Les jeux estampillés Mega Man sont aussi nombreux que les vagues dans l’océan. On ne compte plus les spin-offs et autres rééditions dispensées par Capcom au fil des années sur un large éventail des machines du marché. Notamment, les six premiers volets, tous parus sur NES entre 1987 et 1993, ont connu leur lot de résurrections, et c’est à la dernière d’entre elles qu’on a affaire aujourd’hui, sur 3DS, avec Mega Man Legacy Collection. Or, si cette première salve comptait, dans les années 90, certains des épisodes les plus appréciés des joueurs et de la critique, son achat en 2016 est-il justifié, et le support qui l’accueille permet-il d’en jouir comme il se doit ? C’est ce que nous allons étudier dès à présent.
Le célèbre Mega Man de Capcom est de retour (encore)
Un contenu idéal, mais pour le fan de Mega Man
Même s’il n’est disponible sur 3DS que depuis quelques semaines, Mega Man Legacy Collection a d’abord débarqué sur PC, PlayStation 4 et Xbox One l’année passée. On y retrouvait donc les tout premiers épisodes de cette longue série, avec leur gameplay intuitif et efficace, leurs boss emblématiques, ainsi que leur difficulté légendaire. Le menu est exactement le même sur 3DS. Point ici de lissage des textures ni de retouches plus ou moins judicieuses comme on en voit tant ces dernières années : ce sont six Mega Man bruts de décoffrage que Capcom nous propose, identiques en tous points aux originaux sortis le siècle dernier sur cette bonne vieille NES, première expérience vidéo-ludique pour bon nombre de trentenaires et quarantenaires actuels. On pourrait taxer Capcom de flemmardise, sur ce coup, mais pour ma part, je préfère y voir une volonté d’authenticité vis-à-vis d’une de leur plus célèbres licences. D’autant qu’outre les six petites pépites en question, le développeur s’est fendu d’un certain nombre d’ajouts niveau contenu secondaire, qui devraient ravir les amoureux du robot bleu, même si tout n’est pas forcément pertinent, surtout pour un néophyte. On évoquera ainsi, en vrac, la présence des OST originales, d’une base de données conséquente, d’un musée, ou encore de défis spécifiques. Revenons d’ailleurs en détail sur tout ceci, avant de s’intéresser aux jeux en eux-mêmes et à « l’esprit Mega Man« . La bande-son de la série compte parmi ses tracks des morceaux devenus cultes, et qui stagnent dans la tête pendant des heures, c’est donc une bonne idée de la proposer en annexe ; néanmoins, comme les pistes sont présentées dans leur version 8 bits, sans retouches, il est peu probable, à moins d’être un inconditionnel de la saga, qu’on passe des heures à se les réécouter en boucle. De même, le musée, composé d’artworks, croquis et dessins en tous genres liés à ces six premiers Mega Man, se réserve surtout aux aficionados purs et durs. Les autres le survoleront peut-être une fois pour voir, sans plus. La base de donnée, quant à elle, s’avère un peu plus riche en termes d’intérêt pour le grand public, puisqu’elle offre, image à l’appui, une description de chaque personnage allié, ennemi de base et boss, avec l’indication de ses points de vie, de sa force de frappe, voire de ses faiblesses par rapport aux différents pouvoirs liés aux costumes de notre héros. Bien sympathique. Enfin, le mode Challenge est un plus conséquent pour qui aime repousser toujours plus ses limites, et ajoute une plus-value de taille à la durée de vie déjà massive de la compilation. Découpé en une grosse cinquantaine de défis, ce mode vous demandera d’atteindre des objectifs (souvent liés au chrono) répartis sur diverses sections (boss-fights compris) piochés dans les six jeux de base, et déblocables au fil de votre progression dans ces missions secondaires. Une bien bonne idée, vraiment…
Le mot « hardcore » prend tout son sens ici
… mais bien évidemment, réservée aux plus acharnés d’entre nous, ceux qui auront su conquérir la difficulté déjà hardcore légendaire des six Mega Man. Les joueurs plus casu, moins patients, n’y passeront que quelques minutes avant de lâcher l’affaire. Car, oui, vous l’aurez compris en lisant ces quelques lignes si vous êtes un nouveau venu sur la licence : les Mega Man sont réputés pour constituer, au même titre que les Ghouls’n Ghosts, des expériences antiques punitives et acharnées, où le terme die and retry prend tout son sens. Si, de nos jours, les jeux ardus tels que les Dark Souls font figure d’exception dans un paysage vidéo-ludique devenu plus casual et plus bucolique niveau investissement personnel, à l’époque des premiers Mega Man, le jet de manette rageux et les hurlements de frustration étaient la norme, et le petit robot bleu était un des fers de lance de ce constat. C’est une chose dont il faut bien avoir conscience avant d’investir dans ce Mega Man Legacy Collection si vous êtes un nouveau venu (les connaisseurs, eux, savent déjà à quoi s’en tenir). Si toutefois vous prenez votre courage à deux mains et décidez de plonger dans la mare aux crocodiles, vous découvrirez des jeux d’action/plateforme nerveux et intuitifs, proposant, chose rare pour l’époque, de choisir par quel stage commencer en toute liberté, chaque fin de niveau vous confrontant à un boss dont vous pourrez acquérir le pouvoir en le déglinguant, ce qui pourra vous apporter une aide salutaire pour progresser dans un autre niveau. Ingénieux. Jeux très retro oblige, le scénario est basique et accessoire (la plupart des Mega Man vous invitent à éliminer les armées de robots du Dr. Wily, un scientifique renégat ayant décidé de se constituer une horde mécanique pour servir ses desseins personnels), et les commandes on ne peut plus simples : la croix pour se déplacer, un bouton de saut, un bouton de tir (les derniers volets permettent de charger ce tir pour le rendre plus puissant). À l’ancienne, et c’est ce qu’on aime. Comme on le mentionnait plus haut, le rendu visuel et sonore est exactement le même que jadis, et vous avez possibilité, dans les options, d’ajouter ou non des bordures (bien moches) de chaque côté de l’écran en format 4/3 utilisé à l’époque, de choisir entre la version japonaise (Rockman) ou occidentale (Mega Man), ce qui affecte principalement l’image de la boîte du jeu, ou encore de modifier la langue. Notez que cette version portable permet de sauvegarder à tout moment, ce qui soulage un peu de la difficulté des jeux et autorise de courtes sessions de gaming dans ces endroits où le jeu de poche est de mise, comme dans le bus ou sur le Trône de Céramique. Bien pensé. Nous terminerons cet article sur un petit bémol, inévitable ceci dit, de la version 3DS de Mega Man Legacy Collection : du fait de la petitesse de l’écran, les sprites sont vraiment riquiqui, ce qui n’entrave pas trop le plaisir de jeu, mais un peu quand même, surtout quand il s’agit d’éviter de petits ennemis ou projectiles. Mais on y survivra…
Conclusion de Mega Man Legacy Collection
Vous l’aurez compris en lisant ces quelques lignes, et si vous ne l’avez pas fait, on vous le résume ici : Mega Man Legacy Collection est définitivement destiné aux puristes, ceux qui ont déjà sué sang et eau il y a plus de 20 ans sur les originaux, et qui ont soif de contenu relatif au petit héros de Capcom. Les néophytes, sauf s’ils sont trempés dans un acier leur permettant d’apprécier une difficulté punitive mais juste, risquent d’être rebutés par le côté hardcore de la série, les graphismes et sons d’antan, et ledit contenu, qui ne leur parlera guère, soyons honnêtes. À vous de déterminer à quelle catégorie de gamer vous appartenez, avant d’investir les 15€ nécessaires à l’achat de ce petit trésor antique…
Pour en apprendre plus sur Mega Man Legacy Collection, mais aussi sur le reste des productions Capcom, suivez le guide…
Vous trouverez dans la vidéo ci-dessous une présentation complète des divers menus et aspects de la compilation, ainsi que de l’utilisation de l’amiibo Mega Man, compatible avec le jeu.