C’est dans la ferme intention de permettre aux fans de la série du même nom que Square Enix est venu au-devant des joueurs avec cette nouvelle proposition qu’est Infinity Strash – Dragon Quest: Adventure of Dai. Et, logiquement quand un univers que l’on apprécie revient sous une forme interactive, on ne peut qu’apprécier l’initiative. Mais, évidemment, derrière cette joie, il y a aussi la crainte de voir l’essai échouer complètement ou, tout simplement, prendre la sinistre forme d’une opération commerciale.
Alors, sur quel pied danser avec cet Adventure of Daï ? Eh bien, malheureusement, il emprunte la voie de la plupart des adaptations : l’échec. La copie proposée par Square Enix n’arrive pas à insuffler le souffle épique qui devrait être ici une réalité. Pire : les choix pris par l’équipe de développement interrogent vivement.
(Test Infinity Strash – Dragon Quest: The Adventure of Dai sur PS5 réalisée via une copie fournie par l’éditeur)
Une paresse sans égal ?
Ce n’est donc pas une surprise, le titre de Square Enix nous emmène là où l’on s’attend à aller : dans le monde du manga/anime qui donne le rôle du héros au fameux Dai. Et, plus précisément, c’est à l’adaptation de 2020 que l’éditeur japonais compte rendre hommage. Le but est probablement louable et le fan sera sûrement content. Néanmoins, la joie ne demeurera pas et ne durera que le temps que le jeu montre de quoi il est capable, soit quelques minutes après le lancement et une fois le combat introductif passé.
En effet, Adventure of Dai utilise un procédé des plus fâcheux : le résumé d’événements censément connus (dont la transition d’une situation à une autre est parfois très maladroite). Ce qui est, diriez-vous, plus que normal dans le présent cas, puisque le titre ne peut relater tous les événements dans les moindres détails et ne peut qu’à juste titre se contenter de nous faire seulement vivre les moments les plus importants. Mais, ici, ce moyen de narration est plus que présent.
En fait, ce dernier constitue principalement le jeu, lequel terme perd ainsi son véritable sens qui n’est autre que de concerner son utilisateur en lui proposant de l’amusant et surtout de l’interaction. Ce qui n’est absolument pas le cas dans le titre que l’on nous présente ici. Où est ce sentiment de voyage que l’on est en droit d’attendre ? Au cours de notre périple – si c’est comme cela que l’on peut l’appeler – on ne trouvera que désolation et ennui.
Un jeu sans âme
Infinity Strash: Adventure of Dai remettra sans doute l’éternelle question « qu’attendre d’une adaptation vidéoludique ? » sur le devant de la scène. Est-on en droit d’attendre un divertissement de qualité ou doit-on simplement se résoudre à en voir un simple objet marketing ? Évidemment, chacun aura sa propre réponse et tout dépendra de chaque cas. Et nous, à la vue de ce que l’on nous propose, on ne peut qu’être de l’avis (bien subjectif et sans doute exagéré par l’amertume) d’avoir affaire à un titre malhonnête qui n’existe qu’à des fins d’exploitation.
Tout transpire l’inutilité. Et même, on n’ira jusqu’à se demander si ce n’est pas une vaste blague que l’on nous sert là. Car oui, où est le plaisir de voir tout simplement des images fixes défiler sans cesse. Alors oui, les voix de doublage arrivent à donner de la consistance et à animer, mais tout cela reste quand même bien insuffisant.
Il faut comprendre que chaque résumé lancé est en quelque sorte une mission qui s’offre au joueur, laquelle une fois passée – sans offrir la moindre interaction, on le rappelle – aboutit à quelques récompenses. Mais une récompense n’est-elle pas censée s’accompagner d’un sentiment d’accomplissement ?
Cependant, cela ne veut pas dire que l’on reste seulement dans le rôle du spectateur. Et c’est tant mieux, sinon il ne nous resterait qu’à replonger dans l’anime… Seulement, il n’est pas dit que le reste du contenu ait de quoi sauver les meubles. On y reviendra. Mais pour l’heure, il convient de nous questionner sur la raison d’un tel choix, qui apparaît plus que daté. Eh bien, il ne faudra pas aller chercher bien loin.
Le jeu est à considérer comme une succession de phases de combats, qui excluent toute possibilité de s’aventurer çà et là. Mais même dans ce domaine, on a très peu d’éléments positifs à faire valoir. Les affrontements manquent clairement de dynamisme, de cohérence et de diversité. Des défauts si présents qu’ils auront du mal à ne pas lasser.
En vérité, les confrontations que l’on sera amené à vivre ne conduiront que vers un seul chemin : l’ennui. Enfin, la plupart du temps, puisque, on ne va pas le nier, certains ont du potentiel –un potentiel qui n’est certes jamais mené à bout, mais bien présent tout de même. Et à ce sentiment se mêlera aussi, en quantité non négligeable, de la frustration.
La prise en main est simple. On manipule notre personnage, comme on l’a sans doute fait de multiples fois auparavant. Ce qui a le mérite d’être accessible à tous : on court droit devant à l’assaut de notre (nos) cible(s), on attaque via des estocades ou via des facultés spéciales, dont certaines sont à débloquer progressivement. Mais là où l’on nous perd, c’est dans l’exécution.
N’y a-t-il rien pour sauver le héros Dai ?
Si on devait le rapprocher d’un certain type de jeu, Infinity Strash ressemblerait à un musou où l’on se retrouve face à des hordes d’ennemis à abattre. Ce qui ne sera pas bien difficile au vu du challenge. En revanche, pour nos nerfs, ce sera un peu différent. Il est difficile de trouver un attrait à cela. Les décors que l’on parcourt sont très basiques, peu détaillés – comme s’il manquait la finition – et infiniment vides. Rien à récupérer, à découvrir. Tout ce qu’on a à faire, c’est donc avancer et défaire nos adversaires.
Et c’est bien mollasson, bien qu’il ait eu une petite volonté d’apporter de la variété. Pour essayer de trouver un semblant d’intérêt au jeu, c’est vers les boss qu’il faut diriger notre attention. Mais dire qu’ils sont tout à fait exécrables serait mentir, tout comme affirmer le contraire. On ne peut, il est vrai, prendre totalement plaisir à des combats où nos efforts paraissent vains, quand bien même la structure reste plus ou moins potable. Alors oui, la barre de vie de notre adversaire diminue, mais qu’en est-il de l’impact quasiment inexistant de nos coups.
Il est incroyable de voir que l’on ne peut ralentir ne serait-ce qu’un peu l’offensive ennemie. Elle est continuellement en branle, et nos attaques (peu importe leur puissance) ne peuvent y mettre un frein, nous poussant ainsi à prendre nos distances du mieux que l’on peut. Pour cela, il y a l’esquive, mais même là, il y a quelque chose qui cloche, puisqu’il est véritablement difficile de la mettre à profit. Il y a comme une certaine lenteur dans son utilisation.
Ainsi, la seule solution, c’est d’améliorer nos statistiques. Comment ? Eh bien, cela se traduira avant tout par l’association des souvenirs que l’on trouvera tout au long de notre cheminement, et notamment, dans la zone spéciale dédiée : un niveau où l’on ouvre porte après porte pour découvrir de nouveaux combats, lesquels déboucheront sur une sorte de boss. Mais là encore, ce n’est guère transcendant.
Toutefois, récupérer ou non ces souvenirs ne semble absolument pas essentiel, tant le jeu ne semble pas poser de réelle difficulté. Et puis, il n’est pas sûr que les joueurs voient la nécessité d’investir de leur temps à s’orienter vers ces futilités, parmi lesquelles se situent notamment toutes les quêtes annexes, qui, encore une fois, ne se limitent qu’à de la castagne.
Bref, vous l’aurez compris, il nous est difficile de conseiller cet Infinity Strash, qui semble tout droit venu du passé. Car oui, on a un peu l’impression de nous tenir face à une œuvre d’une autre époque. Et cela se voit également sur le plan technique et graphique : s’il n’est pas trop moche (mais pas beau non plus), le jeu reste tout de même inférieur à ce qui peut se faire actuellement. Même les cinématiques (qui tentent d’exister tant bien que mal) semblent un peu en deçà.
Tout cela ne pourrait être vu que comme autant d’éléments qui appuieront le fait que le développement de ce jeu n’a pas été de tout repos. En témoignent notamment les différents reports qui ont précédé la sortie. Est-ce pour autant une raison d’être indulgent ? À vous de voir…
Infinity Strash – Dragon Quest: Adventure of Dai est une déception. Point d’aventure comme on aurait pu logiquement s’y attendre. Le joueur, s’il désire tenter le voyage, ne trouvera qu’une fade copie dont la prestation ne se réduit pratiquement qu’à de la redite.
Au revoir toute joie, le jeu de Square Enix ne pourvoira son utilisateur qu’en ennui dû à son contenu bien fade, qui, la plupart du temps, ne se résume qu’à une succession d’images fixes. Pour une telle chose, on vous conseillera plutôt de conserver vos 59,99 euros bien au chaud.