Luigi revient pour une nouvelle aventures dans les couloirs obscurs d’une énième demeure peuplée d’esprits farceurs. Effectivement, il s’agit même de sa 3ème aventure solo dans le registre de l’épouvante soft et notre plombier vert est attendu au tournant. Et c’est normal puisque les enjeux sont grands.
De fait, après le passage réussi de Link et de Mario sur la console hybride (avec les excellents The Legend of Zelda: Breath of the Wild et Super Mario Odyssey qu’on ne présente plus), c’est au plus débonnaire des 2 plombiers de faire son aventure solo. Mais à quoi s’attendre ? À jouer avec des déchets, doit-on s’attendre à beaucoup de recyclage ? Luigi’s Mansion 3 a-t-il réussi son passage à la HD ? On en parle.
(Test de Luigi’s Mansion 3 réalisé sur Nintendo Switch à partir d’un code fourni par l’éditeur)
En terrain connu
On ne change pas un concept qui gagne, Luigi’s Mansion 3 démarre sur le voyage de Mario, Luigi, Peach et d’une ribambelle de Toad, invités par lettre par un expéditeur inconnu à passer des vacances dans un hôtel luxueux. Si nos héros se retrouvent d’abord face à un cadre sublime à leur arrivée (si bien qu’il ne voient même pas a quel point tout le staff a l’air étrange), ce ne sera que pour mieux être surpris dans le courant de la nuit.
Vous vous en doutez, notre héros se réveillera donc en pleine nuit pour découvrir la triste réalité, l’hôtel somptueux qui l’a accueilli fait désormais place à une tour lugubre qu’il va devoir nettoyer, et tout seul (bien entendu) puisque tout ses amis ont été capturés et rangés dans des portraits, une des sales manies de King Boo, le Bowser de notre plombier de vert vêtu étant forcément de la partie pour une revanche. Rassurez-vous cependant, le prof K. Tastroff et votre aspirateur ne sont pas bien loin…
On repassera sur l’originalité du scénario qui ne sert que de tremplin au reste pour nous focaliser sur l’action. Si vous êtes un habitué de la série, le déroulement est on ne peut plus classique. L’hôtel qui accueille votre périple se présente sous la forme d’une tour dont seuls quelques étages sont débloqués de prime abord.
Pour progresser, il vous faudra venir à bout des étages les uns après les autres en mettant la main sur les boutons d’ascenseur, ces derniers étant sous le contrôle de fantômes gardiens qui feront office de boss. En gros, une progression on ne peut plus linéaire. Il est également à noter que les premiers étages ne sont guère plus que des étages tutoriels et scénaristiques plantant le décor pour ce qui va suivre et c’est bien normal puisqu’il va peut-être s’agir des premières aventures de certains joueurs dans le monde de la série.
Cependant, le tribut est assez lourd à payer pour les joueurs rodés qui se trouveront face à des puzzles assez bas du front où il ne manque qu’un « faites ça ici » pour être plus clairs. Dieu merci, à mesure de votre ascension, le challenge prendra rendez-vous, vous offrant de vous frotter à des labyrinthes et autres casse-têtes bien pensés qui mettront parfois à mal votre capacité à cogiter.
Et ce n’est pas tout puisque chaque étage, même terminé, possède son lot de secrets. Comme c’était le cas dans Luigi’s Mansion 2: Dark Moon, ce nouvel épisode fête le retour d’un certain nombre d’éléments tels que les gemmes. Disponibles au nombre de 6 par étage, certaines sont extrêmement bien cachées et vous forceront à fouiller l’hôtel dans les moindres recoins pour viser le 100%. Ajoutons également que les Boos répondent présents pour la vengeance de leur roi et se planqueront dans les étages déjà visités.
Il y a donc de quoi faire dans les couloirs de Luigi’s Mansion 3 et les raisons de s’y promener ne manquent pas (ne serait-ce que pour remplir son porte-monnaie avec toutes ces richesses qui traînent et qui serviront à acheter de quoi détecter les Boos et les gemmes à qui le veut. Ah ? Et les mauvaises langues qui boycottent les consoles Nintendo à cause de l’absence de succès en auront aussi pour leur argent. De quoi rallonger la durée de vie initiale d’une dizaine d’heures en ligne droite.
Dépoussiérage de franchise avec Luigi’s Mansion 3
Manette en main, Luigi’s Mansion 3 reprend sur des bases connues, enfin, en grande partie. Une fois notre plombier armé de son combo outils de combat/nettoyage, on retrouve une grande partie des mouvements que l’on utilisait déjà dans le 2ème volet de la série. Effectivement, armé de son aspirateur et de sa lampe-torche, Luigi peut donc aspirer ou souffler de l’air (en combinant les 2 touches, vous pouvez effectuer un petit saut, pratique à certains moments) mais également aveugler ses ennemis ou révéler des éléments disparus avec la lumière noire.
Enfin, l’aspirateur de notre héros possède à présent un pistolet à ventouse qui lui servira entre autres à désarmer les esprits, actionner des leviers ou débloquer des chemins. La ventouse a également pour utilité d’offrir une prise pour la nouvelle action préférée de notre plombier, fracasser des trucs au sol. Grâce à cette méthode, qui permet par ailleurs d’éliminer plus vite ses adversaires, vous pourrez découvrir de nouveaux secrets, gemmes ou simplement blesser d’autres fantômes.
Mais le vrai apport de cet Ectoblast nouveau, l’Ectoblast G-lu, c’est surtout la possibilité d’invoquer un clone de notre héros avec de la gelée verte (de matière inconnue). Et ce clone est une copie parfaite. Effectivement, cette créature à l’allure de notre protagoniste est capable des mêmes prouesses que ce dernier. Il est également armé d’un aspirateur et d’une lampe, ce qui lui permet donc également d’affronter les menaces et de faire apparaître des éléments invisibles ou de tirer des ventouses.
Mais mieux que l’original, grâce à son corps qui n’est pas limité à ce que la condition humaine de Luigi lui impose, il pourra se faufiler au travers de tuyaux, de conduits, de lits de piques et autres grilles et sans contrepartie ! Enfin si, il se désagrège au moindre contact avec de l’eau et la caméra aura tendance à suivre notre héros vert plutôt que lui… M’enfin, si c’est le prix à payer pour jouer à 2…
Parce que oui, si Luigi’s Mansion 2 offrait pour la première fois la possibilité de jouer à 2 au titre grâce à un mode dédié (qui fait d’ailleurs son retour comme vous le découvrirez plus bas), on peut dorénavant partager l’aventure avec un ami en lui passant simplement un JoyCon grâce à Gluigi. Ainsi, si vous le souhaitez, armez-vous d’un ami ou de votre douce et confrontez-vous aux différentes énigmes et aux boss à 2.
Ça aura aussi pour effet de franchement fluidifier l’expérience car lorsque vous jouez seul, si vous invoquez Gluigi, en sachant que vous ne pouvez en manipuler qu’un à la fois, l’autre entre dans une sorte de transe/pause lors de laquelle il est sensible aux différents dangers environnants. Cependant, il vous est possible de le bloquer sur une action vous permettant donc des actions en duo, même si vous êtes seul face à l’écran.
Du Disney dans mon Nintendo
Nous évoquions des modes multijoueur un peu plus tôt, parlons-en. Luigi’s Mansion 3 propose plusieurs modes pour égayer vos soirées seul ou entre amis. Si vous n’êtes pas chaud à l’idée de partager du scénario, 2 options se présentent à vous. Tout d’abord, un mode type Mario Party avec 3 jeux. Rien de bien fou mais ils permettent à 8 joueurs de se tirer la bourre en local dans des mini-jeux où tout les coups bas (donc les meilleurs coups) sont permis.
La plus-value reste cependant le mode Tour hantée. Ce mode à la fois disponible en ligne et en local offre à une armée de Luigi et de Gluigi de différentes couleurs de grimper les étages d’une tour dans un mode nettoyage en contre-la-montre. Ainsi, en plus de lutter face aux aiguilles, vous allez aussi devoir amasser le plus de fantômes et de richesses afin de vous démarquer de vos alliés et adversaires pour subtiliser la première place. Sympa.
Enfin, la grosse surprise n’est ni forcément dans le gameplay, ni même dans les différents modes proposés ; c’est plutôt au niveau du feeling global que le titre nous a le plus surpris. Effectivement, Luigi’s Mansion 3 est sublime, genre « films d’animation Disney/Pixar ». Le niveau de finition est tel que la moindre capture d’écran ne rend pas franchement hommage au soft. Tout d’abord, même si ce n’est pas une nouveauté puisque Luigi a la trouille depuis le premier épisode et que les fantômes fanfaronnent franchement depuis le second, l’animation dans ce 3ème volet atteint son paroxysme.
Notre protagoniste multiplie les grimaces alors que les fantômes sont plus expressifs que jamais, et ce même au cœur de l’action, tant et si bien que l’on peut découvrir à chaque combat de nouvelles mimiques ectoplasmiques ou molles de la part de notre avatar en jeu. La technique renforce également l’aspect visuel puisque même les décors ne sont pas en reste. En plus de la variété évoquée plus haut, chacun d’entre est sont jonché de déchets et de trésors avec lesquels interagir et réagissant à la physique du jeu. Si ce n’est pas toujours très très beau à voir, ça force le respect, d’autant que les décors restent élégants et que le jeu tient un solide 30 fps (même si on sent que ça tire lors des combats à l’environnement très chargé).
Ajoutons dans les points d’orgue les combats de boss. Si un boss n’est jamais une surprise dans un jeu vidéo (ou rarement du moins), Luigi’s Mansion 3 fait de chacun de ces affrontements un moment mémorable. Chacun de ces ennemis crève l’écran et laisse une empreinte mémorable dans l’aventure, d’autant qu’ils sont à l’image de l’étage dans lequel ils résident.
Qu’on ne se méprenne pas, il y a un minimum de déjà-vu dans les poncifs du genre en comptant par exemple un ennemi inspiré par l’Egypte ou même des boss squelettes mais si on ajoute tous les autres, on prend vraiment du plaisir à affronter et à découvrir son prochain adversaire et son caractère ridicule mais ô combien efficace. Une bouffée d’air frais qui nous aura franchement séduit.
En conclusion et selon nous, Luigi’s Mansion 3 est une réussite. Il injecte assez d’éléments inédits à son concept pour attirer le chaland sans pour autant dégoûter ceux qui s’y plongent en craignant la redite. Son aspect hautement cinématographique, le soin apporté aux décors et à l’animation, les différents clins d’oeil et les adversaires travaillent tous de concert pour donner aux joueurs, jeunes ou vieux, amateurs ou éclairés, une aventure mémorable qui n’a rien à apprendre des films d’animation en ce qui concernent le dynamisme des scènes, l’animation des personnage et l’ambiance générale.
Nous vous recommandons chaudement ce titre à savourer avec vos sucreries glanées à Halloween ! En revanche, c’est dommage que Nintendo ait manqué le coche d’une « trilogie du téton » en suivant la dynamique installée par les deux héros cités en introduction…