La réalité virtuelle est généralement un bon moyen de tenter de nouvelles approches, s’aventurer dans des D.A. stylisées ou d’expérimenter des concepts décalés dans cet univers moins fréquenté du jeu vidéo. C’est aussi l’occasion de nous faire explorer, d’un œil nouveau, des licences bien connues (Batman, Horizon et plus récemment Deadpool).
Resolution Games fait partie de ces studios qui se spécialisent dans la VR, avec des titres comme Blaston qui se veulent dynamiques, originaux et fun. C’est en mai 2021 que le studio décide de publier Demeo, un jeu de société qui se joue en VR avec des amis à distance. Chouette idée après une période de confinement où un public plus large s’est intéressé aux jeux de société et à la vie en ligne…
Le titre reçoit un accueil critique plutôt sympathique et se voit alimenté de plusieurs mises à jour, puis d’un second opus dédié cette fois ci aux affrontements entre joueurs et enfin d’un mode « flat screen ». C’est donc quelques années plus tard, en cette année 2025, que la version Donjons et Dragons se rend disponible. En VR, et en « flatscreen ».
(Test de Demeo X Dungeons & Dragons: Battlemarked sur PC via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Demeo, Demeo, pourquoi es tu Demeo ?
Le principe de base de Demeo est simple, on dirige un groupe de personnages possédant un ensemble de cartes et deux actions par tour pour arriver au fin fond du donjon et abattre le boss. Une action permet de se déplacer de tant de cases ou bien d’utiliser une de nos cartes représentant généralement un sort ou un objet.
Notez qu’on ne parle pas ici de deck : les personnages remplissent, en abattant des monstres ou en recyclant des cartes, une jauge qui permet à tout le groupe de piocher lorsqu’elle est pleine. L’acquisition de cartes au cours de la partie est donc aléatoire, mais le nombre limité de cartes et la pioche fréquente rendent cet aspect rapidement tempéré. On se retrouve même régulièrement avec trop de cartes en main.
Les donjons et le level design en général sont souvent bien pensés, on explore un espace rectangulaire en cherchant à la fois la sortie et le monstre qui détient la clé. Des portes bloquent notre vue, des coffres nous permettent de récupérer un peu d’or et certains espaces offrent aux monstres d’astucieux moyens de nous prendre en embuscade. C’est un peu répétitif à la longue, ne nous incitant pas à relancer le titre après un certain nombre de parties.
On remarque également que les défauts du titre de base sont conservés pour cette version Donjons et Dragons. Ainsi les monstres (comme nous d’ailleurs) peuvent manquer leur coup, l’IA catastrophique s’avère excessivement drôle quand un ennemi traverse les flammes et le poison, frappe son allié et meurt lamentablement sous nos yeux.
C’est très amusant, mais ça nous sort aussi immédiatement de notre suspension d’incrédulité… D’autant plus que ce genre de souci arrive à nos familiers, on évite donc de jouer ce genre de cartes en espérant que le titre n’a pas été équilibré autour de ces problèmes.
Oui mais Donjon et Dragons !
On nous vend donc avec Demeo x DnD un système de jeu agrémenté d’une surcouche tirée du célèbre jeu de rôle papier. Et on est bien forcés de constater que c’est plus ou moins ce qu’on a : on joue à Demeo avec un peu de narration, un système de progression tout léger, deux campagnes et quatre donjons. Autant dire que c’est un peu maigre.
Pour un néophyte, il faut avouer que cette version est un bien meilleur point d’entrée. En revanche, pour les habitués, le titre n’est ni plus ni moins qu’une très très grosse mise à jour. Les quêtes et leur narration sont vues et revues, le système de progression est bien trop léger et certains points d’UX n’ont pas été correctement abordés.
Certains aspects plus profonds du titre auraient également pu amener de bons éléments de jeu sur la table, comme la possibilité de croiser les races et les classes bien connues de l’univers de Wizard of the Coast ou un éventuel outil de création de donjons…
On notera cependant un effort certain pour donner une forme à l’aventure qui se dresse face à nous. Là où Demeo se contentait d’être un crawler basique avec quelques changements d’environnement, sa version DnD propose des missions uniques avec de la narration soupoudrées d’une mise en scène convaincante. Un travail qui aurait pu, selon nous, être engagé à d’autres fins comme une progression plus approfondie ou une plus grande variété dans le casting.
Demeo X DnD aurait pu être bien plus que ce qu’il est (pour une quantité de travail similaire, attention). Le titre est parsemé de petits défauts qui existaient déjà il y a quatre ans et cette version n’apporte finalement pas tant de choses au niveau du fond.
Il faut néanmoins être honnête : la forme a été soignée, et c’est peut-être ce qui compte le plus puisque la majeure partie des joueurs n’aura peut-être jamais joué à la version de base. On vous le recommande si vous êtes un aficionado de titres comme Sunderfolk, Gloomhaven ou tout autre jeu de société faisant le pont entre boîte et écran.
Pour d’autres, on ne peut qu’espérer vous voir découvrir un genre nouveau, mais ce n’est peut être pas celui qu’on recommande pour une première expérience, à moins d’être un groupe de quatre amis avec une installation de réalité virtuelle chacun…


