Accessible depuis le 6 février 2024 pour les possesseurs du PS Plus, Foamstars se mettra à disposition de tous à compter du 5 mars prochain pour un peu moins de trente euros. La formule utilisée par Square Enix tend à proposer une expérience multijoueur colorée, proche du célèbre Splatoon de Nintendo. Une comparaison qui sera surtout faite à la vue de la direction artistique et l’arsenal (des armes propulsant de la mousse colorée) mis à disposition des joueurs.
Une comparaison pertinente ? Toujours est-il que c’est avant tout vis-à-vis du résultat que notre regard se tournera : le développeur japonais a-t-il, en ce Foamstars, les moyens d’amuser le public, et ce, dès maintenant sans attendre l’apport de contenus réguliers prévus ?
(Test de Foamstar réalisé sur PlayStation 5)
C’est l’histoire de fêtards
Foamstars invite les joueurs à fouler Bath Vegas, un lieu qui rappellera évidemment notre bien célèbre sanctuaire du jeu et de la débauche américain. Dans ce coin festif et lumineux, des services et activités plus ou moins nombreux seront proposés. Principalement, les interactions se font à travers un hub servant notamment à personnaliser nos personnages via la boutique où se vendent notamment des skins à des prix exubérants, à consulter une galerie regroupant musique et images, mais aussi à rejoindre les terrains de jeu.
Des terrains qui se composent d’un mode multijoueur (bien entendu !) et d’une proposition solo. Occupant une place mineure, cette dernière fait plutôt office d’entrée en matière. Une espace qui permet d’apprendre à manipuler les différents personnages du roster et à faire le tour de leurs compétences. Néanmoins, avec ce mode, Square Enix nourrit également un désir de plaire à son public par du contenu scénarisé mettant en avant un casting haut en couleur. Un désir qui n’est pas (encore) mené à son terme.
Cette section est répétitive et manque cruellement de dynamisme. Aux commandes d’un personnage du casting, nous n’avons qu’une seule tâche à réaliser : exterminer. Les ennemis s’enchaînent, vague après vague, et se dirigent vers la zone à protéger. Le but est standard, mais soit, il n’y a rien à reprocher à cela. Les griefs sont ailleurs. Et le manque de variété en est un, si ce n’est le plus remarquable. L’intention existe bel et bien, cependant elle est résolument imparfaite et bien pauvre.
En donnant la possibilité de plonger dans la peau de six personnages, Foamstars ouvre la porte à autant d’histoires. Dès lors, notre attente est la suivante : il est logique d’attendre de la diversité. Les protagonistes ont certes des motifs à faire valoir, des caractères propres, une personnalités qui est la leur, mais leurs aventures (ou campagnes) ne se distinguent guère. L’action que l’on accomplit, les ennemis à affronter (dont les boss) avec l’un sont exactement les mêmes pour l’autre.
Avoir des caractères propres ne veut toutefois pas signifier originalité. Et puis, qu’est-ce qui est original, après tout ? Le mot veut tout et rien dire, on le concède. Parlons plutôt d’attrait : les personnages en ont-ils suffisamment ? Non, ils ne se bornent qu’à un amas de clichés et de mièvreries. C’est sans intérêt. Vraiment. Plutôt que d’apporter de l’humour, de l’empathie et de la sympathie, comme c’est attendu, les différents échanges verbaux et situations font naître de l’agacement.
Mieux à plusieurs ?
Ainsi, le solo est à oublier… et les personnages aussi. Après tout, ce qu’ils sont n’a que très peu d’intérêt pour la composante centrale de Foamstars, le multijoueur. Une branche qui se définit par deux types de contenus (typiques) : les parties joueurs contre l’environnement (JcE) et les parties joueurs contre joueurs (JcJ), qui elles sont également subdivisées en deux épreuves. Le multijoueur est clairement ce pour quoi l’on joue au jeu de Square Enix. Toutefois, même pour ce point, les arguments sont peu solides pour convaincre.
Le premier contenu (le JcE) est du même ordre que la mission solo. Le but est le même, la structure également. Seulement, c’est au sein d’une équipe que l’on est amené à affronter les créatures. La difficulté y est plus élevée, et c’est une bonne chose. Cependant, encore une fois, nous en faisons vite le tour. Le terrain, pas très joli d’ailleurs ou plutôt transcendant, n’évolue pas et les choses à faire restent particulièrement similaires : affronter sans cesse des hordes d’ennemis. Au final, le seul intérêt réside dans l’accumulation de points d’expérience, et dans l’acquisition de récompenses, aussi légères soient-elles.
Quant à la confrontation avec autrui, le sentiment est un peu le même. Se mesurer aux autres, jauger ses propres compétences, c’est ce qui fait le sel des jeux en ligne. Et la recette, sans être parfaite, avait de quoi promettre. Combiner tir et glissade en snowboard, c’était en effet un concept alléchant et on ne peut plus fun. Les deux composantes créent une dynamique au jeu, alliant déplacement et attaque. Ces deux notions sont inséparables. Ne pouvant nous déplacer qu’en glissant sur notre propre mousse, il est donc nécessaire de la répandre un peu partout afin d’avoir le contrôle du terrain (voilà le rapprochement avec Splatoon) et être libre de nos déplacements.
Une expérience limitée
Foamstars peut être amusant sur le court terme, bénéficiant de l’effet nouveauté. Sur le long terme, il y a peu de chance qu’il puisse survivre. Pour inverser notre sentiment, il faudrait voir apparaître un contenu plus conséquent et de véritables raisons pour continuer à jouer. À cette heure, il n’y a rien qui retient le joueur. Où est le sentiment de progression ? Certes, il y a des points d’expérience, mais qu’en est-il des récompenses utiles, du classement ?
À nos yeux, le titre de Square Enix a l’apparence d’une ébauche qui attendrait de se lancer pleinement (le 5 mars prochain, donc) pour montrer de quoi elle est effectivement capable. Actuellement, c’est bien pauvre : il manque des décors, les arènes étant limitées à quelques-unes (deux ou peut-être trois) et très semblables les unes des autres, les musiques, bien qu’entraînantes, sont présentes en nombre bien restreint et les missions solos n’ont que très peu d’attraits. Heureusement, pour ces dernières tout du moins, Square Enix a très vite pensé à régler ce nombre déficient avec l’arrivée prochaine de la saison 2.
Mais, l’apport de contenu sera-t-il bien la solution ? Il n’en est pas certain. Foamstars doit avant tout faire le plein de nouveaux participants. Le déficit se ressent grandement : il faut attendre un temps considérable avant de rallier le nombre de joueurs adéquat avant que la partie ne commence. Le 5 mars, jour du nouveau lancement du jeu, permettra-t-il cela ? Sur ce point, nous ne pouvons qu’être sceptiques. Gratuitement, il n’y aurait certainement pas de problèmes, mais au prix proposé, c’est une tout autre histoire.
Foamstars fait naître en nous un sentiment mitigé. Le concept emprunté à Splatoon tend à instiller du fun et la fraîcheur qui l’accompagne suffit à attirer l’attention. Mais la durée de cet attrait n’est que bien éphémère. Le jeu se fait connaître dans son entièreté en peu de temps, lequel propose un mode solo sans intérêt et un multijoueur bien fade gravitant autour de trop peu d’éléments.
Pour le moment, la formule est loin de suffire. Le titre de Square Enix, ne pouvant compter que sur des événements ponctuels pour apporter une petite étincelle, aurait besoin d’un sérieux coup de pouce pour éviter de tomber dans l’indifférence la plus absolue.