Alors que les Tortues Ninja squattent les consoles plus qu’à leur tour (Cowabunga Collection et Shredder’s Revenge à l’été 2022, Splintered Fate et Wrath of the Mutant en 2024, Mutants Unleashed à venir…), et que les Power Rangers, après avoir donné un VS fighting étonnamment efficace (Battle for the Grid, 2019), sont très attendus avec le néo-rétro Rita’s Rewind, un autre « saturday-morning cartoon » (que nous traduirions par « dessin animé du mercredi » !) veut sa part du gâteau nostalgique : GI Joe.
GI Joe Wrath of the Cobra est donc un beat’em all rétro tout en pixels bardé de fan service… Un de plus ?
(Test de G.I. Joe Wrath of the Cobra sur PC réalisé via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Le plus grand de tous les héros
Bien qu’elle semble moins populaire chez nous que les Maîtres de l’Univers (donnée complètement aléatoire et étayée par aucun chiffre), GI Joe est, comme pour Musclor, d’abord une série de jouets incroyablement étendue dans le temps et disposant d’une gamme imposante. Née dès 1963 avec des figurines de 30 cm (connue ici encore de nos jours sous le nom d’Action Man), le nom GI Joe est aujourd’hui surtout associée aux petits personnages de 10 cm et à leurs véhicules, nouvelle direction donnée aux jouets dès 1982.
En même temps que ce « rebranding », Hasbro produira une série animée afin de servir de publicité à ses jouets, en leur offrant un univers dans lequel on découvrira le combat du bien (les GI Joe) contre le mal, (les forces de Cobra).
Une toile de fond qu’on retrouvera dans Wrath of the Cobra, qui débute justement par des images qui semblent tout droit sorties de la série animée des années 80.
« Je mets les pieds où je veux… »
On l’aura compris, la nostalgie sera l’un des arguments principaux du jeu. Le seul ? On aura aussi le plaisir de retrouver un « vrai » jeu rétro, qui se passe des technos et de ce que le jeu vidéo a appris en termes de game design entre les années 16 bits et aujourd’hui.
GI Joe Wrath of the Cobra est ainsi « dans son jus », et pourrait parfaitement s’être échappé de la ludothèque Mega Drive. C’est en effet un beat’em all à défilement horizontal qui progresse d’écran en écran : ce n’est qu’une fois tous les ennemis vaincus que l’on peut progresser jusqu’au « tableau » (pour utiliser un terme dépassé) suivant, où il s’agira de combattre une nouvelle salve d’ennemis, etc… Golden Axe ou Street of Rage ne sont pas loin.
Encore que… ! Street of Rage, puisqu’on parle de lui, avait réussi avec l’excellent Street of Rage 4 à proposer quelque chose fidèlement hérité des classiques des 90’s, tout en ayant des composantes très modernes (un certain sens du rythme, les enchainements ininterrompus…).
GI Joe reste lui très simple, pour ne pas dire simpliste : un coup fort, un coup plus puissant (mais plus lent), un coup spécial, la parade et le saut : voilà l’éventail complet des possibilités de gameplay. Et ne croyez pas enchaîner telle ou telle commande pour créer par exemple des combos imparables ou des chorégraphies virevoltantes ; si une parade exécutée au bon moment permet de réaliser un contre, c’est à peu près tout ce qu’on trouvera comme complexité dans les contrôles.
En vérité, on passera surtout son temps à écraser répétitivement le bouton d’attaque rapide, en envoyant une « magie » de temps à autres, notamment quand on est cerné de trop nombreux ennemis. Ce qui n’est pas désagréable. Un jeu « bête et méchant », qui permet de poser son cerveau le temps d’une partie, comme il y a des romans de gare ou des films de kung-fu de série B, est aussi une proposition qui fait sens… mais qui manque tout de même un peu de finesse.
Une certaine raideur dans le gameplay qui est partiellement compensée par le grand nombre de modes de jeu à débloquer avec la monnaie amassée au fur et à mesure de l’élimination des mobs : boss rush, contre la montre, mode sans gravité, mort subite…
Fan Service
Côté ennemis, le jeu est là aussi plutôt généreux. Si on constate quelques « color swap », notamment sur les mini-boss, on découvre quand même de nouveaux ennemis à chaque niveau. Et ce ne sont pas que de nouveaux sprites : leurs attaques évoluent aussi offrant un peu de variété en retour à un système de jeu assez rigide.
On retrouve également les grands méchants célèbres de la série : Commandant Cobra, la Baronne, Destro… Et bien entendu les héros de la team des GI Joe. On regrettera peut-être une traduction potentiellement automatique, avec pour résultat certains personnages qui se retrouvent avec leur nom traduit en français. Roadblock devient ainsi Barrage Routier (?!), et le ninja Snake Eyes est rebaptisé Yeux de Serpents…
Mais là où le jeu passe complètement à côté de son sujet, c’est concernant les véhicules. La gamme de véhicule était au cœur de la marque. C’est d’ailleurs pour pouvoir proposer de nombreux véhicules que les personnages ont été redimensionnés au début des années 80. Or, le jeu, qui s’appuie grandement sur le fan service, ne permet pas de prendre le contrôle de ces véhicules.
On rencontre alors effectivement le tank H.I.S.S., le Flight Pod ou le jet-pack ailé Air Assault, mais c’est à chaque fois pour les affronter, et jamais hélas pour avoir le plaisir de les contrôler.
Si G.I. Joe Wrath of the Cobra est assez chiche sur ses mécaniques et son gameplay, il tente de se rattraper sur le contenu : personnages cultes, méchants emblématiques et véhicules caractéristiques, l’éditeur promet même qu’il en a encore sous le pied, et que le jeu continuera à recevoir du contenu fan service après sa sortie. Les modes de jeux sont également très nombreux, pour le peu que le jeu réussisse à vous tenir en haleine après les 3 à 5 heures nécessaires pour boucler le premier run en difficulté « normale ».
Néanmoins, il nous semble que l’impact culturel qu’ont pu avoir les figurines et les séries animées est moins important que pour d’autres gammes de jouets (Transformers, Maîtres de l’Univers…). Pourtant, si l’on appelle aujourd’hui les figurines des « action figures », c’est bien un héritage de G.I. Joe ! On est moins certain que le jeu vidéo Wrath of the Cobra laissera une telle marque dans l’histoire…