Il y a treize ans de cela, Capcom lançait sur PlayStation 2 une toute nouvelle série appelée Monster Hunter. Cette dernière va, dès le départ, avoir du succès et devenir petit à petit, épisode après épisode, la série culte que l’on connaît tous aujourd’hui. Mais que se passe-t-il quand le filon s’amenuise, quand les jeux qui composent une série semblent similaires et au final interchangeables ? Eh bien, Monster Hunter Stories est la réponse qu’a donnée Capcom face à ce problème. Radicalement à l’opposé des épisodes précédents, ce dernier arrive-t-il à s’élever au niveau de ses prédécesseurs malgré ses différences ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans notre test de Monster Hunter Stories sur Nintendo 3DS.
Dites non à la chasse aux monstres
Si vous deviez résumer rapidement le principe des Monster Hunter, il y a fort à parier que vous les résumeriez comme étant des jeux où l’on chasse des monstres. Mais si pour une fois les joueurs ne chassaient pas les monstres, mais au contraire en faisaient des compagnons ? Monster Hunter Stories a décidé de toucher à l’essence même de ce qui fait la série. Cette fois-ci pas de grand traque afin de mettre à mort une gigantesque créature mais au contraire une recherche d’osmose avec le monstre enfin de ne faire plus qu’un avec lui.
Après une création de personnage que nous passerons rapidement tant cette dernière reste convenable sans innover, nous nous retrouvons plongés au cœur du village Hakum. La petite particularité de ce village est qu’il est composé de Riders, des hommes qui ont appris à vivre en harmonie avec les monstres qu’ils élèvent et qui les dénomment monsties. Notre héros (ou héroïne) vit paisiblement sa vie d’enfant avec ses amis tout en rêvant de rejoindre le rang des Riders. Mais cette vision idyllique de ce village autarcique est bien vite troublée par l’arrivée du fléau noir, un étrange mal qui rend les monstres très agressifs. Le village de Hakum fera malheureusement partie des victimes de ce fléau.
Afin de lutter face au fléau noir qui continue son inexorable avancée, vous allez devoir accomplir le rite de l’amitié, qui va faire de vous un véritable Rider. Pour cela, vous allez devoir dompter un monstre et lier un lien avec lui. Et c’est là que Monster Hunter Stories fait fort, il n’évince pas le monde créé dans les autres opus mais au contraire, il intègre l’idée les Riders à son univers. En effet, si vous et Navirou (un félyne qui vous rejoindra dans l’aventure) êtes pour la cohabitation avec les monstres, ce n’est pas le cas du reste du monde qui est rempli de chasseurs. Votre personnage va donc passer son temps à lutter contre le fléau tout en prônant l’osmose avec les monstres. Faites l’amour, pas la guerre !
Assez enfantin, le scénario n’est pas très compliqué et se centre sur des valeurs comme l’amitié et le fait d’être gentil avec tout le monde. Celui-ci reste bien écrit et rythmé par une bonne dose d’humour. On regrettera juste que notre personnage n’ait pas plus la parole (oui notre personnage est atteint de la maladie du héros muet à la Link) à l’inverse de Navirou qui peut être insupportable. Monster Hunter Stories, est indéniablement pensé pour un public jeune, mais peut par contre se targuer d’avoir de très beaux graphismes colorés pour de la 3DS qui rendent l’univers vraiment agréable à l’œil. Même constat pour la musique qui rythme parfaitement chaque moment de votre aventure.
Attrapez-les tous… LES MONSTIES !
Vous l’aurez compris, Monster Hunter Stories va tourner autour de la relation que le personnage va entretenir avec ses Monsties. Tout au long de notre aventure, nous avons la possibilité de dompter une pléthore de monstres afin de composer votre équipe. En effet, notre héros est accompagné d’une équipe de cinq Poké… pardon, Monsties possédant chacun ses caractéristiques et qui pourront être utilisés au combat. Il faudra alors bien choisir les monstres vous accompagnant, puisqu’ils possèdent tous des capacités à utiliser une fois en selle vous permettant de passer des zones inaccessibles. 109 Monsties différents n’attendent plus que vous pour être domptés, avec il est vrai un design vraiment beau pour certains monstres. L’idée marche donc parfaitement mais l’on ne pourra s’empêcher d’y trouver une ressemblance avec Pokémon. Heureusement, la ressemblance s’arrête là en ce qui concerne nos compagnons.
Ici, il n’est pas question d’affronter les monstres afin de les capturer mais bel et bien de les élever. Afin d’agrandir votre cheptel, vous allez devoir récupérer divers œufs de monstres qui se trouvent à l’intérieur de tanières. Ces cachettes sont disséminées de manière aléatoire à chaque fois que vous rentrez dans une zone. Chose marrante, certaines tanières abritent des monstres rares et sont donc dorées, ce qui les rend plus faciles à repérer pour le joueur. Une fois que vous êtes rentré dans la tanière vous vous retrouvez dans une salle remplie de monstres. Puis une fois cette salle passée, vous voilà dans le nid, dans lequel une situation particulière va se produire (monstre endormi, maman guettant un intrus, etc.). On regrettera le manque de diversité dans les tanières, qui deviennent vite redondantes et qui fait qu’on aura tendance à les bâcler pour récupérer le précieux œuf.
Une fois la menace stoppée ou évitée, il est temps de choisir votre œuf. Pour cela, vous allez avoir deux indicateurs. Tout d’abord Navirou qui vous informe sur son odeur et son poids et qu’on peut considérer comme étant la puissance du Monsties. Ensuite, les motifs de l’œuf qui vous indiqueront l’espèce que vous vous apprêtez à récupérer. Il faudra bien sûr avoir déjà fait éclore un œuf du même style et avoir retenu le motif pour le savoir puisqu’il n’y aucune réelle indication. Une fois tout cela fait, il ne vous reste plus qu’à sortir de la tanière en un seul morceau, ce qui n’est pas dur, et à le ramener dans votre étable. Il faut avouer que c’est toujours un moment jouissif que de découvrir votre petit compagnon, surtout dans une nouvelle zone.
Mais l’étable n’a pas que cette utilité, et vous réserve bien des surprises. Durant votre aventure, vous allez de temps en temps récupérer des fragments d’œuf sur des tas d’os rares. Une fois que vous aurez réussi à compléter le puzzle de coquilles, vous allez pouvoir faire éclore un Monstie. Si cette action demande plus de temps et de farm, avec un peu de patience, vous devriez réussir à faire éclore un monstre plus fort que la moyenne. Plus tard dans l’aventure il vous sera possible d’effectuer le rite de transmission, un procédé qui va permettre à votre Monstie de prendre les gènes d’un autre afin de devenir plus puissant. Les gènes sont des bonus de caractéristiques ou des compétences qu’un Monstie possède et qui dans le cas présent peuvent être transmis. On s’amuse vraiment à rendre son compagnon le plus fort possible grâce à ce système qui est d’ailleurs vraiment bien pensé.
Et le côté Hunter dans tout ça ?
Ce qui nous plaît dans les Monster Hunter c’est le coté traque et stratégique que nous devons réaliser à chaque fois afin d’abattre une créature gigantesque, mais qu’en est-il de Monster Hunter Stories ? Hé bien, simplification du jeu oblige, les phases de combats ont aussi subi des modifications pour notre plus grande déception. Tout d’abord un point important, finis les combats en temps réel comme dans Monster Hunter 4 Ultimate ou Monster Hunter Generation, et bonjour le combat au tour par tour. Et malheureusement les combats manquent clairement de profondeur et on s’ennuie bien trop vite. Tout l’aspect réflexion a disparu pour laisser place à un vague système de style divisé en trois catégories : Force, Vitesse et Technique. Chaque combat est alors divisé en phases de duel dans lesquelles il faut utiliser le bon style d’attaque pour faire le plus de dégâts, pareil avec les capacités.
Les développeurs ont bien essayé de donner un semblant de stratégie avec l’utilisation d’objets tels que des pièges, mais ces derniers sont fort inutiles car on ne ressent jamais le besoin de les utiliser. Et cela pour une bonne raison, les combats sont trop simples. Il est quasi impossible de perdre dans ce jeu, sauf en vous jetant au combat contre un monstre bien plus puissant que vous, ce qui n’arrive presque jamais. De plus, pour échouer il faut que vos adversaires arrivent à vous faire perdre les trois vies que vous partagez avec vos Monsties. Les combats face aux Riders ont déjà un peu plus de challenge puisque la même règle des vies s’impose pour eux, mais ces affrontements sont bien trop rares en dehors des combats en ligne. Les phases de combat en selle sauvent un peu le tout grâce aux attaques de l’amitié qui donnent un sentiment d’osmose avec son Monstie. Enfin de temps en temps certains événements vont vous demander de pilonner le bouton A afin de gagner un duel et faire plus de dégâts. Dans la grande majorité, les combats restent donc une déception.
Heureusement, Monster Hunter ce n’est pas que des combats mais aussi de l’exploration, et on doit avouer que sur ce point, Monster Hunter Stories fait fort. La carte propose de nombreux environnements variés à explorer, qui même s’ils sont un peu vides, restent malgré tout intéressants à découvrir. L’exploration est évidemment rythmée par une multitude de quêtes dont la principale qui est vraiment sympathique et des quêtes secondaires intéressantes quoiqu’un peu redondantes. La plupart du temps, ces dernières vont vous demander de vaincre une créature ou de récupérer un certain nombre de ressources qui grouillent dans les environnements. Peau, os, plante, insecte, poisson ne sont qu’un petit aspect de ce qu’il est possible de récolter durant votre exploration. De plus, un système de craft vous permet de fabriquer divers potions et objets à utiliser.
Mais les matériaux n’ont pas que cette utilité, ils peuvent aussi vous servir pour la forge. En effet, notre personnage est équipé d’une arme et d’une armure qui peuvent être améliorées voire transformées. Quatre styles d’armes différentes vous sont proposés avec bien sûr des avantages et des inconvénients pour chacune. En rassemblant les matériaux requis ainsi que l’argent nécessaire, les forgerons se feront alors un plaisir d’améliorer vos armes. Plus tard dans l’aventure, il vous sera même possible de fabriquer des armes/armures spéciales via les quêtes de forgerons. Ces dernières sont assez basiques puisqu’il s’agit de récupérer des matériaux sur certains monstres. Malgré tout le jeu en vaut la chandelle et l’on prend vite goût à récupérer ces matériaux afin d’acquérir ces nouvelles pièces d’équipement.
En fin de compte, Monster Hunter Stories s’éloigne radicalement de ce que nous ont proposé les opus précédents tout en gardant la saveur de la licence. Le scénario et l’exploration donnent un véritable cachet au jeu, qui est de toute beauté grâce à sa patte graphique. Malgré tout, certains petits détails viennent entacher ce jeu, en particulier le système de combat qui gâche une bonne partie de l’expérience. En ce qui concerne le fait de savoir si les changements radicaux entre ce jeu et les autres sont une bonne chose, l’équipe de New Game Plus reste divisée sur la question. Si certains considèrent que le jeu s’est un peu trop éloigné de la licence, d’autres au contraire apprécient cette bouffée d’air frais. Nous vous laissons donc vous faire votre propre avis sur la question.