Predator Hunting Grounds avait fait des émules depuis sa version alpha à la Paris Games Week de 2019. Toutefois, la preview lors de sa bêta nous avait franchement refroidis. En effet, la proposition d’un gameplay asymétrique est un vrai challenge en soi, et à ce stade du développement, le jeu développé par les américains d’Illfonic sentait le gadin. Alors, qu’en est-il aujourd’hui ?
(Test de Predator Hunting Grounds réalisé sur PS4 via une version fournie par l’éditeur)
La différence entre un bon et un mauvais chasseur
Quand on a appris qu’Illfonic allait s’occuper d’un jeu Predator, pour ne rien vous cacher, on était plutôt content. Car vous vous en souvenez peut-être, le studio venait de sortir à l’époque (en 2017) un jeu basé sur une autre franchise d’horreur, Vendredi 13, lui aussi basé sur un concept asymétrique et qui, pour le coup, était assez réussi et offrait de bonnes bases (ainsi qu’une marge de progression) à un opus basé sur la franchise du célèbre chasseur de Schwarzy.
Ici, nous retrouvons donc une proposition ou un commando/équipe de 4 joueurs qui doit remplir certains objectifs dans la jungle, faisant face à des I.A assez bien armées, avec bien entendu l’ingrédient chimique X : Le Predator. Contrôlé par un cinquième joueur, ce dernier n’a que faire des querelles contre de vulgaires dealers de drogue, et n’a qu’un objectif : massacrer le commando avant l’exfiltration en hélico de ces derniers. D’un côté comme de l’autre, l’arsenal est assez varié, avec les classiques mitraillettes, pompes et autres snipers pour le commando, et le canon d’épaule, un système d’invisibilité par réflexion de la lumière et une vision thermique pour le Predator.
Maintenant, on arrive au premier vrai problème du jeu : le Predator est inoffensif. Passé les premières parties (en tant que commando) où vous ferez peut-être l’erreur de vagabonder seul ou à deux, vous désignant comme victime de choix pour le chasseur, vous vous rendrez vite compte que si vous restez à quatre dans un certain périmètre, rien de mal ne pourra vous arriver.
Ainsi, et malgré les items intéressants que vous pourrez débloquer après le niveau 30, le commando restera toujours bien plus puissant que vous, posant un sérieux problème d’équilibrage (on vous laisse d’ailleurs imaginer l’étendu des dégâts pour un Predator de bas niveau, sans presque aucune option offensive). Un problème déjà présent lors de notre preview, et toujours d’actualité lors de ce test de Predator Hunting Grounds.
C’est un problème que l’on retrouve souvent dans les jeux de ce genre, notamment Evolve de Turtle Rock Studio, où au final les stratégies d’affrontement sont réduites à deux pauvres possibilités : espérer une erreur du commando, ou finir en pâté intergalactique. Et c’est assez embêtant, parce que la peur n’est pas dans le camp où elle devrait être. Ainsi, nous avons été beaucoup plus souvent en situation de stress aux commandes du Predator qu’en étant soldat, c’est dire si on marche sur le tête ! De plus, cet équilibrage inexistant pose une autre question : est-ce intéressant de jouer le Predator ?
Contrairement à la bêta, nous avons trouvé le « Predkour » – le nom donné aux déplacements dans les arbres du Predator – plus fluide et plus agréable. Toutefois, c’est la seule amélioration notable. Car la sensation d’être en haut de la chaîne alimentaire ne transparaît à aucun moment. Que ce soit le canon d’épaule peu efficace, ou le corps à corps mettant en danger notre chasseur, aucune option à notre initiative n’est disponible. C’est rageant, d’autant plus que l’arsenal est bien présent et pourrait être doté d’un bon potentiel si certains réglages étaient revus.
Toi, moche et méchiant
Bon, avant d’attaquer la plâtrée de défauts du jeu, mettons un peu en avant le talent qu’a le studio pour le respect des licences dont il a la charge. Encore une fois, c’est un véritable repère pour fans qui a été créé via la multitude de références présentes dans le jeu, que cela soit au niveau du sound design, de l’OST, ou encore de tous les micros-détails disséminés dans l’environnement et la section de personnalisation de Predator, il ne manque plus qu’un skin d’Arnold Schwarzeneger et tout y est !
Hélas, ce respect de l’œuvre d’origine n’empêche pas le jeu de souffrir d’un manque d’intérêt après une quarantaine de parties, une fois qu’on en a découvert la majorité des ficelles. C’est bien trop peu, surtout pour un jeu qui ne propose qu’un seul mode. Un mode dont le matchmaking sera compliqué si vous souhaitez jouer le Predator (environ cinq à dix minutes d’attente, grâce au cross-platform), ce qui n’est pas un problème en soi, mais important à savoir tout de même, car, bon, c’est un peu pour lui qu’on paie environ 40€.
Ce n’est pas une habitude de la rédac’ de juger selon le prix, mais on s’approche tout de même du hold-up de haut niveau avec le joueur dans le rôle de la banque. Le titre est pauvre en contenu, inintéressant sur la durée, et en plus se paie le luxe d’être sacrément laid. Parce que oui, entre l’aliasing, le manque de champ dans la profondeur, et les textures plus baveuses qu’une omelette de la Mère Poulard, le jeu souffre d’un sacré handicap, qui ne sert d’ailleurs même pas à camoufler un peu mieux le Predator, ce dernier ayant la stupide habitude de faire ses petits bruits en étant invisible, transformant la qualité du sound design (excellent dans son approche spatiale) en défaut à la charge du chasseur.
Une laideur que l’on ne retrouve pas dans les menus et l’interface, bien réalisés, permettant de mettre en avant l’un des rares points positifs du titre, à savoir son contenu cosmétique. Il y en a pour tous les goûts, avec en plus la décence de ne pas proposer de micro-transaction, ce qui explique sans doute aussi le prix de base du jeu, validant un modèle économique inhérent au studio, assez rare pour être signalé.
Baser un jeu sur une seule mécanique peut s’avérer dangereux si cette dernière n’est pas maîtrisée. Ce qui est le cas pour ce test de Predator Hunting Grounds, qui pour une seconde expérience du studio dans le genre aurait dû être mieux maîtrisé. Un échec cuisant sur la forme et le fond, qui hélas engendre l’ennui au bout d’une dizaine d’heures, la faute à son seul mode de jeu, déséquilibré au possible, à moins d’être au niveau maximum avec son personnage (investissement de temps très/trop important).
Un titre qui est au moins un bel hommage à l’œuvre d’origine, à défaut de lui rendre justice, ce qui semble être désormais la marque de fabrique du studio.