Avant même sa parution, Mighty No.9 faisait déjà l’objet de polémiques sans fin sur la toile, à base de critiques virulentes et de sessions trolls sur les réseaux sociaux. En ligne de mire, le fait que le résultat final n’était semble-t-il absolument pas à la hauteur de ce que promettait sa campagne Kickstarter aux participants ayant contribué au financement.
On lui reprochait également ses nombreux (et assez longs) reports, et on tirait à boulets rouges sur Keiji Inafume, porteur du projet, pour avoir pillé sans vergogne, avec Mighty No.9, la licence Megaman, sur certains épisodes de laquelle l’homme avait travaillé par le passé. Sur tous ces sujets, à chacun de se faire sa propre opinion, et nous n’alimenterons pas ici ces polémiques, nous contentant d’étudier avec l’esprit clair ce que nous propose le jeu en question, et ce sera l’objet des lignes qui suivent.
Mighty Megaman N0.9
Même si vous ignoriez tout du contexte de Mighty No.9, les premières minutes de jeu suffiraient à vous replacer en situation. Tout dans l’esprit du jeu évoque la célèbre série de Capcom, Megaman, des jeux de plateforme palpitants réputés pour leur grande difficulté (ça rigolait pas, à l’époque, les jeux vidéo). Ici, l’on a de nouveau affaire à un monde futuriste, où les avancées dans le domaine de la robotique se sont déroulées avec sérénité, et où la violence est canalisée au sein de colisées, dans lesquels s’affrontent des robots divers et variés pour la distraction des foules.
Mais un beau jour, notre héros, un androïde répondant au nom de Beck, découvre la ville à feu et à sang. Avec l’aide du docteur White, il découvre rapidement que les robots sont devenus dysfonctionnels, à commencer par les huit Mighty Numbers, donc Beck représente le neuvième modèle de la série. L’heure est venue de traquer ces anciens frères d’armes afin de découvrir qui tire les ficelles de ce chaos généralisé.
Bien entendu, chaque Mighty Number correspond à un stage spécifique qu’il vous faudra traverser, avec ses thématiques, ses multiples dangers et ses mini-boss propres, avant d’affronter le maître des lieux, comme dans un Megaman classique (et donc, en bénéficiant du choix de quel niveau effectuer ensuite). De même, si lors des premières minutes de jeu, vous ne serez équipé que d’un simple canon (uniquement capable de tirer tout droit ), le fait de terrasser les Mighty Numbers vous accordera leur arme (feu, glace, etc.) que vous pourrez utiliser pour vous faciliter un peu les choses lors du stage suivant, même si finalement, on revient souvent au tir de base. Les boss que vous aurez délivrés de leur emprise maléfique viendront également parfois vous soutenir au fil de votre parcours, et toute aide, même minime, est bonne à prendre dans Mighty No.9.
Une difficulté pour les vrais
De fait, même si, de mémoire (ça remonte tout ça), les Megaman étaient un tantinet plus corsés, le jeu n’en demeure pas moins particulièrement velu, comme pouvaient l’être les platformers sur 8 et 16 bits, ainsi que d’autres titres plus récents aux aspirations rétro, tel que Shovel Knight. Trous, pièges divers, piques, ennemis savamment placés, plateforme glissantes… Nous n’allons pas vous faire tout le menu de ce qui vous attend, vous vous en doutez probablement déjà. Et même si, dans sa grande bonté, le jeu daigne donner quelques coups de pouce discrets, comme le fait de connaître le prochain boss histoire de choisir l’arme adéquate, la présence de checkpoints bienvenus, ou encore la possibilité de vous attribuer jusqu’à 9 vies au lieu des 2 proposées de base, le die and retry sera bien évidemment de mise.
C’est un élément à prendre en compte avant de passer à la caisse, car si vous êtes plus du genre casual qui aime des promenades pas trop complexes dans un jeu vidéo, vous risquez de tomber de haut. Pour les autres, cette difficulté assez élevée constituera un point positif, et c’est probablement ce que l’on recherche en s’attaquant à un clone de Megaman.
Niveau gameplay, on retrouve là encore un pattern classique, avec un bouton de saut et un tir, mais on signalera la capacité de glisser au sol, et surtout, le dash. Cette fonction va s’avérer cruciale à maîtriser, car, outre le fait de pouvoir atteindre des lieux trop éloignés pour le saut classique, vous allez devoir l’employer sur tous les ennemis après les avoir affaiblis de votre rayon, pour récupérer leurs Xels (sortes de capsules d’énergie). Ceci vous fournira quelques bonus temporaires, comme une plus grande vitesse, ou définitifs, comme un peu de force vitale (et vous allez en avoir besoin, la barre de vie descend à vitesse grand V dans ce jeu). Merci bien ! On est donc sur du plutôt sympathique jusqu’à présent, même si les innovations par rapport aux modèles originaux sont assez maigres, comme on l’a vu.
Du moins et du plus pour finir
Restent deux points sur lesquels se pencher : la technique, et le contenu. Clairement, ce n’est pas le premier élément qui vous fera acheter le jeu. Les décors sont assez vides et manquent de variété (c’est surtout du technologique, pas de forêt, de neige ou autres comme il est courant de trouver dans ce genre de jeux). L’animation et les graphismes sont assez corrects, mais de là à dire qu’ils correspondent aux 4 millions de dollars engrangés lors du Kickstarter de Mighty No.9, il y a un gouffre que nous nous garderons de franchir. Les cinématiques font pitié (les bouches ne bougent même pas lors des dialogues). Les temps de chargement sont assez longs (et il y en a un à chaque mort, c’est dire) et la musique n’a rien d’inoubliable. Dernier point : rendez-vous service, passez le jeu en japonais sous-titré français, la version anglaise est vraiment moisie.
Le contenu rehausse-t-il un peu ce constat décevant pour clôturer l’article ? Ma foi, c’est un fait ! Pour commencer, sachez que plus vous enchaînerez rapidement les ennemis, plus votre jauge de combos augmentera, ce qui fera varier votre score en fin de niveau ; un aspect clairement dédié au scoring, et les plus perfectionnistes y reviendront donc plusieurs fois, augmentant d’autant une durée de vie déjà correcte (puisqu’on meurt sans cesse). Ensuite, outre le mode Histoire classique qui vous lancera à la poursuite de vos huit anciens frères et du fumier de lapin qui les contrôle, vous aurez droit à une bonne trentaine de défis solos avec conditions d’exécution particulières généralement axées sur le timing, bien fun, ainsi qu’à un classement online et plusieurs défis en duo. Pas si pire pour un jeu à 30€…
Faisons-nous ici l’avocat du diable, et reconnaissons qu’il nous a bien plu, ce petit jeu. Si vous savez faire fi de tout son background désastreux en termes de développement, ainsi que de sa réalisation bien moyenne, et que vous recherchez une réminiscence d’un passé glorieux, où la difficulté ne rebutait pas le vaillant gamer, peut-être pourriez-vous vous pencher sur ce Mighty No.9 et en tirer quelques bons moments.
Puisque Capcom ne semble pas tellement décidé à offrir une nouvelle vie à son robot bleu (hormis à travers quelques compilations des anciens Megaman ici et là), Mighty No.9 pourrait bien constituer une alternative non-dénuée de défauts, surtout pour ceux l’ayant financé, mais somme toute plaisante et dotée d’une durée de vie très honnête…