aucun souci de ce genre ici.
La vraie difficulté sera pour les complétionnistes, puisqu’obtenir l’or sur chacun des niveaux nécessitera à la fois de connaitre les niveaux par cœur, mais aussi d’avoir une psychomotricité à toute épreuve ! Un peu comme le batteur, qui doit pouvoir frapper de manière différenciée sur les toms et la grosse caisse, il faudra avoir à l’esprit le parcours et les parties rythmiques pour pouvoir atteindre le perfect !
Wild Hearts Strike Again
Avec un gameplay cool mais finalement peu révolutionnaire, le jeu nous emporte surtout par sa direction artistique. En plein dans son temps, le jeu adopte les codes synthpop pour sa musique mais aussi pour les visuels.
Côté musique, on a cette touche rétro 80’s dont l’époque est friande (Hot Chip, Bat For Lashes, Metronomy, Electric Youth, Carly Rae Jepsen et même Taylor Swift…). La bande originale est signée Daniel Olsén, Jonathan Eng et Linnea Olsson, et s’écoutera sans problème indépendamment du jeu comme n’importe quel très bon album de pop. Iam8bit propose d’ailleurs de précommander un double vinyle de l’album du jeu.
Coté visuel, on est dans cette 3D en aplat de couleurs qu’on retrouve dans beaucoup de jeux qui citent les années 80, avec des tons rose et mauves qui appellent immédiatement l’esthétique synthwave rétro-futuriste. On peut penser aux visuels de Project Rub, le jeu SEGA qui venait exploiter toutes les capacités de la DS en 2004, mixés avec ceux de Travis Strike Again, le titre de Suda51 qui convoquait les premières années du jeu vidéo.
D’ailleurs, comme Travis Strike Again, Sayonara Wils Hearts n’est pas avare en références à l’histoire des jeux vidéo : de Out Run à Kula World en passant par Block Out (le dérivé de Tetris en 3D isométrique sorti en 1989), nombre de mini-jeux reprennent le temps d’une courte phase le gameplay de ces classiques vidéoludiques…
Expérience rafraîchissante que ce Sayonara Wild Hearts, qui transforme un jeu mobile qui aurait pu être « un runner de plus » en véritable expérience qui sent bon le jeu d’arcade ! Saluons la performance de Simogo, duo de développeurs un peu en marge, probablement plus intéressés par le transmédia que par le jeu vidéo, et peut-être plus artistes que développeurs !
Ainsi, on pourra aussi considérer Sayonara Wild Hearts comme un album de musique pop, à jouer autant qu’à écouter. L’aventure ne dure d’ailleurs pas beaucoup plus longtemps qu’un disque : en moins de deux heures, vous devriez avoir fait le tour de l’ensemble des niveaux. Le jeu possède cependant une bonne replay value, à travers la difficulté d’obtenir les médailles d’or, mais surtout pour le plaisir de réécouter la musique qui accompagne le jeu…