Sur la génération PS4/Xbox One, Codemasters a très clairement décidé de prendre le taureau par les cornes. Entre le rachat du studio Slightly Mad Studios (Project Cars), et la nette évolution de ses licences de référence, le studio a su s’imposer comme l’un des acteurs majeurs du jeu de course. Avec DiRT 5, il termine même la génération avec une belle refonte de la licence, qui s’était bien trop rapprochée de son pendant simulation : DiRT Rally.
DiRT 4 avait beau être excellent, il était vraiment le cul entre deux chaises, n’allant jamais assez sur le terrain de la simulation ou de l’arcade. Avec DiRT 5, cela ne plaira certainement pas à tout le monde, mais ils ont souhaité embrasser complètement le genre arcade, donnant à ce nouvel opus une identité à l’exact opposé de la série DiRT Rally.
Si vous êtes un aficionado de la simulation, il faudra malheureusement attendre un éventuel DiRT Rally 3.0 afin de voir vos désirs assouvis. Pour les autres, si vous attendiez un jeu de rallye à l’arcade débridée qui ne demande presque jamais d’appuyer sur le frein, prenez place, ce jeu est fait pour vous.
(Test de DiRT 5 réalisé sur PlayStation 4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur)
DiRT 5 part sur de nouvelles bases et le résultat en met plein la vue
Si DiRT 4 était la promesse d’offrir une expérience ressemblant un peu à DiRT Rally, mais plus accessible et permissive pour les joueurs utilisant des manettes, DiRT 5 s’affranchit complètement de la simulation pour rouler à fond de balle vers l’arcade pure et dure. Cela se traduit évidemment dans le gameplay, sur lequel nous allons revenir un peu plus loin, mais avant tout dans l’imagerie qui n’a absolument plus rien à voir avec les épisodes précédents. Même le troisième épisode, qui était jusqu’ici le plus débridé, semble bien sage en comparaison de ce nouvel opus.
Codemasters nous avait bien préparés à cela, avec une communication vidéo très prolifique nous permettant de nous acclimater à cette nouvelle identité graphique ultra flashy qui colle si bien à l’arcade de manière générale. Nous pouvons alors utiliser beaucoup de qualificatifs pour décrire les menus, mais le mot austère n’en fait pour une fois pas partie. Beaucoup de titres se voulant arcade manquent justement de ce petit coup de peps, de ce « risque » esthétique, faisant que l’univers du jeu transpire jusque dans les menus. Avec DiRT 5, nous sommes donc plongés dans une identité très marquée, qui plaira ou ne plaira pas, mais en ce qui nous concerne, on adore.
Nous l’avions déjà constaté via les différentes présentations du jeu, mais ce côté coloré se retrouve bien évidemment aussi en course, et DiRT 5 met le paquet quel que soit l’environnement, n’hésitant pas à envoyer la sauce sur les effets pyrotechniques en bord de piste, les décors riches et détaillés, ou plus simplement sur la plastique des bolides.
Graphiquement, le jeu est vraiment très impressionnant pour de la PS4 en fin de vie, et même après avoir joué aux cadors de la génération, ce DiRT 5 a réussi à nous mettre une petite claque surprenante et bienvenue. Seuls quelques bugs graphiques et un peu de tearing (déchirement de l’image) ont réussi à nous faire tiquer de temps à autre, mais ces problèmes semblent en cours de correction.
Dans la catégorie des jeux de course multiplateforme, il faut bien avouer que nous n’avions pas eu quelque chose d’aussi impressionnant à ce jour, et pour réussir le pari de nous impressionner autant, ils ont vraiment dû faire cracher ses poumons à la PS4. La météo dynamique est par exemple l’un des points qui nous a le plus décroché la mâchoire tant elle cumule les effets. Pluie battante, sol détrempé, boue qui gicle dans tous les sens, ruissellement de l’eau sur la carrosserie, ornières creusées sur la piste, feuilles, vent, éclairs… Bref, c’est du très grand spectacle qui nous est offert, et cerise sur gâteau, cela ne se fait pas au détriment de la visibilité.
Un contenu énorme, mais un mode multijoueur qui patauge
Malheureusement, si le jeu est incontestablement somptueux, des défauts auxquels on ne s’attendait pas ont fait surface en cours de route. Dans un premier temps, si comme nous vous vous attendiez à une carrière à la narration intéressante, vous pouvez déjà faire une croix dessus. Sous forme de podcast diffusé entre chaque course, la narration fait intervenir des personnages commentant notre évolution, sauf que cela tombe complètement à plat. Les dialogues ne sont pas captivants pour un sou, et c’est d’autant plus dommage qu’ils s’étaient payé les voix de Troy Baker et Nolan North, tous deux présents au casting de The Last of Us pour ne citer que lui.
Aussi, et c’est encore une fois un élément qui semblait avoir une grande importance au vu de la communication réalisée en amont, le multijoueur en ligne est une catastrophe sans nom. On nous a vendu des modes de jeu fun et qui promettaient un amusement exceptionnel en ligne, sauf que non, rien ne s’est finalement passé comme prévu. Il n’est alors pas possible de choisir le mode de jeu auquel vous souhaitez jouer, et vous ne pourrez choisir qu’entre lancer une course aléatoire ou un mode fun aléatoire.
En plusieurs recherches, nous ne sommes jamais tombés sur le mode voulu, et pire encore, il n’est pas possible de créer une partie personnalisée en définissant exactement ce que l’on souhaite faire. On ne peut qu’espérer que les choses évoluent avec des mises à jour, mais on vous en supplie, Codemasters, faites quelque chose pour le multijoueur.
Pour autant, même si ces points sont une grande déception, il reste que le jeu possède tout de même d’énormes arguments. On y retrouve un contenu absolument gargantuesque en termes de courses, et l’évolution de la carrière fait que l’on a rarement l’impression de refaire le même tracé. Côté voitures, c’est la même chose, on n’a pas eu l’impression d’en avoir trop ou pas assez, mais juste ce qu’il faut, avec une belle diversité, de la personnalisation à gogo, et en prime la Clio Williams, qui restera à jamais notre petite sportive préférée.
Côté création le mode Playgrounds ne déçoit pas et propose de créer des circuits originaux pour soi-même, mais aussi pour les proposer à la communauté. Ce mode est très complet, très agréable à utiliser en tant que créateur, mais aussi en tant que simple joueur. À l’instar d’un LittleBigPlanet, la communauté peut donc proposer ses propres créations, créant alors un formidable lieu d’amusement, mais aussi de quoi contenter tous les joueurs avides de scoring.
Enfin, même s’il est assez compliqué de parler « sensations » avec un jeu d’arcade puisque l’on ressent finalement beaucoup moins les aspérités du terrain ou de la route, DiRT 5 a su nous offrir exactement ce que l’on attendait de lui. Le feeling est très exaltant et l’on ressent un peu le même genre de sensations arcade que l’on pouvait avoir sur un SEGA Rally, la modernité en plus. On fonce alors à vive allure en n’utilisant que peu la pédale de frein, on glisse dès que l’occasion se présente, et l’IA étant plutôt joueuse voire agressive, il est vivement encouragé de lui répondre de la même manière.
De plus, les types de courses étant très variées, vous allez devoir apprendre à maîtriser différents genres de glisse, car l’approche n’est absolument pas la même si vous êtes sur glace, sur terre et sur route par exemple.
DiRT 5 s’éloigne de la pseudo simulation de DiRT 4 et revient aux sources de la série en brisant toutes les limites, pour nous offrir un pur jeu d’arcade décomplexé, coloré, et terriblement fun à jouer. Graphiquement magnifique, complet jusqu’aux pistons, seuls un multijoueur en ligne décevant et une carrière bien moins narrative que prévue sont venus ternir notre expérience.
Mais si vous êtes à la recherche d’un jeu de course arcade au solo complet et satisfaisant, à la conduite tout en glisse, et aux environnements qui en mettent plein la vue, on ne peut que vous recommander de vous jeter sur DiRT 5, qui saura répondre sans trembler à vos attentes.