Premier bébé du studio indépendant Motiviti, Elroy and the Aliens est sorti discrètement au début du mois d’avril. Présenté comme un jeu d’aventure dessiné à la main, le titre est surtout un point-and-click à l’ancienne, inspiré par les classiques de LucasArts et des franchises comme Stargate et Indiana Jones. Sous son vernis nostalgique, est-ce qu’Elroy and the Aliens parvient à proposer une expérience qui tient la route ?
(Test de Elroy and the Aliens réalisé sur PC à partir d’un clé fournie par l’éditeur)
Elroy Deluna’s Bizarre Adventures
1993, Nouveau Mexique. Après une expérience ratée, Elroy retrouve un message de son père, porté disparu depuis dix-huit ans. Le célèbre archéologue Diego Deluna serait toujours vivant quelque part. Avec pour seul indice un livre publié sur ses recherches à propos d’un artefact mystérieux et l’aide de la journaliste Peggie Wolfe, Elroy passera son dimanche à suivre les traces de son paternel, depuis Slope City en passant par le désert, jusque (vous l’aurez deviné grâce au titre du jeu) chez les extraterrestres.
Cette histoire, combinée au style cartoon dessiné à la main d’Elroy and the Aliens, donne l’impression de jouer à un dessin animé interactif. Nos deux personnages principaux ainsi que tous les PNJs sont entièrement doublés en anglais, ce qui renforce cette sensation d’être devant son dessin animé du samedi matin dans les années quatre-vingt-dix.
Elroy and the Aliens est bourré d’humour (on salue également le travail du traducteur français, qui a réussi à bien retranscrire les blagues en y ajoutant une touche « made in France »), et même s’il ne faudra que quelques heures pour finir le jeu, on se laisse porter par cette aventure. L’histoire, si elle ne va pas chercher dans l’originalité, est généreuse et un brin touchante, avec de nombreux tableaux à explorer, des antagonistes caricaturaux à dessein, des aliens rigolos et des robots comédiens !
Voyage en terrain connu
Au-delà de l’histoire et de l’univers développés par Elroy and the Aliens, le titre se tient-il en tant que point-and-click ? Le jeu conserve toutes les mécaniques du genre (associer des objets ramassés un peu partout, les montrer aux PNJs en échange d’informations…) sans faire dans l’originalité. Mais pourquoi changer une équipe qui gagne ? On apprécie aussi la variété des puzzles proposés tout au long de la partie (jeux de miroir, disques à faire tourner, textes à décoder…), qui apportent un petit challenge supplémentaire.
On a également beaucoup aimé le système de « voyage rapide » entre la soixantaine de tableaux. Les allers-retours constants sont souvent fastidieux dans les point-and-clicks, mais Elroy and the Aliens rend tout beaucoup plus fluide sans pour autant qu’on ait l’impression d’être pris par la main.
Cependant, le jeu reste assez simple, avec peu de fausses pistes. Globalement, on trouve les indices assez facilement et de façon assez linéaires. Il ne s’agit pas réellement d’un défaut, et on peut tout de même profiter de l’histoire et de ce qu’on aime dans un point-and-click, mais les amateurs de casse-têtes qui font des nœuds au cerveaux pourraient rester sur leur faim.
Les quelques succès Steam et les différentes fins à découvrir permettront tout de même d’apporter quelques défis en plus pour compenser. Enfin, on regrette un dernier acte un peu rapide, voir précipité : on aurait aimé rester un peu plus en compagnie d’Elroy et Peggie, et s’attarder un peu plus sur la résolution de l’intrigue avec l’antagoniste principal.
Elroy and the Aliens réussit son pari et s’inscrit dans la lignée des jeux LucasArts (Day of the Tentacle, Monkey Island, Sam & Max…) et d’autres classiques comme Les chevaliers de Baphomet. On retrouve tous les ingrédients qui font qu’on aime ces jeux : un univers un peu fou, la sensation d’être devant un dessin animé, l’humour omniprésent et des énigmes qu’on a plaisir à résoudre pour avancer. L’ambiance « nineties » du titre, combinée à ces hommages assumés, donne à Elroy and the Aliens une atmosphère nostalgique sans tomber dans le clin d’œil à outrance ou dans la pâle copie. Le jeu garde son identité propre.
Les fans du genre devraient s’y retrouver, et passer un agréable moment le temps d’un long week-end. Le jeu n’est pas très difficile sans être simpliste, et pourrait aussi constituer une bonne entrée en matière pour celles et ceux qui n’ont jamais testé les point-and-clicks : le titre est rarement frustrant contrairement à ses illustres ancêtres où certaines combinaisons d’objets tordues en ont fait abandonner plus d’un.