À la manière d’un Vaillant Petit Page, Ruffy and the Riverside impressionne dès les premières images grâce à un concept fort et immédiatement identifiable. Le premier jeu de Zockrates Laboratories UG se présente comme un collectathon à l’ambiance bariolée. Dans ce titre, on incarne Ruffy, un personnage capable de « SWAP », c’est-à-dire de copier des textures, des couleurs ou des concepts pour les appliquer à d’autres éléments du jeu.
(Test de Ruffy and the Riverside réalisé sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Avec sa direction artistique colorée, Ruffy and the Riverside nous procure immédiatement un sentiment de nostalgie. Les personnages, des sprites 2D dessinés à la main, contrastent avec le monde en 3D, évoquant une époque fantasmée des collectathons d’autrefois. Le résultat est beau, varié et surtout agréable à regarder.
Un changement de cap surprenant pour Ruffy and the Riverside
La façon d’aborder l’expérience est particulièrement travaillée, malgré un effet 2D sur du 3D, seuls quelques atterrissages peuvent s’avérer problèmatiques dans la façon d’aborder son personnage et le monde qui l’entoure. Une différence clé dans les 3C (Character Camera Controller) par rapport à l’expérience tout à fait questionnable qui nous était proposé dans la version de démo il y a quelques mois.
En parlant de cette version de démo, le produit final donne l’impression d’un changement de cap drastique pour les équipes du jeu. Vendu comme un collectathon en monde ouvert, le titre se rapproche désormais davantage d’une aventure linéaire, agrémentée d’un espace libre où sont cachés des dizaines et des dizaines de collectibles.
En effet, les « mondes » s’apparentent davantage à de petits îlots parcourus linéairement, un peu comme des niveaux de Crash Bandicoot. C’est un choix étrange, d’autant plus que ces mêmes mondes sont débloqués séquentiellement, ne laissant aucune liberté au joueur quant à la progression.
Dans un collectathon, on s’attend à devoir récupérer plusieurs itérations d’un même objet pour débloquer la suite, généralement dans un environnement ouvert qui contient plus de ces objets qu’il n’en faut pour progresser, afin de laisser le joueur choisir ses défis. Ruffy and the Riverside prend une direction tout à fait différente, ne laissant ouvert que le contenu annexe.
Ce changement de paradigme apporte également des modifications étranges, notamment l’apparition d’une boussole à la manière de Skyrim (2010 quand même…) pour indiquer la direction de la quête en cours, et une barre d’endurance copiée-collée de Zelda Breath of the Wild.
Au-delà de l’étrangeté de ces ajouts, le plus important est qu’ils contredisent l’expérience initialement promise. Nous nous retrouvons ainsi limités dans notre vitesse et orientés vers un point précis, alors que l’on s’attendrait à explorer un monde ouvert à toute vitesse, en quête de collectibles.
Une exécution solide malgré les choix de design
Une fois le difficile constat de la déconvenue passé, il faut tout de même reconnaître que Ruffy and the Riverside remplit bien son rôle. Sa forme est très agréable, comme mentionné précédemment, et son approche gameplay est plus que convenable.
Le jeu nous challenge régulièrement avec ses énigmes et ses phases de plateforme, ce à quoi nous nous attendions, mais aussi via d’autres types de situations comme des courses de bottes de foin ou du scoring à la Tony Hawk’s.
Certains points de design sont également très intéressants et pertinents, comme la gestion de l’argent, qui sert à acheter des indices pour des énigmes ou plusieurs conteneurs de cœurs à la fois. On perçoit clairement que ce travail sur la friction vise à faciliter l’accès aux plus jeunes, ce qui est plutôt bien vu.
Les différents espaces de jeu sont assez variés en termes d’ambiance, même s’ils manquent cruellement d’originalité. Cependant, l’originalité de Ruffy and the Riverside réside clairement dans sa mécanique de « copier-coller », facile à prendre en main et à utiliser.
Une gâchette pour copier, une autre pour coller, et le tour est joué ! Si vous avez besoin de coller sur plusieurs éléments à la fois, il suffit de maintenir les deux gâchettes pour créer une persistance du viseur, permettant de transformer une dizaine de caisses en une seule action.
Aussi intéressante soit-elle, cette mécanique finit par radoter tout en tentant de se renouveler. Concrètement, une énigme ne nécessite généralement qu’un seul élément sur un objet, ou très rarement deux.
On constate donc que le concept est rapidement limité : oui, le bois brûle dans la lave ; oui, la glace solidifie l’eau pour marcher dessus… Ces éléments systémiques sont peu nombreux, forçant Zockrates Laboratories à concevoir des énigmes parfois capillotractées, parfois atrocement évidentes.
Ruffy and the Riverside est à la fois une petite déception et une grande réussite. Une déception au regard de ses promesses et de son approche du genre, mais une réussite par ce qu’il offre réellement. Il en résulte un voyage assez linéaire, qui n’hésite pas à accumuler les dialogues là où l’on voudrait simplement explorer le monde à toute vitesse, en cherchant et testant ses limites.
Du moins, cette linéarité ne s’applique que si le contenu optionnel n’est pas votre tasse de thé. Car toute la partie « bonus » du jeu constitue à elle seule un véritable collectathon, fourmillant de vie et de petites mises en scène à résoudre. Tant par son apparence que par son contenu, ce petit bijou ne peut que vous pousser à l’essayer. Oubliez juste les tags Steam : ils ne reflètent pas toujours la réalité du jeu !