Riche de cinq épisodes canoniques et de trois jeux dérivés, la saga Gears of War est un pilier du TPS. Pendant longtemps, la saga d’Epic Games était un maître étalon en la matière : expérience coopérative au sommet, campagne explosive et multijoueur brutal. Au fur et à mesure des années, beaucoup s’en sont inspirés sans jamais véritablement l’égaler. En plus de proposer une version retravaillée, Gears of War: Reloaded marque surtout l’arrivée de la saga dans le camp PlayStation.
Mais 19 ans après l’épisode original et 10 ans après une version Ultimate qui avait déjà pour mission de remettre au goût du jour le célèbre TPS, Gears of War avait-il réellement besoin d’une version modernisée ?
(Test de Gears of War: Reloaded sur PS5 réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur. Étant dans l’incapacité de récupérer nos captures d’écran, les images issues du test proviennent du site de l’éditeur.)
Pionner du TPS
L’humanité est en péril. Les ressources de la Terre s’amenuisent, les Hommes se tournent donc vers les étoiles et plus particulièrement vers la planète Sera. C’est dans les sous-sols de cette planète que des scientifiques ont découvert l’imulsion, une nouvelle source d’énergie pouvant sauver ce qu’il reste de notre civilisation. Mais le forage de cette substance a par mégarde tué et transformé des milliers de Locustes, un peuple autochtone troglodyte. En quête de vengeance, les Locustes s’organisent pour massacrer le reste d’humains présents sur leur planète. Organisée sous la bannière du CGU, l’humanité va tenter de contrer la menace grâce à un homme : Marcus Fenix.
Gears of War n’a jamais brillé de par son scénario (excepté par quelques séquences). La création d’Epic Games est avant tout un gigantesque défouloir dans lequel s’enchaînenr des situations toujours plus explosives. Mais là où Gears of War a su se démarquer de la concurrence à l’époque, c’est au niveau de son gameplay : un TPS nerveux misant beaucoup sur son système de couverture. Car même si vous incarnez des mastodontes testostéronés, Marcus et sa bande ne sont pas pour autant invulnérables. Vous devrez donc être aussi rapide que possible et étudier les possibilités de contournements pour triompher des ennemis.
Une version qui recharge à vide
Cette version dite reloaded de Gears of War nous promettait un affichage 4K, un travail de fond réalisé sur les textures, les ombres et les lumières, et force est de constater que celle-ci est plus proche d’un simple portage de la version antérieure, la ultimate, que d’une réelle adaptation pour PlayStation 5.
Les textures bavent, les éclairages sont criards et nombreux sont les bugs d’affichage, de clipings et de ralentissements. Certains éléments de décors, personnages ou encore véhicules sont plus d’une fois passés au travers d’un mur devant nous, les éclairages sont relativement mal gérés selon les endroits où nous nous trouvons et l’intelligence artificielle n’est pas en reste. Qu’il s’agisse des Locustes ou des agents du CGU, il n’est pas rare de voir un allié se planter droit comme un piquet face aux tirs ennemis, ou un adversaire changer de couverture pour se mettre face à nous croyant être à l’abri. L’expérience globale se retrouve fortement impactée par toutes ces déconvenues, d’autant plus que Gears of War a bien vieilli.
Gears of War est le vestige d’une autre époque. Depuis sa sortie en 2006, d’autres se sont imposés dans le paysage du TPS et ont redéfini à leur tour le genre. En rejouant à Gears of War aujourd’hui, impossible de ne pas souligner une certaine rigidité dans le gameplay, une lourdeur globale dans les déplacements et un manque d’intensité dans les séquences d’action. Les équipes de The Coalition ont effectué un travail sur la maniabilité et la rapidité, mais ce changement est encore trop timide pour avoir un réel impact.
Dans le cas de Gears of War, peut-être qu’un remake plus qu’un remaster lui aurait été plus profitable. En effet, les points soulevés sont symptomatiques d’un autre temps, un temps où nous consoles toussaient pour afficher le moindre pixel d’une production de taille. La proposition faite de s’ouvrir à un nouveau public (l’exercice du remaster couplé à l’arrivée sur PS5) est plus que louable, mais à trop vouloir conserver l’essence de base d’un jeu, la possibilité de perdre une partie du public en cours de route est un risque à prévoir.
Comme beaucoup avant lui (et d’autres suivront), Gears of War est tombé dans le piège du remaster paresseux. Le passage de la licence sur PlayStation reste une excellente chose, et cela permettra à certains joueurs de découvrir cette saga, mais dans les faits il s’agit encore d’une version lissée qui n’a pas grand-chose à offrir hormis un acte supplémentaire pour sa campagne et le retour du multijoueur tant adulé par le passé.
Gears of War: Reloaded n’est pas une bonne version du TPS d’Epic Games. Vestige d’une autre époque et dans le courant d’une mode qui consiste à revendre un jeu au prix fort avec un filtre HD appliqué dessus, c’est une déception.
Mais il est surtout le nouveau représentant de ces vieux jeux que nous avions eu plaisir à parcourir à l’époque et qui, aujourd’hui, ferait mieux de rester à l’état de souvenir. Nous ne pouvons que vous conseiller de rebrancher votre bonne vieille Xbox 360 pour découvrir ou redécouvrir la sanglante saga à la gloire définitvement passée.