Annoncé lors du Nintendo Direct Mini Partner Showcase le 28 juin dernier, Harvestella faisait figure d’ovni parmi les nombreux autres projets de Square Enix. À mi-chemin entre un J-RPG traditionnel et de la simulation de vie, le titre est la première proposition du studio japonais qui souhaite profiter de l’essor des jeux dits cozy games.
Sur le papier, Harvestella nous propose de vivre une histoire épique dans un univers intrigant tout en offrant des moments de répit et de réconfort avec l’agriculture et une belle direction artistique. La promesse est-elle tenue ?
(Test de Harvestella sur Switch réalisée à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Une proposition riche…
Harvestella nous plonge dans un univers rythmé par les saisons qui sont elles-mêmes régies par des phénomènes mystérieux baptisés lumicycles. L’intrigue tourne autour d’un fléau qui menace toute forme de vie : le Quietus ou la saison de la mort. Si le coup de l’amnésie du personnage principal est vu et revu, Harvestella arrive à distiller de l’originalité avec cette intrigue qui donne envie de découvrir les secrets de ces phénomènes et les enjeux qui gravitent autour. Le titre est réglé à la minute près par ces phénomènes et le temps passe plutôt rapidement, surtout lorsque l’on voit l’étendue des activités proposées.
Entre les récoltes, la gestion de la ferme, la pêche, des quêtes principales et secondaires ou tout simplement l’exploration des zones, on prend plaisir à enchaîner les journées malgré le système plutôt frustrant de journée et de fatigue, mais qui permet finalement de donner un rythme et une structure à la journée. On apprend à apprécier et à s’accrocher au quotidien.
Le temps passe très rapidement et ne se calque pas sur une journée en temps réel comme cela pourrait être le cas avec Animal Crossing, par exemple. Tout est régi par le temps et le système d’endurance de notre personnage principal. Chaque geste consomme un temps précieux, notamment au niveau du craft. Il est donc essentiel de planifier sa journée qui commence à 6h et se termine aux alentours de 20h, au risque de s’évanouir de fatigue.
L’exploration démarre à partir d’une carte du monde qu’il faut parcourir pour accéder aux zones semi-ouvertes et aux donjons. D’ailleurs, le déplacement dans la carte du monde prend énormément de temps. Même si effectivement, les voyages IRL peuvent être longs, peut-être qu’il n’était pas obligé de rendre cet aspect si réaliste…
… mais frustrante !
Si la proposition est riche, on s’aperçoit que la simulation de vie et l’exploration ne semblent pas abouties. Qu’est-ce que c’est frustrant ! Square Enix a mixé plusieurs genres, à savoir donc la simulation de vie avec le J-RPG tout en y distillant sa patte artistique.
La gestion de la ferme est assez simpliste et limitée, aussi bien en termes de possibilités que d’espace. Si au début, on commence tout simplement par planter des graines et les arroser en ayant hâte de développer notre ferme et en faisant des plans sur la comète, le jeu nous ramène rapidement à la réalité. En effet, Harvestella est vraiment très loin des possibilités des géants du genre comme Stardew Valley. L’ergonomie n’est pas au rendez-vous avec des combinaisons de touches peu intuitives. Combiné avec la frustration de ne pas pouvoir plus développer sa ferme, l’expérience reste reposante, mais possède quand même un arrière-goût amer.
Les combats sont très simplistes. L’attaque est la seule solution pour se battre, et il est impossible de parer ou de se défendre autrement que de courir dans tous les sens pour éviter les coups. Néanmoins, le jeu permet d’alterner entre plusieurs classes, de quoi dynamiser un minimum les combats. Mage, guerrier, marcheur de l’ombre… Toutes ces classes sont à améliorer pour être plus efficace et débloquer des compétences maximisant les dégâts.
Commerçants et autres artisans proposent d’acheter des graines pour sa ferme, des livres de recettes, des améliorations pour les armes, ce qui permet d’étoffer son catalogue et de varier les récoltes. Très loin d’un Atelier, le craft reste assez limité, notamment concernant les armes. C’est une forgeronne qui améliore vos armes et celles de vos compagnons en échange de quelques pièces. C’est dommage. On aurait préféré avoir une forge dans la ferme où on peut confectionner nos propres armes ou pièces d’équipement.
Une ambiance reposante
Au-delà de la simulation de vie et de l’exploration, Harvestella est avant tout un beau jeu qui se démarque par une belle direction artistique et une ambiance musicale prenante et relaxante. Signée Go Shiina (Tales Of), la musique est tantôt relaxante avec du folk au village et à la ferme, et dynamique lors de l’exploration avec des violons et des cuivres pour souligner le côté épique.
Il y a également tout un pan de la narration qui est axé sur les relations que l’on entretient avec les habitants que l’on rencontre, centrées autour de la bienveillance. Même si certaines quêtes secondaires peuvent se montrer répétitives, celles-ci permettent d’en apprendre davantage sur l’histoire des différents villages et leurs habitants. On s’attache ainsi un peu plus à l’histoire et de manière plus globale au quotidien.
Les projets de Square Enix sont nombreux et se succèdent, cela se ressent sur le résultat global de Harvestella. Le titre semble souffrir de la cadence de rythme et paraît, sur certains éléments, pas abouti. Malgré la proposition intéressante de mélanger Action/RPG et simulation de vie dans un univers marqué de la patte de Square Enix, le résultat est frustrant.
La gestion agricole et les combats manquent de profondeur. Le titre souffre également du manque de puissance de la Nintendo Switch lorsque plusieurs ennemis sont présents à l’écran, mais dans l’ensemble, cela ne perturbe pas l’expérience de jeu. Harvestella jouit toutefois d’une belle direction artistique et d’une trame sonore sublime qui permet au titre de se démarquer.
Loin de concurrencer les géants du genre comme Stardew Valley ou Rune Factory, Harvestella reste un bon jeu pour les amoureux de J-RPG et de simulation de vie. Il reste le premier pas de Square Enix dans le genre et mériterait une nouvelle tentative qui gommerait tous les défauts mentionnés.