On ne va pas se mentir, en ce qui me concerne, je suis un amoureux de beat’em all de très longue date, et donc, il va sans dire que j’ai grandi avec la saga Double Dragon (dont vous pouvez toujours consulter notre dossier spécial Dougle Dragon trentième anniversaire). Et notamment, avec le second opus version NES, sur lequel j’aurai campé des heures et des heures avec un camarade de l’époque. C’est donc avec une joie sans borne que j’ai appris récemment la parution surprise d’un Double Dragon IV sur PS4, réalisé qui plus est à la façon de mon épisode préféré mentionné ci-dessus. Impossible de passer à côté, vous vous en doutez, et les espoirs en allumant la console pour lancer le jeu étaient proportionnels aux craintes que ce dernier pouvait susciter, la série n’ayant pas toujours accueilli que des merveilles. Le moment est donc venu de vous livrer l’avis d’un fan de la première heure concernant ce Double Dragon IV sorti de nulle part…
Double Dragon IV, entre nostalgie et déception
À l’ancienne
Personne n’aura probablement joué à un Double Dragon pour la finesse de son scénario, commençons donc par là, puisque ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. L’histoire fait directement suite à celle de Double Dragon II NES, et les frères Lee, Billy et Jimmy pour les incultes, professionnels en arts martiaux, possèdent désormais un éventail de dojos à travers les USA. C’est ce que nous conte l’intro du jeu, constituée, comme à l’époque de son modèle et ancêtre, de quelques images et de courts textes.
On ne va pas s’appesantir sur le sujet, le scénar des Double Dragon ne représente qu’un vague background pour justifier qu’on aille déglinguer du punk et de la morue. Bref, au cours d’un voyage en voiture pour visiter l’un de leurs dojos, les jumeaux se font percuter par une voiture dont les occupants semblent hostiles, et se voient contraints de poursuivre leur périple à pied.
C’est là que débute le combat. Dans la peau de Billy ou Jimmy (au choix), seul ou bien en duo avec possibilité de blesser son camarade ou non, on est parti pour une douzaine de stages qui feront vibrer la fibre nostalgique des amateurs de la saga version 8-bits. Et ce dès la première image.
De fait, le sprite de notre personnage est parfaitement identique à celui de Double Dragon II, au pixel près. Pour les plus jeunes, un sprite, c’est un élément graphique en 2D qu’il est possible d’animer et de déplacer sur le fond de l’écran, lequel constitue généralement le décor du jeu. Mais revenons-en à nos bastons.
Nostalgie et renouveau
On retrouve dans Double Dragon IV un bon paquet d’éléments visuels et sonores émanant des versions NES des deux premiers opus, tels que des ennemis, des objets à ramasser ou encore des thèmes musicaux et des bruitages. Pour le coup, le nostalgique sera aux anges, le jeu est réalisé totalement comme s’il était sorti sur consoles 8-bits.
A partir de là, la question qu’on est en droit de se poser, c’est : est-ce que ce rendu technique à la ramasse, sous couvert de réminiscences old school, justifie les 12€ demandés pour l’acquisition du jeu sur PlayStation IV (7€ sur Steam, les fumiers) ? La réponse incisive et tranchée n’est ni incisive ni tranchée, on répondra donc : mouais bof. Détaillons à présent cet avis éclairé, et d’une pertinence terriblement aiguisée, en analysant les points forts et les points faibles de ce Double Dragon IV.
Dans la colonne des « pour », il peut se vanter de son rendu rétro totalement assumé (bugs et défauts visuels compris), ou encore de l’opportunité de retrouver des ennemis emblématiques de Double Dragon I et II NES (tels que le géant chauve Abobo ou encore les punkettes munies de fléaux d’arme cloutés). En outre, quelques nouveaux adversaires et boss ont été ajoutés au casting, et les combos à deux s’avèrent bien plus redoutables que dans Double Dragon II, d’autant que le panel de coups proposé s’est lui aussi étendu.
Plus besoin ici de s’orienter correctement pour frapper l’ennemi, Double Dragon IV propose un coup de poing et un coup de pied vers l’avant, mais aussi quelques attaques dites « spéciales », comme un coup de boule ou un coup de coude vers l’arrière (même si perso, je ne me sers quasiment jamais de ces techniques un peu useless).
Du bien…
Le super-uppercut et la technique de l’hélico sont toujours présents (et ce dernier, vous allez apprendre à l’aimer, croyez-moi), et le super-coup de genou, l’une des attaques les plus dévastatrices de Double Dragon II NES, est désormais bien plus facile à sortir, du fait que le pad de la NES ne comptait que 2 boutons pour toutes les actions possibles. Un bon point, ça, car cette attaque fait vraiment mal, comme à la bonne époque…
Derniers éléments positifs en vrac : les 12 stages qui le rendent un peu plus long que les anciens Double Dragon (même s’ils sont parfois assez légers, ces niveaux), la présence du mythiques Yoshihisa Kishimoto, créateur de la licence dans les années 80, au sein de l’équipe de développement, ou encore la possibilité de choisir entre un rendu « moderne » des musiques, ou un rendu 8-bits pur et dur.
On appréciera également (tout est relatif…) la présence d’un mode Duel pour se friter en versus contre un pote, en incarnant Billy, Jimmy, mais aussi tout un éventail d’ennemis à débloquer au fil du mode Histoire. Et en terminant le jeu vous aurez aussi accès à un mode Tower, qui n’est somme toute qu’une succession d’étages où il va s’agir de survivre à des vagues de plus en plus vindicatives d’ennemis, le tout sans possibilité de continuer une fois vaincu, avec une seule vie.
Hard, et pas bien palpitant, mais il a le mérite d’exister, et peut-être que certains y trouveront leur compte, surtout qu’il permettra de rejouer le mode Histoire avec n’importe quel ennemi ou boss par la suite, ce qui augmente un peu la durée de vie du jeu, et ça, c’est f***ing cool. Mais passons à présent aux défauts, et ils sont légion…
… et du nettement moins bien
Tuto composé d’un écran parfaitement incompréhensible, impossibilité de se retourner quand on entame une série de coups de genoux ou d’uppercuts, ennemis innombrables qui parviennent à vous jeter à terre dès qu’on attaque l’un d’eux (causant au passage des dégâts considérables), IA à la rue mais malgré tout terriblement agressive, zones en bas et en haut d’écran où les adversaires ne peuvent curieusement pas vous rejoindre, hit-box moyennement calibrée, musiques assez insipides…
La liste est longue, et comme ce ne sont pas que des petits détails, certains de ces éléments risquent d’amenuiser votre plaisir de jeu, voire de vous faire regretter votre achat. Et puis, il y a ces fichues phases de plateforme.
Même si Double Dragon II sur NES est un jeu qui restera gravé dans les mémoires, les scènes de plateforme constituaient une véritable purge, avec ces tapis roulants, ces satanés piliers de piques ou ces chutes injustes, et Double Dragon IV s’offre le luxe de nous resservir le même genre de punition, ce qui peut vous faire perdre plusieurs vies durement économisées pour rien. Rageant, d’autant que le jeu ne vous offre que 5 continue de 3 vies maxi, à l’ancienne, et une fois épuisés, c’est retour à la case départ.
Mais ce qui se pratiquait régulièrement sur NES risque de fâcher bien des joueurs modernes, et il aurait été judicieux de trouver une solution pour ne pas frustrer le gamer d’aujourd’hui, qui n’a peut-être plus la patience de recommencer 30 fois le jeu depuis le début sous prétexte qu’on ne lui achetait qu’un ou deux jeux par an étant gamin, comme ce fut mon cas lors de ma période NES.
Et puis, une fois le game over prononcé, on s’aperçoit qu’on peut sélectionner désormais son stage pour débuter une nouvelle partie, dans la limite des niveaux déjà complétés. Ce qui rend le jeu easy as shit, caractéristique qui ne vaut pas bien mieux qu’un jeu ultra-hard… Bravo pour l’équilibrage global les mecs…
Conclusion Double Dragon IV
Véritable ascenseur émotionnel, Double Dragon IV éveillera en vous une nostalgie sans borne de par sa réalisation oldie qui vous ramènera à la bonne vieille époque de la NES, tout en vous servant une douche froide navrante, notamment due à sa grande difficulté. Difficulté imputable essentiellement à un gameplay qui réussit le tour de force d’être beaucoup moins précis et efficace que celui de son modèle, Double Dragon II en version NES. Quel gâchis, ce jeu ressemble à un hack de Double Dragon II exécuté par un novice en la matière… Bref, seuls les vrais fans sauront s’y intéresser, et seuls les vrais warriors sauront y jouer sans jeter leur manette par la fenêtre. Et pourtant, on aimera y revenir (surtout avec un pote pour nous épauler), encore et encore, nous, les vieux de la vieille, les fans de la première heure, mais tout en pleurant des larmes de rage ; il y avait tellement mieux à faire pour fêter les 30 ans d’un mythe tel que Double Dragon…