Si le rétro a pu être un argument de vente il y a quelques années, l’abus de pixploitation (pour exploitation des pixels. Le mot est de nous, vous vous en souviendrez quand vous le lirez ailleurs) et un usage du design 80’s pas toujours justifié ont desservi la cause. Si, en jetant un œil aux screens de Hell Is Other Demons, vous vous dites « Encore un de ces shooter qui fait passer ses imitations pour un hommage rétro… », vous ne pourriez pas être plus loin de la vérité… !
T’as le look coco
Une chose saute aux yeux quand on démarre Hell Is Other Demons pour la première fois : son look. Il continue de sauter aux yeux les fois suivantes également, d’ailleurs. Le jeu est tout en gros pixels façons 8 bits, affichés en quatre couleurs flashy (rose/ bleu/ noir/ blanc). Alors, oui, ce n’est pas le premier jeu à se la jouer esthétique rétro, loin de là, mais ne partez par trop vite… Car ici, la forme sert le fond.
Oui, avec Hell Is Other Demons, on plonge autant en enfer que dans les années 80 (qui a dit « C’est la même chose » ??), ou plutôt la mode 80’s qu’on connait aujourd’hui, avec Strangers Things, les pastiches de VHS comme Turbo Kid (si vous ne l’avez pas encore vu, courez-y !) ou la synthwave. Genre musical qui est au programme de Hell Is Other Demons, puisque c’est The Algorithm, le groupe du français Rémi Gallego, qui s’occupe de l’excellent soundtrack du jeu. La bande originale jouera d’ailleurs pour un bon tiers du plaisir qu’on aura à prendre en main le jeu !
Retour vers le futur
Bien entendu, le look annonce la couleur. Enfin, les couleurs : quatre, donc. Un peu plus en fait, puisque progresser dans le jeu permettra de débloquer d’autres palettes, mais toujours de quatre couleurs. Le jeu est aussi rétro dans son gameplay que dans son apparence. Il se joue par tableaux qu’il faut nettoyer de ses ennemis, comme Bubble Bobble ou Bombjack en leur temps. Si le tableau en question peut légèrement scroller verticalement, on est bien coincé dans ses limites, pas beaucoup plus importantes que celles de l’écran. Pour éliminer les ennemis, notre personnage dispose d’une sorte de fusil d’assaut, et peut piétiner les monstres à la manière d’un plombier moustachu infernal.
Les monstres éliminés, comme tout bon monstre de jeu vidéo pré-3D, vont lâcher des pièces, qui permettront d’upgrader les armes, la santé, etc. Ils peuvent aussi, à l’occasion, lâcher un cœur (qui rend bien évidemment un point de santé), ou un jeton permettant de lancer une attaque spéciale. Et c’est là qu’intervient un élément de gameplay important et à prendre en compte : le personnage attire et s’empare des pièces à proximité si il n’est pas en train de tirer. Impossible donc de rester le doigt cramponné à la gâchette arrosant le niveau à loisir, au risque de rentrer bredouille…
L’architecture du niveau va aussi venir nous compliquer la tâche : tandis qu’on tente d’éviter des nuages de boulettes et autres tête de morts comme dans un shoot’em up des enfers, les plateformes nous jouent elles-aussi des tours : des pics en sortent, elles se retournent… Bref, il va falloir être agile pour s’en sortir. Et c’est là à la fois la proposition de Hell Is Other Demons et sa grande réussite : un jeu au concept définitivement rétro, mais avec des exigences d’aujourd’hui.
Il était une fois un démon qui devait tuer tout le monde. Fin.
On commence souvent la critique d’un jeu par son histoire, pour remettre les choses en contexte. Mais bon, l’histoire ici est complètement accessoire. Un démon rebelle et armé va décimer tout ce qui bouge aux enfers. Voilà, à vous. Après tout, il y avait une histoire dans Tetris ? L’ambiance démons et squelettes ici colle bien à l’esthétique synthwave du jeu, avec ses têtes de morts en pixels au premier plan, ou les boss, des démons démesurés qui ne jureraient pas sur les affiches de concert de Perturbator…
Signez Ici
Celui qui, probablement en échange de gloire et fortune, a vendu son âme au diable, le moment venu, pourrait déclarer : « c’est cool, mais c’est hardcore ». C’est un peu l’idée qui traverse Hell Is Other Demons. Le jeu est très vite très difficile. Cependant, il n’est jamais inaccessible. L’entrainement d’abord, permettra d’avancer. Les ennemis arrivent par vagues, appelées dans le jeu les Hordes. Chaque niveau accueillera un certain nombre de Hordes, et en cas d’échec, un tableau récapitulatif vous rappellera ce que vous avez accompli, en termes de pièces ramassées, de temps, de points… Ainsi que les Hordes vaincues. Sur un niveau qui nous avait particulièrement résisté, on voyait pourtant des progrès au niveau des Hordes : d’abord 2/5, puis quelques parties plus tard, 3/5, 4/5… Le système nous encourage à persévérer.
Et en cas de vrai blocage dans un niveau, l’upgrade et souvent la solution. Des boutiques sont en effet présentes sur la carte, permettant d’acheter armes plus puissantes, outils de régénération, améliorations de santé, etc. Les boutiques sont accessibles derrières les niveaux, qu’il faut d’abord nettoyer. Toutes les boutiques ne proposent pas les même objets, et il faudra peut-être aller voir ailleurs sur la carte, réussir d’autres niveaux, pour accéder à la boutique qui proposerait LA solution pour vaincre ce boss qui vous résiste depuis quelques jours…! D’où la nécessité d’attraper des pièces, et donc de lever le doigt de la gâchette de temps à autres… (voir plus haut).
Le jeu peut aussi convenir à des profiles plus « hardcore gamer », qui s’astreindront à réussir tous les défis de chaque niveaux (réussir en un temps T, ne pas utiliser de coups spéciaux…).
– Kévin, on mange !
– J’arrive…
– Tu m’as dit ça il y a 20 minutes !
Le jeu est parfait pour des parties courtes. Une arène peut se nettoyer en deux minutes. Les niveaux des boss sont un peu plus longs, mais jamais plus de quelques minutes. C’est donc le jeu parfait pour une courte session de jeu, dans le métro ou pendant que les pâtes cuisent. Attention toutefois au syndrome du « juste une dernière » ! On se prend en effet très rapidement au jeu, et conscient de nos progrès, on peut avoir envie d’enfin venir à bout de ce satané niveau, quitte à descendre à la prochaine station et refaire le chemin en sens inverse en trottinette électrique.
Hell Is Other Demon est visuellement très réussi, avec son esthétique dans l’air du temps mais pas vide de sens. Le sound design du jeu est lui aussi d’excellente facture, et on s’imagine tout à fait pouvoir écouter sa b.o. en dehors de session de jeu. Quant au gameplay, il est à l’avenant. Alors bien sûr, si votre truc à vous, ce sont les aventures narratives, les paysages photoréalistes et la motion capture, passez votre chemin ! Mais si vous êtes à la recherche d’un petit challenge particulièrement bien exécuté, avec une saveur rétro, mais qui n’oublie pas d’être un jeu de son temps ; si en plus vous êtes du genre à écouter Power Glove ou Carpenter Brut, et qu’en ce moment, avec les exam’ ou le boulot, vous n’avez plus trop le temps de vous lancer dans des JRPG qui durent des 120 heures, alors Hell Is Other Demon sera fait pour vous !
Cerise sur le gâteau, le jeu coûte moins de 10€. On aurait pu le conseiller à plus, mais à ce prix-là, il n’y a évidemment plus d’hésitation possible, pour le peu que vous soyez la cible du titre.