Il y a quelques années, Koei Tecmo et Gust s’associaient déjà avec une première proposition accueillie plus que froidement par le public. Qu’à ne cela ne tienne, il n’y avait point, en ce manque de plébiscite, de motif d’inquiétude. En tout cas, rien de très handicapant au point d’arrêter d’exploiter l’univers pensé par Hiro Mashima. Mais alors, pour ce Fairy Tail 2 (attendu pour ce 13 décembre 2024) peut-on s’attendre à un résultat beaucoup plus qualitatif, au point de satisfaire ?
(Test de Fairy Tail 2 sur PlayStation 5 réalisé à partir d’une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Le combat de la fin
Cet opus nous narre le dénouement de l’œuvre, et centre tout bonnement notre attention sur la bataille finale entre les principaux acteurs de la série : Natsu et sa bande d’un côté, Zeleph et son empire de l’autre. Bien entendu, tout n’est pas traité dans le moindre détail, le jeu vidéo empruntant des raccourcis nécessaires. Toujours est-il qu’il n’y gagne pas plus en fluidité. Le récit est totalement plombé par ce que l’on pourrait appeler des inutilités plaisantes, soit des mots, des phrases complètement absurdes servant les besoins du fan-service.
Évidemment, d’un tel jeu (à destination des inconditionnels), c’est ce que l’on attendrait logiquement. Et, selon l’état d’esprit de son utilisateur, cela peut être efficace. Chez nous, le « gène du fanboy » étant complètement absent, autant dire qu’il n’y a eu que de l’indifférence pour ce genre de contenu… ou presque.
En vérité, il n’a rendu que plus pénible notre progression dans un monde qui peinait déjà à être agréable. Tout est en effet bien trop raide, voire artificiel, dans ce Fairy Tail 2. Les transitions entre les différentes scènes manquent, par exemple, de naturel et l’on s’éparpille un peu trop souvent dans l’intrigue, passant ainsi d’un personnage à un autre de manière abrupte.
Dès lors, on assiste à des dialogues sans consistances, niais et, surtout, à de fâcheuses répétitions. Certes, pester contre l’existence d’une candeur omniprésente (voire une mièvrerie), qui est en quelque sorte l’essence même de Fairy Tail, serait un peu verser dans l’absurde, cependant, c’est tellement poussé dans son extrême que l’on éprouve une gêne bien réelle.
En revanche, et ne nous pouvons le nier, dans cet exercice, les voix font parfaitement le travail. Ce qui ne pourra étonner, au vu du casting. Un casting qui, sans surprise, est le même figurant à l’affiche de l’adaptation animée.
Du mou dans les guiboles
Si l’on devait résumer vulgairement et succinctement, on pourrait dire ceci : Fairy Tail 2 n’est intéressant que cinq minutes. Ensuite, passé ce délai, il perd tout attrait. Et un élément est tout particulièrement symptomatique : le système de combat, en effet, est probablement celui qui causera le plus de douleur au joueur. Que l’on s’entende, tout ce qui est proposé par le titre ne présente pas réellement de difficulté, bien au contraire. Les situations sont facilement surmontables, du moins en mode histoire.
Une facilité qui désarme, d’autant que les combats sont finalement ce qui est censé faire le sel de l’œuvre dispensé par Koei Tecmo. Or, ici, dans la mécanique de tour par tour offerte, il n’y a que fadeur et confusion. D’une part, les règles sont obscures. Et, de l’autre, il y a trop (bien trop) de liberté accordée au joueur.
En effet, il est difficile de comprendre comment sont distribués les tours. C’est un peu comme s’il n’y avait aucun répit dans nos attaques (qui, par ailleurs, sont très dynamiques) et aucun désavantage de notre côté. En substance, nous bénéficions d’une sorte de toute puissance.
De même, les dégâts infligés à nos héros sont ridiculement bas, laissant légitimement penser que l’on a en notre faveur un allié de taille : le système du jeu. Ce qui serait assez logique finalement, le titre semblant privilégier avant toute chose l’histoire, aplanissant ainsi tout obstacle qui pourrait freiner la fluidité du récit. Cela pourrait être louable, mais, n’est-ce pas contraire à l’esprit même d’un jeu vidéo ? Sans challenge, l’abandon ne peut-être que la seule et unique issue. À moins que, au final, Fairy Tail 2 n’a qu’un seul et unique but : davantage séduire le joueur occasionnel et fan de la saga que l’amateur de jeu vidéo.
Un voyage à décliner ?
Cette grande faiblesse dans les combats et le manque de résistance de nos adversaires dissuaderont forcément les joueurs d’aller à la rencontre d’un adversaire, dans le but de « farmer » notamment. Si aucun impératif l’oblige, il n’est donc aucunement nécessaire de s’infliger de bien laborieuses confrontations. Et donc, inévitablement, l’exploration n’en est que compromise. Non seulement nous n’éprouverons pas cette envie de provoquer l’ennemi posté ça et là à la manière d’un muso (le genre de prédilection de Gust), mais aussi, rien ne suscitera en nous la soif de découverte.
Car l’autre point noir de ce Fairy Tail se situe dans sa seconde grosse composante : l’aventure. C’est simple, il n’y a rien à voir. Tous les coins se ressemblent, manquent de charme et sont, surtout, caractérisés par un vide considérable, la population y est peu nombreuse. Une absence qui, néanmoins, aura une certaine cohérence avec l’histoire, la contrée de Magnoria étant censée être emportée par la guerre. Maintenant, est-ce réellement dans ce souci-ci que cela a été pensé ? On peut en douter.
Cela dit, Fairy Tail 2 reste assez propre et est parfaitement dans le ton de l’œuvre originale, notamment grâce à sa palette de couleurs chaleureuses. Et, même si, techniquement parlant, il y aura toujours quelques défauts à remarquer, le jeu se laisse regarder, bien qu’il ne soit pas ce que l’on peut appeler un modèle de beauté. D’un point de vue sonore, le titre rend parfaitement hommage à son pendant animé, les musiques étant d’une plaisante similarité avec celle du dessin-animé.
Mais peut-être est-ce tout ce qui importe dans une production de la sorte. Si tel est le cas, et que votre seule préoccupation c’est de plonger de l’univers de Mashima, sans prêter attention aux points qui piquent un peu, alors Fairy Tail 2 a de grandes chances de vous séduire. Et ce, même s’il est plus que lacunaire dans les activités, les missions, qu’il propose ou très archaïque dans sa forme et l’animation de ses personnages, qui, il faut le dire, sont bien trop rigides.
Fairy Tail 2 n’est probablement pas la pire production qui puisse exister dans le domaine des adaptations. Disons même qu’il s’agit là d’une proposition correcte qui saura amuser son public. Un public qui, on le comprendra bien vite, ne peut être que constitué d’une fan base déjà bien ancrée, et n’étant par ailleurs pas forcément des joueurs confirmés.
Au final, nous nous retrouvons donc avec un jeu ne présentant aucun challenge particulier : l’expérience de jeu est très limitée, les activités secondaires assez médiocres (ne s’agissant en substance que de missions de type FedEx) et les combats bien décevants, n’offrant qu’ennui et déplaisir. Des défauts qui le discréditeront auprès des joueurs, mais qui ne gêneront sans doute pas l’inconditionnel. Les personnages, leur traits humoristiques propres ou encore l’ambiance musicale proche de l’anime auront en effet de quoi les satisfaire.