N’en déplaise à Chantal, notre lapin d’aujourd’hui est un peu plus armé que celui de la comptine. Et oui, il faut plus qu’un simple fusil pour venir à bout d’une armée de soldats robotiques. Exclusivité temporaire PlayStation, Forged In Shadow Torch (ou F.I.S.T pour les intimes) a connu un tel succès critique qu’il profite d’une édition spéciale physique (sur PlayStation et Switch) quelques mois après sa sortie initiale. L’occasion rêvée de rattraper notre retard sur le jeu et d’émettre enfin notre avis éclairé.
Du coup, un jeu Metroidvania développé par un studio chinois (Shanghai Ti Games possédé par le titan Tencent) dans lequel on incarne un lapin anthropomorphe équipé d’un énorme bras mécanique et évoluant dans un environnement façon dieselpunk, ça donne quoi ?
(Test de F.I.S.T.: Forged In Shadow Torch sur PS5 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Rayton : le lapin vétéran
Les temps sont durs. La dictature s’est durablement installée à Torch City où la moindre dérive entraîne une intervention musclée de l’armée. Pas de contestation possible, les habitants font profil bas et vivent leur quotidien sans faire de vague, tête en bas ou plutôt museau au sol. Car Forged In Shadow Torch nous peint un univers dieselpunk (rétrofuturiste) peuplé de personnages anthropomorphes (animaux à la physionomie humaine). Mais la colère gronde dans les rues et la révolte n’est pas loin. Rayton, ancien soldat, est prêt à reprendre les armes et à libérer la ville. Accompagné de ses fidèles camarades, le vétéran aux longues oreilles s’apprête à renverser le pouvoir par la force.
Outre son scénario passable (il faut dire qu’on n’en demande pas plus), le jeu brille surtout de par sa direction artistique. Les animaux sont bluffants et l’on prend un réel plaisir à arpenter les différents environnements proposés. On aurait néanmoins aimé un peu plus de variété. Les égouts et les complexes, ça va bien deux minutes. Mais on chipote. L’ensemble des niveaux est cohérent et ne vient en aucun cas entâcher l’expérience globale.
Forged In Shadow Torch est un solide Metroidvania dans lequel, comme exige le genre, on récoltera diverses compétences pour toujours plus avancer dans l’aventure. Le double saut, l’apnée infinie, le grappin… rien de bien innovant, mais la recette fonctionne à souhait. Surtout que le héros poilu apporte un on ne sait quoi de grisant, une touche bienvenue qui apporte une identité au titre.
L’art du poing mécanique
Au-delà de ses atouts visuels, Forged In Shadow Torch se différencie également avec ses mécaniques de gameplay et plus précisément avec ses combats. Vous l’aurez compris, Rayton est équipé d’un énorme bras mécanique, mais également d’un marteau-piqueur et d’un lasso électrifié, un trio d’armes redoutable qu’il faudra manier convenablement pour venir à bout des ennemis. Et attention, on ne se contentera pas de spammer les boutons de sa manette, loin de là. Il faudra maitrîser les combos pour infliger un maximum de dégâts, le tout avec style.
Les panels de coups disponibles sont assez larges. Vous pourrez même en débloquer au fur et à mesure de l’aventure. Seulement, il faudra beaucoup s’entraîner pour savoir sortir son meilleur combo au meilleur moment, un temps qu’on ne prendra pas forcément (malgré la présence d’un équivalent de dojo) et on se contentera la plupart du temps à sortir l’attaque de base. Encore une fois, il faudra apprendre les combos par cœur, réussir à sortir l’enchaînement de boutons au bon tempo pour être gratifié d’un combo de maître.
Et pour accomplir les meilleurs enchaînements, il faudra, en plus d’enchaîner les bons coups au bon moment, switcher d’arme, avec une synchronisation quasi-parfaite. C’est là tout le point faible du système de combat : rien ne récompense les plus tenaces, ceux qui prennent le temps d’apprendre les différentes attaques. Le combo de base suffit, qu’importe la situation.
Il existe, en plus des attaques classiques, des armes dites secondaires apportant un certain avantage en affrontement. Potion, bazooka ou mine… ces derniers sont d’une aide précieuse et vous sortiront des situations les plus délicates. On aurait toutefois aimé une logique d’équipement un poil plus élaborée avec par exemple des artefacts donnant divers effets, élargissant ainsi le champ des possiblités et des manières d’aborder le jeu. Comme son nom l’indique, F.I.S.T.: Forged in Shadow Torch mise uniquement sur le corps-à-corps. Vous n’aurez pas d’autres choix, une seule façon de jouer.
F.I.S.T.: Forged in Shadow Torch ne révolutionne rien au genre et se contente d’appliquer une recette qui fonctionne depuis des années. Qu’on se comprenne bien : ce constat est loin d’être un reproche, surtout que le studio a apporté un réel effort artistique pour nous tisser un monde fictif des plus réussis.
Malheureusement, le jeu se prend un peu les pieds dans le tapis au sujet de ses combats et plus exactement de son système de combos. En voulant trop en faire, en voulant trop en mettre, on perd le joueur. Sortir les attaques au stade final demande un effort, une application que peu de joueurs prendront, d’autant plus qu’aucune récompense (en dehors de la satisfaction personnelle) nous attend au bout du tunnel.
Qu’à cela ne tienne, F.I.S.T.: Forged in Shadow Torch n’a pas à rougir et peut se vanter de faire partie du haut du panier des jeux estampillés Metroidvania, loin de la claque Hollow Knight, mais assez pour être vivement recommandé. Et puis, ce n’est pas tous les jours qu’on incarne un lapin boutant des hordes de robots, non ?