La saga Fire Emblem ne date pas d’hier, le tout premier titre est sorti en 1990 sur Famicom (NES japonaise), il est considéré comme le tout premier véritable Tactical RPG japonais (T-RPG). Il a posé des bases encore utilisées aujourd’hui dans quasiment tous les jeux du genre. La série comporte plus de dix titres majeurs et elle peut se féliciter que tous furent très appréciés des fans du genre, mais voilà, le T-RPG est un style de niche et les ventes à cette petite partie des joueurs ne suffisaient à rentabiliser des titres de plus en plus chers à produire. Nintendo a donc laissé une dernière chance à la série et à demandé aux développeurs d’Intelligent Systems de revoir leur copie pour ouvrir la saga à plus de monde. Le résultat à donné le superbe Fire Emblem: Awakening qui, malgré le fait d’avoir choqué les fans par certains aspects, a fait un énorme carton en 2012 sur 3DS et à tel point qu’aujourd’hui nous avons droit à un tout nouvel épisode, Fire Emblem Fates qui tente encore une fois d’innover en proposant deux scénarios opposés et répartis sur deux jeux différents, Héritage et Conquête, ainsi qu’un troisième épisode de conclusion, Révélation. Aujourd’hui nous allons voir si la stratégie d’Intelligent Systems et Nintendo porte ses fruits en nous penchant sur Fire Emblem Fates Conquête.
Fire Emblem Fates Conquête, la passion dans la douleur
Choisi bien ton camp mon enfant
Dans Fire Emblem Fates vous incarnez un jeune prince (ou une princesse selon votre choix d’avatar) du royaume de Nohr, une grande nation guerrière. Depuis votre plus jeune âge votre père, le roi vous tient enfermé loin de tous les conflits, mais le jour de votre liberté arrive. Votre royal paternel se décide enfin à vous donner votre chance de lui prouver votre valeur au combat, ces années de durs entraînements auprès de vos frères et sœurs ne seront pas inutiles. Votre première mission est simple et se déroule sans trop de mal, jusqu’à ce qu’un de vos hommes se retourne contre vous et tente de vous tuer, ordre qu’il aurait reçu de votre père.
En tout cas c’est ce qu’il déclare avant de vous envoyer dans un autre monde. A votre grande stupeur vous ne vous réveillez pas au paradis, mais de l’autre coté du continent en pays Hoshido, les pires ennemis de votre nation, mais retournement de situation vous apprenez qu’en vérité votre père vous à enlevé et que votre véritable famille, c’est celle de la reine d’Hoshido qui vous accueille les bras grand ouverts, heureuse d’avoir retrouvé sa fille perdue. Eh non ce n’est pas déjà le happy end, car n’oubliez pas que les deux grandes nations sont en guerre, donc qu’allez-vous faire ? Choisir votre famille de cœur, celle de Nohr, ou celle du sang tout juste retrouvée, celle d’Hoshido ? Dans Fire Emblem Fates Conquête votre choix est celui du cœur, mais votre choix est-il juste ? Votre père d’adoption vous a-t-il vraiment enlevé et surtout tenté de vous tuer ? Pourrez-vous mettre fin à la guerre sans commettre de terribles actes ? On vous laisse le plaisir de découvrir et de savourer ce délicieux scénario qui recèle pas mal de rebondissements.
Un dur au cœur tendre
En dehors de son histoire, le cœur du jeu, ce sont les confrontations tactiques entre deux groupes ennemis. Chaque bataille se passe sur des maps où on avance case par case, mais avant toute rencontre il vous faudra choisir vos unités qui vont participer ainsi que leurs placements dans la zone de départ. Ces choix sont cruciaux, car chaque unité a une spécialité propre telle que chevalier, magicien, archer, guerrier à dos de dragon… et bien sûr une spécialité sera avantagée face à certains ennemis et sera désavantagée face à d’autres, dans le pur style pierre-feuille-ciseaux. Bien étudier la map et les forces adverses avant le combat est primordial, ainsi que chacun de ses déplacements une fois la joute démarrée, car il ne faudra pas foncer tête baissée, sinon c’est le game-over assuré, même avec les bonnes unités. Il faut que chaque déplacement soit bien pensé à l’avance, ainsi que la position de vos différentes unités, car quand deux unités sont côte à côte elles combattront ensemble et seront plus fortes, d’autant plus si leurs spécialités sont complémentaires, style un tank couplé à un chevalier, il est donc parfois plus judicieux de maintenir une position avantageuse que d’avancer à découvert, mais à d’autres moments le risque peu payer quand dans certaines batailles on vous donne des missions annexes, qui peuvent rapporter gros si elles sont menées à bien, mais qui rajoutent encore plus de difficulté. Toutes ces petites choses qui sur le papier peuvent paraître bien complexes, sont au contraire très faciles à assimiler, car bien expliquées dans le jeu et arrivant au compte-gouttes, ce qui donne une impression durant les premières heures d’avoir un soft que s’étoffe de plus en plus et surtout donne une grand saveur au jeu une fois bien maîtrisé.
Il n’y aura pas que durant les batailles que vous aurez à faire fonctionner votre matière grise. Rapidement vous aurez accès à un domaine qu’il faudra faire grossir avec différents commerces et lieux de détente qui pourront donner lieu à divers mini-jeux. Mais votre château pourra se faire attaquer, donc il ne faudra pas oublier d’inclure dans vos travaux des moyens de défense et d’attaque. Encore une fois la réflexion est de mise, car les points de construction ne tombent pas comme des mouches, il vous faudra donc régulièrement faire un choix entre booster un système d’attaque ou améliorer l’armurerie pour avoir accès à plus d’armes pour vos prochains combats. Autre élément qui à son importance, la relation entre vos différentes unités. En combattant côte à côte les personnages vont apprendre à s’apprécier et ainsi sortir de meilleurs coups en duo et pour intensifier ces liens vous aurez régulièrement accès à des phases de dialogue qui permettront peut-être de voir une histoire d’amour éclore, et ainsi donner naissance à un joli bébé, qui prendra des caractéristiques de ses deux parents pour en faire un nouveau guerrier qui va venir grossir vos rangs. Tous ses différents éléments donnent un jeu exigeant, mais hyper addictif et surtout qui sait récompenser l’investissement. Si vous choisissez de jouer en mode normal le bouton reset de la console sera régulièrement utilisé, mais quelle joie quand on arrive enfin à maîtriser parfaitement un champ de bataille et de voir ses troupes sortir de là encore en vie, mais n’ayez crainte s’il y a quelques pertes légères en chemin, car régulièrement de nouveaux combattants vont venir grossir vos rangs.
Tu as la classe baby
Fire Emblem Fates Conquête nous propose quelque chose d’assez joli graphiquement dans son ensemble. Les portraits des personnages sont très beaux, mais par contre les versions 3D font pâle figure pour un jeu actuel, surtout au niveau de détails comme les cheveux qui ressemblent plus à un bonnet en plastique, mais ça ne reste que du détail, car cette vue rapprochée est très rares et est vite éclipsée par les sublimes scènes cinématiques qui ponctuent régulièrement le jeu. Niveau décors, bien que ça reste très minimaliste vu le style du soft, on nous propose une grande variété de terrains où chaque élément à son importance : vous irez moins vites en forêt, que sur un terrain dégagé et ne parlons même pas des joutes en intérieur qui ajoutent encore un niveau à l’anticipation quand il faut traverser un couloir étroit. Intelligent Systems maîtrise à fond son sujet. Les musiques accompagnent bien les jeux, certaines mélodies sont très belles, il faudra bien sûr jouer au casque pour vraiment en profiter à fond. Comme pour Awakening le mode 3D de la console n’est pas vraiment exploité et fait gadget.
Comme tout bon T-RPG qui ce respect, le titre va vous demander de l’implication, le mot tactique n’est pas là pour faire joli… enfin ça va dépendre de votre choix de départ, car après le classique mode aventure des Fire Emblem où quand une unité meurt, elle ne revient jamais à la vie et le mode « facile » apparu dans Awakening qui permet de ressusciter ses morts après une bataille, nous avons droit à un mode nommé « phœnix » qui une fois choisi, permet le retour à la vie de n’importe quelle unité de suite après sa mort, sans avoir rien à faire, donc on oublie complètement le coté tactique du jeu pour foncer tête baissée. Choix étrange que d’inclure un tel mode dans ce style de jeu. Le mode facile suffisait amplement pour attirer un plus vaste public et au moins avec lui on garde le côté réflexion du jeu. Vous vous en doutez, pour ce test nous ne nous sommes pas attardés sur ce mode phœnix, donc passons au vrai cœur du jeu, ce qui en fait toute sa saveur, la stratégie.
Conclusion Fire Emblem Fates Conquête
Fire Emblem Fates Conquête ne fait pas honte à son héritage. Il nous offre un excellent Tactical-RPG au scénario solide et bien maîtrisé. Le jeu nous propose un challenge de haut niveau où chaque erreur est de suite punie, enfin, si on joue en mode classique, car le mode facile est plus permissif et ne parlons pas du mode phœnix, nous risquons d’être grossier. Visuellement joli pour un jeu 3DS, il devient magnifique dans ses scènes cinématiques. La durée de vie déjà bien conséquente se voit augmentée avec les différentes petites choses à faire entre chaque bataille. Les Tactical-RPG traduits en français sont malheureusement très rares, donc si vous aimez ce style de jeu Fire Emblem Fates Conquête fait partie des gros hits immanquables et va marquer les esprits au même titre qu’Awakening.