Si le point’n click n’est pas le genre le plus mis en avant dans le jeu vidéo, il ne faut pour autant pas croire que c’est par manque de qualité, mais plus par manque d’intérêt de la part des joueurs. Fort heureusement pour les amateurs de ce genre, des studios persistent et développent des jeux se révélant parfois très intéressants. Du studio indépendant HomeBearStudio, Nairi: Tower of Shirin tente de sortir son épingle du jeu notamment grâce à sa direction artistique et sa bande-son travaillées, mais aussi à ses personnages hauts en couleur.
Mignon jusqu’au bout de ses illustrations, malgré les sujets parfois graves qu’il soulève, Nairi: Tower of Shirin n’est pas juste un défilement de jolis tableaux à l’esthétique soignée, et devrait mériter une part de votre attention.
Nairi: Tower of Shirin – Une aventure riche de sens et de mystère
Y a des jours comme ça…
Notre petite aventure se déroule dans la ville de Shirin, qui nous a tout de suite fait penser à la ville de Midgar de Final Fantasy 7, non pas pour son esthétique, mais plus pour sa composition faite de strates sociales parfaitement délimitées : les pauvres, la classe moyenne, et la noblesse. Lors de nos premiers instants dans le jeu, nous faisons furtivement connaissance avec le personnage que nous allons incarner, une petite fille prénommée Nairi, et qui semble être convoitée, pour une raison que l’on ignore, par la royauté de Shirin. Ses parents ayant été arrêtés par les gardes peu avant, elle va tenter de s’enfuir hors de la ville, afin de se placer hors d’atteinte, le temps de pouvoir tenter de revenir en ville par les taudis.
Malheureusement tout ne va pas se passer comme prévu dès sa sortie de la ville, et notre petite Nairi va tomber entre les mains d’une bande de pirates du désert au premier abord peu commodes. Et c’est à cet instant précis que le jeu se lance pour de bon, emprisonnée dans une espèce de cellule souterraine au milieu du désert.
Le premier élément qui saute aux yeux et qui nous avait déjà beaucoup charmé au visionnage du trailer, c’était la qualité de la direction artistique, tout en douceur, nous proposant des tableaux somptueux, détaillés, et surtout, réalisés à la main. Rien n’a été laissé au hasard, et chaque nouvelle fresque a bénéficié du même soin, rendant le jeu très vivant, malgré le fait qu’il s’agisse d’un point’n click. Le second élément à mentionner est présenté avant même l’écran titre de Nairi: Tower of Shirin puisqu’on nous conseille de jouer avec un casque ou des écouteurs sur les oreilles. En général, quand on vous conseille quelque chose comme ça, c’est que l’importance de la composition n’a aucunement été mise de côté.
En effet, on s’en rend rapidement compte, mais les artistes de HomeBearStudio ont vraiment voulu que vous soyez immergé dans cette aventure et que, tout ce qui fait partie du sound design serve pleinement la narration. Les sons vous serviront donc à vous repérer dans l’espace étant donné que vous ne pouvez voir qu’un tableau à la fois, vous mettre dans l’ambiance bien entendu, ainsi que vous ravir les oreilles de par les magnifiques musiques composées pour le titre.
Les musiques sont ici complètement instrumentales, et à chaque note, nous avons apprécié de ressentir pleinement chaque vibration des instruments. Il ne fait aucun doute que l’enregistrement a dû bénéficier d’un soin vraiment particulier pour offrir un rendu aussi précis, et en amateur de musique que nous sommes, nous n’avons pu que grandement apprécier ce souci du détail.
Une aventure accessible malgré les thèmes abordés
Outre sa patte graphique toute mignonne, ce qui nous a plu dans Nairi: Tower of Shirin, ce sont les thèmes abordés, des thèmes pas simples que la narration nous sert avec une grande justesse. Il est tout de même question de problèmes sociaux dans une ville à la population pas toujours bien intentionnée, et nous incarnons une fillette qui va devoir malgré elle faire confiance à des personnes inconnues. On y évoque du trafic d’êtres humains, des meurtres, des pillages, etc.
Mais nous avons apprécié, en incarnant un personnage jeune, constater que le studio a fait son possible pour nous faire voir le monde comme si nous avions l’âge de Nairi. Dans les faits, ce qu’il se passe est grave mais avec des yeux d’enfant, le regard que l’on porte, ou ce qui nous est dépeint de certaines choses, certains actes, est vraiment différent. Ce contraste est vraiment très intéressant, d’autant plus que côté dessins, le jeu est vraiment très mignon comme nous l’avons évoqué, et cela apporte un certain équilibre vraiment bien venu. Bien entendu il ne suffit pas de nous plaquer des thèmes intéressants ou de nous émouvoir avec des personnages tout mignons pour que cela en fasse une excellente histoire.
Mais force est de constater que côté scénario nous sommes face à quelque chose qui se tient de bout en bout et qui saura vous offrir son lot de surprises et d’aventure. Ce n’est pas une révolution, c’est même parfois plutôt convenu dans les retournements, mais le voyage ne nous aura ennuyé à aucun instant.
Dans le gameplay, Nairi: Tower of Shirin ne vous demandera pas d’énormes compétences en point’n click, nous sommes sur quelque chose d’assez commun. Vous allez parcourir des environnements, interagir avec des personnages, rechercher des indices, utiliser des objets, résoudre des énigmes, en somme, le lot quotidien des amateurs du genre. Cependant il ne faut pas croire que tout vous sera offert sur un plateau, vous devrez naturellement faire marcher votre intellect pour résoudre certaines énigmes qui vous seront proposées. Dans l’ensemble nous n’avons jamais eu l’impression que la difficulté était un obstacle.
Il y a eu des minutes de recherche et de réflexion, mais nous avons toujours réussi à nous en sortir. N’étant pas des puristes du genre, nous avions peur de ne pas forcément être à la hauteur, mais la difficulté nous a semblé parfaitement dosée pour nous. Nairi: Tower of Shirin est donc assez accessible, et c’est plutôt bien vu car cet aspect colle parfaitement avec le côté dur mais accessible des thèmes abordés dont nous vous parlions plus haut. Les grands fans du genre resteront peut-être sur leur faim, mais les autres y trouveront une charmante aventure, très agréable à parcourir, que ce soit au tactile en mode portable, ou avec les Joy-Con en mode TV.
Mais attention à la précision de ces derniers qui mettront surement vos nerfs à rude épreuve à chaque fois que vous devrez sélectionner un élément précis dans le décors.
Conclusion Nairi: Tower of Shirin
Nairi: Tower of Shirin en bon petit jeu indépendant qu’il est, n’a pas bénéficié d’une communication fulgurante, et son genre n’a certainement pas été là pour le mettre beaucoup en avant. Cependant, nous avons décidé de nous laisser tenter, charmé dans un premier temps par une direction artistique somptueuse. Au final, c’est un point’n click plutôt commun qui s’est offert à nous dans son gameplay, mais qui a su faire valoir de nombreux atouts pour finir de nous séduire, notamment grâce à un travail irréprochable sur les musiques et le sound design, ainsi qu’à sa narration maîtrisée.
Il reste que pour qui la cherchera, la difficulté ne devrait pas être trop au rendez-vous (malgré quelques énigmes poussant à réfléchir), mais pour se lancer dans le genre point’n click, Nairi: Tower of Shirin est un client de choix que nous vous conseillons vivement.