Les grandes choses ont de petits commencements. Fear the Spotlight aurait pu n’avoir qu’une sortie confidentielle et ne toucher que le public PC au travers d’une sortie anonyme sur Steam où le succès d’estime aurait surement été au rendez-vous, mais sans jamais que le jeu ne connaisse une exposition suffisante pour être connu du grand public. Non pas qu’il le soit, mais depuis que le titre est passé sous le giron de Blumhouse Games, il a pu se voir marketé comme il le devait et même être présent dans un événement comme le Summer Game Fest.
Parce qu’en soit Cozy Game Pale est un minuscule studio composé d’un couple, Crista et Brian, qui ont tous deux certes un vécu dans l’industrie de l’animation et du jeu vidéo, mais qui, sans l’arrivée du studio mastodonte du film d’horreur, n’auraient jamais pu donner une telle exposition à leur projet. D’une simple sortie PC, nous sommes passés à une distribution sur consoles pour l’accompagner, et à un joli coup du sort qui voit en ce Fear the Spotlight être le premier jeu édité par Blumhouse Games, et qui devient donc par là même, une étape importante dans l’histoire de l’éditeur.
On rappelle que les intentions de Jason Blum, avec la création de cette filiale, est tout simplement de supporter de petits jeux d’horreur qui ont un fort potentiel, pour ainsi donner à ses développeurs les outils à leur réussite. On parle là avant tout d’un soutien financier au développement, amenant aussi à une distribution plus large ou encore à des campagnes promotionnelles qui, sans cela, n’auraient jamais pu voir le jour. Mais voyons donc ce que donne ce premier jeu édité et si l’emballement qu’a suscité l’arrivée de Blumhouse dans le jeu vidéo est justifié.
(Test de Fear the Spotlight réalisé sur PlayStation 5 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Fear the Spotlight nous place dans la peau de Vivian qui, accompagné de son amie Amy, va se lancer dans une séance de spiritisme au sein de son lycée. Séance qui va mal tourner. Après être rentré en contact avec un esprit belliqueux, notre héroïne est transportée dans le passé, en 1991, alors qu’un gigantesque incendie a tué des dizaines d’élèves. Amy ayant disparu, Vivian se lance à sa recherche, et devra faire face à quelques péripéties qui lui en apprendront plus sur le drame qui a frappé l’école.
Fear the nineties
Fear the Spotlight est un de ces jeux qui tentent de rendre hommage au genre horrifique des années 90. Avec son imagerie très old-school, qui fonctionne néanmoins à merveille et donne au titre un cachet à la fois nostalgique et vieillot du meilleur effet, et son level-design très « couloiresque », il parvient plutôt correctement à retranscrire l’ambiance de ces œuvres antiques méconnues des plus jeunes joueurs. De notre point de vue, l’influence principale est sans aucun doute Silent Hill, puisque l’on n’y voit pas grand-chose, que c’est assez labyrinthique et que l’on vit là une vraie plongée dans un enfer qui tient finalement plus de l’ordre de l’intime qu’autre chose.
Même le sound-design nous ramène aux compositions de Akira Yamaoka, et une chose est sûre, Fear the Spotlight ne fait pas dans la demi-mesure de ce point de vue, et s’avère proprement effrayant à bon nombre de moments, surtout avec un casque sur les oreilles. L’atmosphère est pesante, le visuel malmené par quelques parasites qui mettent mal à l’aise, et les quelques scripts horrifiques présents sont à glacer le sang. Comme quoi, la peur ne vient pas forcément d’un hyper réalisme graphique, car cette courte expérience de quatre heures nous a donné bien plus de sueurs froides que bien des jeux qui prennent le parti de nous présenter des graphismes à la pointe.
En cela, Fear the Spotlight est un pari réussi, et parvient à instaurer une ambiance qui ferait pâlir même le plus courageux d’entre nous. L’aventure a été étudiée pour nous mettre mal à l’aise et nous isoler, et nous sommes alors livrés à nous-mêmes, sans armes ni aucun autre moyen de défense, vulnérables à la moindre menace. Cela est justifié par l’âge des personnages, qui ne sont que des adolescentes prises au piège dans un dédale cauchemardesque dont elles devront s’extirper coûte que coûte.
Fear the gameplay
Soyez alors prévenus, le gameplay est, lui aussi, très old-school. Si l’on n’est pas face à un vieux Resident Evil et sa maniabilité dite « tank », nous incarnons un personnage lent, vulnérable, qui peut certes se cacher, mais qui, hormis à un moment bien précis, ne pourra que fuir pour se dépatouiller de la terrible créature qui le traque. Une sorte de spectre qui, en lieu et place de la caboche, a une espèce de grand projecteur qui expulse une lumière que nous devons absolument éviter, et qui, en plus de cela, enflamme sa zone de marche.
Et si dans un premier temps, on se dit que cela peut être compliqué, malheureusement ces rencontres sont assez faciles à réussir, notamment parce que se faire attraper ne mène pas au game over et que l’on peut donc fuir et se soigner lorsque cela est nécéssaire. En plus, lorsque cette chose nous attrape, elle chancèle quelques secondes qui nous permettent de courir loin d’elle à toute berzingue. Peut-être aurait-il fallu se montrer plus cruel envers le joueur afin de rehausser quelque peu la pression que procurent ces séquences de cache-cache.
Néanmoins, on ne peut pas non plus dire que c’est raté, car il y a non seulement quelques variations bienvenues au programme, mais aussi parce que le jeu réserve une belle surprise, avec un nouvel antagoniste ô combien plus effrayant. Mais nous tairons ce qu’il en est réellement, pour ne pas vous gâcher la joie de le découvrir par vous-même. Surtout que cela apporte encore plus d’épaisseur à une histoire franchement bien écrite, ainsi qu’à ses deux protagonistes qui sont pour le moins attachantes.
Enfin, Fear the Spotlight ne brille pas par son système de progression, sans pour autant que cela ne soit une insulte à notre intelligence. C’est en fait très classique, dans le sens où l’on doit résoudre des énigmes et casse-têtes nous envoyant chercher des objets. Elles restent pour la plupart bien pensées, sans être d’une complexité folle, et nombre d’éléments, comme des journaux que l’on déniche un peu partout, peuvent nous donner des indices quant à leur résolution. C’est là aussi le moyen de découvrir ce qui s’est réellement déroulé en 1991…
Fear the Spotlight est une réelle bonne surprise, non pas que l’on doutait de ses qualités, puisque le jeu était en développement depuis longtemps et qu’une démo nous permettait déjà de le découvrir, mais parce qu’il tient toutes ses promesses. Effrayant, joli, malgré son habillage graphique daté, passionnant à suivre et satisfaisant dans l’ensemble, il offre une aventure horrifique, certes courte, mais qui se suffit amplement à elle-même.
C’est non seulement un joli témoignage de ce qu’était le genre de l’horreur dans le jeu vidéo à l’époque, mais aussi de très bon augure pour Blumhouse Games qui semble bien parti pour éditer quelques petites pépites dans le futur. Quant à Crista et Brian de Cozy Game Pale, nous ne pouvons que nous incliner devant eux pour ce petit jeu qui nous aura donné quelques frayeurs et passionné du début à la fin.