En marge des productions émanant des grosses pointures que sont Sony ou Nintendo, avec leurs Vita ou leurs 3DS (retrouvez une petite sélection des consoles portables à emporter sur la plage dans notre dossier, même si les vacances touchent hélas à leur fin), les dernières années ont vu l’émergence de nouvelles machines hybrides, entre tablettes et consoles de jeu. Le principe est simple : proposer des tablettes parfaitement adaptées à leur rôle d’outil multimédia, tout en axant le gameplay vidéo-ludique sur un modèle plus physique que les écrans tactiles simples, source de nombreuses critiques quant à leur précision et leur plaisir de jeu. Pour faire court : des tablettes certes, mais bénéficiant de touches bien réelles les faisant ressembler à de véritables consoles portables. Si certaines de ces machines ont été produites par des équipes occidentales (c’est le cas de la Archos GamePad 2 bien française dont je me délecte depuis plusieurs années), la plupart nous viennent de constructeurs chinois, pour une qualité pas toujours au top. Alors, qu’en est-il de la JXD Singularity, qui veut venir jouer dans la cour des grands dominée par la Shield de NVIDIA ? Penchons-nous sur le sujet…
JXD Singularity : de la tablette hybride haut de gamme.
Unboxing the beast
A défaut de présenter un unboxing vidéo comme il est souvent de coutume, nous nous attellerons ici à un déballage écrit, que nous tâcherons d’abréger pour ne point trop lasser le lectorat.
La JXD Singularity, plus communément appelée S192 étant donné le penchant maladif de ces firmes chinoises pour les noms de code abscons et parfaitement incompréhensibles attribués à leurs machines, vous est livrée dans un belle boîte en carton rigide bien massive, avec l’image de la console imprimée en relief plastique sur le dessus du couvercle.
Avant toute chose, il faut savoir que JXD n’en est pas à son coup d’essai en termes de consoles/tablettes. Le groupe a à son actif plusieurs machines du même genre, dont certaines sont vraiment de belles réussites, tant au niveau des contrôles que de la qualité globale du produit, et qui tranchent avec le rendu souvent un peu cheap que l’on trouve chez d’autres développeurs.
Revenons-en à notre produit, à présent. Une belle boîte noire bien classe, le dessus est sobre, affichant simplement l’image de la machine en question, ainsi que son nom, le logo du développeur, et un petit bandeau orange mettant en avant les 4 Gb de RAM proposés par la bête.
L’une des tranches de la box énumère les caractéristiques de la JXD Singularity, à savoir, un processeur Tegra K1 Quad Core, un écran 7 pouces 1920 x 1200, les 4 Gb de RAM sus-mentionnés, un objectif photo/vidéo de 5 Mp, une batterie de 10 000 mAh, la fonction de mapping des touches (nous y reviendrons), une version 5 d’Android (donc, KitKat, la console n’est pas tout à fait récente), ainsi qu’un mystérieux logo affichant un énigmatique « 3D Game ». Voilà pour la boîboîte…
Ouvrons cette dernière à présent. Pas grand chose à détailler ici : la console en elle-même, un petit guide d’utilisation en anglais/chinois, un câble USB/micro USB, ainsi qu’un adaptateur secteur, au format chinois, donc incompatible avec nos prises européennes à moins de posséder un convertisseur (trouvable facilement en supermarché), ou tout simplement un chargeur classique à brancher sur la prise USB. La console est protégée par un film transparent à l’arrière ainsi que sur l’écran, bref, tout ceci fleure bon la qualité et non le travail de sagouin offert par nombre d’ustensiles asiatiques.
Mettons de côté tout cet attirail et intéressons-nous maintenant à la machine en elle-même…
The beauty is the beast
Là où la plupart des tablettes Android, et a fortiori, des tablettes hybrides orientées vers le gaming consoleux, tendent vers toujours moins d’épaisseur et toujours plus de finesse, la JXD Singularity joue la carte du volumineux et du massif. La machine, concrètement et pour résumer grassement, ressemble à une grosse manette Xbox au milieu de laquelle on aurait incrusté un bel écran 7 pouces capacitif. Capacitif, et non résistif, et voici la définition donnée par le site Tom’s Guide, parce que bon, moi aussi je m’y perds souvent :
Contrairement à la technologie résistive, il est recouvert par une surface rigide en verre. Sa dalle est parcourue par une charge. Lorsque l’utilisateur y pose son doigt, il récupère cette charge. Le système calcule alors la position du doigt en fonction de la fuite de la charge. Il suffit donc d’effleurer l’écran pour que l’instruction soit prise en compte. Autre avantage du capacitif, il permet des affichages plus lumineux en laissant passer 90% de luminosité contre 75% pour un résistif.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la machine impressionne, de par sa taille mais également au vu de la qualité de ses finitions.
Au menu, donc, une tablette tactile Android encadrée de deux grosses poignées type pad de console moderne pour une meilleure prise en main in-game, avec une croix directionnelle physique, un stick droit et un stick gauche (cliquables), quatre boutons de couleur largement évocateurs des manettes Microsoft, quatre boutons-gâchettes L1, L2, R1 et R2, deux touches Start et Select, ainsi que deux boutons typiques Android : Menu et Back.
Toutes ces touches bénéficient d’un joli travail de finition, possèdent un feeling très pro, et la console apparaît solide dans son entièreté une fois en main, point ici de craquements lors de torsions ni de boutons un peu flageolants. Ajoutons à ceci la présence d’un bouton Power, ainsi que de deux touches dédiées au son (+ et -), lequel est délivré de manière stéréo de belle qualité.
Terminons avec la prise micro-USB sur le dessous, destinée au chargement notamment, et qui côtoie un slot pour carte SD, lequel devrait vous être bien utile comme nous le verrons plus loin.
Sésame, ouvre-toi
Mais le moment est venu d’allumer le bousin. Comme pour chacune de ces machines Android destinées au gaming, un certain temps d’exploration sera nécessaire pour parcourir toutes les fonctionnalités, tous les menus, et découvrir toutes les possibilités offertes par cette JXD Singularity.
Première chose à signaler, et la plus évidente lorsque vous posez les mains sur la console : bien que constituant une tablette tactile similaire à la plupart de ce qui se vend sur les étals niveau performances (donc, capable de surfer sur le web ou de permettre de rédiger ceci ou cela, entre autres usages classiques), la Singularity est clairement orientée gaming. De fait, son design en forme de manette console la rend impeccable pour jouer, mais assez peu pratique pour toute autre utilisation du fait de sa prise en main peu adéquate hors jeu et de son volume conséquent.
C’est ainsi surtout au jeu que l’on s’attachera ici, puisque celui-ci représente visiblement la cible principale de la tablette. Vous aurez donc bien évidemment accès à toute la palette vidéoludique du Play Store Android, ce qui représente déjà un bel éventail de titres à (re)découvrir, cette plateforme s’avérant nettement moins stricte et sélective que celle d’Apple. D’ailleurs, il vous sera également possible de lire un livre ou de regarder des vidéos ou des films (pour ma part je me suis goinfré la dernière saison de The Wire dessus pendant mes vacances), mais comme mentionné plus haut, l’ergonomie due au design de l’objet demeure assez pesante et massive pour ce genre d’activités, surtout à la verticale.
Et ce en dépit du bel écran de qualité. On a véritablement droit à une expérience réjouissante, le rendu visuel et audio lors de la visualisation d’un média tiers est un sujet de grand plaisir si l’on parvient à positionner correctement ses mains sur la machine afin de profiter au mieux.
Autre petit point positif au passage : la JXD Singularity possède une autonomie conséquente: jusqu’à 30 jours en veille, 57 heures d’accès Internet sans fil, 10 heures de musique, 11 heures de vidéo ou 6 heures de jeux. Même si, d’expérience, on sait que ces belles promesses ne tiennent plus au bout de quelques mois ou années d’usage, c’est néanmoins un beau score par rapport à la concurrence, d’autant que la machine se recharge très rapidement.
Comment ne pas être ému…
Vous l’aurez deviné, outre le catalogue de jeux Android disponibles sur le Play Store, l’émulation sera la principale attraction de la JXD Singularity, alors il est grand temps de s’intéresser au sujet.
Pour commencer, il est de bon ton de préciser un petit détail : l’émulation, qui consiste à s’approprier des jeux non-libres de droits, est un acte qui frise l’illégalité, même si vous possédez le jeu original concerné, contrairement à la croyance populaire. LightninGamer pourra donc vous parler de la chose, mais n’engage aucunement quiconque à se permettre de « pirater » des jeux sous licence sans une rétribution officielle envers le développeur ou l’éditeur. Que cela soit bien clair.
Ceci étant statué, force est de constater que l’émulation représente un des arguments marketing les plus vendeurs de ces consoles chinoises, et la JXD Singularity ne fait pas exception. La machine embarque d’ailleurs un certain nombre d’émulateurs dédiés à diverses consoles retro (PSP, Super NES, Dreamcast…) de manière native, auxquels il suffira d’ajouter des ROMs pour profiter pleinement de son talent ; un léger éventail de jeux est d’ores et déjà pré-installé pour chaque émulateur.
Libre à vous ensuite de dénicher d’autres émulateurs sur le Store ou ailleurs sur le web, puis d’importer les milliers de ROMs disponibles, que vous pourrez stocker sur une carte SD externe afin de les transplanter dans votre console Singularity. À vous les joies hardcore des jeux NES, MegaDrive et autres machines antiques !
Des avantages et inconvénients du gameplay physique
L’avantage premier de ces consoles hybrides par rapport aux tablettes classiques, c’est bien évidemment leurs touches physiques. Le gaming mobile est loin de satisfaire la majorité des joueurs, qui préfèrent se gratifier de touches et de sticks bien réels plutôt que de contrôles tactiles souvent imprécis et qui obligent les doigts à envahir une belle partie de l’écran, si tant est que celui-ci soit de petite taille.
Beaucoup de jeux Android qui n’axent pas leur gameplay sur du swipe ou du one-touch intègrent tout naturellement la présence de touches physiques, comme si un pad externe était branché sur votre tablette, vous pourrez donc savourer l’usage des boutons et des sticks, ainsi que de la croix directionnelle, si votre jeu accepte le concept. Dans le cas contraire, vous pourrez peut-être utiliser la fonction de mapping de la console.
Le mapping, parlons-en. Il constitue tout l’intérêt des tablettes hybrides, et vous pourrez bien évidemment vous en servir pour jouer à Final Fight sur émulateur MAME, ou à Super Ghouls’n Ghosts sur Super NES, ou encore à Batman sur GameBoy. Le principe est le suivant :
Lorsque vous lancerez votre ROM sur l’émulateur dédié, vous aurez bien évidemment droit à un attirail plus ou moins varié de contrôles tactiles (sauts, attaques, déplacements…). Mais comme ses sœurs munies du même programme, la JXD Singularity vous offre la possibilité d’attribuer à des touches physiques la place d’une touche virtuelle ; à vous donc de définir quel bouton correspondra à telle ou telle action, et de jouer comme si vous aviez un pad concret en main. Excellent.
Le petit bémol que nous avons pu constater avec cette machine JXD, c’est que l’appui sur les touches n’est pas toujours aussi responsif et intuitif qu’on l’aurait espéré, ce qui peut parfois poser quelques soucis, notamment sur les jeux réclamant des réflexes aiguisés (genre les MegaMan). On s’y fait, mais certaines machines du même genre offraient une réactivité nettement meilleure…
Conclusion JXD Singularity
La JXD Singularity est une beauté, on aime manier ce gros pad muni d’un écran de grande qualité, afin de profiter du catalogue gigantesque de la plateforme Android ainsi que de la multitude de jeux émulés destinés à nous replonger dans un passé glorieux. Très axée gaming, la machine se montrera assez peu pratique pour l’usage courant d’une tablette, mais si vous êtes venu pour jouer, sa prise en main vous séduira sans conteste. On regrettera simplement un léger manque de réactivité des touches sur certains jeux, ainsi qu’un prix conséquent (comptez pas loin de 300 €). Ceci étant dit, cette Singularity mérite d’être ajoutée au répertoire des amoureux de retro n’ayant pas forcément la chance de posséder les machines d’antan…