On le sait, la mode est actuellement à la réédition de jeux du passé, et les compilations et autres remakes se succèdent avec plus ou moins de qualité et de considération pour le joueur. Annoncé à l’E3 dernier, Rare Replay propose pas moins de 30 jeux parus sur diverses machines au fil des trente années d’existence du studio britannique (nous vous en fournirons la liste complète en fin d’article). Alors certes, ce chiffre est plutôt imposant, mais reste à déterminer si cette énième compilation rétro est dispensable, ou si, au contraire, le nostalgique et le néophytes pourront s’y retrouver avec la même passion pour les productions antiques et plus récentes de ce développeur atypique, qui aura su marquer l’histoire du jeu vidéo avec quelques perles encore citées comme exemples aujourd’hui.
Des absences inévitables mais acceptables
Pour bon nombre de gamers, même les vieux de la vieille ayant connu les premières contributions du studio sur ZX Spectrum ou NES, le nom de Rare est réellement entré au panthéon des grands développeurs avec ses productions Nintendo 64. Banjo-Kazooie, Conker, GoldenEye, Perfect Dark, autant de titres fabuleux ayant enchanté les joueurs de l’époque, sur une machine capable du meilleur comme du pire. C’est donc tout naturellement que l’on se tourne directement vers ces gloires du passé en lançant Rare Replay sur Xbox One, et là, surprise : le titre le plus emblématique du studio, GoldenEye (auquel notre rédacteur avait consacré un volet de sa chronique Jeu de Légende, c’est dire) est aux abonnés absents. Dans le même ordre d’idée, ceux qui font aisément partie des tout meilleurs jeux de plateforme de la Super NES, à savoir les Donkey Kong Country, manquent eux aussi à l’appel.
Une fois la frustration passée, on s’aperçoit que ces ellipses s’expliquent par le fait que, lors de la sélection des titres qui allaient figurer sur la compilation, Rare a souhaité en priorité inclure des jeux bénéficiant d’environnements et de personnages propres au studio, d’où l’absence des oeuvres mentionnées plus haut (d’évidents problèmes de licence sont également en cause). Un choix qui en décevra peut-être certains, mais un choix néanmoins logique et compréhensible, et la magie de Rare Replay réside dans le fait que, de par sa grande richesse, pour chaque jeu favori absent, le joueur peut apprécier la présence d’autres merveilles à découvrir ou redécouvrir, de sorte que l’on finit par envisager le bundle dans son entièreté sans forcément pleurer le manque de tel ou tel titre. Vous aimez la plateforme et l’aventure, mais Donkey Kong 64 ne figure pas au casting ? Qu’à cela ne tienne, les Banjo et Conker, ainsi que Kameo ou encore le trop méconnu Jet Force Gemini, sauront vous régaler pendant de longues heures. Au final, chacun y trouvera son compte, les amoureux de gros pixels antédiluviens aussi bien que ceux préférant un visuel et un gameplay plus contemporain.
The best, the rest, the Rare
De fait, le développeur propose, avec Rare Replay, nous l’avons dit, un éventail de 30 productions personnelles retraçant son aventure vidéo-ludique, des premiers pas simplistes sur ZX Spectrum aux très récentes parutions sur Xbox 360, en passant par la NES, l’arcade, la Super NES ou encore la fameuse Nintendo 64. De même, les genres sont agréablement diversifiés, chacun pourra donc piocher dans le tas en fonction de ses affinités : combat (Killer Instinct), course (R.C. Pro-Am), beat’em all (Battletoads), plateforme (Snake Rattle ‘n’ Roll), FPS (Perfect Dark), etc. Il est clair que si vous êtes multi-genre et que vous ne crachez pas sur un style de jeu en particulier, Rare Replay saura assouvir votre soif durant des heures, des jours, des semaines. On avait rarement (ha ha) vu telle générosité dans une compilation, et on n’en attendait pas moins de ce studio en particulier, un peu touche-à-tout et ayant toujours mis un point d’honneur à ne pas se cantonner à un seul type de réalisation unique. D’ailleurs, penchons-nous d’un peu plus près, après ce tour d’horizon assez général, sur ce que propose Rare Replay concrètement.
On l’a dit, en premier lieu, ce sont 30 jeux issus du catalogue de Rare, triés sur le volet parmi environ 120 titres pour retracer la carrière du studio. La majeure partie de ces 30 oeuvres n’a subi quasiment aucune altération par rapport au modèle d’origine, que ce soit visuelle, audio ou de jouabilité, afin de restituer au mieux son essence telle qu’appréciée par le joueur à l’époque de sa parution initiale. Néanmoins, certains bugs gênants ont quand même été gommés, surtout au sein des titres les plus anciens, qui n’en manquaient pas en raison des limitations techniques de jadis. Ça, c’est la base de la compil’ Rare Replay, le mets principal, en somme, pour lequel 6 émulateurs différents auront été nécessaires. Mais qu’en est-il des hors-d’oeuvre et du dessert, censés compléter, enjoliver et améliorer le plat de résistance ?
Du contenu généreux
Là encore, Rare se montre plutôt efficace et généreux, tout en optant pour une simplicité bienvenue. On a droit dès le lancement à un accueil façon cabaret ou théâtre d’antan, présentant les différentes propositions du jeu sur un air guilleret renvoyant aux années 50. On se sent immédiatement plongé dans une oeuvre à vocation à la fois historique et ludique. On peut ensuite choisir parmi la liste, classée de façon chronologique, à quel titre on va jouer, mais ce n’est pas tout. Pour chaque jeu, on appréciera la présence d’une poignée de mini-défis à remporter, aux objectifs variés, dont l’accomplissement rapportera pour chacun un tampon (il y en a quand même 330 en tout) à apposer sur un ticket, ce qui débloquera en retour, au fil des jeux, des éléments d’Histoire concernant Rare dans son ensemble (vidéos bonus, making-of, explications quant à la création des personnages, projets avortés…).
Une vraie mine de connaissances incitant à aller toujours plus loin dans la réussite des défis pour qui fait preuve d’un quelconque intérêt pour le background des jeux auxquels il joue. Comme petits suppléments non-négligeables, on notera également, entre autres, la possibilité d’ôter ou non, sur les jeux les plus anciens affichés en format 4/3, les bordures pas toujours heureuses destinées à remplir l’écran actuel. Ainsi qu’un petit élément bien sympathique : la capacité d’effectuer un retour arrière de l’action de 10 secondes, histoire de recommencer avant l’endroit où l’on vient de décéder (ceci ne concerne là encore que les titres les plus rétro, datant d’une époque où on n’était pas tous devenus des casu et où le mot « difficulté » prenait tout son sens in-game, comme dans Snake Rattle ‘n’ Roll ou Battletoads Arcade, pour ne citer qu’eux). Bien vu. Par contre, pour terminer, notez que, outre l’installation de Rare Replay en lui-même, certains « gros » titres nécessitent eux aussi une installation propre, à part du reste, sur la Xbox One, comme Viva Piñata, Kameo ou encore Perfect Dark Zero.
Conclusion de Rare Replay
Généreuse, judicieuse, et joliment enveloppée, la compilation Rare Replay séduira tout autant les gamers de première génération que ceux ayant découvert le jeu vidéo plus récemment, et qui souhaiteraient s’offrir un cours d’Histoire avec l’un des professeurs les plus éclectiques qui soient, à savoir, le studio Rare. Rare Replay, ce sont 30 ans de travail réunis en une seule et unique galette, et comme les genres présents sur le bundle s’avèrent capables de varier les plaisirs à l’infini, de proposer une durée de vie potentiellement colossale, le tout pour une trentaine d’euros, ils serait dommage de passer à côté, qu’on ait connu Rare dans ses plus grandes oeuvres ou qu’on soit un pur néophyte désireux d’en apprendre plus sur ce studio particulier et génial. Pour résumer : on aimerait que toutes les rééditions de titres oldies soient de cette trempe…
Du beau boulot, en somme, et l’on a de quoi faire en attendant Sea of Thieves, le prochain titre émanant du développeur, d’ailleurs vous en apprendrez plus sur ce dernier, ainsi que sur notre belle compilation, en visitant le site officiel de Rare.
Liste des jeux présents sur Rare Replay :
– Jetpac (1983)
– Atic Atac (1983)
– Lunar Jetman (1983)
– Sabre Wulf (1984)
– Underwurlde (1984)
– Knight Lore (1984)
– Gunfright (1985)
– Slalom (1986)
– R.C. Pro-Am (1987)
– Cobra Triangle (1989)
– Snake Rattle ‘n’ Roll (1990)
– Digger T. Rock: The Legend of the Lost City (1990)
– Solar Jetman: Hunt for the Golden Warpship (1990)
– Battletoads (1991)
– R.C. Pro-Am II (1992)
– Battletoads Arcade (1994)
– Killer Instinct Gold (1996)
– Blast Corps (1997)
– Banjo-Kazooie (1998)
– Jet Force Gemini (1999)
– Perfect Dark (2000)
– Banjo-Tooie (2000)
– Conker’s Bad Fur Day (2001)
– Grabbed by the Ghoulies (2003)
– Perfect Dark Zero (2005)
– Kameo: Elements of Power (2005)
– Viva Piñata (2006)
– Jetpac Refuelled (2007)
– Banjo-Kazooie: Nuts & Bolts (2008)
– Viva Piñata: Trouble in Paradise (2008)