Chaque année, c’est la même musique : est-ce que la nouvelle itération de FIFA EA Sports FC sera à la hauteur des espérances ? Parce qu’avec des temps de développement relativement courts, des impératifs de bouclage stricts et un monopole sur le jeu vidéo footballistique depuis la déchéance de PES, n’aident pas forcément les développeurs à repenser profondément leur titre annuel.
Et ce constat est applicable à ce nouveau EA Sports FC 25 qui apporte quelques nouveautés et retouches appréciables, sans pour autant rebattre complètement les cartes.
(Test de EA Sports FC 25 réalisé sur PlayStation 5 avec une version fournie par l’éditeur)
On ne va pas tourner autour du pot, oui EA Sports FC 25 surclasse sans problème son prédécesseur, notamment parce qu’il corrige par petites touches quelques-unes de ses errances, et propose même quelques améliorations dans certains systèmes qui le méritaient depuis bien longtemps. Néanmoins, c’est encore trop peu pour pleinement convaincre, d’autant plus que le gameplay, lui, n’a presque pas bougé d’un ïota, sans pour autant que cela freine notre envie d’enchainer les matchs.
Fait dans le rush
Commençons par la belle surprise : le mode Rush. Remplaçant un Volta qui prenait de l’âge et devenait de moins en moins pertinent, Rush s’inspire sans le cacher de la fameuse King’s League lancée par Gerard Piqué et qui connait un succès grandissant. Dans les faits, il s’agit d’un mode de jeu nous proposant des affrontements en 5 contre 5 sur petit terrain et dans lequel l’attaque est mère de toutes les victoires. C’est grisant, fluide, bien pensé et les joueurs (ceux en maillot) peuvent y exprimer non seulement tout leur potentiel, mais aussi mettre en avant leurs caractéristiques premières.
Attention, Cela demande une certaine rigueur dans le placement et les déplacements, il faut savoir gérer les espaces sans et avec ballon. Les parties peuvent donner lieu à des scores fleuves pendant les sept minutes qu’elles durent, et il ne tient qu’à vous de défendre aussi bien que vous attaquez pour éviter la correctionnelle.
Bien moins arcade que Volta, Rush est taillé pour les parties entre potes et promet de nombreuses heures de franches poilades dans le plus pur esprit de compétition. Les règles sont similaires à celles d’un match normal, à ceci près que le carton rouge ici devient bleu et mettra sur la touche le joueur coupable pendant une minute.
Son implémentation dans l’écosystème FC 25 est aussi bien pensée. On retrouve Rush dans quasiment tous les autres modes de jeu, et il a son utilité, notamment pour tester ses jeunes pépites ou augmenter sans trop forcer les attributs de son joueur en Carrière Pro. Une réussite qui éclipse un peu le quasi-immobilisme d’une grande partie du reste.
Zinedine sans Zidane
Dès notre entrée dans le jeu, nous sommes accueillis par un Zidane qui cachetonne et récite son texte avec le (non)talent d’acteur qu’on lui connait. Ce qui est quelque peu surprenant vu que l’on ne peut même pas l’incarner en tant que manager dans le jeu. Passons donc sur cela et parlons des modes de jeu présents qui ont peu bougé, même si la plupart connaissent quelques évolutions, majeures comme mineures.
Seul Ultimate Team n’a pas bougé aussi bien dans la forme que dans le fond, inutile d’en faire un paragraphe entier, le mode est similaire à ce qu’il offrait auparavant avec toujours les mêmes options et la même loterie dont nous n’encouragerons jamais l’usage.
Mais si on met de côté UT, il faut bien avouer que la refonte de la Carrière côté manager est appréciable et apporte encore un peu plus de réalisme. On parle là de diverses petites retouches, comme le menu contextuel de type réseau social (avec des transferts commentés par Fabrizio Romano) ou encore l’accueil qui réunit toutes les tâches à réaliser du jour et qui est fort utile.
Tout ceci se greffe à un mode de jeu déjà bien carré de base et ces petits plus, qui ne rendent en rien l’expérience malheureusement moins redondante sur la durée, lui permettent néanmoins de se montrer plus fluide. Concernant la Carrière Pro, rien à signaler, si ce n’est l’apport du mode Rush encore une fois, la chose restant à notre sens trop peu immersive dans son fil conducteur, sans que cela ne soit mauvais.
Tout comme la Carrière classique, la mise en scène des cinématiques manquent de mordant et d’intérêt à la longue, même si le mode reste suffisamment complet par bien des aspects pour passionner les foules. En gros, le reste fait un peu de surplace, Clubs, lui, n’a le droit qu’à un petit lobby bien retravaillé, un peu plus clair et facile d’emploi. Il reste donc pas mal de choses à mettre en chantier pour qu’on ait le droit au vrai renouveau de FC.
La vérité du terrain
Sur la pelouse, le constat est assez similaire, même si une particularité change la donne. Déjà, balle au pied, c’est toujours aussi bon, fluide, même si un peu plus lourd que l’année précédente. Les joueurs ont moins d’inertie et c’est tant mieux, sans pour autant que l’on évite le simple crochet capable d’envoyer notre joueur sur orbite tant ils ont parfois toujours autant de mal à ne serait-ce que se retourner ou changer d’appui.
Aussi, si la défense est toujours pas mal délicate, EA Sports FC 25 misant une fois encore tout sur l’attaque, l’apport d’une touche pour contenir son adversaire direct aide grandement à effectuer un pressing efficace. Cependant, il y a encore ce manque d’équilibre face à certaines stars qui ont tendance à pouvoir faire ce qu’elles veulent sur le terrain.
Les équipes d’EA ont aussi décidé de se pencher sur les collisions et contres hasardeux qui, disons-le, sont une plaie depuis quelques années. Et oui, il y a du mieux. Alors ce n’est toujours pas parfait, mais on prend moins de buts dû aux errances du moteur physique qu’anciennement. De même que la physique de la balle est encore un poil plus précise, donnant lieu à des passes et frappes réalistes comme jamais, alors que les dribbles, un brin plus délicats à placer, se montrent dévastateurs quand bien utiliser. Par contre, côté corner, penalty et coup franc, c’est du RAS complet, tant rien à bougé.
Mais ne boudons pas notre plaisir, EA Sports FC 25 tient selon nous mieux la distance que son ainé une fois les crampons sur le rectangle vert. Le jeu de construction reste réussi et ce n’est pas parce que les gardiens nous donnent toujours autant de sueurs froides en relâchant trop de ballons que cela change quoi que ce soit. Mais la vraie nouveauté n’est pas à mettre au crédit du gameplay à proprement parler, ni même aux arbitres qui n’ont pas le coup de sifflet facile, et encore moins lors d’attentats à notre encontre, mais bien à celui de la tactique.
FC IQ c’est dans le jeu
Parce que cette année EA Sports a souhaité redynamiser l’aspect tactique du jeu que ce soit lors de sa création qu’en match. Le FC IQ pourrait se résumer en deux choses. La première est donc la possibilité de créer son schéma de jeu, ce qui était déjà le cas auparavant, mais en donnant aux joueurs différents rôles sur le terrain qui leur permettront de s’exprimer à leur plein potentiel. Un peu à la manière d’un Football Manger en fait, puisque c’est à nous de décider si notre attaquant sera plus efficace en tant que renard des surfaces ou en tant que neuf et demi par exemple, en prenant en compte ses attributs, mais aussi le schéma dans lequel on évolue.
Car donner au joueur son meilleur rôle pourrait déstabiliser l’équilibre de votre équipe et des choix sont donc à faire pour trouver la parfaite combinaison entre ce que l’on attend de son collectif et de ses individualités. Dans les faits, c’est clairement là une avancée majeure qui chamboule pas mal notre approche d’un match, puisque l’on peut maintenant changer à la volée de tactique en jeu, ou réajuster à la volée divers paramètres.
Vous l’aurez compris c’est le second point fort du FC IQ et si on observe encore quelques errances de l’IA dans son placement et ses courses sans ballon, tout ceci contribue à rendre EA Sports FC 25 bien supérieur de ce point de vue à ce qui nous a été donné de jouer par le passé. Une bonne idée qui mérite un approfondissement certain dans le futur.
FIFA sans FIFA
Parce que le futur va peut-être voir émerger de nouvelles licences tentant de titiller celle de EA. On le sait, depuis que l’éditeur ne veut plus payer une fortune pour avoir le droit d’afficher toutes les licences officielles des clubs et compétitions, il y a un peu de casse au passage. Cette année les championnats et équipes italiennes ont pris cher, et peu d’entre elles sont sous licences, au contraire de la Ligue 1 qui est à l’honneur, même si en mode Carrière un seul manager, Luis Enrique ( PSG), nous est proposé, alors que l’on peut dénicher d’obscurs manager issue des championnats indien et coréen. Même De Zerbi, célèbre coach de l’OM est absent.
De même que si l’on observe du mieux dans la modélisation des faciès des joueurs et entraineurs, il y a encore à notre goût trop de disparité dans la qualité de ce qui nous est offert. Regardez juste la tronche de Laurent Blanc si vous voulez être convaincu. Par contre la caméra POV (à la première personne) lors des ralentis ou changements en match fait merveille, de même que la mise en scène toujours aussi folle.
L’ambiance dans les stades, leur modélisation, le rendu global, encore plus poussé, sont vraiment imersifs, même si les commentaires de Omar Da Fonseca et Benjamin Da Silva, ainsi que les chants de supporters mériteraient une bonne mise à jour. Notons aussi qu’il est enfin possible d’effectuer Carrière Manager comme Pro en catégorie féminine, ce qui est très plaisant.
EA Sports FC 25 est sans conteste bien plus réussi que son ainé, mais ne parvient pas malheurement à gommer tous les problèmes de ce dernier. Les développeurs ont clairement fait des efforts pour arrondir les angles et proposer des correctifs, parfois trop mineurs, à chaque aspect de son jeu de foot.
Mettons aussi en avant les très bonnes nouveautés que sont le mode Rush et le FC IQ, qui redynamisent à eux seuls une licence qui se montrait un peu trop frileuse ces dernières années. Mais il reste encore du travail pour qu’un titre FC devienne aussi culte que certains des meilleurs jeux de sa catégorie, même si EA semble avoir pris le taureau par les cornes et s’engager enfin sur la bonne voie. À l’année prochaine.