Bien que peu connue, Fallen Legion est bien une (petite) saga d’action-RPG ayant fait son trou. Ouvrant le bal en 2017 avec deux versions du premier jeu, Flames of Rebellion et Sins of an Empire, sur PS4 et PS Vita, le studio YummyYummyTummy propose aux joueurs la même histoire à travers les points de vue opposés de deux protagonistes. Ces titres jumeaux se retrouveront ensuite regroupés dans Fallen Legion: Rise to Glory en 2018 à destination de la Switch.
Trois années s’écoulent avant que n’arrive finalement le 19 février 2021 un nouvel opus à destination de la PlayStation 4 et de la Switch de Nintendo. Toujours chapeauté par le petit studio YummyYummyTummy et édité par NIS America (qui nous aura récemment offert le dernier représentant de la saga Ys), Fallen Legion Revenants est un titre aux ingrédients scénaristiques et de gameplay tout à fait intéressants, sans pour autant réussir à concocter un mélange efficace.
(Test de Fallen Legion Revenants sur PlayStation 4 réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur)
ATTENTION : Avant de débuter ce test, l’on doit vous préciser que la version envoyée par l’éditeur comportait un bug, qui aura empêché l’auteur de ce test d’aller au-delà du chapitre deux. Les critiques faites au jeu prennent en compte ce facteur.
Gangréné par une peste appelée miasme qui transforme les êtres vivants en monstres, le monde est au bord de l’effondrement. Alors que le bas peuple fait face à la famine, aux maladies et à des créatures mutantes, seul subsiste le château de Welkin, une forteresse volante où s’est regroupée la noblesse de ce monde pour tenter d’y faire survivre l’humanité. On y suit l’histoire de Lucien, un politicien résidant dans ce château, désireux de faire tomber Ivor, un gouverneur tyrannique qui règne sur Welkin. Il créera pour cela une alliance avec Rowena, le fantôme d’une femme qui cherche à sauver son fils enfermé dans la prison du château. Tous deux prêts à éliminer le terrible Ivor, ils seront aidés dans leur quête par des guerriers antiques nommés Exemplars.
Si au premier abord et après la lecture de ce résumé l’on pourrait être tenté de rapprocher Fallen Legion Revenants de Castlevania et en particulier de l’opus Symphony of the Night, sachez qu’il n’en est rien.
Fallen Legion Revenants est, comme dit en introduction, un action-RPG se séparant en deux phases bien distinctes où l’on incarne l’un ou l’autre des protagonistes. Et de ces deux phases, celle qui occupe le plus de temps est sans conteste la partie dédiée aux combats.
Ils sont l’occasion d’incarner Rowena, accompagnée des Exemplars cités plus haut. Au nombre de douze, ces armes antiques pouvant prendre la forme de guerriers humanoïdes constituent l’un des points forts du jeu. Avec leurs designs tous plus stylés les uns que les autres, tous les trouver devient la motivation principale pour progresser à travers les missions. Des missions qui demandent de choisir trois d’entre eux pour accompagner Rowena à l’extérieur du château de Welkin. Chaque mission prend la forme d’un niveau où notre équipe de quatre se déplace automatiquement de gauche à droite en enchaînant les affrontements.
Ces affrontements se rapprochent assez de ceux de titres tels que Valkyrie Profile ou plus récemment Indivisible. Situés à gauche de l’écran sur trois cases, la mère fantomatique et ses alliés font face aux ennemis répartis sur quatre cases à droite l’écran. Le placement est donc primordial, certains sorts ou attaques n’affectant que certaines des cases.
Chaque personnage est assigné à une touche (les trois touches du bas pour les Exemplars et celle du haut pour Rowena) et possède une barre ATB qui viendra limiter le pressage compulsif de boutons. L’on essaiera alors de coordonner nos attaques (et sorts pour Rowena) afin d’enchaîner les combos et placer convenablement des Deathblows dévastateurs. Mais si l’attaque est la meilleure défense, eh bien la défense peut aussi être une excellente attaque.
Dans le cas de Fallen Legion Revenants, la défense est la clé de voûte du système de combat. Car si parer vient limiter les dégâts subits, réussir un contre au dernier moment renvoie l’attaque à son envoyeur, ce qui le paralyse et nous laisse le champ libre pour l’annihiler. Très bonne en théorie, cette mécanique présente pourtant deux problèmes.
Déjà, ces contres sont loin d’être faciles à effectuer. La raison étant que l’aire de combat est très rapidement blindée d’ennemis, et qu’il est difficile de voir arriver l’attaque d’un ennemi lorsque l’on se concentre sur tout le reste. Ensuite, parce que l’on réalise assez vite (notamment contre les boss) que le contre est le meilleur, voire le seul moyen de sortir victorieux, ce qui atténue grandement l’aspect stratégique.
Une stratégie dans tous les cas assez pénible à mettre en place. Il existe assez de mécaniques différentes pour tenter d’élaborer une tactique, mais le rythme très action des combats ne nous laisse pas réfléchir et pousse au button-mashing. Ce qui résulte en un système de combat très vite brouillon et répétitif. Surtout que s’il existe un total de douze Exemplars à découvrir dans le jeu, la personnalisation de ces derniers, et de Rowena, est extrêmement limitée.
Mais qu’à cela ne tienne, les combats avec Rowena et les Exemplars ne constituent pas l’intégralité du jeu. En effet, il arrive durant les missions que deux affrontements soient entrecoupés d’une phase où l’on incarne Lucien, et où les mots remplacent les lames.
Ces moments avec Lucien vous ramènent à Welkin, et demandent de réaliser une tâche en un temps limité. Ces tâches demanderont d’user des capacités de politicien du jeune homme, ce qui se traduira en jeu par des dialogues, des votes où il faut prendre parti pour un personnage ou un autre, voire de l’infiltration. Cette dernière est d’ailleurs présentée très intelligemment puisqu’il est possible de se cacher derrière les décors en premier plan pour épier une discussion ou passer les gardes.
De plus, ces phases « dialogues/politiques » peuvent influencer la partie combat. L’on peut être amené à rechercher des informations sur un boss ou à confectionner une potion qui sera utile contre un ennemi particulier.
Dialogues obligent, c’est durant ces phases que l’on en apprendra davantage sur les différents personnages et enjeux qui régissent cet univers. Et là encore, le jeu devient assez brouillon. Les différents dialogues nous poussent à faire des choix, consistant à soutenir un membre de la noblesse plutôt qu’un autre, mais on ne ressent que très peu l’impact sur le scénario et le déroulé de l’histoire. D’ailleurs, si le picth de base est compréhensible, l’histoire qui se déroule sous nos yeux ne l’est hélas pas autant.
La faute à un manque total de mise en scène, qui va seulement nous pousser à enchaîner les différentes phases de jeu sans se sentir investi dans le monde que l’on explore ou dans son scénario. Une situation qui ne sera pas aidée par le manque de traduction française du titre.
Pourtant, la direction artistique du titre, tout à fait charmante, incite à l’immersion. Se rapprochant de la D.A des œuvres de Vanillaware, elle aide à donner une personnalité aux personnages. Un effet renforcé par le doublage anglais tout à fait correct. Enfin, sans être remarquable, la musique accompagne comme il se doit les situations.
Avec de bonnes idées, que ce soit sur le plan narratif ou du gameplay, Fallen Legion Revenants peine pourtant à les mélanger pour obtenir un tout qui se tiendrait. L’on trouve hélas des manques à tous les niveaux. Un manque de clarté dans le scénario et dans nos objectifs rend difficile l’investissement dans le récit. Un manque de profondeur dans la personnalisation des Exemplars vient impacter l’aspect jeu de rôle du titre. Et un manque d’équilibre entre les possibilités stratégiques offertes durant les combats et la réalité de ces derniers résume à placer un maximum de contres parfaits.
Après, il y a bien des choses qui marchent dans ce Fallen Legion Revenants. Les combats, bien qu’imparfaits, restent divertissants, et la direction artistique en 2D est tout à fait appréciable.
Le titre de YummyYummyTummy nous démontre bien qu’une idée seule est rarement bonne ou mauvaise en soi. Mais que c’est sa mise en application et, dans ce cas en particulier, son articulation avec d’autres idées qui donnera un résultat de qualité ou non.
Et c’est d’autant plus décevant que ses prédécesseurs ne semblaient pas affublés de tels problèmes. C’est comme si l’on avait régressé avec cet opus. Cela est peut-être dû à la situation actuelle qui aurait impacté la production de ce titre qui, rappelons-le, sort d’un petit studio.