C’est le 14 février dernier que nous est apparu Degrees of Separation, un petit jeu d’adresse et de réflexion indépendant développé par le studio norvégien Moondrop et publié par Modus Games sorti sur Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One et Steam. Alors si le premier studio espère se faire connaitre du grand public avec Degrees of Separation, le second, lui, n’en est pas à son premier coup d’essai ! Ils sont à l’origine du jeu Extinction, qui, sur le papier, nous laissait croire à de folles heures passées devant la console à éradiquer des orques mais qui au final nous a à donné l’envie de jouer au frisbee avec le CD tellement le jeu était long et répétitif. Alors Degrees of Separation refroidira t-il encore plus l’ambiance entre les joueurs et Modus Games ? Ou arrivera t-il à réchauffer les cœurs de chacun ? Nous vous proposons de voir cela ensemble dès maintenant !
Seul c’est bien, à deux c’est mieux !
Avant de nous pencher sur l’histoire de Degrees of Separation, il est important de savoir que l’aventure peut se faire aussi bien en solo qu’en coopération. Seul, vous contrôlerez les deux personnages, non pas en même temps, mais en passant de l’un à l’autre (en cliquant sur la touche L de votre Joy-Con gauche). Vous pouvez demander à chacun des personnages que vous incarnez de vous suivre, ou non afin de résoudre les nombreuses énigmes qui se dresseront sur notre chemin (en cliquant sur la touche R de votre Joy-Con droit). En duo, et c’est là où tout le jeu prend son sens, vous contrôlez chacun un personnage. Degrees of Separation étant sorti le jour de la St Valentin (cela n’a aucun rapport mais profitons de cette « coïncidence » pour permettre aux amoureux de se rapprocher encore plus le temps de cette aventure), nous pouvons jouer et avancer ensemble, que ce soit en ligne ou en local en écran partagé pour plus de confort.
Ici, nous ferons la connaissance de deux amoureux que tout oppose, dans un conte narratif, plein de magie et de poésie, imaginé par Chris Avellone, l’auteur et concepteur de jeux de renoms tels que Fallout: New Vegas et Star Wars Knights of the Old Republic II: The Sith Lords. Et pour apporter un peu de corps à cette douce expérience, la bande-son de Kristian Brastein, un artiste norvégien, vient accompagner votre périple aussi délicatement qu’un flocon de neige se posant sur le sol.
Le jeu démarre avec Ember, une jeune femme à la chevelure flamboyante et princesse d’un royaume situé dans un pays chaud. Une nuit, le rêve d’un monde plongé dans un froid glacial perturbe son sommeil. Pour se remettre de ses émotions, Ember décide d’aller se promener et de sentir les feuilles de la forêt. Mais plus elle s’enfonce dans le bois plus elle découvre une multitude d’arbres abattus. Elle a froid, et plus elle avance plus l’air se refroidit jusqu’à ce que Ember finisse sa route face à un pont où… Nous faisons ensuite la connaissance du beau et fort Rime, le dernier descendant d’une lignée de héros. Il garde seul un château complètement vide situé au milieu des terres glacées. Dans son sommeil, Rime se met à rêver de chaleur et de flammes. Ce rêve inquiétant oblige Rime à aller s’assurer que ses terres vont bien ! Mais lors de sa patrouille, il découvre un sol complètement ravagé. Il continue d’avancer en grimpant, en sautant jusqu’à arriver à un pont où nos deux héros se font face.
Sur ce pont, Ember et Rime font part de leurs impressions et de leurs sentiments naissants. Mais ce qui trouble surtout la jeune princesse et le beau jeune homme c’est que l’un comme l’autre, ils portent leur monde avec eux. En effet, Ember est entourée d’un halo de chaleur et de soleil alors que Rime vit continuellement dans le froid et la glace. Soudain, au loin, ils aperçoivent un dragon volant au-dessus d’un château qui leur est complètement inconnu ! Ils décident de s’y rendre ayant tous les deux le sentiment que la raison des perturbations qu’ils subissent et les réponses à leurs questions se trouvent là-bas ! Ainsi débute l’incroyable aventure de Degrees of Separation.
Le chaud et le froid sont faits pour s’entendre
Si au début du jeu chacun des personnages avance indépendamment l’un de l’autre, vous vous retrouverez rapidement à jouer en coopération l’un avec l’autre. Au final le gameplay est très basique, vous ne vous servirez que du joystick pour diriger vos personnages, le bouton X (ou A en solo) pour sauter et le bouton A (ou B en solo) pour ouvrir les portes ou utiliser vos pouvoirs, et nous vous rappelons qu’en solo, appuyer sur le bouton L du Joy-Con gauche vous permettra de switcher entre les deux héros quand le bouton R du Joy-Con droit vous permettra d’appeler ou stopper votre compagnon. Jusqu’ici rien de bien compliqué !
Le jeu vous fait traverser des endroits complètement différents. Vous pouvez avancer parfois de façon linéaire, parfois dans plusieurs directions possibles, toutes arrivant au même endroit au final. Vous avancerez dans des cavités souterraines parfois gorgées d’eau, des bâtiments et châteaux délabrés, des forets et des extérieurs aux décors magnifiques, que l’on prend plaisir à découvrir et redécouvrir, car le décor change selon le personnage que l’on incarne. Ember qui vit dans le monde de la chaleur nous fera part d’une nature vivante avec des arbres florissants, des cours d’eau et un soleil radieux tandis que Rime qui vit dans le froid constant nous fait voir la vie en bleu glacial, les cours d’eau ou les flaques deviennent de véritables lacs gelés alors que de simple tonneaux de bois, roulant dans l’herbe verte du monde d’Ember, deviendront d’énormes boules de neige une fois passé dans le monde de Rime.
Ce qui est vraiment magique dans ce jeu c’est de voir la fluidité du changement de décors. Tout y est parfait, aucun ralenti lorsque les obstacles en mouvement passent d’un monde à l’autre par le biais de la barrière magique séparant nos deux héros.
It’s a kind of magic
Pour aller d’un endroit à un autre, il vous faudra ouvrir des portes magiques, et ces portes ne pourront s’ouvrir que si vous avez récupéré un nombre suffisant de foulards… eux aussi magiques. Ce sont ces foulards qui créent bien souvent les phases de casses-têtes dans Degrees of Separation. C’est donc pour les récupérer qu’il vous faudra vous creuser les méninges. Si pour certains la création d’un simple pont surnaturel vous permettra de les atteindre, pour d’autres la tâches ne sera pas aussi simple. Pour le même obstacle la difficulté n’est pas la même pour Ember que pour Rime. Ember pourra plonger dans un cours d’eau, alors que Rime glacera automatiquement ce dernier pour pouvoir marcher dessus, sous la chaleur Ember pourra utiliser des geysers de vapeur qui la propulseront dans les airs, alors que Rime les fera se refroidir, ce qui ne produira plus de vapeur et donc plus de propulsions. Et ce sont toute ces petites subtilités qu’il vous faudra maîtriser lors de votre épopée. Il vous faudra parfois être aussi rusé qu’un renard pour arriver à vos fins !
Et c’est là que la coopération prend tout son sens. Même si au bout de quinze essais vous parviendrez à récupérer ce maudit bout de tissu en solo, il est quand même bon de dire qu’en coopération la difficulté est moindre et donc plus agréable. À deux les énigmes se déroulent, pour la plupart, sans trop d’accrocs. Chacun sait ce qu’il doit faire, quand il doit le faire et où il doit le faire, tandis que seul c’est un peu plus complexe, les réflexes sont parfois mis à rude épreuve. Heureusement, tout au long de votre aventure vous en apprendrez plus sur vos deux amoureux et sur leurs compétences magiques exceptionnelles qui vous seront extrêmement importantes pour pouvoir avancer. Ils pourront créer des ponts, provoquer des explosions et bien plus encore…
Et ça continue encore et encore…
Nous noterons quand même que le jeu souffre malgré tout d’un manque de renouvellement dans le choix des énigmes à résoudre et parfois d’un manque de compréhension totale. Dans le premier cas, on se rend compte que plus on avance dans le jeu, plus ce sentiment de redondance se fait sentir. Après quelques heures seulement on s’aperçoit déjà que beaucoup de casses-têtes se ressemblent, non pas au niveau des décors et de l’ambiance, mais surtout dans la résolution de l’énigme, c’est toujours un peu le même cheminement qu’il faut réaliser pour arriver au but.
Concernant la compréhension, nous parlons ici de savoir où l’on en est dans le jeu. Il arrive parfois de chercher son chemin durant plusieurs dizaines de minutes sans jamais avoir une aide. Alors quand cela dure depuis facilement 45 minutes vous commencez à tourner en rond et perdre patience avant de finalement arriver là où vous deviez aller, ou alors d’éteindre malheureusement la console pour y revenir plus tard. Aucune carte n’est à notre disposition ici, seul un système de checkpoint multidirectionnel nous permet de nous transformer en jolis papillons pour nous diriger dans une des directions souhaitées sans que cela soit réellement un plus pour nous, car bien souvent on ne sait plus ou cela nous mène. Au final seuls les foulards récupérés lors de notre aventure apparaissent comme des étoiles en haut de l’écran et nous permettent, si nous pouvons le dire ainsi, de nous guider dans ce jeu tout en longueur !
Entre un conte avec une esthétique très bien réalisée et une histoire magnifiquement bien racontée, une aventure incroyable à faire seul mais surtout à deux, des personnages vraiment attachants et complémentaires dans leur différences, il n’y a pas de doute, le jeu de Moondrop et de Modus Games est une très bonne surprise. Si le jeu peut se faire en solo, il est clair et net qu’il est tout d’abord conçu pour jouer en coopération et cela fait beaucoup de bien car ces derniers se comptent sur les doigts de la main par les temps qui courent.
On regrettera tout de même une certaine répétition quant à la résolution d’un bon nombre d’énigmes et le manque d’indication directionnelle dans le jeu parfois handicapant et cassant légèrement le plaisir de continuer l’aventure. Outre ces deux points noirs, Degrees of Separation reste un jeu agréable à faire, tout en poésie et magie, vous pourrez vivre un moment unique. Il est juste de dire aujourd’hui que le jeu réchauffe les cœurs, vous pouvez nous faire confiance !