Que de chemin parcouru pour ce Nioh officialisé en 2004. Le titre de Koei est passé par toutes les étapes frôlant à plusieurs reprises l’annulation définitive. Mais le navire a tenu bon et ce malgré la remise à zéro de 2008 et les nombreuses modifications fondamentales quant à son genre et son gameplay. Fort de ses années tortueuses de développement, Koei nous livre l’intrépide Nioh, jeu d’action à la die and retry au contexte passionnant du Japon féodal.
Qu’on se le dise, il serait impossible de ne pas le comparer avec le maître du moment : Dark Souls. D’ailleurs, les équipes de Team Ninja (ceux derrière la série des Ninja Gaiden et des Dead or Alive) n’ont jamais nié s’être inspirées des oeuvres de Miyazaki et de ses équipes dans leur processus créatif. Et la ressemblance est évidente dès les premières minutes manette en main. Que vaut ce Nioh, prétendant sérieux au trône du action/RPG ou simple copie sans réel intérêt ?
William et les méchants Yokai
Dans Nioh, nous incarnons William Adams, personnage historique bien connu au Japon sous les noms de Anjin-sama et de Miura Anjin. On dit que cet homme fut le premier anglais à avoir foulé le territoire nippon vers les années 1600 et à être devenu samouraï. William doit se rendre au Japon afin de récupérer un précieux artefact volé par l’ennemi, son esprit protecteur. Après un long voyage en mer, notre héros en devenir doit se confronter aux Yokai, terribles démons ayant envahi l’archipel. Sa quête ne sera pas de tout repos et il devra aider les clans locaux dans leur guerre afin de se rapprocher de sa proie.
Nioh se divise en missions bien distinctes et accessibles via une carte du monde. Un procédé novateur pour le genre et qui l’éloigne d’entrée de jeu des Souls. L’histoire principale n’est guère passionnante et on a du mal à parfaitement suivre les événements tant il y a de sous-scénarios. Identifier tous les acteurs dans ce méli-mélo de noms typiquement japonais de chefs, de clans et de régions s’avère être une véritable épreuve.
Très vite, on se contentera d’avancer et de se focaliser sur l’essentiel du scénario : retrouver sa chère relique et repousser les Yokai sur l’ensemble du territoire. À noter que chaque tournant scénaristique est illustré par une cinématique digne de l’équipe Team Ninja. Courtes mais intenses, ces vidéos rythment l’action et nous révèlent toute la beauté du titre aussi bien sur le plan technique que par son contexte original et maîtrisé. Nioh reprend parfaitement le folklore japonais d’antan pour nous servir la meilleure partie et la plus sombre.
Un gameplay de vrai samouraï
Avant d’aborder le gameplay, attardons-nous sur les graphismes du titre. Malheureusement, nous sommes loin du haut niveau technique bien que les décors se veuillent réussis et dépaysants. Il est ici à préciser que le test a été réalisé sous PlayStation 4 classique. Ainsi, nous ne mentionnons pas les ajouts graphiques de la PlayStation 4 Pro. On remarquera même quelques ralentissements, baisse du framerate mais rien qui vienne perturber l’expérience de jeu et vous gâcher les plaisirs d’un combat intense. Les ralentissements se font sentir uniquement au loin, en arrière-plan. C’est certes un détail mais ça vient briser l’immersion du joueur lors de ses phrases d’exploration.
C’est sur son gameplay et ses mécaniques qu’on attendait Nioh et le titre répond a toutes ses promesses. Strict mais aisément maîtrisable pour les plus patients, Nioh est une véritable prouesse sur ce terrain. Affrontements fluides sans temps mort de recherche de manipulation, tout se retient facilement et l’on jongle entre les esquives, les armes et les objets avec une aisance naturelle.
Attention, il faudra s’entraîner encore et encore pour devenir un vrai samouraï mais le système est complet et se calque parfaitement au genre. Team Ninja n’est pas à son premier coup d’essai dans ce domaine et nous montre tout son savoir-faire, subtil mélange entre Ninja Gaiden, Onimusha et les Souls. En d’autres termes, Nioh se démarque de la série des Dark Souls par son cadre atypique mais également (et surtout) par son gameplay unique et maîtrisé de bout en bout. Rien n’est laissé au hasard et aucune sensation d’injustice ne se fera sentir en cas de défaite. Non, si vous mourez, c’est que vous manquez de technique et il va nécessairement falloir passer par la case entraînement.
l’Amrita, source de pouvoir
Nioh met à la disposition du joueur cinq armes différentes avec chacune trois postures de combat. Nous avons le katana, le double katana, la lance, la hache et le kusarigama. Chaque arme possède ses atouts et ses faiblesse et il ne tiendra qu’à vous de choisir votre approche. Les postures, quant à elles, modifient les attaques et les combos. Ainsi, la posture basse joue la carte de la défense (réduisant les dégâts mais économisant l’endurance), la haute mise sur l’aspect offensif (favorisant l’attaque au détriment de l’endurance) et la posture moyenne se veut être un bon compromis entre les deux. L’endurance rythme vos déplacements, esquives et attaques. Si vous enchaînez les actions sans y faire attention, vous serez littéralement à la merci de la moindre attaque ennemie.
Encore une fois, il faudra de l’entrainement avant de jongler avec une certaines aisance entre les postures. Je l’ai dis et je le répète, le gameplay de Nioh est une réussite sur bien des aspects, ni trop simple, ni trop inaccessible, il vous demandera de l’apprentissage sans forcer sur l’impossible. Au fur et à mesure des combats, vous obtiendrez de l’Amrita, essence magique servant de points d’expérience, une fois accumulée, vous pourrez augmenter vos caractéristiques comme votre force, votre endurance ou encore votre magie. Le processus se fait dans des points précis : aux sanctuaires de kodama, comparables au feu de camps des Dark Souls.
En ces lieux, vous pourrez monter de niveau donc, mais aussi préparer vos compétences, invoquer des visiteurs (multijoueur en ligne), et définir votre esprit protecteur, sorte de spectre vous octroyant divers bonus. Tout au long des niveaux, vous pourrez récupérer des kodama, sorte d’esprit gardien sylvain qui vous donne des avantages certains au combats (bonus d’or, d’expérience, d’armure…) et plus vous en trouvez, plus le bonus sera important. Ces petits êtres fort sympathiques sont un excellent moyen de pousser le joueur à explorer les cartes de fond en comble et à dénicher tous les secrets.
Arsenal de guerre
Comme tout bon guerrier qui se respecte, vous pourrez vous équiper de pièces d’armure, d’armes et de divers objets plus ou moins utiles afin de partir au combat. Vous serez très vite submergé par la masse d’objets à récupérer. En effet, chaque ennemi (ou presque) laisse un butin. Ces loots à outrance minimisent le plaisir de récupérer un item rare. À chaque nouvelle mission, vous devrez forcément passer par la case inventaire, vendre votre surplus inutile et équiper vos armures et armes en tous genres de meilleure qualité. Pas d’inquiétude, le système d’inventaire est fluide et le processus est rapidement accompli.
Autre point fort du jeu : les boss. Ces derniers sont tout bonnement mythiques et n’ont rien à envier à leur homologue. Chaque affrontement boss est un moment intense qui demandera toute votre concentration. Bravo à Team Ninja qui n’a nullement perdu la main sur ce sujet au fil des années. Si vous bloquez, vous pourrez toujours compter sur une aide extérieure et faire appel à un autre joueur. Dans Nioh, l’aspect multijoueur a une place importante.
Que ce soit en appui ou en affrontement direct, tout est mis en place pour l’interaction avec d’autres joueurs. Petit mot sur la musique qui se veut être assez absente, on retiendra seulement deux, trois morceaux épiques lors des boss mais rien de bien transcendant. Concernant la difficulté, Nioh se veut bien plus accessible que la série des Souls. Vous allez mourir un nombre incalculable de fois, mais rien d’insurmontable. Encore une fois, tout est question d’entrainement. N’est pas samouraï qui veut !
En véritable fanatique de Dark Souls, c’est avec une certaine fébrilité que je me suis approché de ce Nioh, par crainte d’une copie sans réelle identité, d’un titre mal maîtrisé profitant de la brèche ouverte du genre. Mais force est de constater que Nioh n’a strictement rien à envier au roi. Le titre nous prouve avec fracas qu’il a tout d’un grand jeu.
Au gameplay abouti et au cadre enchanteur, Nioh se démarque et se fait directement sa place non pas en dessous du mastodonte Souls mais bien à côté. La couronne est partagée, le royaume du die and retry moderne a maintenant deux rois. Bravo, le combat était loin d’être gagné d’avance.