Vous n’êtes pas sans savoir qu’Atlus joue son joker sur le renouvellement de ses gros titres. Catherine, lors de sa sortie initiale en 2011 n’a connu qu’un grand succès au Japon : en effet, perçu comme un jeu de niche de par sa connotation sexuelle et son rapport à la religion, le jeu n’a pas connu une grande hype en Europe.
Catherine retente sa chance et profite aujourd’hui de la notoriété de Persona 5: Royal pour enfin dévoiler au grand public ses traits les plus intimes. Et cela à la manière de Persona 4, JRPG mythique sorti en version augmentée sous le titre Persona 4 The Golden, qui a permis notamment l’ajout du personnage de Marie, jeune fille rattachée à la Velvet Room (l’antre des Persona) et offrant un nouveau scénario ajoutant un S-link supplémentaire. Aujourd’hui c’est au tour de Catherine: Full Body de prendre ses formes et de dessiner ses contours sur Ps4.
(Test de Catherine: Full Body réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Bloc et rebloc dans Catherine: Full Body
Catherine: Full Body est toujours un puzzle-game narratif et se partage alors entre cinématiques rythmant le scénario et phases de jeu où vous devrez sauver Vincent des griffes de ses pires cauchemars. Dès votre arrivée sur le menu original du jeu vous subirez certainement un orgasme auditif du nouveau thème joué entièrement au piano et faisant clairement écho au personnage de Rin, la nouvelle pièce du puzzle de ce cercle vicieux exclusif à Catherine: Full Body. Rin est un type de personnage relativement niais dont le chara-design s’approche d’une petite fille. Habitués au duel de deux femmes matures comme Catherine et Katherine, Rin nous apparaît quant à elle comme un protagoniste à la limite d’être une psychopathe : sa stratégie de séduction ne joue pas sur son charme, mais se fonde plutôt sur des menaces psychologiques pour arriver à capturer sa proie : Vincent.
Même si Rin paraît plutôt timide, ses atouts artistiques lui permettent d’être appréciée par son entourage. L’on peut alors ressentir que cette dernière roue du carrosse diffère totalement de l’ambiance précédemment rencontrée dans Catherine, une manière peut-être aussi de ne pas produire de redondance avec une troisième « femme fatale ». C’est ainsi que comparée aux autres roses épineuses, Rin apportera des thématiques encore peu abordées : la vision du couple, où la famille et la sexualité étaient surtout reflétées par ses rivales.
Fraîchement employée dans le bar-restaurant « The Stray Sheep » en tant que serveuse, elle tente de se frayer un brin de vie sociale après avoir oublié l’ensemble de ses souvenirs. Vincent Brooks, contrôlé par nous, joueurs, fréquente énormément ce bar qui lui permet de prendre du recul sur sa vie sentimentale, autant dire que Rin sera souvent au centre de l’attention. Et heureusement… Rin n’est pas seulement un élément de scénario supplémentaire, elle interviendra pour vous aider via sa douce mélodie lorsque votre parcours se compliquera dans les phases de jeu d’escalade : à deux doigts de la mort ? Le temps se ralentira de manière à reprendre votre chemin correctement.
Pour les anciens joueurs, le cœur de l’intrigue se matérialise à nouveau sur les sentiments moraux et dépend une seconde fois des choix qu’emprunte Vincent. Par exemple, il vous est possible de vous rapprocher de Catherine en répondant à ses textos, mais ne pas répondre à votre compagne (scénario présent dans la démo) vous amène à délaisser Katherine. Vos décisions auront un impact direct sur la fin du jeu, d’elles découleront ou soit une fin tragique ou heureuse. L’arrivée de Rin permet ainsi d’étayer encore plus ces possibilités, le jeu se montrant très rejouable si vous souhaitez découvrir l’ensemble des endings.
À la manière de tous autres jeux narratifs, il vous faudra bien évidemment recommencer l’intégralité de Catherine: Full Body pour accéder à ces fins pour certaines secrètes. Cela peut être frustrant au premier abord, mais ne vous attendez pas à retrouver un deuxième Man of Medan, car vos choix auront réellement un impact sur le scénario qui évoluera tout au long du jeu. À quoi s’ajoutent également des niveaux hardcores pour les plus téméraires sur le mini-jeu exclusif en 8-bit de Vincent sur la borne d’arcade du bar. Enfin, de petits easter-eggs appréciables sont présents et permettent de rebondir sur des musiques originales de Persona 5 sur le juke-box du bar.
Un mouton dans l’histoire ?
En parlant de mode Hardcore, rappelons que Catherine, lors de sa sortie, se voulait extrêmement punitif puisque son développement axé sur la difficulté visait clairement un public d’adultes avertis, en plus de coupler cela à des thèmes tabous au sein d’une atmosphère lugubre. Afin de se rendre plus accessible, Catherine: Full Body revoit donc ses modes de difficulté.
Débutant ? Vous pourrez profiter entièrement et tranquillement du scénario grâce à une prise en charge automatique du parcours de Vincent par un ordinateur, ou au contraire, il sera possible de véritablement vous faire du mal avec un mode Sans Merci où vous serez certainement à deux doigts d’exploser votre manette à force de réessayer les niveaux. Avoir retouché aux difficultés est sans aucun doute une bonne alternative pour plaire à l’ensemble des joueurs, c’est-à-dire à ceux qui ne se sont pas encore confrontés à Catherine, et les habitués qui cherchent alors un peu plus de challenge tout en profitant des nouvelles fonctionnalités. Pour ces deux types de joueurs, de nouveaux blocs (voir l’image ci-dessous) sont aussi autant de nouvelles mécaniques à prendre en compte dans vos parcours, et ajustent alors la variété de cette course contre la mort.
Parmi les améliorations visuelles apportées à Catherine: Full Body, on retiendra surtout un gros travail sur l’ambiance du bar The Stray Sheep, devenant un lieu bien plus chaleureux. Les lumières et textures permettent de rendre le bar plus cosy et avenant, l’accompagnement de Rin jouant du piano est un plus, et détend alors l’atmosphère. Ce changement d’environnement pour les habitués de Catherine peut être une bonne comme une mauvaise surprise, et dépendra de vos goûts. La qualité HD de la PS4 et l’antialiasing font ressentir la touche de fraîcheur apportée à Catherine: Full Body, des personnages plus souples, des textures plus travaillées.
Qu’il s’agisse de sa difficulté de son scénario ou de son ambiance retravaillée, Catherine: Full Body fait fort et saura combler les anciens comme les nouveaux joueurs, justifiant alors son achat. Le personnage de Rin, faisant la promotion principale du jeu est relativement bien intégré au scénario, cependant, son chara-design peut ne pas plaire à tout le monde par son approche de « petite fille » contrastant bien trop avec ses compétitrices. Elle reste toutefois un élément important pour comprendre l’ensemble des intentions et raisons qui préoccupent Vincent, en plus d’apporter de nouvelles fins intrigantes.