Nous ne cherchons pas à nous montrer dithyrambiques mais il faut le dire, aujourd’hui, dans un marché qui se sature en jeux d’action/platformer/run and gun, porté par la nostalgie des plus anciens joueurs, biberonnés aux logiciels de ce genre dans leurs tendres enfances, Inti Creates a une place de choix. Lancé en 1998, ce studio fondé par des anciens de Capcom a non seulement offert à Mega Man une nouvelle jeunesse en créant les spin-offs mettant en scène Zero, mais également avec Shantae (en partenariat avec WayForward) ou leur Azure Striker Gunvolt. En somme, ils ont du bagage. Et ce bagage, ben ils s’en servent à présent pour offrir à Gunvolt son premier spin-off.
Pour ce titre, le développeur offre à Coppen, le second personnage jouable du deuxième épisode, le début de sa carrière solo dans un titre à prix réduit. Attendez une minute, ils sont en train de nous faire un nouveau Mega Man Zero, c’est ça ? Ouais, c’est ça et c’est pour vérifier si ça vaut le coup de s’y pencher qu’on vous a rédigé ce test de Gunvolt Chronicles: Luminous Avenger iX. Alors, digne de votre argent et de votre temps ?
Gunvolt Chronicles, le conflit continue
On ne peut pas facilement expliquer l’histoire sans revenir sur la série principale. Dans un avenir plus ou moins proche, notre monde a changé. Effectivement, certains êtres humains ont développé des super-pouvoirs en puisant dans une nouvelle source d’énergie appelée « Septima ». Ces Adeptes, qui ne sont au final que des mutants, sont gardés sous le joug de diverses organisations dont la plus connue et la plus grosse s’appelle le « Groupe Sumeragi » et c’est grâce à elle que le monde est en paix… Enfin, une paix toute relative puisque dans l’ombre, cette dernière se livre à des expériences, aussi bien sur les humains que sur les Adeptes afin de savoir comment se développent les pouvoirs et comment les forcer à se développer. Vous sentez le coup venir ? Oui, ils veulent créer une société uniquement peuplés d’Adeptes et dont le groupe serait à la tête. C’est dans ce contexte que naît Coppen, le héros que nous allons être amenés à suivre dans Gunvolt Chronicles: Luminous Avenger iX.
L’histoire prend donc place une centaine d’années après la dernière apparition du jeune homme et Sumeragi est parvenu à ses fins. Le peuple est principalement composé d’Adeptes et le reste des humains vivent dans des poches de résistance, principalement sous terre. Notre protagoniste, qui n’a pas cessé le combat depuis le dernier épisode, se retrouve dans un nouveau bastion du groupe avec Lola, son assistante robot, et tombe nez à nez avec Koharu et une bande d’enfants humains auxquels il décide de venir en aide. Et c’est ainsi que se lance cette nouvelle aventure. Seulement, si nouvelle zone signifie nouveaux amis, cela signifie aussi nouveaux ennemis et notre personnage se retrouve confronté à un guerrier mystérieux qui le bloque dans son combat face à Sumeragi…
Un dernière encart ici pour indiquer que le jeu est visuellement somptueux. Plus fin que n’était Azure Striker Gunvolt 2, il est très agréable aux mirettes et plaira forcément à un fan d’art pixélisé. Les gens qui en ont un peu marre des rendus 16-bit pourront quant à eux se tourner vers une autre cartouche mais ils manqueront également les très élégants artworks disséminés ci et là dans le scénario. Un soin tout particulier a été opéré sur l’esthétique pour ce titre et on peut reconnaître que ça paye. Pas étonnant qu’Inti Creates ait fait la promotion de son titre au travers de ceci sur Twitter.
Gunvolt Chronicles, une précision chirurgicale…
Gunvolt Chronicles: Luminous Avenger iX est donc bien comme la série principale un action-platformer. On y manipule Coppen, le héros par intérim qu’on a pu découvrir dans Azure Striker Gunvolt 2 et qui nous propose ici quasiment le même gameplay. Dans les grandes lignes et comme dans la majorité des titres de ce genre, notre héros court, saute, tire et dash dans des niveaux linéaires et parsemés d’ennemis. La différence avec les autres jeux en revanche est que notre héros possède un mode de ciblage qui s’active quand on se rue sur les ennemis. Ce ciblage s’opère grâce à un stock de cartouches présent dans le coin bas gauche de votre écran et qui constitue la base de toutes les actions spéciales du héros telles que (justement) dasher, flotter dans les airs… et qui se remplit avec le temps ou chaque fois qu’on élimine un ennemi (on peut aussi le recharger manuellement une fois au sol en appuyant 2 fois sur bas). Un joueur habitué peut donc terminer un niveau sans même toucher le sol s’il gère parfaitement ses ressources.
Ces munitions font également office de bouclier permettant à Coppen d’encaisser des coups à sa place et protéger ses points. Des points ? Oui, comme pour Gunvolt, Gunvolt Chronicles: Luminous Avenger iX est un jeu dont le principe repose sur le scoring. Ainsi, le temps pris à terminer un niveau, le nombre d’ennemis abattus en chaîne, etc… vous octroient des points, ces derniers vous offrant de meilleurs récompenses en termes de note de fin de niveau. Bien évidemment, vous êtes libre de vous y investir mais le jeu peut-être apprécié en ignorant totalement cet aspect. En revanche, les meilleurs scores vous offrant de meilleures récompenses, vous pourrez ainsi plus facilement customiser l’arsenal de compétences de votre héros. Enfin, là encore, il faut le dire vite.
En bref, vous pouvez considérer le titre d’aujourd’hui comme une synthèse entre Mega Man (par la capacité de Coppen à utiliser une compétences provenant des ennemis vaincus) et de Gunvolt (puisque notre personnage peut être personnalisé). En effet, les point durement acquis dans les niveaux peuvent être dépensés afin d’ajouter des options à notre héros. Munitions supplémentaires, recharge accélérée, différentes améliorations de votre overdrive… font partie des facultés mises à votre disposition et accessibles si votre bourse est assez remplie. Overdrive ? Eh oui, comme l’Azure Striker, Coppen peut lancer une frappe qui nettoie l’intégralité de l’écran. Utilisée intelligemment, cette capacité peut aussi permettre de bloquer des attaques de boss et c’est bienvenu puisque le jeu n’est pas le titre le plus simple qui soit.
D’ailleurs, les débutants seront ravis d’apprendre que de temps à autres, Lola, l’assistante, se matérialisera pour vous chanter une chanson, vous octroyant ainsi des munitions illimitées et la possibilité de voler en continu. En revanche, vous n’êtes pas invincible donc soyez prudent.
… mais quelques cibles manquées
On le disait plus tôt, Gunvolt Chronicles: Luminous Avenger iX est une synthèse et ça lui réussit plutôt bien mais le jeu manque cruellement de quelques options qui auraient été bienvenues pour les fans de jeux d’action. Tout d’abord, le jeu se termine assez rapidement en ligne droite et à moins que vous soyez un fanatique du scoring, il n’y a pas grand chose à faire une fois le titre terminé et pas grand chose qui donne envie d’y revenir. Deuxièmement, faire un jeu axé sur le scoring en 2019, bon, disons que c’est un choix mais pas de leaderboards… Enfin… c’est un peu dommage ça non ?
Enfin, Azure Striker Gunvolt nous offrait de vous frotter à des missions afin de débloquer des éléments de crafting ou au pire de la monnaie pour vous permettre de customiser votre arsenal, pourquoi ne pas avoir proposé des challenges similaires aux joueurs… Même contre rien, ça aurait été un plus. On a juste l’impression que les prix abusés de la boutique ont été faits pour imposer aux joueurs de faire des niveaux en boucle encore et encore pour gonfler le temps passé sur la cartouche sans que ça n’en vaille vraiment la chandelle.
Enfin, pour une licence inspirée par Mega Man, la musique est très très pauvre. Si on peut reconnaître que ce n’était pas forcément le point fort de la série dont ce jeu est le spin-off, la BO atteint ici le fond de l’originalité musicale, lorgnant toujours dans les tons electro propres à son univers mais souffrant d’un manque cruel d’originalité. Si les thèmes enregistrés (et offerts en CD dans la version physique japonaise) appelés Hymnes (c’est quand Lola chante pour vous booster) sont un plus, elles ne sont en fait qu’un cache-misère, se contentant elles aussi du minimum absolu tant elles ressemblent à n’importe quelle chanson d’idol ou de vocaloid que vous retrouvez sur YouTube ou une playlist « Taiko no Tatsujin ». Un gros gâchis de moyen…
Gunvolt Chronicles: Luminous Avenger iX est un bon titre dans l’ensemble. Effectivement, difficile de se plaindre d’un Mega Man-like qui nous propose ici pour une quinzaine d’euros, l’intégralité de ce qu’on attend d’un jeu de ce genre et ce, servi par des maîtres du genre. En revanche, c’est tellement dommage de ne pas avoir poussé un peu plus puisque, quitte à repomper sans vergogne une partie des éléments mis en place dans le dernier soft de la série des Azure Striker Gunvolt, pourquoi en avoir évincé d’autres ?
Cela étant dit, il reste que pour ce prix là, le soft nous offre du frisson, de l’action et une bonne demi-douzaine d’heure de jeu, que vous pouvez multiplier par 2 si vous souhaitez tout débloquer (enfin, il va vous falloir aimer grinder en revanche…). Il aurait vraiment fallu peu pour que ce Gunvolt Chronicles: Luminous Avenger iX soit un incontournable…