Dans le vaste monde du manga et plus précisément en ce qui concerne la catégorie « Shonen », dès qu’une œuvre commence à avoir un minimum de succès, celle-ci se voit généralement transposée à la télévision par le biais de l’animation dans le but de booster le manga, et in fine de capitaliser un maximum sur cette licence. Si les choses se passent bien, et que le manga cartonne, il est aussi possible qu’elle soit adaptée en jeu vidéo, comme c’est le cas de notre sujet du jour : Fairy Tail.
Pour autant, il aura fallu attendre bien longtemps avant que ce manga populaire, même si moins populaire qu’un Naruto, ne daigne montrer le bout de son nez sur consoles, la faute certainement à un marché japonais plus orienté vers le mobile que l’Occident. Cependant, l’exploitation de licences dans le portage de mangas en jeux vidéo, c’est un peu comme jouer à la roulette russe, on ne sait jamais comment sera le résultat, et si nos espoirs seront comblés.
Avec Fairy Tail, de l’espoir, justement nous en avions, essentiellement porté par le fait que ce soit Gust en charge du développement, le studio derrière Atelier Ryza, un jeu ayant donné un nouveau souffle à leur licence phare. Malheureusement, nous avons rapidement déchanté, et si le credo de Natsu est de tout enflammer, pour nous Fairy Tail aura été une vraie douche froide.
(Test de Fairy Tail réalisé sur PlayStation 4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Fairy Tail n’aura même pas réussi à conserver toutes les qualités du manga
Comme mentionné en introduction, le fait que l’on retrouve Gust au développement et Koei Tecmo à la production était plutôt encourageant, voire rassurant, puisqu’ils avaient accouché d’un Atelier Ryza plutôt convaincant, tant sur le fond que sur la forme. Fairy Tail avait donc toutes les chances de devenir un bon petit jeu, d’autant qu’il s’agit d’un RPG, le genre de prédilection du studio. Malheureusement nous avons déchanté dès les premières minutes de jeu et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, graphiquement, le jeu n’est absolument pas digne de la génération actuelle, et n’en déplaise à ceux qui se sont montrés plutôt cléments sur ce point, mais le jeu arrive tout juste au niveau de beaucoup de jeux à budget limité de la génération PS3. Les décors sont vides, les textures baveuses, la gestion des éclairages bien souvent tout juste existante, et même la modélisation des personnages ne convainc qu’à moitié, comme si tout le budget était passé dans l’exploitation de la licence et qu’il ne restait plus grand-chose pour faire tenir le titre debout.
Si la partie esthétique s’avère être une réelle déception, la désillusion ne s’arrête pas là et va même jusqu’à gâcher l’un des points qui faisaient la force du manga, à savoir le côté épique de sa mise en scène. Si les combats s’avèrent acceptables de ce côté, mais nous y reviendrons, ce n’est pas du tout le cas des cut-scenes qui sont effroyablement molles, sans parler de l’animation ultra rigide des personnages.
Et comme si le manga ne nous avait pas déjà gratifié de poitrines assez imposantes, il a fallu que Fairy Tail le jeu se lance dans la surenchère, avec par exemple une Lucy qui, on l’imagine, n’a plus jamais revu ses pieds depuis le début de la puberté. Le fan service faisant la marque de fabrique du manga est donc bien présent, et croyez bien que c’est aussi pour cela qu’on aime cette œuvre.
Pour autant, si dans le manga les personnages féminins sont généralement dotés de poitrines généreuses, nous arrivons ici à des extrêmes, qui, couplés à une animation très rigide, donnent un résultat parfois discutable, voire dérangeant.
Passons donc à la partie qui devrait intéresser les fans, à savoir le scénario. Celui-ci prend place peu avant le grand tournoi de la magie, et si vous n’avez jamais vu ou lu Fairy Tail avant cela, attendez-vous à être complètement paumé puisque le jeu ne vous offrira pas de rattrapage pour vous mettre à niveau. Les personnages, les enjeux, il faut prendre le train en cours de route, ce qui n’est pas impossible, mais qui vous demandera donc un peu d’investissement pour vous immerger complètement dans l’histoire.
Pour le fan cependant, celui-ci se sentira en terrain plus que connu, et n’aura plus qu’à confortablement s’installer pour revivre les moments forts de cet arc scénaristique. Entre le parfait respect de la trame, et la musique aussi agréable et épique que dans l’anime, il ne fait nul doute que sur ce point, l’aficionados devrait s’y retrouver.
Un gameplay convenu, mais qui sauve les meubles pour les fans
Vous allez donc devoir rendre à la guilde Fairy Tail ses lettres de noblesse après sept ans d’inactivité, tout en vous préparant pour le grand tournoi de la magie qui approche. Ces deux éléments sont très importants puisqu’ils vont rapidement guider le joueur vers une douloureuse aventure aussi redondante qu’inintéressante sur le plan ludique.
Pour commencer, le fait que Fairy Tail doive remonter dans le classement des guildes va donner lieu à des quêtes FedEx dans la plus pure tradition du genre, et comme vous devez aussi vous préparer au tournoi, il va falloir vous lancer dans le farming intensif afin de gagner en puissance.
Si le côté farming est complètement dénué d’intérêt, vous vous en doutez, la reconstruction de la guilde pourra donner une certaine satisfaction aux fans du manga. Le bâtiment se divise en plusieurs sections qu’il va falloir rénover en amassant assez d’argent via les quêtes, et il est finalement plutôt gratifiant de voir la guilde retrouver des couleurs, avec à chaque avancée des évolutions esthétiques redonnant vie à ce lieu si cher à nos personnages.
Pour faire simple et que vous ayez une petite idée de comment va se dérouler votre partie sur la grosse vingtaine d’heures qui la composent, sachez que vous allez récupérer des quêtes sur le tableau de la guilde, plus ou moins difficiles en fonction de votre classement, et une fois réalisées, vous pourrez récupérer votre récompense. Avec votre argent, vous serez en mesure d’améliorer vos infrastructures, les montées de niveaux via les combats vous permettront de débloquer de nouvelles capacités, et quand vous atteindrez le niveau requis, le jeu vous proposera de continuer à suivre l’histoire principale.
Il est à noter aussi et surtout que malgré une majorité de quêtes FedEx, il n’est absolument pas possible de prendre plus d’une quête à la fois, ce qui aurait pourtant été plus que bienvenu afin de les enchaîner rapidement, mais ce n’est qu’un petit détail parmi d’autres.
Enfin, et c’est certainement ce qui sauve un peu le tout, les combats permettent de retrouver un peu cette fureur épique et cette camaraderie omniprésente dans le manga. Taillé comme un RPG au tour par tour old school, le jeu ne vous offrira aucune subtilité que vous n’ayez pas déjà vue ailleurs, mais après tout, si c’est bien fait, pourquoi se priver ? Alors, comme vous vous en doutez, si le reste est tout juste acceptable, il ne faut pas s’attendre à des merveilles.
Mais pour autant, l’on retrouve déjà le principal, à savoir les différentes techniques des personnages du jeu, le tout généralement sous couvert de très jolis effets qui vous feront ressentir pleinement la puissance des attaques.
Ici, nous utilisons de la magie, les personnages usent alors des PM (points de magie) pour utiliser leurs sorts. Comme dans le manga, chaque technique aura un usage précis en fonction du contexte, pouvant alors toucher des zones définies de l’arène, le tout représenté sur une grille à la manière d’un échiquier. Pour laisser place au pouvoir de l’amitié, il est possible de réaliser des attaques de groupe, augmentant considérablement vos dégâts, et permettant notamment de créer et d’utiliser sa combinaison de personnages favorite.
Cerise sur le gâteau, tout un tas de tenues est déblocable, donc le fan sera probablement satisfait, tantôt par le fan service pur et simple, tantôt par le simple plaisir de mettre en scène sa team idéale (jusqu’à quatre personnages), dans ses plus beaux atours.
Alors les combats ne volent finalement pas très haut, il n’y a ici nulle réelle stratégie si ce n’est de jouer sur les résistances et les faiblesses des ennemis. Avec un bestiaire soit dit en passant plutôt pauvre, il ne vous restera finalement que les affrontements de boss pour vous offrir des combats au panache sans pareil, et s’il y a bien un moment où votre cœur devrait s’enflammer, c’est bien à cet instant précis.
Fairy Tail est une réelle déception qui ne fait finalement que cumuler les défauts récurrents de ce genre de jeux à licence au budget serré. Avec ses graphismes médiocres, ses animations d’un autre âge et ses phases de farming épuisantes, il n’y a bien que les fans qui devraient pouvoir s’y retrouver, en puisant du plaisir dans les éléments forts tirés du manga, et qui font finalement mouche assez souvent.
Pour les néophytes, ce jeu n’est tout simplement pas fait pour vous, et ce n’est pas juste un ressenti, c’est le jeu lui-même qui ne cherchera à aucun moment à tenter de vous faire intégrer sa guilde.
Reste donc un jeu à l’arrière-goût de cadeau Happy Meal sous licence, mais vendu au prix fort, que les connaisseurs voudront sûrement posséder à tout prix, même si c’est pour qu’il prenne la poussière sur une étagère.