Depuis quelques années maintenant, Marvel semble décider à conquérir le monde du jeu vidéo, en proposant des jeux toujours mieux élaborés et inventifs. Après tout, un héros de comics n’est-il pas un héros de jeux vidéo en devenir ? Il a tout ce qu’il faut, des capacités impressionnantes, des ennemis à combattre et une trame scénaristique assez profonde pour nous tenir en haleine. Avec ces qualités, n’importe quel comics devrait pouvoir être adapté en jeu nous vendant du rêve, y compris pour Les Gardiens de la Galaxie !
Mais la réalité est malheureusement tout autre, car si certains jeux ont su conquérir leurs publics comme les excellents jeux Spider-Man d’Insomniac Games, d’autres au contraire n’ont reçu qu’une moue de désintérêt ou un soupir de déception à l’instar de Marvel’s Avengers qui continue à se battre pour séduire son public. Suite à cette déception, c’est avec une certaine appréhension que nous nous sommes lancés dans l’aventure Gardiens de la Galaxie, soucieux de savoir si ce volet allait retomber dans les travers de son prédécesseur ou au contraire nous offrir les étoiles.
(Test de Marvel’s Guardians of the Galaxy sur PlayStation 4 réalisée avec une version fournie par l’éditeur)
Laissez place aux Gourdins de la Galaxie !
Inutile de tourner autour du pot, lorsqu’il s’agit des Gardiens de la Galaxie, les gens savent exactement ce qu’ils veulent : de l’action décérébrée, de l’humour à foison, Baby Groot et des moments épiques. Et on doit reconnaître que l’équipe d’Eidos Montréal l’a très bien compris tant cette réinterprétation de l’univers des Gardiens sonne juste à nos oreilles. S’appuyant à la fois sur les comics autant que sur les deux films, ce jeu d’aventure nous offre une trame scénaristique qui happe assez rapidement les joueurs, l’intégrant à son univers. Chose qu’Avengers n’a jamais réussi à faire malheureusement.
Ainsi, notre aventure va tourner autour des cinq principaux Gardiens de la Galaxie, à savoir Star-Lord, Gamora, Drax le Destructeur, Rocket Raccoon et bien entendu Groot qui, suite à une guerre galactique, ont décidé de se vendre au plus offrant comme héros free-lance. Titre qui va envoyer nos héros voyager de problème en problème jusqu’à devoir sauver la galaxie d’une menace cosmique. Et c’est par ce simple élément que l’on constate que l’équipe de développement a compris l’essence des Gardiens. Ils ne sont pas des héros par choix, mais par de simples concours de circonstances.
Et c’est justement tout autour de cet esprit que va tourner le jeu. Ici, pas de prise de tête, pas de terrible événement traumatique dès le début, le jeu ne se prend pas trop au sérieux, mais joue au contraire sur une certaine légèreté. Ce qui ne veut pas dire qu’il fasse preuve d’immaturité. Bien au contraire, ce dernier traite aussi de sujet dur comme la perte d’êtres chers, la reconstruction de soi après un traumatisme, etc. Mais il n’en fait pas le cœur de son sujet.
Le scénario est bien entendu rempli de dialogues humoristiques parfaitement jaugés qui, nous concernant, ont fait mouche à chaque fois. Ces dialogues rendent par la même occasion les gardiens très attachants, que ce soit dans leurs moments d’éclat ou de faiblesse, mention spéciale à Rocket qui arrive à être aussi agaçant que génialement drôle. C’est sur ce point que les films ont d’ailleurs apporté leur plus grande influence, l’humour étant omniprésent au sein du jeu, au même titre que les musiques des années 80 sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement.
Il est aussi important de noter que le joueur n’est pas totalement spectateur de l’histoire malgré la linéarité du scénario. Durant les vingt heures nécessaires pour terminer les seize chapitres du jeu, il sera demandé à de très nombreuses reprises aux joueurs de participer à des dialogues ou de prendre des décisions qui auront plus ou moins d’influence sur votre partie, sans pour autant vous détourner de votre trame principale. Trame qui n’est d’ailleurs pas avare en références vu que tout au long de l’aventure, le joueur est amené à voir des lieux emblématiques ou des personnages connus comme Mantis.
Finalement, le seul défaut que nous pouvons concéder au scénario du jeu Les Gardiens de la Galaxie, c’est son côté un peu trop brouillon dans les premières heures. En effet, les premiers chapitres partent un peu trop dans tous les sens sans qu’on sache où cela va nous mener. Et même si cela ne gâche pas l’expérience de jeu, il faudra attendre un bon nombre de chapitres avant de voir le fil rouge se dessiner et notre aventure prendre une direction logique.
« Je glandouille pas, je fais du repérage… »
Après le scénario, intéressons nous plus en détail à l’exploration qui représente une bonne partie de ce volet. En effet, bien que le jeu soit assez linéaire, les développeurs ont tout de même tenté de donner un aspect exploration. Il faut reconnaître qu’à l’inverse d’un Spider-Man qui voit son scénario limité à Manhattan, les Gardiens de la Galaxie n’ont que les étoiles pour limites, ce qui a laissé une grande liberté d’environnement à Eidos Montréal, qui a su en profiter.
Bien que quelques réutilisations soient faites durant l’aventure, le jeu se dote de nombreux environnements variés issus ou non des comics. Ainsi, on prendra plaisir à découvrir des jungles totalement dépaysantes ou à voir des environnements connus enfin modélisés. Mention spéciale à la cité minière de Knowhere, qui est particulièrement bien recréée et qui, en plus d’être vivante, regorge d’éléments interactifs pour les joueurs curieux. Le tout évidemment sublimé par une patte graphique et une ambiance sonore travaillée.
Néanmoins, si graphiquement nous n’avons rien à reprocher à l’exploration, nous avons malgré tout quelques réserves en termes de gameplay. Bien que l’on sente que l’exploration n’est là que pour faire un lien entre les différentes phases de combat, on aurait aimé que cette partie soit un peu plus développée. Évoluant dans des cartes très linéaires, le sentiment de liberté se voit quelque peu bridé. Heureusement, le jeu regorge de chemins secondaires qu’il sera possible d’explorer afin de récupérer des objets cachés (tenues spéciales) pour les joueurs curieux.
On regrettera aussi le fait que les énigmes manquent quelque peu d’inventivité. Présentes en grand nombre, ces énigmes reposent essentiellement sur les capacités de vos compagnons ou sur votre armement. Bien qu’il soit appréciable de ne pas rester des heures sur un passage, il est tout de même regrettable de ne pas ressentir de difficulté lors de notre exploration, chaque obstacle étant plus qu’évident. La preuve étant que vos compagnons finiront par résoudre eux-mêmes ces énigmes à partir d’un certain moment, les développeurs sachant pertinemment que ces phases ne seraient pas suffisantes pour casser la linéarité de l’exploration.
On sent toutefois que ces derniers ont tenté d’enrayer ce sentiment, notamment avec les phases de contrôle du Milano qui sont assez agréables, mais trop courtes et rares pour inverser la tendance. Il faudra donc se contenter de la recherche de tenues et d’objets pour casser la linéarité, sachant que les artéfacts sont un véritable intérêt puisqu’ils permettent de débloquer des dialogues uniques avec vos compagnons dans votre vaisseau afin de mieux les connaître.
Gardiens ! Rassemblement !
Mais que serait un héros sans un bon méchant contre qui se battre tout au long de son dangereux périple ? Comme tous les jeux de superhéros récents, Les Gardiens de la Galaxie propose un grand nombre de combats dantesques permettant de mettre en avant les capacités incroyables de nos héros. Et comme pour le scénario, le mot d’ordre de ces combats est la simplicité et le dynamisme. Attention, nous ne parlons pas ici de difficulté en tant que telle, mais de la manière dont le système de combat est abordé.
À la différence d’Avengers qui a voulu donner un côté RPG à ses combats, avec la gestion d’équipements, les Gardiens ont préféré miser sur le fun, évitant aux joueurs de se faire des nœuds au cerveau en gérant trop d’informations. Les combats se veulent dynamiques avec quelques subtilités telles que les faiblesses ou encore le chancellement pour donner un aspect stratégique sans pour autant aller à l’encontre de l’amusement. Il faudra notamment choisir les capacités à débloquer pour les gardiens, mais encore une fois rien de trop complexe.
Il en résulte des combats franchement épiques et pas faciles pour autant. Il faudra bien gérer ses capacités, savoir quand reculer et quand foncer dans le tas. Et pour donner encore plus de rythme aux affrontements, la capacité « Rassemblement » est là pour ça. Ce boost ultime permet aux joueurs de rassembler les Gardiens pour un discours d’encouragement que vous devez choisir. Réussissez votre discours et vos compagnons deviendront des machines à tuer, ratez-le et vous n’aurez le droit qu’à des railleries et un léger bonus pour Peter Quill.
Mais face à ces informations, il peut paraître assez complexe de voir en quoi cette capacité redonne du rythme aux combats. La réponse tient en deux mots, La Musique ! La musique tient une place prépondérante dans le jeu. Grand fan de rock des années 80, Star-Lord ne manque jamais une occasion de lancer la musique et c’est notamment le cas durant le Rassemblement. C’est d’autant plus appréciable que la musique s’accorde à votre discours. Votre équipe est sur le point d’abandonner ? Rien de tel que Never Gonna Give You Up de Rick Astley. La BO comprend aussi du Bob Marley, du Billy Idol et d’autres standards des 80s.
Toutefois, nous noterons deux points améliorables concernant les affrontements. Le premier est l’utilisation de nos compagnons. Tout au long de l’aventure, nous jouerons exclusivement Peter Quill, les quatre autres gardiens faisant office de barre de compétences. Bien que nous ne réclamions pas forcément des phases de gameplay avec les autres gardiens, il aurait été intéressant que ces derniers aient une plus grande importance lors des affrontements.
Si ce premier défaut n’est qu’un détail selon nous, le second point est par contre plus dérangeant. Les combats de boss sont tous trop simples et trop peu accrocheurs. En temps normal, un combat de boss est l’occasion pour les joueurs de se mesurer à un défi un peu plus ardu qui mène à un sentiment d’accomplissement. Ici, les combats de boss sont trop faciles pour offrir cette sensation aux joueurs. Un défaut vraiment dommage surtout que les boss sont en général assez charismatiques.
Malgré ces quelques imperfections, les Gardiens de la Galaxie reste sans conteste un très bon jeu pour cette fin d’année 2021, et redonne espoir pour les jeux de Superhéros estampillé Marvel made in Square Enix. Tout comme Marvel’s Avengers il avait un fort potentiel, mais contrairement à lui il a su en tirer partie et réussir là où l’autre échoue lamentablement, le gameplay qui s’avère hyper fun.
Côté scénario, le titre n’est pas en reste non plus et il s’en dégage un profond respect de la licence. Ainsi, les fans de l’univers (tant ceux des films que des comics) y trouveront leur compte, ce qui n’exclue pas pour autant les joueurs les profanes de la saga. On est clairement face à un jeu qui ravira tout le monde et qui devrait se retrouver aux pieds de beaucoup de sapins durant les fête de cette fin d’année.