Quand on s’appelle John Rambo, la vie n’est pas facile tous les jours: des centaines de vietcongs qui veulent votre peau, l’oncle Sam qui n’aime ni votre côté révolté ni votre brushing impeccable et des prisonniers de guerres qui attendent désespérément votre aide… bref, autant le dire franchement, les vacances sont un rêve presque inaccessible, car entre une séance de torture et des scènes de guerre ultra-violentes, le planning est pour le moins chargé. Nous connaissons tous, au moins de réputation, la saga cinématographique avec Sylvester Stallone dans le rôle bien viril de John Rambo. Si peu de personnes se souviennent qu’avant de passer sur le grand écran l’œuvre était un roman, beaucoup risquent en revanche de se souvenir que Rambo est désormais un jeu vidéo sur consoles et PC.
Les muscles, ça Rambo
Les muscles oui, mais les graphismes du soft, eux, ne le rendent clairement pas beau. Eh bien oui, puisqu’il faut bien commencer par quelque chose, abordons sans plus tarder ce qui fait mal aux yeux, à savoir presque tout. En effet, le titre, développé par les studios Teyon, déjà à l’origine de la série Heavy Fire (série qui a connu un vrai succès sur WiiWare), souffre de très grosses lacunes. Sur le plan purement visuel, Rambo cumule en effet les défauts. Le premier d’entre eux, et certainement le plus gênant, n’est autre que la modélisation approximative du héros. Oui, bien sûr, nous reconnaissons Sly, mais cela reste si approximatif que selon certains plans il semble carrément avoir subi un croisement de gènes avec notre Christophe Lambert national. À cela s’ajoute malheureusement des animations laborieuses offrant des saccades à l’écran qui font tout simplement peur : adieu la fluidité d’image telle que nous la connaissons (généralement) depuis l’arrivée des consoles HD. Pour autant, si le framerate et les textures sont une vraie catastrophe, la réalisation du jeu n’est pas aussi médiocre. Bien que la narration soit un peu décousue, Rambo est construit sous la forme de différents flashbacks qui donnent l’occasion de revivre les événements de tous les films. Un parti pris qui donne à ce rail shooter un côté Old School qui n’est pas déplaisant, puisque tout comme dans les jeux d’arcade de notre enfance (le jeu est compatible avec le PS Move), nous enchainerons cinématiques et phases de gameplay.
John Rambo, c’est un ancien béret vert, un type qu’il faut clairement pas provoquer. Ça c’est dit. La conséquence positive de ce caractère bien trempé, c’est que nous aurons droit à toute une série shoot assez dynamiques : la machine à tuer c’est vous ! Pour commencer, même si le principe du rail shooter ne laisse pas la place à beaucoup de liberté, le soft reste assez fluide en cours de partie. Les phases de tirs offrent ainsi un système de couverture sympathique, ce qui permet de souffler un peu. Le jeu propose aussi des séquences de QTE dont l’utilité reste contestable. Tantôt passables lorsqu’il s’agit de combat, tantôt franchement ridicules quand vous devrez éviter des obstacles, les développeurs auraient eu tout intérêt à s’en passer… Pour faire face aux hordes d’ennemis qui se dressent sur le chemin du héros, un système de récupération de vie appelé la « Rage » est présent. Lorsque la jauge de Rage est pleine, vous entendez un cri de colère (un truc de ouf, si si ) et chaque kill redonnera alors un peu de santé à Rambo. Globalement donc , le gameplay se montre conforme au cahier des charges d’un rail shooter, même si l’absence d’items à récolter à l’écran se fait sentir.
Pas de scénario, facilité bonjour
Nous vous en parlions plus haut, Rambo, le jeu vidéo est constitué de plusieurs scènes tirées des différents films. L’idée aurait pu se montrer séduisante mais… ce n’est pas vraiment le cas. Certes, les aficionados de tueries trouveront vraisemblablement leur compte en terme de divertissement, mais il manquera quelque chose de crucial. L’histoire est bien trop décousue pour capter l’attention et les fans de l’univers de Rambo tout comme les néophytes risquent fort de ne pas accrocher. La faute à ce qui semble être une volonté de la part des développeurs : s’appuyer à tout prix sur la bande-son originale du film pour toutes les cinématiques. Alors oui, ça reste plutôt sympa et appréciable de retrouver les dialogues et la voix des acteurs, mais en terme possibilités le jeu en devient forcément limité : Rambo, le jeu vidéo est un jeu sans âme qui reste collé à la trame des films sans parvenir à être original. À dire vrai, ce choix « artistique » semble davantage relever du cache-misère que de quoi que ce soit d’autre… car s’il y a bien quelque chose de probable, c’est que les droits d’exploitations sonores dont il a fallu s’acquitter étaient plus économiques que les éventuels moyens à déployer pour doter le soft de dialogues originaux.
Il n’en reste pas moins qu’avec ses trois niveaux de difficulté (peu équilibrés, il est vrai) le jeu offre tout de même un vrai challenge. En effet, le scoring, qui reste en définitive l’atout principal de la galette, donnera aux plus téméraires assez de fun pour capter leur attention. D’autant plus que la campagne solo dispose d’un mode deux joueurs, ce qui donne un peu plus de piment à l’aventure. Pour finir, certains bonus et améliorations seront à débloquer dans les « Défis du colonel Trautman ». Il s’agit en fait d’actions particulières à réaliser, comme par exemple une série de kills. Avouez que ça a quand même de la gueule ça : « Bonjour, je viens relever les défis du Colonel Trautman! ».
Rambo la bonne poire, ou la pomme
Rambo le jeu vidéo : tout est dit dans le titre, ou presque. Sans aucun à priori à l’égard de ce jeu, nous pouvions déjà craindre le pire bien avant de l’avoir entre les mains, car il est toujours périlleux de transposer une œuvre cinématographique en jeu vidéo. Parfois, la sauce prend, d’autres fois pas du tout. Avec le mythique John Rambo, tout était possible. Malheureusement, si le postulat de départ était sympathique, le soft nous en fait voir des vertes et des pas mûres. Trop fauché, un peu bâclé (il faut bien le dire aussi) et surtout trop court, le titre de Teyon s’avère très décevant… L’expérience de jeu en elle-même n’est pas déplaisante mais son prix, qui avoisine les 40 euros, risque fort d’en refroidir plus d’un !
Saviez-vous que la Rambo était une variété de pomme ? Maintenant que vous êtes informé, on ne vous accusera pas d’être une bonne poire si vous faites l’achat du jeu