Depuis quelques temps, il est de notoriété publique que Capcom ne cherche pas à créer de nouvelles IP mais plutôt à capitaliser sur celles dont il dispose. En effet, avec environ 35 ans actifs à son compteur, l’éditeur est non seulement un ancien dans le marathon qu’est l’industrie du jeu vidéo mais également un de ses plus éminents représentants.
Il a entre autre défini le vs fighting 2D moderne, subjugué les foules avec des héros comme Amaterasu dans Okami, modernisé le beat’em up avec Devil May Cry et rendu l’horreur mainstream avec Resident Evil. Figure emblématique du gaming des 90s, il doit cependant beaucoup à son petit robot bleu, Mega Man, dont la série est, rien que sur NES, apparue 6 fois avant que le rythme se ralentisse (une cadence folle pour l’époque avec près d’un épisode par an !).
Après des épisodes 9 et 10 remettant son héros sur les devants de la scène dans des épisodes 2D 8 bit à l’ancienne, Capcom ose le redémarrage brutal en mettant le Blue Bomber au goût du jour, quitte à en perdre l’essence même. Alors, Mega Man 11 sonne-t-il son retour où le glas d’une licence ?
Test – Mega Man 11 ou la renaissance d’un mythe
On prend les mêmes et on recommence
19XX, bien des années avant cette nouvelle aventure, alors que les docteurs Wily et Light étaient encore de jeunes scientifiques passionnés qui faisaient leurs preuves, ces 2 personnages éminents s’affrontaient déjà dans des combats théoriques. Wily militait pour le renforcement des compétences des robots, jugeant que ces derniers devaient rester des outils, Light, lui, vouait son travail à créer des robots dotés de conscience. Le scénario nous a déjà dévoilé le dénouement de ce combat. Wily, vaincu, sombra dans une folie destructrice et s’opposa à Light depuis lors…
Seulement, de ces sombres réminiscences du passé, le savant fou trouva l’objet qui prouverait à la fois son génie tout en assurant sa revanche.
Prétexte au voyage, ce scénario original (comme le cinéma le conçoit aujourd’hui) nous met au contrôle de l’illustre robot bleu après que Wily a corrompu avec ses sombres desseins 8 Robot Masters. La mécanique est en place, le jeu se déroulera selon les mêmes règles. 8 ennemis à éliminer avant d’aller affronter l’ignoble docteur, caché au bout de son château.
En revanche, ce coup-ci, il aura fort à faire avant de parvenir à lui puisque les sbires de Wily seront armés d’un nouveau module. Ce dernier donne aux Robot Masters accès à un boost de puissance ou une vitesse décuplée qu’ils n’hésiteront pas à mettre à usage, transformant souvent les règles du combat de boss. Qu’à cela ne tienne, Light en fait autant avec notre héros.
Pimp my robot
Mais un Mega Man n’est rien sans son gameplay (en fait, un jeu n’est rien sans cet élément…), et sur ceci, Mega Man 11 s’en tire même avec les honneurs. C’est simple, ce nouveau périple du Blue Bomber a réussi à donner du relief à son héros tout en conservant l’essence d’une expérience rétro.
Manette en main, Mega Man 11 se ressent exactement comme un vieux soft de la série. Les contrôles sont à leur place et répondent bien et ils ont même eu la bonne idée d’attribuer les boutons supplémentaires (oui puisque qu’il y a plus que 2 boutons d’action sur les manettes aujourd’hui) à Rush, son chien (qui vous permettra de franchir des gouffres ou faire des sauts plus hauts le temps d’un rebond). Tout est à portée de main.
Parlant d’action, Mega Man 11 se joue exactement comme les épisodes 8-bit originaux. Le personnage a accès à un panel simple qui s’étoffe au fur et à mesure. De base, tir et tir chargé composent votre arsenal. Rush est dispo pour voir servir de ressort bien entendu. Sinon, glissade, saut et déplacement, et vu les pièges qui vous attendent, vous allez parfois vous sentir nu. A chaque boss vaincu, comme avant, Mega Man obtiendra son arme. Ces armes facilitent généralement vos déplacements dans les niveaux bien difficiles du jeu.
En ce qui concerne les niveaux, idem ! Le ressenti est identique à l’original. Petit plus : les 2 premiers « écrans » du stage vous indiquent les règles avec lesquelles vous les traverserez. Après, à vous de vous frayer un chemin entre ces embûches puisque de nombreux pièges en 1-hit-kill seront sur votre parcours. Cependant, armé de bons éléments certains pièges ainsi que certains ennemis s’effacent de votre passage. Ainsi, certains moments délicats peuvent être perçus comme des puzzles à résoudre plutôt que des embûches difficilement surmontables.
Et si jamais ça ne suffisait pas, vous pourrez toujours acheter chez le docteur Light des consommables (vie, ou recharge pour votre santé ou vos armes…) ou même de l’équipement. Comprenez par « équipement » des modules bien sûr, nous avons affaire à un robot tout de même. Ces derniers acquis moyennant des boulons trouvés sur le terrain vous permettront d’obtenir des bonus tels que l’augmentation de l’apparition de soin de votre choix ou de recharger vos armes sans en changer.
Dernier coup de polish
Simplement, attaquons enfin LA nouveauté par excellence de ce titre. Présenté à de multiples reprises dans des vidéos de gameplay et élément indispensable du scénario, le Double Gear, l’invention de jeunesse créée par le Docteur Wily et évoquée plus haut, se présente sous la forme de 2 rouages vous accordant les mêmes bénéfices que les boss.
L’un renforcera votre puissance de tirs tandis que l’autre ralentit le temps afin de passer des passages plus délicats ou de vous faufiler derrière vos ennemis (ou les bourriner à bout portant, une méthode d’ailleurs plutôt efficace). À la simple pression des gâchettes, ces 2 options vous permettent de les mettre à contribution.
Attention en revanche, si vous en abusez, une pénalité de surchauffe vous interdisant de vous en servir vous arrivera à un moment inopportun.
S’il peut sembler un peu « gimmick », des sections de chaque niveau ont littéralement été créées pour mettre à usage ce système qui devient de suite moins gadget. Notez enfin que si quand votre robot se retrouve à court de vie, il peut toujours activer les 2 rouages en simultané afin d’apprécier le meilleurs de 2 mondes, et avec chance, qui sait, c’est peut-être ce qui peut vous sortir de la panade.
Quitte à parler de ce qui a fait peau neuve, abordons maintenant le design global du titre. Pour Mega Man 11, Capcom a opté pour un look plus au goût des joueurs modernes, ce qui pourrait dérouter les puristes. Effectivement, malgré la révision générale, le soft ne brille pas par son look.
En cherchant à modifier l’esthétique pour coller à ce qui se fait aujourd’hui, l’éditeur s’est retrouvé en équilibre entre le trop et le trop peu. Le héro est plat et son animation arthritique, les niveaux se déclinent bien sûr un minimum mais ne marquent pas les esprits et enfin, là où notre âme de fan pleure, c’est un découvrant des musiques tout juste moyennes pour une franchise dont les thèmes ont marqué le jeu vidéo. Aucun thème ne semble dépasser de ce soft si ce n’est le thème principal, un poil plus sympathique que le reste.
Ensuite, on ne va pas se leurrer, les seuls éléments qui garderont votre attention plus de 15 secondes sont les boss, et eux jouissent d’un design autrement plus élaboré. Autant dans leurs formes principales que dans leurs formes améliorées, ils sont marquant et impactants, un réel plaisir à affronter. Une joie de découvrir également que Mega Man change de forme en équipant une autre arme plutôt que de juste changer de couleur, l’enfant qui a découvert le Blue Bomber revêtir le Power Suit dans Mega Man 6 sera aux anges !
Conclusion de Mega Man 11
Capcom a réussi un tour de force. Non seulement il a donné un coup de jeune à une série maintenant trentenaire mais il l’a fait en conservant ce qui fait d’elle ce qu’elle est. Le gameplay est solide, la direction artistique simple, le level-design en adéquation avec le gameplay, autant dans ce qui fait le plaisir rétro qu’en incluant les nouveaux éléments de jouabilité, et le tout est enrobé d’amour et de sel comme il le faut pour un Mega Man.
Comme retrouver un ami d’enfance, le visuel est légèrement différent mais les souvenirs sont intacts tout en ayant 2-3 nouvelles choses à partager. Et il fait ça tout en étant l’épisode le plus accueillant de la série tant tout (ou presque) se module.