Fondé en 2003 et également auteur de jeux casu pour machines de salon et mobiles, le studio finlandais 10tons est néanmoins plus apprécié pour ses twin-stick shooters en vue de dessus efficaces, un genre assez peu représenté de nos jours, mais qui connaissait une belle carrière dans les années 80 et 90, sur consoles et en arcade. Contrairement à Kick Ass Commandos, que nous vous avions testé avec amour, les shooters de 10tons ne misent pas sur la carte nostalgique du gros pixel bien retro, et adoptent au contraire des graphismes léchés et modernes, avec un background généralement très cyberpunk.
On citera, parmi les productions du studio, des titres jubilatoires tels que Crimsonland, Neon Chrome, le récent Time Recoil, ou encore le futur Tesla vs Lovecraft (qui n’a jamais rêvé de déglinguer par dizaines les saloperies rampantes issues de l’esprit tortueux du célèbre auteur horrifique aux commandes d’un mecha surarmé ?). Mais aujourd’hui, c’est à Jydge que l’on va s’intéresser, un jeu qui adopte le style décrit précédemment dans la plus pure lignée des titres sus-mentionnés. Il est temps de voir si ce genre à priori désuet sait encore nous faire vibrer et rager, alors aux armes : le Jygement Dernier approche, et vous en êtes la main implacable !
Le Jydge n’est pas veny poyr discyter
La ville futuriste d’Edenbyrg n’est pas à la fête. Braquages de banques, prises d’otages, violence, gangs lourdement armés, destruction… la police se trouve un peu démunie face à la menace grandissante et aux hordes de malfrats qui parasitent la cité. Dans ce cas, pas d’autre choix : il va falloir envoyer un Jydge pour rappeler tout ce petit monde à l’ordre, et croyez-le bien, ces super-flics cybernétiques (qui a dit Robocop ?) ne font pas beaucoup de prisonniers.
Le scénario ne va pas tellement chercher plus loin que ce postulat de départ, c’est un peu dommage, mais après tout, on n’est pas là pour faire dans la dentelle, juste pour nettoyer la ville de sa gangrène. Du coup, on a affaire à tout un panel de missions basiques, dont les objectifs divers vous seront signifiés en débarquant sur les lieux de l’action. Dézinguer un chef de gang et ses sbires, venir au secours d’otages sans que ceux-ci ne se fassent massacrer, tout en essayant au maximum de ne pas en prendre plein la quiche seront votre lot quotidien dans Jydge, et ce background se suffit à lui-même : l’intérêt du jeu ne réside pas dans une narration grandiloquente, mais plutôt dans une action débridée.
Au début de chaque stage, vous êtes déposé sur les lieux par un véhicule volant, qu’il vous faudra rejoindre une fois votre mission accomplie pour passer à la suite. Dès lors, il va s’agir de garder un oeil sur les divers objectifs du niveau, histoire de ne pas échouer lamentablement. Par exemple, si vous devez sauver des otages pour accomplir votre croisade, mieux vaudrait pour vous que tous s’en sortent indemnes, sans quoi vous n’aurez plus qu’à recommencer le stage.
… and jystice for all
Et bien entendu, votre survie personnelle sera votre principale préoccupation, alors ne perdez pas de vue le cercle vert entourant votre Jydge, qui symbolise vos points de vie et passe progressivement du vert au jaune puis au rouge au fur et à mesure que vous mangez des dégâts. Il y a bien des robots médicaux par-ci par-là pour vous rebooster, mais ne comptez pas trop dessus, ils sont très rares, et tomber sur l’un d’eux en pleine déroute est une véritable aubaine qui peut parfois changer la donne entre réussite et défaite.
Pour le reste, vous ne pourrez compter que sur votre skill (et celle de votre compagnon si vous jouez à 2), chaque niveau pouvant être abordé différemment. Si vous êtes plutôt du genre méfiant et discret, vous aurez le loisir de trouver le meilleur angle d’attaque sans trop vous faire repérer. Si au contraire vous vous sentez en pleine confiance quant à votre équipement et votre brutalité, vous avez également l’opportunité de foncer dans le tas en défouraillant comme un cochon, ce qui s’avère souvent une tactique assez peu viable, surtout si les forces opposées sont conséquentes ou si elles comportent quelques boss bien velus.
De manière générale, la meilleure approche consistera à vous faire volontairement repérer par un ennemi, puis à battre en retraite pour vous le farcir tranquillement sans avoir ses hordes de copains sur le dos. D’autant que la difficulté des objectifs augmente rapidement de manière exponentielle, et ce pour la raison suivante.
Plys c’est dyr, meilleyr c’est
Lors d’un premier run de découverte d’un stage, vous avez droit à 3 objectifs à accomplir, dont un principal qui vous permettra de quitter les lieux sans vous préoccuper des deux autres une fois atteint. Ceci fait, vous débloquez un niveau de difficulté supérieur (« hardcore »), qui vous confronte à des ennemis plus virulents, mais aussi à de nouveaux objectifs à atteindre, et croyez-le bien, pour certains, on en cague des ronds de chapeau.
Alors me direz-vous, OSEF de ces nouvelles missions, on passe à la suite, c’est que du supplément pour rajouter de la durée de vie de manière artificielle ? Bah non, vous allez devoir vous les coltiner, ces objectifs annexes bien ardus. Pourquoi ? Parce que dans Jydge, il vous faudra un certain nombre de médailles à acquérir pour débloquer le niveau suivant, et ces médailles s’obtiennent en réalisant ces fameux objectifs propres à chaque stage. Donc, pas d’autre choix que de revisiter les levels déjà terminés pour tenter d’atteindre un maximum de buts secondaires afin de glaner les précieux trophées nécessaires à votre progression.
C’est là toute la difficulté du jeu, car certains sont vraiment compliqués, surtout ceux nécessitant d’arriver à vos fins en un temps ridiculement court. Pour y parvenir, il vous faudra gagner progressivement des améliorations pour votre personnage et pour son arme, et choisir avec discernement quelles extensions cybernétiques embarquer en fonction des exigences du stage concerné.
Et l’on en vient donc à ce qui fait tout l’intérêt de Jydge : les upgrades. Les fameuses médailles évoquées plus haut ne permettent pas seulement de vous ouvrir la voie aux stages suivants ; elle servent également à débloquer toujours plus de fonctionnalités pour votre cyborg et pour son Gavel (c’est le nom de votre flingos), à obtenir contre monnaie sonnante et trébuchante ramassée au fil des niveaux.
La cystomisation, c’est la (syr)vie
Le Jydge peut s’équiper de plusieurs pièces d’armure parmi un très large éventail, lui conférant plus de résistance, de vitesse, de portée de tir, mais aussi une invisibilité temporaire en se tenant dans l’ombre, un bouclier ou encore un supplément d’énergie vitale. La liste est longue, et chacun modulera son avatar selon ses envies et ses besoins. Il en va de même pour son arme, à laquelle vous pourrez attribuer un tir rebondissant sur les murs ou encore un débit de feu plus rapide, mais tout gain en puissance aura évidemment ses revers : portée moindre, rechargement plus long…
La customisation du perso et de son gun sera donc au coeur de votre progression, et il ne sera pas rare de retourner meuler les ennemis dans un stage précédent après avoir acquis la compétence nécessaire à l’accomplissement d’un objectif précédemment impossible à atteindre. Et le mieux, c’est qu’on prend grand plaisir à revisiter les anciens stages avec l’équipement adéquat. Un très bon point, et le jeu vous pousse constamment dans vos retranchements, à faire toujours mieux et ainsi, progresser toujours plus loin à pas de fourmi.
Pour conclure cet aperçu de Jydge, quelques mots sur l’aspect technique de la chose. Accompagné de musiques tantôt fichtrement dynamiques, tantôt un peu lounge (en fonction de ce que vous faites), vous évoluerez en arènes plus ou moins vastes dans un univers résolument cyberpunk, avec moult néons et armes futuristes à l’appui. La maniabilité est impeccable, et l’animation parfaitement fluide. Vous pourrez même choisir entre une vue de dessus totale (comme dans les bons vieux jeux d’antan) ou partiellement inclinée, selon vos goûts.
Jydge se situe dans la droite lignée de ses prédécesseurs, et fait plus ou moins office de suite ou d’extension à Neon Chrome. On a donc affaire à un top-down shooter de belle qualité, doté d’une difficulté punitive mais progressive, ainsi que d’une réalisation très cyberpunk. Le gameplay est impec’, et le jeu mise beaucoup sur la customisation du personnage ainsi que de son arme, qui vous permettra d’évaluer les risques à affronter afin de vous équiper au mieux. On appréciera alors de refaire plusieurs fois les stages pour amasser le plus de médailles possible histoire d’avancer toujours plus loin. Si vous avez connu la grande époque des twin-stick shooters, vous vous délecterez de celui-ci pendant un bon moment. Par contre, petits joueurs s’abstenir : Jydge n’est pas vraiment une promenade de santé.