La genèse de la licence Fate prend sa source dans une certaine œuvre, celle à qui l’on doit l’univers dans lequel elle puise : Tsukihime. Sortie en 2000, c’est elle qui donna l’occasion à Type-Moon de briller. Quelques années plus tard, en 2004 en l’occurrence, le studio donna ainsi naissance à l’œuvre qui est communément partagée : Fate/Stay Night, et ce, même si l’on est pas familier avec le domaine du visual novel. C’est qu’en effet, la franchise aura sans doute plus d’écho chez le fan de l’animation japonaise qu’autre part.
Ainsi avec les Fate/Zero, les adaptations de Fate Stay/Night ou encore d’autres dérivés, la licence a depuis le temps pu se répandre çà et là. Et même si les personnages diffèrent, les règles, elles, ne changent pas : sept masters et sept servants sont amenés à s’affronter pour obtenir le Saint Graal. Un objectif qui est donc logiquement partagé par le dernier Fate/Samurai Renmant.
Cette fois-ci, avec cette nouvelle proposition, Koei Tecmo envoie le joueur vers une période qui fait fantasmer le public (du moins est-ce le cas de l’Occident) : le Japon d’Edo dans lequel le samouraï était une réalité bien palpable. Cependant, il reste à se demander si les mains expertes d’Omega Force (que l’on connaît avant tout pour les muso de la saga Dynasty Warriors) ont réussi à captiver avec cette nouvelle histoire et par l’expérience qu’elle tend à offrir.
(Test de Fate/Samurai Remnant sur PS5 réalisée à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Le temps des samouraïs
Notre héros, Iori Miyamoto, disciple du fameux bretteur qu’est Mushashi Miyamoto (rien que ça), est engagé malgré lui dans une guerre qui, au premier abord, le dépasse complètement. D’abord dans le pétrin, à la merci d’un combat perdu d’avance, le jeune homme se fait aider par celle qui deviendra par la suite son alliée et compagne de route : l’impétueuse Saber. Ayant oublié son nom ou même son passé, elle prêtera assistance à Iori dans la grande bataille qui s’annonce, avec notamment l’espoir d’en savoir plus à son sujet.
Cette bataille, la quête du saint Graal qui met entre autres en opposition sept esprits héroïques, engagera ainsi le joueur sur la voie du vagabondage, errant sur les routes d’Edo pour permettre à Iori d’accomplir ce à quoi il s’est résigné : obtenir l’objet tant convoité et exaucer son vœu. Dans son périple, il rencontrera forcément ses rivaux, qui auront diverses attitudes à son égard. Quand certains chercheront à créer des alliances avec notre duo, d’autres montreront leur hostilité sans détour.
Et ce voyage que l’on réserve aux joueurs fait montre d’une qualité certaine. Certes graphiquement, il y a des limites, tout comme sur le plan technique, où l’on remarquera notamment de petits problèmes de ralentissements. Néanmoins, Fate/Samurai Remnant garde un charme incontestable, que l’on appréhenda avant tout du côté de la bande-son. C’est simple, elle a en elle une certaine élégance, sans parler de sa cohérence.
Dès lors, grâce à sa tonalité, le jeu arrive à nous donner ce que l’on attend d’une telle époque, soit un Japon marqué par une atmosphère que l’on qualifierait de traditionnelle. Mais, outre cela, la bande-son traduit une ambiance enjouée qui nous berce paisiblement. Grâce à elle, c’est un plaisir sonore de pouvoir se balader ici et là. Et les décors ont également une part non négligeable dans cela. Les couleurs utilisées, les jeux de lumière ou encore la patte anime bien sentie contribuent à donner un charme supplémentaire. En substance, il y a une synergie certaine entre les parties artistique et musicale.
La valeur des combats
S’il n’est pas déplaisant d’user de la marche (bien qu’il y ait à redire sur notre vitesse de déplacement), l’expérience n’est pas des plus optimales non plus. Pourquoi ? Essentiellement, tout ce que l’on est amené à traverser se résume simplement à des environnements fermés. On enchaîne couloir sur couloir, avec des possibilités bien limitées et des interactions (parmi lesquelles la possibilité de caresser nos amis à quatre pattes) peut-être un peu pauvres au goût de certains.
En fin de compte, tout ce que l’on a à faire, c’est aller vers le point que l’on nous indique, et ce, afin de faire avancer l’histoire. Les missions secondaires ? Il y en a bien quelques-unes, mais rien de bien transcendant. En vérité, ces dernières ne sont que très peu attrayantes.
Des activités annexes appelées par le jeu « digressions ». Et, principalement, celles-ci se traduisent par la proposition de combats supplémentaires. En tout cas, l’événement en question mène toujours vers de nouveaux affrontements, et ce, même si une histoire la sous-tend. D’ailleurs, ce sont ces combats en question qui retiendront le plus notre attention.
Évidemment, Omega Force oblige, on fait face à une recette propre au studio. Et, c’est donc tout à fait logique que l’on se retrouve face à des combat empruntant la même allure. Ainsi, souvent (si ce n’est tout le temps), on ne se retrouve pas face avec un seul ennemi ou une poignée d’adversaires, mais avec tout un « banc » d’opposants. Et c’est à la fois jouissif et agaçant. On s’explique. Les mouvements, et par conséquent nos coups, sont mus par une fluidité exemplaire, toutefois cette fluidité est contrebalancée par une caméra parfois approximative.
À vrai dire, il y a une sorte de sélection. Les « petits » ennemis seront par exemple insaisissables, dans le sens où notre vue à leur endroit ne pourra être complètement fixée. Pour cause, il n’est possible de verrouiller que les adversaires d’envergure. Par conséquent, avec cette visibilité « perfectible », on est quelque peu désorienté. Cependant, on ne va pas se plaindre outre mesure : le dynamisme des combats aura vite fait de rattraper ce vilain défaut, d’autant que les combats entre servants et autres boss envoient véritablement du bois, allant jusqu’à causer parfois quelques difficultés.
Que de la bagarre ?
Un dynamisme appuyé par une caractéristique principale : la facilité des commandes d’attaques. Il n’y a rien de plus accessible, il suffit simplement d’enchaîner les touches. Et cela peut se faire de façon réfléchie comme de manière hasardeuse. Alors, est-ce à dire qu’il n’y a pas ou peu de variété dans nos mouvements ? Oui et non. D’une part, les attaques peuvent nous paraître variées, et sans doute le sont-elles réellement, cependant on en a vite fait le tour. Mais qu’à cela ne tienne, cela se compense bien avec la possibilité de passer d’un personnage à un autre. Ce qui offre une certaine diversité dans le gameplay.
Mais le jeu ne se résume pas qu’à ses combats. Il intègre aussi des phases tirant légèrement vers le côté du tactical-RPG. En naviguant sur une carte, on doit se déplacer de point en point jusqu’à arriver à destination. Sur le chemin, on trouvera des ennemis à défaire de différentes manières.
Et là où c’est intéressant, c’est qu’il y a un nombre de mouvements bien défini à effectuer. Au-delà du chiffre indiqué, c’est systématiquement Game Over. Ce qui pousse inévitablement à adopter une certaine stratégie. Cela instille donc de la variété. Ce qui est louable et vraiment idéal pour garder notre intérêt et pour équilibrer le rythme.
Mais honnêtement, le point où l’on prônera Fate/Samurai réside dans l’histoire et la narration. Le jeu passionne et intrigue. Les personnages sont attachants (et tout particulièrement notre duo principal), bien divers dans leur personnalité et surtout parfaitement incarnés par les voix japonaises, en plus d’intéresser par leur psychologie. Et puis, les répliques sont bien pensées, ajoutant parfois un peu de piquant et d’humour au titre. Mais, dommage, ces dernières seront inévitablement fermées à ceux qui ne maîtrisent pas la lecture de l’anglais, car, comme bien souvent, la langue de Molière demeure absente.
Seule petite ombre possible au tableau : l’utilisation de clichés et la présence de ce que l’on appelle communément le fan-service. Cependant, ne pas voir ce genre de chose figurer dans le cahier des charges d’une telle production ne serait-il pas à considérer comme une trahison vis-à-vis du public ciblé ? On vous laisse à vos réponses.
Fate/Samurai Remnant est, au final, un excellent divertissement qui propose un cheminement bien heureux. Le jeu est bien dynamique dans ses combats et véhicule une atmosphère on ne peut plus agréable. Et même si l’on pestera quelque peu sur le côté un peu « vide » des activités annexes, on n’aura pas grand-chose à lui reprocher.
Pour cause, ce nouvel opus arrivera à séduire plus d’un joueur grâce à sa narration et à ses personnages hauts en couleur, parmi lesquels se trouve évidemment notre duo Saber/Iori.