Donkey Kong, licence phare de Nintendo, faisait la gloire du géant japonais dans les années 90 au côté du plombier moustachu chevaucheur de dinosaure. Certes moins populaire que Mario, le roi de la jungle pouvait se vanter de présenter de solides propositions dans le catalogue Nintendo. Après d’excellents titres parus dans les années 1990, la série est partie en hibernation quelque temps avant de proposer des spin-off construits sous forme de jeux de rythme ou de course. Il n’est pas rare que le gorille passe une tête dans la série Mario Kart en tant que coureur mais rien de plus jusqu’en 2010 avec la sortie de Donkey Kong Country Returns sur Wii et son portage sur Wii U en 2015.
Suite de la série Country de la SNES, Country Returns est aujourd’hui de retour sous la forme d’un remaster HD pour la Nintendo Switch. Alors que propose ce troisième retour en terre sauvage ? Un remaster de Donkey Kong était-il nécessaire ? La Switch, comme les autres consoles devrait-elle poursuivre l’exercice du remaster ?
(Test du jeu Donkey Kong Country Returns HD sur Nintendo Switch réalisé à partir d’un code fourni par l’éditeur)
Un remaster avare en nouveautés
La recette reste inchangée : un jeu de plateforme vif et intense qui vous demandera pas mal de réflexe pour triompher des neuf mondes. Le héros est parfois accompagné de Diddy Kong, un compagnon bien utile pour quelques phases ou pour révéler certains secrets dissimulés. La difficulté est croissante et les environnements de plus en plus hostiles. Première nouveauté, la version Switch propose une option en début de partie vous permettant de jouer avec des contrôles revisités, plus modernes, ou à l’ancienne comme sur Wii à l’aide des Joy-cons.
Autre ajout à noter, les développeurs étant conscients que le jeu pourrait s’avérer retors pour certains joueurs, le mode revisité vous propose de parcourir l’aventure avec 3 cœurs au lieu de 2, et un mode Super Kong peut être activé lorsque vous perdez successivement 8 vies sur un même niveau. Celui-ci vous permet de terminer le niveau de manière automatique vous épargnant alors de perdre toutes vos vies (et votre patience par la même occasion) sur une section du jeu.
Ces petites nouveautés permettent de mieux appréhender le jeu en le rendant un poil plus accessible grâce à des contrôles et plus permissifs dans l’accès aux niveaux. Néanmoins, ces ajouts ne sont en réalité qu’une façade gâchée par une technique à revoir.
Un remaster techniquement décevant
Quand nous parlons remaster, nous parlons de qualité graphique améliorée et de tout un tas de petits détails modifiés pour améliorer le confort de jeu. Et avec Donkey Kong Country Returns HD, le travail de Nintendo est plus que décevant.
Graphiquement parlant, ce Donkey Kong Country Returns HD n’a de HD que le nom. Toujours agréable à l’œil aujourd’hui, notamment grâce à un lissage des textures et aux couleurs retravaillées pour ajouter plus de vie aux environnements déjà foisonnants, Country Returns HD fait à peine mieux que sa version Wii de 2010 ou que son portage Wii U.
Nous avons expérimenté le jeu en version salon, puis en version nomade. Et là encore une fois c’est la douche froide pour le roi de la jungle. En mode docké, le jeu accuse d’importants temps de latence dans les sauts et les déplacements rendant compliquées certaines phases de plateformes où la dextérité est de mise. Cette lenteur générale couplée à l’imprécision des hit box dont nous détaillerons après, rendent le titre incroyablement frustrant, non pas par sa difficulté tout à fait abordable, mais de par sa technique.
Mais la surprise était de taille lorsque nous avons décidé de débuter une partie en mode nomade. Tous les reproches d’ordre technique que nous avons pu faire en mode docké ont subitement disparu ! Un comble pour un jeu affichant quinze ans au compteur, disponible sur une console vieille de deux générations. D’un mode à l’autre, l’écart de stabilité est flagrant.
Le constat est simple : l’exercice du remaster HD est tout simplement raté. En mode docké, Donkey Kong Country Returns HD n’est tout simplement pas stable. Le jeu nous “oblige” à jouer en nomade pour pallier ses vilains défauts techniques qui n’ont profité d’aucun regard de la part des équipes.
Une gestion du gameplay handicapante
En plus de n’être qu’un simple lissage de la version Wii et Wii U, Donkey Kong Country Returns comporte des défauts quelque peu inacceptables pour un jeu portant la mention remaster en 2025.
Dans un premier temps, et c’est sûrement le problème qui vous fera recommencer un nombre incalculable de fois certains passages : la gestion des hit box. Un bord de plateforme apparemment mal abordé et c’est la chute assurée. Un résidu de sprite d’explosion se situe à un centimètre des poils de Kong ? Vous perdez un cœur. Vous tentez de vous échapper de l’emprise d’un ennemi après avoir subi ses foudres ? Les frames d’invincibilité vous laissent en plein milieu de l’action vous laissant alors perdre 2 cœurs au lieu de 1. Mis bout à bout, cette liste de défauts non exhaustive amène une grande frustration et même énervement.
Une aventure malgré tout plaisante ?
Mettons de côté quelques minutes les défauts cités. Donkey Kong Country Returns est toujours un jeu agréable a parcourir aujourd’hui. Country Returns est toujours un jeu de plateforme sympathique et avec un challenge nettement plus élevé qu’un Mario. Le jeu demande dextérité et réflexe. Les environnements visités sont variés, de même que les situations de gameplay : courses en chariots de mine, sauts en tonneaux, combats de boss et bien d’autre encore… L’un des monuments du jeu de plateforme de Nintendo est toujours une agréable promenade.
Ceux n’ayant pas connu le jeu à l’époque seront peut-être séduits par cette proposition. Mais en l’état, le prix de ce remaster, vendu à 59,99€ tout de même, ne justifie en rien cette déambulation nostalgique qui loupe le coche de la remise au goût du jour.
Donkey Kong Country Returns HD n’est pas un bon remaster : technique chaotique, gestion du gameplay frustrante et prix de lancement stratosphérique pour un jeu ayant déjà 15 ans au compteur. Le jeu ne profite d’aucune réelle nouveauté justifiant l’achat. D’autres jeux de plateformes à un prix moins élevés valent nettement plus le détour que cette proposition HD.
De plus en plus, les éditeurs comme les développeurs, devraient se poser la question de la pertinence de remasters HD sur le marché. Simple proposition nostalgique ou réelle envie de faire découvrir une ancienne gloire du jeu vidéo au plus grand nombre ?