À défaut de certains genres qui prolifèrent comme des champignons sans saveur, d’autres genres de jeu ne se font que trop rares dans le panorama du jeu vidéo. Le RPG (Role Playing Game) tactique en fait tristement partie. Chaque combat ne se gagne systématiquement pas à coup de boutons frénétiques sur la manette, parfois, il faut observer, analyser et développer une stratégie solide pour venir à bout de ses ennemis, c’est ce que nous propose NAtURAL DOCtRINE. Ce discret jeu de rôle édité pas NIS America remet la stratégie et la réflexion au centre des préoccupations et nous propose une aventure fantastique où le bien et le mal s’affronte. Prêt à partir pour Fest ?
Fest : un monde ravagé
NAtURAL DOCtRINE nous plonge dans un monde manichéen où l’homme peine à survivre. Face à la recrudescence des monstres et autres créatures malfaisantes, l’Homme n’a pas eu d’autres choix que de vivre isolé, reclus dans une forteresse et prêt à se défendre en cas d’attaque. Armes et magie gouvernent donc ce monde ravagé qu’est Fest. Il existe des valeureux guerriers, des explorateurs en quête de richesse. Ces voyageurs sans peur se nomment les Bergmans et ont pour mission principale de ramener ressources, minerais et autres équipements utiles pour renforcer la dernière ville humaine. Le scénario nous place dans la peau de Geoff, un jeune homme innocent qui va suivre les pas d’une Bergman. Celui-ci va très vite être emporté dans une aventure qui le dépasse mêlant combat, douleur et espoir. NAtURAL DOCtRINE nous place dans un monde assez travaillé mais qui manque cruellement de profondeur, au même titre que son scénario.
Tout au long du jeu, vous serez traîné d’événement en événement sans réel fil conducteur. Combattre, c’est bien mais avec un but précis, c’est mieux. Même si NAtURAL DOCtRINE se place dans la catégorie des RPG tactiques (et donc son intérêt premier réside dans un autre aspect du jeu), il est regrettable de constater un manque évident de contenu dans l’histoire et ce dès les premières minutes. Pas de village à explorer, pas de marchand, pas d’interaction avec des PNJ, juste une carte et des champs de bataille à foison, oui, NAtURAL DOCtRINE offre le stricte minimum pour un jeu de rôle… et c’est sans parler des graphismes. Aucun effort n’a été apporté à la version PlayStation 4, c’est clairement à la limite de l’acceptable.
Pour rappel, NAtURAL DOCtRINE est cross-platform, en d’autres termes, vous pouvez jouer au jeu sur PlayStation 4, PlayStation 3 et PlayStation Vita avec la même sauvegarde. L’avantage de ce système est discutable mais on se rend vite compte que l’optimisation du jeu pour la version next-gen n’était pas dans les préoccupations des développeurs, à savoir le studio Kadokawa Games.
Un système de combat complexe… et perfectible
Nous l’avons vu, la réalisation du titre n’est pas son fort mais peut-être, je dis bien peut-être, son intérêt réside-t-il dans un autre aspect du jeu. Parlons bien, parlons gameplay. NAtURAL DOCtRINE nous place dans des combats stratégiques et tactiques au tour par tour. Chaque champ de bataille est quadrillé en cases bien définies, vous devrez alors déplacer chacun de vos personnages jouables dans ces cases (en fonction de ses caractéristiques). Plus un personnage a de la dextérité, plus il pourra se déplacer aussi bien en termes de distance qu’en vitesse de tour. Une fois votre héros déplacé, il pourra soit utiliser un objet, attaquer (si un ennemi est dans une case avoisinante) ou se défendre.
Quatre classes disponibles: guerrier à épée courte et bouclier, guerrier à épée à deux mains, fusilier et magicien. Bien entendu, il vous sera possible de conjuguer ces classes sur un unique personnage au cours du jeu et en fonction de l’expérience acquise. A noter que les magiciens et fusiliers peuvent attaquer à distance (pas besoin d’avoir un ennemi juste dans la case d’à côté). Un fil des actions apparaît en haut de l’écran affichant le tour de chaque combattant (ennemis inclus). Cet ordre est à prendre en considération à chaque instant car il vient littéralement s’imbriquer dans votre future stratégie. N’envoyer pas un seul soldat attaquer un groupe de gobelins si ces derniers ont leur tour d’action juste après, conseil d’ami.
Voilà donc comment s’organise un combat dans NAtURAL DOCtRINE mais un autre point fondamental est à prendre compte pour comprendre réellement la portée du gameplay et de son aspect tactique : les liens et les enchaînements. Vous pourrez placer jusqu’à quatre protagonistes au sein de la même case. Si ces personnages attaquent la même case ennemie, des liens vont se créer. Ces liens ont un double avantage, vos attaques seront plus puissantes et chaque personnage verra son tour avancé. Cependant, comme les actions sont enchaînées, chaque tour de l’unité impliquée se terminera avec l’action. Assurez-vous de bien éliminer votre cible sinon c’est la douche froide au prochain tour car tout le monde aura utilisé son action ! Oui, NAtURAL DOCtRINE dispose d’un système complexe.
La patience est mise à rude épreuve
NAtURAL DOCtRINE surprend par sa difficulté qu’on peut qualifier de corsée. Le titre vous propose trois modes de difficulté, les traditionnels facile, moyen et difficile. Sachant par avance que j’allais en baver, j’ai choisi l’option moyen pour m’assurer d’une expérience de jeu fluide. Fatale erreur de ma part, je meurs sans arrêt ! Sachez que la perte d’un membre de l’équipe entraîne systématiquement la fin de la partie. C’est dur, très dur même de venir à bout des ennemis surtout quand vous souhaitez empocher la totalité des coffres. En effet, armes et objets se récupèrent dans des coffres disséminés à travers les niveaux. Pour certains, il faudra combattre des ennemis supplémentaires, voire même des boss. (Pour ma part, l’appât du gain a toujours raison de moi …). J’ai omis de vous mentionner un détail de taille qui peut en rebuter plus d’un !
NAtURAL DOCtRINE est exclusivement en anglais, pas de sous-titre français en vue, seule la notice est en français mais ses informations sont assez limitées. Le tutoriel en début de jeu est très difficile d’accès, il faut un bon niveau d’anglais pour comprendre l’ensemble des rouages du jeu et surtout de son système de combat. Même si je viens de vous expliquer quelques points, ce système renferme bon nombre de subtilités à ne pas négliger dans vos futurs affrontements comme des capacités spéciales ou encore le Pluton : matière universelle, source de magie (pour faire simple : les Points de Magie).
Comme tout jeu de rôle, il vous sera possible d’acquérir des points d’expérience pour monter de niveau. Chaque niveau atteint vous donnera naturellement un point de compétence à dépenser dans l’arbre à compétence de chaque personnage (chaque arbre diffère d’un personnage à un autre). Enfin, arrêtons-nous un instant sur la bande-son de NAtURAL DOCtRINE. Je dois avouer que je suis divisé sur ce sujet car le titre possède de réels morceaux entraînants avec une touche d’épique, idéal pour motiver lors des combats. Toutefois, la répétition de ces morceaux enlève littéralement leur intérêt et leur saveur au fil du jeu. La bande-son est certes de qualité mais bien trop maigre pour être apprécié. Encore un point qui aurait pu être évité, dommage (on est bien loin de Ar Nosurge: Ode to An Unborn Star).
C’est sans vous cacher une déception qu’on s’apprête à conclure ce test. NAtURAL DOCtRINE est loin d’être un mauvais jeu mais celui-ci s’adresse uniquement à une communauté de joueurs avisés au genre et à la difficulté qui en découle. Le genre RPG tactique ne risque pas de s’étendre avec ce titre sans pour autant l’entacher.
NAtURAL DOCtRINE vous donnera du fil à retordre, vous fera rager par moments mais ce dernier vous fera réfléchir à construire de stratégies solides dans un univers fantastique. Après tout, c’est ce qu’on demande non ?