La guerre entre FIFA et PES n’est pas près de finir, et si on ne peut que reconnaître la suprématie du jeu d’Electronic Arts au niveau des ventes, sur le terrain, cela devient bien plus délicat pour le king qui voit depuis deux ans maintenant son trône chaque année contesté. En 2018, la mouture 2019 de PES avait même su se hisser au rang de meilleure simulation footballistique actuelle si on ne prend en compte que le gameplay et le réalisme de ce dernier. Pour ce nouvel opus, renommé par Konami eFootball PES 2020, les développeurs ont travaillé en étroite collaboration avec un certain Iniesta pour permettre à leur jeu de franchir un nouveau cap et ne souffrir plus aucune concurrence sur la pelouse. La coupe va-t-elle encore une fois prendre la direction du Japon cette année ?
(Test de eFootball PES 2020 réalisé dans une version PS4 fournie par l’éditeur)
Cette année, comme chaque année depuis des lustres, nous arrive donc la nouvelle mouture PES. Si à une certaine époque on était sûr de la qualité de la simulation footballistique de Konami sans même mettre la main dessus, cette époque est bel et bien révolue. Parce qu’entre temps, la licence s’est perdue et a surtout oublié ce qui faisait sa force : un gameplay aux petits oignons faisant oublier les quelques manques à côté. Depuis maintenant trois ou quatre ans, la saga est repartie sur de nouvelles bases et a réussi à faire oublier des épisodes parfois à la limite du moyen. Aujourd’hui débarque donc eFootball PES 2020, un titre sur lequel Konami place de gros espoirs et qui doit définitivement remettre la simulation à sa place, c’est-à-dire sur la plus haute marche du podium.
La passe en profondeur
Et s’il y a un point qui peut donner sans contestation possible la médaille d’or à ce eFootball PES 2020 c’est bien son gameplay. Encore plus précis et exigeant que l’année dernière qui pourtant plaçait déjà la barre bien haut, ce nouvel opus est aussi agréable à prendre en main que réjouissant. Konami nous propose ici du grand football fait de passes millimétrées, d’attaques placées hallucinantes de réalisme, de gestes incroyables, de frappes enroulées en pleine lucarne et de tacles salvateurs.
Manette en main, on note de nombreux changements pour le meilleur. La première touche de balle de notre joueur devient d’une importance capitale par exemple et peut tout changer. Un contrôle orienté bien placé peut désorganiser la meilleure des défenses, tout comme notre anticipation sur la passe, l’IA jouant son rôle à merveille en multipliant les appels. Mais cela dépend aussi de la qualité de la passe. Être précis, dans le bon tempo en répondant au mieux à un appel, et bien doser la puissance de son coup de patte est un impératif pour une bonne circulation du ballon et une bonne réception de la part du joueur visé. La vista, la création de décalage via les unes deux, les courses à haute intensité, les changements d’aile ou encore les changements tactiques en pleine action deviennent aussi des immanquables faisant de cet opus l’un des plus profonds jamais joués. C’est simple, eFootball PES 2020 offre une construction de jeu et des séquences offensives rarement observées à ce niveau et surtout d’un réalisme qu’il sera difficile de surpasser.
Les changements opérés aussi au niveau des dribbles et des contrôles de balle rendent l’expérience unique avec l’apport de la fonction dribble en finesse. En travaillant avec Iniesta, les développeurs de Konami ont non seulement approfondi leur vision de la construction du jeu et de la première touche de balle, mais aussi celle du dribble. Ainsi, dans les petits espaces notre façon de dribbler le ballon devient la clé de notre réussite, c’est à la fois plus facile de prise en main que technique et cela demande un sens du timing impeccable, réussir un double contact est plus ardu qu’on le croit en regardant un match devant notre écran de télévision. Rassurez-vous, il n’y a rien de bien sorcier à maîtriser la chose, c’est juste une arme de plus à l’arc étoffé du jeu de Konami, et les adeptes de gestes techniques spectaculaires en auront aussi toujours pour leur argent, car il est toujours possible de réaliser des gestes de grande classe comme le sombrero ou la roulette. Globalement, le gameplay gagne en profondeur grâce à cet apport, le jeu se montre assez exigeant d’ailleurs dès que l’on joue en haut niveau et les néophytes risquent de buter dessus pas mal de temps.
Poteau sortant
Néanmoins, si le gameplay global s’est vu retouché, le bât blesse en défense, l’IA ne répondant pas toujours comme il se doit dans ce domaine. Elle a tendance à laisser trop d’espace sur les côtés notamment, là où les joueurs de couloirs rapides et techniques pourront réaliser de véritables raids. Pareil sur les coups de pied arrêtés, on a trouvé les défenses parfois totalement à la ramasse au marquage. Heureusement alors que les gardiens, eux, sont de véritables murailles qui réalisent parfois des arrêts magnifiques et très compliqués. Tout ceci malgré des gestes défensifs étoffés et la possibilité enfin de pouvoir quasiment se sacrifier en faisant une faute volontaire pour empêcher un attaquant de foncer droit au but.
On note aussi parfois un véritable souci de placement de notre défense, se faisant prendre assez souvent dans le dos, dès lors que l’on joue un peu haut. Les joueurs ont parfois un peu de mal à se replacer et rendent alors l’équipe vulnérable aux contre-attaques trop facilement. Car oui eFootball PES 2020 n’offre pas que la possibilité de construire ses attaques patiemment, les adeptes des contres éclairs ou encore du jeu bas seront ravis d’apprendre qu’ils y trouveront leur compte.
Aussi, Konami s’est enfin penché sur le problème de l’arbitrage qui gangrène sa licence depuis quelque temps, le souci ici c’est que la chose a été prise à l’envers. En effet, les arbitres avaient tendance à avoir le coup sifflet un peu trop facile envers les joueurs, l’IA bénéficiant d’une immunité souvent abusée. Si on note alors une petite évolution sur ce point, les hommes en noir restent encore trop laxistes, voir encore plus avec l’intelligence artificielle et si elle laisse passer un peu plus de contact, elle continue de siffler trop facilement lorsque c’est un joueur humain qui défend. Il serait temps de revoir l’arbitrage de A à Z, parce que c’est souvent extrêmement frustrant, surtout dans les niveaux de difficulté les plus hauts, lorsque les matchs sont disputés.
Hormis ces quelques mauvais points qu’il reste à corriger, eFootball PES 2020 s’en sort avec les honneurs au niveau de son IA, capable de construire elle aussi des attaques de grande classe, de réaliser des gestes incroyables et de réagir aux événements et aux dispositifs tactiques adverses. Encore plus que dans l’épisode précédent, l’intelligence de jeu est ici le fer-de-lance de cette nouvelle itération, et très franchement, Konami n’est pas loin de proposer la perfection, certes une perfection périssable, mais perfection tout de même.
Le stade, lieu de spectacle
Autre point sur lequel ce PES 2020 – on va l’appeler comme ça à partir de maintenant – évolue, c’est sur sa proposition graphique. Alors certes, ce n’est pas à tomber par terre et il n’y a pas une génération d’écart entre le jeu de l’année dernière et celui-ci, mais cela fait tout de même son petit bonhomme de chemin. La modélisation des joueurs grimpe d’un cran, les animations sont plus naturelles et fluides et les faciès des joueurs choisis toujours aussi criants de ressemblance, quant aux autres c’est en-dessous de la moyenne bien souvent. Les stades homologués – une petite vingtaine – gagnent aussi en détail et sont bien plus vivants que par le passé, le public est plus vivant et les chants enfin à la hauteur, même si parfois encore trop éparses. Même constat en qui concerne les bancs de touche réagissant enfin, pour l’entraîneur du moins, aux faits de jeu, et ça bouge enfin de part et d’autre du terrain. Les matchs sont globalement très dynamiques, les quelques cut-scenes apparaissant ici et là suite à quelques fautes ou à un changement ne plombant pas du tout le rythme.
Cependant, là encore quelques petits points d’ombre marchent sur les plates-bandes ensoleillées du reste. Pour commencer, si la physique de la balle est remarquablement bien rendue, même plus que cela, la sphère se comportant extrêmement bien, on ne peut pas en dire autant des collisions entre les joueurs. Il arrive que cela casse littéralement les animations des joueurs les rendant totalement loufoques parfois ou se bloquant de manière très hachée, voire robotique. De même que nombre de fautes sont dues aussi aux affres des collisions. Pour être tout à fait honnête, ces problèmes n’arrivent pas systématiquement et sont bien loin de prendre le pas sur les réussites du moteur du jeu.
Enfin, si l’ambiance sonore est bien meilleure durant les matchs, les quelques tracks du jeu restent potables sans plus, mais meilleures que dans l’épisode 2019 tout de même. Seulement, les commentaires français toujours assurés par le duo Grégoire Margotton et Darren Tullett sont encore une fois à l’opposé de ce que l’on attend de commentateurs sportifs pertinents et intéressants. Non seulement on ne voit quasiment aucune évolution dans ce qui est dit depuis quelque temps déjà, mais en plus c’est agaçant au possible. L’humour sonne des plus creux et il arrive souvent que notre duo sorte des choses à l’opposé de ce qui se déroule dans le match. Il serait temps d’envoyer ces deux messieurs à la retraite, de laisser l’un dans son salon boire son thé et l’autre tenter de relancer sa carrière, et de nous offrir un duo convaincant avec des lignes de texte écrit par autre chose qu’un stagiaire. Merci.
Pas de sponsor, pas d’argent
Fatalement, un bon jeu de football se doit d’offrir des modes de jeu à la hauteur de ses ambitions. Alors qu’en est-il de ce PES 2020 ? Eh bien, c’est mieux, mais encore en deçà de son concurrent direct qui bénéficie aussi de plus de clubs et de compétitions licenciées encore aujourd’hui. Et ce n’est pas la Copa Libertadores non officielle – FIFA ayant récupéré la chose – qui va passionner plus que cela les joueurs européens, même s’il est toujours bon de pouvoir s’adonner à son sport favori dans les ambiances très chaudes d’Amérique du Sud.
Et c’est le moment aparté pour passer en revue les licences officielles de ce PES 2020. Alors outre la « fake » Copa Libertadores, le Campeonato Brasileiro, la Superliga argentine, la Liga Àguila colombienne et le Campeonato AFP chilien, on retrouve cette année la série B brésilienne pour ce qui est de l’Amérique du Sud. Autre nouveauté notable et exotique, les arrivées des CFA Super League chinoise et Toyota Thaï League Thaïlandaise, le tout accompagné de la Premier Liga russe. La Champion’s League Asiatique est bien évidemment de la partie.
Concernant l’Europe, Konami a enfin pu mettre la main sur la Serie A TIM Italienne – hormis le club de Brescia – et a même réussi à s’offrir l’exclusivité de la Juventus de Turin, un beau pied de nez à FIFA pour le coup. Hormis cela, on retrouve tous les championnats déjà présents auparavant, comme la Ligue 1 Conforama, la Dominos Ligue 2, l’Eredivise néerlandaise, la Liga NOS Portugaise, la Jupiler Pro League belge, la Ladbrokes Premiership écossaise, la Raiffeisen Super League suisse, la Spor Toto Süper Lig Turque et la Superliga danoise. Au menu des exclusivités, on note aussi que les deux mythiques clubs de Buenos Aires, Boca Junior et River Plate, qui sont donc renommés et ne posséderont pas leurs équipements officiels dans FIFA 20, tout comme la Juventus donc.
Enfin, niveau compétition, on note quelques nouveautés et toujours des manques par contre. Déjà, les championnats et la majorité des équipes des deux divisions espagnoles et anglaises ne sont pas sous licences. Hormis les partenaires que sont le Barça, Manchester United et Arsenal. La Bundesliga allemande est elle toujours totalement absente – tout comme l’équipe nationale présente, mais composée de joueurs fictifs -, sauf le Bayern Munich, le Bayer Lerverkusen et Schalke 04 qui sont présents dans un listing d’équipes européennes orphelines de leur championnat dans ce PES 2020, comme le Dinamo Zagreb par exemple.
Globalement, PES 2020 continue sur la lancée de son prédécesseur et ajoute toujours un peu plus d’équipes et acquiert encore quelques licences, mais il va falloir en faire un peu plus pour espérer au moins concurrencer quelque peu FIFA sur ce sujet. La Champion’s League serait un joli retour pour le prochain épisode et l’apport de quelques équipes sous licences supplémentaires, ainsi que de championnats incontournables, ne serait pas de refus. Malgré tout, Konami continue de monter graduellement en puissance année après année et sinon les joueurs PS4 et PC peuvent toujours utiliser les patch non officiel rajoutant les licences manquantes. Chose que nos amis sur Xbox ne peuvent malheureusement pas faire.
Néanmoins, cette année PES 2020 a voulu apporter quelques évolutions à ses différents modes de jeu et surtout à sa Ligue des Masters. Cela passe tout d’abord par le choix d’un entraîneur parmi quelques légendes du football, de Maradona à Zico en passant par le généralissime et malheureusement décédé Cruyff. Ensuite, arrivent les premières cut-scenes présentant conférences de presse et tranches de vie en tant que manager. Cela rend l’expérience Ligue des Masters bien plus vivante, même si foncièrement cela ne casse pas les deux jambes de mémés dans les orties.
L’autre aspect évolutif du mode est à mettre au compte de l’aspect visuel de la chose, avec des menus qui ont enfin une allure plus moderne, sans pour autant se montrer super ergonomique à l’emploi. Dommage, car la Ligue des Masters avait besoin de cette retouche graphique. Dernier point et pas des moindres, les transferts. Merci d’avoir enfin ajusté les sommes, finies les signatures de Neymar pour 40 millions d’euros, maintenant pour déloger un gros ponte il va où soit falloir sortir un très gros chèque ou avoir la chance de le voir apparaître dans sa liste d’observation, ceci facilitant les transactions.
Un mode Ligue des Masters qui connait donc une belle évolution sans que cela soit une révolution, on a d’ailleurs noté une anomalie avec la disparition de la Coupe de France au profit de la Coupe de la Ligue, curieux. Aussi, pour ce qui sont autres modes classiques dirons-nous, rien de plus à signaler, si ce n’est là encore une refonte des menus pour Je suis une Légende par exemple, qui lui ne s’est pas vu retoucher plus que cela et reste globalement correct.
Jeu d’équipe
Pour finir, il nous faut aborder les quelques modes de jeu en ligne de ce PES 2020. Rien de bien nouveau à se fourrer sous la dent cette année. Et nous allons commencer par le mode My Club, l’équivalent du FUT de FIFA. Rien de bien nouveau concernant ce dernier, on reconnait aisément par contre qu’il reste plus juste en termes de distribution des cartes joueurs que ne l’est le jeu d’Electronic Arts qui a développé une véritable économie parallèle en spéculant, inutile de le nier, c’est un fait. Là c’est beaucoup plus fluide et cela récompense bien mieux les joueurs assidus. Aussi, on compte un paquet de légendes s’ajoutant au roster déjà bien garni de joueurs, mais aussi quelques nouvelles cartes à variation pour un seul et même footballeur. Sans cela, mis à part quelques légères retouches ici et là, rien a signaler et il en va de même pour le reste des modes de jeu en ligne, sauf pour le nouveau Match Day.
Ce dernier se prête plus à une interprétation sur le long terme qu’autre chose. Car il demande sur un mois de représenter une team contre une autre sur une semaine en choisissant une équipe à jouer durant ce laps de temps. Compétitif et franchement plaisant, on attend de voir ce qu’il peut donner sur le long terme et si des inégalités ne vont pas se créer au fur et à mesure que le temps passe. Les rewards que l’on obtient en fin de semaine, dépendant des victoires et autres gestes à point, ainsi que de la victoire en finale, sont franchement intéressants. Encore une fois, nous ne pouvons juger véritablement de rien en l’état, mais cela semble prometteur, c’est un peu l’étincelle d’un léger renouveau pour la licence PES, car c’est bien le seul mode original auquel on a droit cette année.
eFootball PES 2020 est probablement la simulation footballistique la plus réjouissante de ces dernières années lorsque l’on aborde la question du fond de jeu et plus globalement du gameplay. Konami a peaufiné son poulain pour nous offrir un jeu réaliste et pratiquement parfait sur bien des aspects. Et si on note quelques évolutions notables sur le reste, elles sont malheureusement plus de l’ordre de l’esthétisme qu’autre chose. Il manque à ce PES 2020 une dose d’ambition et une réelle prise de risque concernant ses modes de jeu, plus de profondeur et d’épaisseur au tout, car en l’état on reste malheureusement sur notre faim, même si manette en main on prend un pied pas possible. Alors si eFootball PES 2020 est une introduction au futur de ce que deviendra la franchise, c’est probablement l’une des meilleurs que l’on ait eues.
Site officiel de eFootball PES 2020.